Code Séraphin
(d'ailleurs j'ai bien aimé les oeuvres de Chaoticpesme et de Tchouky)
Mon histoire est davantage centrée sur les programmes, pour le côté science-fiction...
Je vous souhaite bonne lecture.
(même si je maîtrise pas trop la mise en page sur un forum)
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Chapitre 1
Programmes
« Voici que je vais envoyer un ange devant toi, pour qu'il veille sur toi en chemin et te mène au lieu que je t'ai fixé. »
Exode 23-20
Dans la Grèce antique, un penseur présocratique du nom d’Héraclite inventa la notion d’atome. Par atome, il entendait la plus petite partie que l’on puisse obtenir en découpant un objet, c’est-à-dire le constituant insécable. Cette pensée atomiste resta une théorie, pendant plus de deux milliers d’années. C’est en 1903 que Joseph John Thomson, directeur du Cavendish Laboratory de Cambridge, découvrit que l’atome est en réalité un noyau entouré de particules : les électrons. Alors que l’on croyait toucher enfin au constitutif fondamental de la matière, on découvrit un nouveau continent à explorer : le monde quantique. Le vingtième siècle fut l’occasion de maintes recherches et de découvertes, laissant espérer une technologie quantique. Pour exemple, rappelons qu’en 1998 des démonstrations de téléportation quantique furent réalisés par divers laboratoires.
Au début des années 80, le physicien Richard Feyman émit l’hypothèse d’un ordinateur utilisant les propriétés quantiques des atomes. Alors qu’un ordinateur normal utilise pour ses calculs deux états appelés un et zéro (une logique binaire) l’ordinateur quantique pourrait utiliser les trente-deux états de l’électron. Cette machine extraordinaire aurait été dotée d’une puissance phénoménale dépassant tout ce qu ‘on peut imaginer. Malheureusement, on ne voyait pas comment construire une telle machine et le projet fut abandonné.
Et pourtant…
Un tel ordinateur fut construit.
Dans un continent baptisé Europe par les humains, il y avait un pays : la France. Nation des droits de l’homme, de la galanterie et du champagne, elle possédait une fort jolie capitale qui attirait de nombreux touristes de par le monde. Dans l’un des quartiers abandonnés de Paris, sur une petite île artificielle reliée à la rive par une fragile passerelle métallique, se dressait une veille usine. Officiellement, elle avait servi une multinationale en produisant des automobiles pendant vingt longues années. Puis, suite à une délocalisation, l’usine fut fermée et le bâtiment abandonné. Etrangement, personne ne songea à racheter le tout. Même les dealers et autres malfrats évitaient soigneusement de venir en ce lieu car tous les parisiens disaient de cette usine qu’elle était hantée. Quelques rares téméraires s’étaient risqués à l’explorer et avaient mystérieusement disparu.
Si vous-même étiez entré dans cette usine lugubre, vous auriez vu ce qu’on s’attend à y voir : des poutrelles métalliques attaquées par la rouille, des débris chromés éparpillés sur le sol, des amas de poussières peu engageantes, quelques cordes attachées au plafond, des kilomètres de câbles électriques…Si vous concluiez qu’il n’y a là rien d’extraordinaire, vous pourriez revenir sur vos pas. Mais si votre curiosité vous poussait à avancer ? Les lieux dégagent une atmosphère glaciale et inquiétante. Pas une âme à l’horizon. Même les rats ont déserté les environs. Un étrange sentiment pourrait comprimer votre poitrine tandis que vous respirez cet air étrange aux relents d’essence et d’huile de moteur. Pourtant vous avancez. Vous attrapez l’une des cordes qui se balance dans le vide et vous glissez jusqu’au sol. Vous faîtes quelques pas, zigzaguant entre les amas de ferraille, en vous demandant ce que vous faîtes là. Un détail attire votre attention. Là-bas, une sorte de cabane métallique semble encore animée de vie. En vous approchant, vous constatez qu’il s’agit d’un monte-charge. Les clignotants lumineux sont verts, ce qui signifie que cette machine est encore alimentée en électricité. Il suffit d’enfoncer un gros bouton rouge pour descendre dans les tréfonds de l’usine. Si vous souhaitez laisser là toute cette histoire, c’est votre dernière chance. Filez pendant qu’il en est encore temps, ou appuyer sur le bouton rouge.
Ca y est, c’est fait. Le monte-charge se met en branle tranquillement, presque sans bruit, à croire qu’il est encore entretenu. En explorant les différents sous-sols de l’usine vous pourriez découvrir bien des choses étranges. Une gigantesque projection holographique d’un monde virtuel dans une salle. Une pièce occupée par trois étranges cabines, où tant de gens se sont évaporés. Des couloirs plus souvent empruntés par d’immenses câbles électriques que par des êtres humains. Mais le plus étrange se trouve au plus profond de l’usine. Descendez tout en bas, là où brûle un feu infernal qui menace notre terre.
Si vous arriviez jusque-là, vous verriez alors la plus puissante machine de ce monde : l’ordinateur quantique. Qui l’a construit ? Un savant fou ? Les services secrets français ? Un groupe de terroristes fanatiques ? Des scientifiques alter-mondialistes ? Un mécano pendant sa pause déjeuner ? Peu importe. L’important c’est que l’ordinateur est là. On l’appelle quelquefois « supercalculateur » car c’est un super calculateur. Jusque là, rien de bien surprenant si ce n’est que cette machine prodigieuse a créé un monde virtuel, presque aussi complexe que le nôtre. Cet autre univers se nomme LYOKO.
Il s’agit en quelque sorte du programme d’exploitation, comme le Windows de votre PC. Ce système ne souffre d’aucun bug, il ne vous demande jamais de relancer la machine ou de libérer de la mémoire sous le prétexte bidon que vous avez effectué une mauvaise manipulation. Ce programme est le Graal des informaticiens, une architecture électronique parfaite bâtie sur des théorèmes mathématiques éternels. Pour répondre à différentes fonctions, le système d’exploitation est fourni avec plusieurs programmes principaux. L’un d’eux, surnommé affectueusement Xana, pose problème.
Xana a des loisirs très particuliers. Il n’aime pas skier, regarder le football à la télé ou vider des chopes de bière. Il n’aime pas les jeux vidéo, les films d’action américain ou les filles légèrement vêtues. Il n’aime pas les histoires d’amour, les fleurs, les parfums onéreux ou aller chez le coiffeur. Il n’aime ni les pizzas, ni les collections de timbres ni les philosophes français de l’âge classique. En fait, la grande passion de ce programme c’est l’anéantissement de l’humanité. Son rêve est de massacrer les humains, les occire, les éradiquer, les faire disparaître. Il voudrait les découper en rondelles, les cuire dans une immense marmite, les noyer dans un seau géant, les affamer, les étrangler, les disséquer, les écarteler, les transformer en tas de gelée tremblotante et, juste pour le fun, faire une partie de tetris géant avec les cadavres.
Si Xana existe c’est probablement pour une bonne raison. Laquelle ? Je ne sais pas. Les humains meurent tous, la nature est ainsi faîte et un programme meurtrier peut nous paraître inutile, voire superflus. Quoiqu’il en soit, Xana existe. Et ce logiciel psychopathe passe son temps à comploter contre l’humanité. Tel un Lucifer des temps modernes, il s’est auto-proclamé ennemi de l’Homme et consacre tous ses efforts à le faire chuter.
Le premier problème avec Xana, c’est qu’on a pas trouvé la touche qui permettrait de le désinstaller. Le second problème c’est que ledit programme est capable d’agir dans notre monde. S’il n’était qu’une simple application enfermée dans un monde virtuel, il n’y aurait aucune raison de s’inquiéter, Xana serait aussi inoffensif que le super boss d’un jeu vidéo qu’on peut réduire au silence en éteignant la console.
Dans Lyoko, il existe des tours. Ces bâtisses virtuelles sommaires sont en réalité des structures informatiques complexes qui peuvent communiquer avec l’extérieur du système d’exploitation. Les tours contiennent l’équivalent de super-drivers des périphériques de l’ordinateur quantique. Vous avez une tour pour l’imprimante, une pour les haut-parleurs, une pour le scanner, une pour la machine à café, une pour la connexion haut débit avec Internet, etc.
Afin de détruire le monde, il suffit à Xana d’infecter une tour. Disposant d’un point de contact avec l’extérieur, le programme peut déclencher un paquet de catastrophes dans notre monde. C’est très gênant.
Heureusement pour nous, il existe un gentil programme nommé AELITA. Dans le monde virtuel, elle a l’apparence d’une jeune fille vêtue de manière étrange, arborant une tenue rouge et verte. Cette application a des cheveux roses et une boucle d’oreille. Sa tête est quelque peu polygonale et dans l’ensemble son corps n’a rien à voir avec les créatures virtuelles inventées par des programmeurs libidineux en manque de filles.
Aelita est une sorte de système de contrôle chargée de veiller sur Lyoko. Elle a la capacité de créer des lignes de programmation dans le monde virtuel, de scanner les banques de données, de débuguer les erreurs et, surtout, la capacité de reloader tout le système (effaçant ainsi les méfaits de Xana).
Pour détruire cette Aelita, le méchant programme a généré des sous-programmes combatifs chargés de la supprimer. Xana a ainsi créé plusieurs types de monstres plus monstrueux les uns que les autres (en fait, ils font pas peur mais je dis ça pour rajouter de la tension dramatique) : des cancrelats hideux comme des cafards, des blocks qui ressemblent à des blocs, des frolions ailés, des Krabes rouges et des mega-tanks copiés sur les droïdekas de Star Wars.
Seulement, pour transférer les programmes de monstre et les matérialiser dans le monde virtuel, Xana a besoin d’un sous-programme. TRAINMAN est son infâme serviteur. Il conduit les trains de données depuis le site de programmation jusqu’à leur point de réalisation. Naviguant à travers les mémoires du supercalculateur, ce vil programme fait transiter les monstres, les faisant passer du statut d’idée à celui de réalité. Trainman est le point de passage entre les courants électriques du monde réel et leur représentation dans le monde virtuel.
***
Ce jour-là, Trainman tournait à plein régime. Depuis des heures, Xana lui intimait de générer un maximum de monstres. Jamais il n’en avait demandé autant. Depuis des mois, Aelita résistait aux assauts répétés des monstres et selon Xana ce problème avait une explication mathématique élémentaire : on envoyait pas assez d’éléments.
Plutôt que d’inventer une stratégie particulièrement brillante, basée sur une fine psychologie et de fins calculs statistiques, le programme psychopathe avait opté pour la solution de base : noyer l’adversaire sous le nombre d’assaillants. L’histoire regorge de batailles historiques où des génies (tel que Napoléon) ont réussi à remporter la victoire malgré l’infériorité numérique. Mais ce genre de cas reste minoritaire. En général, c’est la plus grosse armée qui l’emporte.
Et ce jour-là, l’expression « grosse armée » était un doux euphémisme. Les trains de données débarquaient en masse. Des dizaines et des dizaines de monstres apparaissaient peu à peu. Des barges de débarquement pleines à craquer se matérialisaient ici et là. Des nuages de créatures ailées commençaient à emplir le ciel (coloré artificiellement en gris-mauve).
La masse d’information circulant entre le monde réel et le monde virtuel était telle que Trainman ne prit pas le temps de vérifier toutes les données qu’il téléchargeait. Il chargea une ligne de code pirate, en même temps que le programme de colorisation, et ne s’en rendit pas compte. Dans les millions de megaoctets qu’il charriait, le programme ne réalisa pas la présence d’un clandestin. A chaque transit, de nouvelles données venaient s’ajouter au train informatique et rejoignaient, en douce, le monde virtuel.
Dans Lyoko, plusieurs centaines de créatures s’étaient matérialisées. Au milieu de cette foule d’êtres hétéroclites, personne ne remarqua un tourbillon de pixels verts. Les données pirates, acheminées par petits paquets, étaient en train de rassembler. Les lignes de code se rattachèrent, réactivant l’unité centrale, dans un kaléidoscope lumineux. Les millions de particules lumineuses se rejoignirent selon un ordre agencé pour faire progressivement apparaître des polygones. Les structures géométriques simples se rassemblèrent peu à peu pour constituer une structure complexe.
Dans un lieu désert, entouré par des roches inanimées, le programme Séraphin se matérialisa.
Il regarda autour de lui, avec un air hébété. N’ayant jamais « vu » de ses propres yeux le monde virtuel de Lyoko il ne pouvait pas affirmer (à 100%) avoir réussi.
***
Un trait de feu.
Baptisé « laser », le projectile meurtrier continua sa course et heurta un rocher virtuel. La structure informatique réagit contre cette agression. Les pixels destinés au remplissage du mini-programme « rocher » furent désactivés, laissant entrevoir la structure de l’objet.
Le trait de feu n’avait blessé personne. Pas de quoi en faire un plat.
Pourtant, il était pareil à la première sauterelle. Vous voyez arriver un insecte isolé. Vous vous dîtes qu’il s’agit là d’une insignifiante créature, que vous pourriez écraser sous le talon de votre botte (ou de vos baskets, chacun son style). Mais quand vous verrez débarquer une nuée de sauterelles, vous éprouverez un doute. Et quand le nuage d’insectes assassins aura emporté votre récolte, il ne vous restera que le désespoir.
Ce trait de feu n’était que le prélude à l’Apocalypse. Il fut rapidement suivi par une foule de ses congénères. Ce fut un déluge pyrotechnique qui déferla subitement dans Lyoko. Les projectiles mortels étaient dirigés vers un innocent programme : Aelita. Elle vit avec horreur les messagers de la mort fuser vers elle…et avec joie se dresser une silhouette devant elle.
Ulrich, jeune garçon brun vêtu comme un samouraï leva son katana devant lui. Tel un jedi, secondé de la force, il dévia les lasers meurtriers avec son arme. C’était un être humain, comme vous et moi, mais dans le monde virtuel il apparaissait sous la forme d’un amas de polygones (comme dans les jeux vidéo des années 2000) et acquerrait de nouveaux pouvoirs tels que l’art du combat.
« _ Ne reste pas là Aelita, invectiva le jeune homme, sur un ton qui ne laissait guère place à la discussion.
La jeune fille voulut courir mais elle ne fit pas trois pas que, déjà, un autre groupe d’assaillants fondait sur elle.
Les créatures étaient hideuses et sans intérêt esthétique. Il s’agissait là de blocks. Ces créatures avaient été baptisé ainsi car elles ressemblaient à de gros blocs, cubiques. La structure de la créature reposait sur un socle capable de se déplacer à l’aide de six pattes arachnoïdes. Sur quatre des six faces du bloc, on pouvait apercevoir une sorte d’œil sur lequel on avait peint un étrange symbole. Cette petite de décoration n’avait aucun but esthétique puisqu’il s’agissait de l’emplacement du canon laser (et accessoirement du point faible de la créature).
Voyant qu’elle était cernée de toutes parts, Aelita se mit à courir vers le bord de la plate-forme et sauta dans la vide. Elle atterrit quelques mètres en contre-bas sur une autre plate-forme rocheuse qui se déplaçait dans les airs, tel un nuage solidifié porté par les vents.
Là-haut, Ulrich laissa échapper quelques jurons (destinés aux adversaires). Tandis qu’il déviait un laser vers un block (le faisant ainsi exploser en milliers de pixels) le samouraï s’exclama : _ Jérémie ! Où est passée Aelita ?
Le Jérémie en question se trouvait être un garçon humain, aux courts cheveux blonds, portant une paire de lunettes. Il se trouvait actuellement dans le monde réel, assis derrière une multitude d’écrans, en train de surveiller la progression de ses camarades.
_ Elle est descendue sur une autre plate-forme. Elle est hors de danger pour l’instant mais elle dérive vers l’ouest là où se trouvent…
_ Yumi et Odd ! coupa Ulrich. Dis-leur de la surveiller.
_ Oui, s’ils ne sont pas trop occupés.
Dans le monde virtuel, à quelques dizaines de mètres de là, deux autres humains essayaient d’endiguer l’avancée d’une armée de monstres.
L’un des résistants ressemblait étrangement à un félin de par ses pattes et à un super guerrier de DragonBall Z de par sa coiffure hérissée de cheveux blonds. Il opéra rapidement un zig-zag puis exécuta un saut périlleux pour échapper à une salve de lasers. Avant même de toucher le sol, il s’était mis en position de tir, le bras tendu en avant, vers le premier block venu.
_ Flèche laser ! lança-t-il en même temps que son projectile explosif.
Quand Odd toucha le sol, les débris du block finissaient de retomber. La créature fut automatiquement remplacée par deux autres qui s’engagèrent dans le corridor rocheux.
_ Eh ben ! Ils ont mangé du lion ce matin ! dit Odd, son optimisme à peine entamé par les hordes de monstres.
Les guerriers humains ne pouvaient pas le voir mais, tout autour d’eux, dans le territoire « Montagne » des centaines de créatures affluaient pour les affronter. Des dizaines et des dizaines de blocks patrouillaient sur tous les chemins possibles pour bloquer toutes les voies d’accès.
Trois d’entre eux virent passer la plate-forme mouvante sur laquelle Aelita avait trouvé refuge. Les trois créatures la suivirent de loin, attendant un moment où elle se rapprocherait de la corniche.
Quand les blocks jugèrent que leur cible étaient à portée, ils accélèrent subitement et, profitant de leur élan, sautèrent dans le vide. Les trois programmes combatifs atterrirent sur le plate-forme. Aelita, prise au dépourvue, fit volte-face en laissant échapper un crise de surprise.
Le rocher sur lequel elle se trouvait mesurait approximativement dix mètres de long pour un seul de large. Les blocks se trouvaient à l’autre extrémité. Il n’y avait aucune issue possible.
_ Aelita est prise au piège avec 3 blocks !! réalisa subitement Jérémie.
Il s’en voulut de ne pas avoir remarqué cette manœuvre plus tôt mais le nombre de signaux sur les écrans était tel qu’il ne pouvait pas tout surveiller.
_ Yumi, Odd !! Faîtes quelque chose !! ajouta-t-il, paniqué.
_ Je fais quelque chose !! répliqua le garçon-félin qui enchaînait les salto-arrière pour éviter des lasers meurtriers.
L’autre résistante comprit qu’elle était la seule à pouvoir agir.
_ J’y vais !!
Elle courut et sauta dans le vide. La plate-forme d’Aelita se trouvait à trente mètres du rebord, un être humain normal n’aurait jamais pu y arriver. Pour cette raison, Yumi s’aida de son pouvoir de télékinésie, pour planer, et se posa juste à temps.
Aelita terrifiée, fut immédiatement rassurée par l’arrivée de son amie, virtualisée sous la forme d’une geisha au visage fardé de blanc. Yumi sortit un éventail et s’en servit pour parer les tirs qui fusaient sur elle.
Le plus avancé des blocks fit quelques pas dans sa direction. Il espérait sans doute ajuster ses tirs. Yumi comprit qu’elle ne pourrait pas tenir sur la défensive pendant longtemps. Elle lança son éventail en avant, ce dernier prit la forme d’une scie circulaire et alla frapper la créature. Le block tranché en deux explosa.
Ses deux compères profitèrent du court laps de temps où Yumi était désarmée. Les monstres ouvrirent un feu nourri sur la jeune humaine. Ils la mitraillèrent de lasers jusqu’à ce que ses pixels soient éparpillés aux quatre coins du territoire.
La mort dans le monde virtuel signifiait pour l’humaine une re-matérialisation dans le monde réel. En revanche, pour Aelita une mort virtuelle équivalait à une mort totale.
En voyant les deux blocks approcher, l’application sentit que l’heure de la désinstallation allait bientôt sonner.
Devant son ordinateur, Jérémie vitupérait vivement.
_ Vite !! Dépêchez-vous !! Je vous dis qu’elle est seule !! Elle ne peut pas s’échapper !!
Ses mains agrippèrent le clavier et il serra de toutes ses forces. Il enrageait de ne rien pouvoir faire. Depuis sa chaise, il ne pouvait qu’assister à l’inévitable.
Le long de la falaise, Ulrich courait, à en perdre haleine, mais il savait qu’il n’arriverait pas à temps.
Odd essayait depuis sa position de tirer sur les blocks mais la distance et les assauts dont il était victime rendaient la tâche impossible.
Il ne restait personne entre Aelita et les deux blocks aux lasers meurtriers. Aucune possibilité de fuite. En-dessous de la plate-forme rocheuse s’étendait le vide numérique. Aucune échappatoire.
_ Non !!! hurla Jérémie. Pas comme ça !!
Yumi, qui sortait du scanner, entendit le cri de Jérémie résonner dans l’usine tandis que les blocks activaient leurs rayons lasers.
_ AELITA !!!
Puis ce fut le silence.
***
Aelita n’avait nulle part où aller. Son programme logique ne lui indiquait aucune solution acceptable. Elle ne ressentait pas la peur, cette émotion humaine, mais commençait à comprendre ce genre de réaction.
La désinstallation se rapprochait d’elle à grands pas. Dans quelques secondes tout serait fini. Elle allait passer de l’état de programme conscient à celui de…de quoi ? Au juste ? Où vont les programmes après leur effacement ? Y-a-t-il un autre système d’exploitation après la grande corbeille ?
Les humains ont imaginé des mondes où vivent leurs morts. Là-bas, ils vivent heureux entourés par des créatures ailées : les anges. Peut-être les verra-t-elle ?
Pour l’instant, elle ne voyait que les blocks avancer. Leurs canons lasers se chargeaient, ils ajustaient leur visée. Elle entendit Jérémie crier. Son cri déchirant traversa les deux mondes.
Puis les traits meurtriers fusèrent vers elle. Aelita ne pouvait pas les éviter. Le moindre de saut de côté la ferait chuter dans le vide numérique (ce qui reviendrait au même). Elle voyait l’ange de la mort fondre sur elle.
Au dernier moment, une voix lui souffla de se baisser. L’application ne réagit pas assez vite mais une forme blanche s’abattit sur ses épaules et l’obligea à se jeter à terre. Les lasers meurtriers ratèrent sa tête d’un cheveu.
Au loin, Ulrich et Odd observaient la scène et n’en croyaient pas leurs yeux. Tout était allé trop vite.
Aelita ouvrit les yeux. Elle était à terre et les deux blocks se trouvaient toujours devant elle. La jeune fille aux cheveux roses sentit également une autre présence : celui qui venait de la sauver.
D’où sortait-il ? Personne ne pouvait atteindre la plate-forme !
Aelita se retourna et vit son sauveur. Il ressemblait à un humain virtualisé mais ce n’en était pas un. Sous l’apparence d’un homme asiatique vêtu d’une ample chemise blanche et d’un pantalon noir se cachait un programme informatique. Ses lunettes de soleil ne trompaient personne. Aelita voyait nettement son code qui apparaissait sous la forme de colonnes de chiffres dorés.
Son ange gardien ne perdit pas une seconde. Il s’élança vers les deux blocks qui menaçaient encore l’existence d’Aelita. C’était étrange. Le nouveau ne portait aucune arme apparente : pas de sabre, pas de canon laser, pas de déodorant anti-moustiques, pas de livre de latin. Il était désarmé et pourtant il courrait vers les deux machines de mort.
Le système d’acquisition des cibles se verrouilla sur lui. Les blocks chargèrent. L’inconnu continua de courir. Il savait comment tromper le tir croisé des créatures. Leur système de visée était en train de calculer sa trajectoire probable à partir de sa vitesse constante mais une brusque accélération les prendrait au dépourvu. Au moment où les monstres tirèrent, l’ange se jeta subitement à terre et exécuta une rapide roulade avant. Il se releva sans même ralentir, avança encore et passa entre les deux blocks. Là, le programme sauta et exécuta un double coup de pied latéral. Il réalisa en plein air un grand écart, frappant ainsi les deux blocks. Les deux créatures furent repoussées de la plate-forme et chutèrent dans le vide numérique.
_ La vache ! s’exclama Ulrich, pourtant peu habitué aux jurons.
_ Alors ça !! se réjouit Odd. Il est génial ce type. Presque aussi bon que moi !!
Devant les écrans de contrôle, Jérémie n’en revenait pas. Il aurait voulu hurler sa joie mais des signaux rouges sur le moniteur l’en empêchèrent.
_ Les gars !! Derrière vous !!
Les deux humains se retournèrent, craignant une attaque subite. Ils ne virent rien. Ulrich fronça les sourcils. Un nouveau son venait de retentir, se mêlant aux bourdonnements habituels émis par un champ de bataille. C’était une sorte de grondement métallique régulier, venant sur leur droite…Il regarda le couloir transversal, en direction d’un recoin plongé dans l’ombre…Soudain, une énorme machine en forme de boule fit irruption par tribord, suivie par quatre autres identiques. Les humains comprirent immédiatement de quoi il s’agissait.
Cinq megatanks !!
Sans se soucier le moins du monde des deux rebelles, les cinq robots meurtriers s’approchèrent de la falaise.
_ Hein ? Mais qu’est-ce qu’ils font ? Ils sont mirauds ? s’interrogea Odd.
_ Oh non !! répondit Ulrich qui venait juste de comprendre. Ils visent Aelita.
_ A cette distance…c’est impossible…
_ Je ne crois pas que la précision soit leur but…
Un mégatank peut déchaîner un mur de flammes sous la forme d’un arc de cercle meurtrier. Leur capacité de destruction est immense. Cinq d’entre eux pourraient facilement pulvériser la plate-forme en concentrant leurs forces.
Odd comprit le danger et lança une de ses flèche-laser sur le programme le plus proche.
_ Hé ! Par ici tête de nœuds !!
Personne ne réagit. Les cinq mégatanks se contentèrent de charger leurs batteries. Puis chacun d’entre eux s’ouvrit. Chaque sphère se sépara en deux demi-sphère reliées entre elles par des faisceaux de fibres rouges. Au cœur des monstres se mit à briller leur canon principal, représenté par le symbole de Xana.
Sur la plate-forme en mouvement, Aelita et l’autre programme réalisèrent ce qui allait leur arriver. Une fois le rocher détruit, ils sombreraient dans l’oubli. L’ange gardien se rapprocha de la fille aux cheveux roses.
L’heure n’était plus à la réflexion. Ulrich chargea, sabre au clair, les mégatanks. D’après son angle d’attaque, il lui était impossible de frapper le point faible. Il sauta et abattit son sabre avec toute la violence dont il était capable. L‘arme traversa les faisceaux de fibres rouges et ressortit de l’autre côté du monstre, frappant ainsi le symbole de Xana.
Le megatank explosa projetant Ulrich et son katana dans les airs. Il retomba à quelques mètres de là. La manœuvre était héroïque mais elle ne sauva pas la situation. Les quatre créatures restantes avaient fini de charger leur batterie d’armement. Les monstres ouvrirent le feu simultanément.
L’ange se mit à courir en direction d’Aelita. Les vagues de feu se dirigeaient vers la plate-forme à la vitesse de l’éclair. Le programme attrapa la jeune fille, l’enlaçant avec un bras, puis continua sa course. Les arcs d’énergie frappèrent le rocher. L’ange sauta au même instant. La roche fut pulvérisée par les tirs meurtriers. La plate-forme explosa en milliers de gravats qui furent projetés en tous sens. L’onde de choc se propagea dans l’air. Une épaisse poussière se joignit aux éclats rocheux qui s’éparpillaient.
Sous le nuage de débris, deux corps chutaient.
A suivre…
Je remercie, pour les informations ou l’inspiration :
Le Journal Sciences et vie, Crichton, le manuel de Windows, Timothy Zahn et toute l’équipe qui a réalisé Code Lyoko.