Le prix de la vérité

« La vérité. C’est une chose qui semble si facile, si simple et pourtant, combien de sacrifices exige-t’elle en retour ? La vérité demande du temps. Combien de fois l’ai-je entendu ? Et pour quel résultat ? Et plus nous nous en approchons, plus nous prenons le risque de le regretter.»
Une porte s’ouvrit sur une cellule noire. Une silhouette féminine se protège les yeux de la soudaine luminosité tant elle était habituée à la noirceur de l’obscurité. Une voix grave et dure lança :
- Il est temps !
L’homme désigna la silhouette du doigt et deux hommes armés l’attrapèrent et lui bandèrent les yeux. Elle ne se débattit pas. Mais elle n’était pas non plus résignée à subir son destin. La silhouette avait les mains attachées devant elle. Les deux hommes la traînèrent dans un long couloir avant d’arriver dans une cour extérieure. Les yeux bandés, elle ne pouvait voir ses interlocuteurs. Mais elle les avait imaginé depuis tout le temps de sa captivité. Ils avaient fait en sorte de l’affaiblir, de la réduire psychologiquement pour en faire un pantin. Pour l’utiliser pour mieux réaliser leur projet. Mais ils l’avaient sous-estimé. Depuis trop longtemps, ils leur avaient échappés. Mais aujourd’hui, ils voyaient le bout du tunnel. Les deux gorilles la placèrent devant un mur et lui ôta son bandeau. La lumière du jour inonda la cour d’un soleil éblouissant qu’elle sentit aussitôt sur son visage. Dix hommes armés se tenaient prêts à intervenir et attendant les ordres de leur chef. Ce dernier se tourna vers l’un d’entre eux et lui fit un signe de la tête. Un garde s’approcha de la prisonnière :
-A genoux !
Elle ne cilla même pas. Il lui donna un coup de crosse dans le ventre, l’obligeant à tomber à genoux. Elle ne cria pas. Elle ne ressentait plus rien. Plus d’humanité. Plus d’amour. Plus de douleur, ni de peur, ni de tristesse. Combien de fois avait-elle été trahie, abandonnée ? Elle avait trop souffert et en était morte intérieurement. Et cette fois, elle allait l’être définitivement.
Le chef s’approcha d’elle et lui chuchota à l’oreille avec un sourire sadique :
- Une dernière volonté ?
- Va en enfer !
Il se releva et sortit une arme sous son long manteau. Un katana. Il leva la lame pour la faire briller au soleil. C’était son arme. Il lui avait pris quand il l’avait attrapé. Ce katana avait une réputation. La lame avait été forgée par l’un des meilleurs artisans japonais. Le chef s’agenouilla devant elle, la lame verticale au sol. Il la regarda droit dans les yeux. Son regard si intense et si profond. Et dire qu’autrefois, elle s’y perdait volontiers.
- Comment en sommes-nous arrivés là ?
- A toi de me le dire…
- Nous nous sommes tant aimés. Je sais que tu n’éprouves plus rien pour moi. Je ne t’inspire que du dégoût. Mais si j’en suis là, je l’ai fait pour toi !
Elle se remémora des souvenirs douloureux. Le temps où le mot bonheur avait encore une signification pour elle. Ainsi que l’avenir. Mais aujourd’hui plus rien n’avait d’importance pour elle. Mais il avait raison. Comment en étaient-ils arrivés à se haïr à ce point alors qu’ils s’aimaient si fort avant. Mais c’était il y a si longtemps….
[Cinq années auparavant]
Une jeune femme s’éveilla en sueur dans son appartement japonais. Ses longs cheveux collaient à sa nuque tant elle avait été effrayée par ses rêves. D’habitude, elle n’y accordait aucune attention. Mais ici, ils semblaient si réels. Yumi était devenue une belle jeune femme de 20 ans. Elle vivait à Kyoto depuis quelques mois. En fait, depuis qu’elle avait décidé de tirer un trait sur son passé. Elle s’était retrouvée seule du jour au lendemain à cause d’un stupide accident de voiture. Elle ne se souvient de rien et n’a plus de famille. Elle n’avait qu’une adresse dans sa veste. Celle de cet appartement. Bien sûr, elle avait essayé de retrouver ses origines et avait fait des recherches mais la vérité prenait trop de temps. Sa famille avait été écartée pour mieux l’atteindre. Mais qui ? Elle l’ignorait. Elle était en danger en France. C’est cela qui l’a poussée à s’installer ici. La japonaise se leva de son lit en repensant aux évènements passés. Elle s’habilla et se coiffa tout en passant devant un secrétaire où se trouvait un aller simple pour Paris. Elle s’y attarda quelques minutes en repensant à la conversation qu’elle avait eue deux jours plus tôt au téléphone.
-Melle Ishyama ?
-Elle-même.
-Bonjour. Mon nom est Melle Stones. Je sais que vous ne me connaissez pas mais j’ai des éléments à propos de votre passé. Vous trouverez dans votre courrier un billet d’avion pour Paris. Je vous en prie. Venez. Il faut que vous sachiez tout.
Et elle avait raccroché. La conversation avait duré à peine deux minutes mais juste assez pour faire basculer sa vie pour la seconde fois. Yumi pensait avoir tiré un trait. Mais il n’en était rien. La japonaise prit son café et son billet quand une voiture klaxonna, annonçant l’arrivée du taxi pour l’aéroport. Elle entra dans la voiture et en une demi heure, elle se retrouva au hall d’embarquement. La jeune femme avait une simple valise. Elle s’étonnait elle-même de cette soudaine décision. Mais à vrai dire, on a beau fuir son passé, il nous rattrape toujours un jour ou l’autre. Alors qu’elle repensa à son passé, elle ne remarqua même pas qu’elle fonça dans un inconnu. Elle ne leva pas la tête, trop honteuse et se confondit en excuses japonaises. L’homme allait lui aboyer dessus mais n’en fit rien quand il remarqua son incroyable beauté. Elle lui disait quelque chose. Une impression de déjà-vu. Il lui parla en français, ce qui eut un effet immédiat sur elle. Yumi releva la tête et remarqua enfin son interlocuteur. Il était grand, brun, très mignon, avec un regard sombre et ténébreux. Elle aussi eut une impression de déjà-vu. Et pourtant. Ils ne se sont jamais croisés auparavant.
Kiss while your lips are still red While he`s still silent Rest while bosom is still untouched, unveiled Hold another hand while the hand`s still without a tool Drown into eyes while they`re still blind Love while the night still hides the withering dawn
First day of love never comes back A passionate hour`s never a wasted one
The violin, the poet`s hand, Every thawing heart plays your theme with care