Combattre à n'importe quel prix
Le jeune homme qui venait de parler abaissa une manette. L’engin qui était relié avec s’éteignit progressivement. Le jeune homme soupira. Il était blond, avec des lunettes, la taille fine, âgé de 17 mais le regard pétillant de bonheur. De toute évidence, abaisser cette curieuse manette était de grand importance. Et il venait enfin de le faire…après toutes ces années…il se retourna vers ses amis. Une jeune femme aux cheveux roses pétillants se jeta dans ses bras.
-Oh Jérémie…c’est merveilleux…on a réussi ! s’exclama-t-elle, émue.
Jérémie la serra entre ses bras, caressant doucement ses cheveux.
-Oui, Aelita…on a réussi…, murmura-t-il.
Derrière le couple enlacé se trouvait un autre jeune homme. Coiffé d’une pointe avec une tâche violette, des habits excentriques, il fit une tape amicale à son meilleur ami, un autre jeune homme à l’allure athlétique. Ils s’enlacèrent et son ami se retourna lui aussi pour faire face à une jolie femme. Il l’enlaça tendrement en lui murmurant ces quelques mots :
-C’est enfin fini…on va pouvoir vivre, ma puce…Je t’aime Yumi.
La jeune femme sourit et lui répondit un joli « Moi aussi… ». Ils s’embrassèrent tout comme l’autre couple. Seul Odd Della Robbia restait pantois entre les deux, mais souriant comme jamais. Il hésita à balancer une vanne, mais finalement se contenta d’observer.
Le soir, au lycée.
Le groupe était réuni dans la chambre de Jérémie, tous avec un verre de champagne à la main. Aelita était assise sur les genoux de Jérémie qui trônait fièrement sur sa chaise de bureau, pour la première fois, l’ordinateur était éteint…
Ulrich tenait Yumi par la taille. Odd, lui avait Kiwi à ses pieds.
-Allez, Einstein ! Un discours, un discours, un discours !
Sa blague fut suivie de rires. L’ambiance était excellente, et tout le monde était de bonne humeur. Après une soirée bien consommée, et riche en rires, les amis se séparèrent, Odd partit rejoindre une bonne (même très) copine à l’étage des filles, Jérémie et Aelita restèrent enlacés, ayant pourtant promis de ne pas faire de bêtises, sachant qu’ils avaient un examen dans quelques mois. Ulrich tira Yumi par la main, avec un sourire malicieux sur les lèvres. Elle se laissa faire, amusée. Il arrivèrent dans la chambre qu’il partageait avec Odd. Ulrich ferma la porte lentement pendant que Yumi s’asseyait sur le lit, un peu chancelante à cause de l’alcool. Elle se souvint tout de même qu’elle devait lui parler coûte que coûte.
Il l’embrassa après avoir pris soin de fermer soigneusement à clé. Yumi le repoussa gentiment.
-Ulrich, il faut que je te parle…
-Qu’est-ce qu’il y a ?
Yumi le regarda droit dans les yeux, ne sachant par où commencer. Mais un sourire confiant de la part du jeune homme la lança.
-Tu sais…j’ai eu 18 ans…je suis majeure…et mon bac, c’est comme si je l’avais en poche…
-Oui et ?
-Et ben…ma tante m’a parlé d’un très bon job…elle en a parlé au patron qui serait enchanté. Tu sais, parler français au Japon, c’est recherché…
-Hein ? Attends, ta tante, elle habite au Japon ?!, s’écria Ulrich.
-Euh…ben, oui…, fit Yumi d’une petite voix.
Ulrich se leva d’un coup.
-Tu serais pas entrain de me dire que tu vas retourner au Japon ?
-Bah…si…, murmura la jeune Japonaise.
Ulrich croisa les bras. Il savait très bien que, passé ses 18 ans, elle allait vouloir retourner dans son pays. Il la regarda à plusieurs reprises, fuyant malgré tout son regard quand elle le regardait.
-Et tu veux partir quand ?demanda-t-il, du tac au tac avec une pointe d’amertume dans la voix.
-Je pensais dans deux mois…histoire de…(interrompue).
-Histoire de passe ton bac, de nous le dire et basta, c’est ça ?, s’exclama Ulrich.
-Mais…mais non…
Ulrich lui tourna le dos et partit à la fenêtre. Regardant la demi-lune qui s’offrait à lui, il réfléchissait. Il avait bien changé durant ces deux années, mais pas encore pour accepter que Yumi s’en aille juste le temps de finir ses études.
-Tes études de puéricultrice, tu peux pas les faire en France ?
-Mais j’ai une grande opportunité au Japon…
Ulrich garda le silence. Yumi baissa la tête. Elle savait que ça allait se passer comme ça. Au moins, il ne s’était pas emporté grâce à l’alcool. Justement, sa tête lui tournait, elle avait essayé de rester sobre, mais cette victoire contre Xana…enfin…ils étaient tellement heureux, avoir vaincu leur ennemi de toujours…Plongée dans ces réflexions, elle ne s’aperçut même pas qu’Ulrich avait éteint la lumière. Seule celle de la lune les éclairait. Elle distingua la fine silhouette d’Ulrich, debout devant elle. Elle sentit bientôt son souffle sur son visage avant qu’il l’embrasse. Elle tomba à la renverse, sans même s’en rendre compte. Il se mit au dessus d’elle.
-Ulrich…mais qu’est-ce que tu fais…
-Ca ne se voit pas ?…
Il l’embrassa au cou passionnément. Yumi voulut s’abandonner à ses caresses, mais elle ne savait pas si c’était l’amour ou tout le champagne bu qui guidait Ulrich.
-Chut…je t’aime…
Yumi ne dit rien. Au bout de quelques baisers échangés, elle chuchota tout de même :
-Moi aussi…
Un instant magique pour les deux amoureux. Il était maintenant 23h et quelques, quand Ulrich retomba lourdement sur le lit. Les deux étaient en sueur. Yumi se mit à caresser un moment les cheveux d’Ulrich, qui avait posé sa tête contre la poitrine de la jeune femme. La Japonaise chercha son portable de la main, et vérifia l’heure. Il était tard, ses parents allaient s’inquiéter…
-Ulrich…
-Ouaip ?, répondit le jeune homme essoufflé mais heureux.
-Il faut que je rentre…, murmura Yumi en embrassant Ulrich sur le front.
-Oh…moi qui pensait que j’allais avoir la jeune demoiselle pour moi tout seul…
Un sourire éclaira le visage de sa compagne.
-Désolée de contre-carrer tes plans mon chéri…, mais oui, j’y vais !
Elle se leva, tirant sur la couette d’Ulrich pour se cacher.
-Hé oh, moi aussi, j’en ai besoin de ma couette ! Et pis, je t’ai déjà vu, tu sais…
Yumi se retourna, outrée mais amusée.
-Comment ça, tu m’as déjà vu nue ?
Elle se mit à genoux sur le lit et une petite bataille entre les deux amants commença.
-Allez, dis moi où !
-Non !
-Vilain, persifla la jeune femme en se levant après avoir subtilisé le drap.
-Hé !
-Tu me le dis ou j’allume la lumière, proposa Yumi malicieusement. J’aimerais bien voir ce qu’il y a en dessous de tes beaux abdos…
-Yumi !!
Après tout, ils étaient plongés dans le noir, nus, ayant fait l’amour pour la première fois…mais tout allait pour le mieux.
Une sonnerie empêcha Yumi de répliquer. Elle prit son portable, et Ulrich vit le sourire qu’elle avait aux lèvres s’éteindre grâce à la lumière de l’appareil.
-Qu’est-ce qu’il y a ?
-C’est ma mère…elle s’inquiète, elle se demande où je suis. Il faut que je rentre.
Elle partit s’habiller. Ulrich se laisse retomber sur le lit. Un superbe moment…ça n’avait durer que quelques heures, mais c’était la plus belle journée de sa vie…
Yumi était prête. Elle posa un doux baiser sur les lèvres d’Ulrich avant de sortir en silence de la chambre après un tendre bonne nuit.
Ulrich peina à trouver le sommeil après cette fabuleuse nuit, mais s’endormit en pensant à sa chère et tendre.
Yumi courait dans les rues éclairées des lampadaires. Elle arriva chez elle, et rentra silencieusement à l’intérieur. Sa mère l’accueillant, inquiète.
-Mais où étais-tu ? Heureusement que ton père ne doit rentrer que demain ! chuchota-t-elle.
-Désolée maman…c’était l’anniversaire d’un ami aujourd’hui…et j’ai complètement pas vu l’heure, mentit la jeune femme. Et pis, je suis majeure…
-Je le sais Yumi, mais tu aurais pu me prévenir au moins, fit Mme Ishiyama en embrassant sa fille au front.
-Je monte me coucher, bonne nuit maman, je t’aime.
-Moi aussi, ma puce, bonne nuit, à demain.
La Japonaise grimpa à sa chambre, bientôt suivie par sa mère qui partit dormir également. Yumi pénétra dans sa chambre et se mit en pyjama. Elle gardait ce sourire si radieux en pensant toujours à ce qu’Ulrich elle avaient fait…Elle était heureuse, tout simplement… Elle remarqua un papier posé sur son bureau impeccablement rangé. Elle le prit et l’observa. C’était une photo d’Ulrich qui souriait à une jeune femme. Une jeune femme qui n’était pas Yumi…Le sourire de cette dernière s’effaça peu à peu…elle ne connaissait pas cette personne et ça lui faisait peur…Reposant l’image, elle s’efforça à penser qu’Ulrich l’aimait elle, il venait de lui faire l’amour… Mais malgré ces joyeuses pensées, elle ne put s’empêcher de se précipiter quand elle vit une autre photo posée sur sa table de nuit. Le cœur de la Japonaise se serra de douleur…Là, Ulrich ne souriait pas à cette jeune femme…il l’embrassait…
Les larmes commencèrent à couler avant même que Yumi ne se rende compte qu’elle s’était agenouillé à terre, la tête entre les mains, pleurant toutes les larmes de son corps…Il venait de lui faire l’amour, et…elle était trompée…Elle se releva et s’écroula sur son lit, en enfouissant son visage dans son oreiller, qui au bout de quelques minutes fut assez mouillé. Elle ne dormit pas de la nuit, ne sachant comme prendre ces photos…trucage ou vérité ? Elle ne le savait pas…
Le lendemain, Yumi descendit à la cuisine très tôt. Son frère dormait encore, seulement sa mère se trouvait dans la cuisine, habillée d’une chemise de nuit et de son peignoir. Ses yeux cernés et rouges d’avoir pleuré étaient encore là et prouvaient sa tristesse. Mais elle ne laissa rien paraître quand elle entra dans la pièce. Sa mère la regarda, étonnée.
-Yumi ? Déjà levée, chérie ?
-Bonjour maman…bien dormi toi ? demanda-t-elle, ignorant les questions de sa mère.
-Bien, oui…ça va toi ? Tu as bien dormi ?
-Oui, bien sûr.
Yumi déjeuna rapidement, telle un éclair passé dans la cuisine. Mais avant de sortir, elle se retourna et fixa sa mère un instant avant de demander.
-Maman…est-ce que je peux repartir au Japon ?
-Mais, tu y vas dans 2 mois…
-Non, je veux y aller le plus tôt possible…
-Pour…(interrompue)
-S’il te plait…
-Euh…très bien…je vais en parler à ton père…mais, Yumi ? Je pourrais savoir pourquoi ?
-Fais moi confiance…
La façon dont sa fille lui suppliait de la laisser aller au Japon troublait beaucoup Mme Ishiyama. Elle ne put qu’acquiescer devant le regard suppliant de Yumi. Celle-ci monta chercher ses affaires et redescendit quelques minutes après. Il n’était que 8 moins que le quart.
-Tu…tu pars déjà Yumi ? Mais…tu as vu l’heure ?, demanda Mme Ishiyama, inquiète.
-J’ai quelque chose à faire avant…
-Yumi ?
La jeune fille se retourna. Devant elle se tenait son petit frère qui n’était plus si petit que ça. Agé maintenant de 14 ans, il commençait à devenir un bel adolescent en pleine puberté. Dégageant son propre style, il était pourtant bien tenu par Yumi qui lui avait bien rappelé que les copains n’étaient pas forcément un bon exemple…à la surprise de sa sœur, il lui avait répondu ceci.
-Mais non, c’est pas les copains, c’est Ulrich ! Je veux être aussi classe que lui !
En voyant Hiroki habillé, c’est vrai, tout comme Ulrich, la jeune femme eut un pincement au cœur. Elle se détourna finalement et partit vers la porte. Mais son frère lui barra la route.
-Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ne me dis même plus bonjour ?
-Bon, hé bien, bonjour Hiroki ! Content ?
-Mais qu’est-ce que tu as, Yu ?!
-Rien, à plus.
Elle écarta son frère et sortit dans l’air frais de la matinée. Hiroki échangea un regard avec sa mère, montrant qu’il ne comprenait rien à la situation.
-Tu le sais, je le sens, maman…
-Ces ont les affaires de ta sœur, si elle estime qu’elle doit te le dire, elle le fera…mais tu l’apprendras de sa bouche.
-Merci, je savais que je pouvais compter sur toi !, s’énerva le jeune homme en remontant les escaliers furieux.
Laissant sa mère, peinée…Mme Ishiyama se leva, tremblante. Elle se posta à la fenêtre, voulant guetter une éventuelle revenue de sa fille…mais 5 minutes après, elle comprit que c’était trop tard, elle espéra juste que le ciel lui laisse le droit de voir ses enfants…des larmes coulèrent sur ses jours froides, tombant au sol alors qu’une pluie commençait dehors.
Yumi courait, de plus en plus vite, sentant les gouttes lui glacer la peau. Finalement, elle passa enfin la grille de l’école et vint se cacher sous les arcades. Ses cheveux dégoulinaient et elle avait très froid. Ses yeux exprimait cette même froideur tandis que son cœur espérait une quelconque chaleur pour la réconforter. Mais il l’avait trompé, il se servait d’elle…
Des pas résonnèrent au loin. Yumi se tourna, les bras frictionnant avec faiblesse ses bras si peu recouverts. C’était Aelita…Elle semblait très étonnée de voir Yumi sous cette pluie battante et à cette heure. Elle s’approcha en courant.
-Mais Yumi, qu’est-ce que tu fais ici ? Je suis désolée, Ulrich est encore en haut…sûrement en train de secouer Odd…vous vous étiez donné rendez-vous ? demanda la jeune femme, curieuse.
-Non, Aelita…non…
-Yumi ? Tu es sûre que ça va ?
-Oui…, ne t’en fais pas, petite sœur…
Et là Yumi fit un sourire à Aelita. Et cette dernière sut tout de suite combien Yumi souffrait, combien elle en voulait, à qui, elle ne le savait pas, mais que celle-ci souffrait…Elle ne savait rien de ce qui avait pu se passer mais elle fit ce qu’elle lui sembla juste. Elle l’entoura de ses bras chauds et la serra fort contre elle, tandis que Yumi, poussée par un sentiment d’injustice, lâcha ses larmes tant contenues ce matin…
La sonnerie des cours retentit. Yumi se redressa et partit vers sa classe avec la ferme attention de ne plus pleurer.
Odd et Ulrich descendirent au même moment du dortoir avec Jérémie derrière. Aelita les accueillit.
-Ben, alors ? Qu’est-ce qui s’est passé ?demanda-t-elle.
-Oh, juste Einstein qui avait du mal à se réveiller !, s’écria Odd, heureux.
-Ouais et toi, tu es rentré si tard hier que tu n’as pas du dormir beaucoup, fit Ulrich, moqueur.
-Aelita ? Est-ce que tout va bien ?
Le regard de la jeune fille s’assombrit tandis qu’elle baissait la tête. Mais elle la releva et regarda Ulrich avec attention. Celui-ci ne comprit pas.
-Aelita ?
-Ulrich, est-ce que…Est-ce que ça s’est bien passé hier avec Yumi ?
Ne laissant le temps à Ulrich de répondre, Odd lança avec bonne humeur.
-Ah non ! Ca se saurait si ça s’était mal passé ! Premièrement, il aurait fait la gueule. Deuxio, il n’aurait pas balancer ces vêtements dans toute la chambre s’il était allé au lit tout seul (en insistant bien sur ces mots), et tertio…il n’aurait pas fait la grasse mat’ ! Tout garçon qui se respecte, dort après ces moments là !, justifia-t-il en levant le doigt. Aïe !!
-Tais toi un peu !, réprima le beau brun. Ben…oui, Aelita…je crois qu’Odd a tout résumé…(lançant un regard vers le jeune homme qui affichait un sourire prouvant son contentement), ça s’est super bien passé hier…pourquoi ?
-Yumi était…
Deuxième sonnerie. Cette fois, pour les premières.
-Et allez, c’est parti pour les cours, soupira Odd, son sourire disparu.
-Elle était quoi ?, poursuivit le beau brun à la jeune femme.
-Euh, je te dirais plus tard…, promit cette dernière.
Ce qui apparemment suffit à Ulrich, qui ne se faisait aucun doute au sujet de Yumi. Ils avaient passé une excellente soirée, Yumi ne pouvait pas être malheureuse, pour Ulrich, c’était hors d’idées.
Celle-ci, justement, était entrain de suivre les derniers conseils de leur professeur principal pour le bac. Ils se préparaient depuis longtemps et Yumi ne redoutait plus cette épreuve. Ses notes étaient excellentes, et elle n’avait pas de problèmes à ce sujet. Elle répondit correctement au dernier petit contrôle, et fit une prestation parfaite devant ses professeurs. Ces derniers lui auraient presque fait passer l’épreuve immédiatement. Contrairement à certains élèves qui redoutaient ce jour comme la fin de l’humanité, elle, cette Japonaise pourtant réservée, n’avait aucun problème.
Vint l’heure de manger, mais au lieu de se diriger vers le réfectoire, Yumi traversa la grille de l’école.
Les autres sortaient du bâtiment des sciences quand Odd s’exclama.
-Hé, c’est pas Yumi là-haut !
Laissant juste le temps aux autres de la voir partir, Yumi s’enfonça vers le centre ville.
-Mais qu’est-ce qu’elle va faire en centre ville ? Elle a mangé ou pas ?demanda Ulrich, abasourdi.
-T’es vraiment sûr que t’as assuré niveau prestation hier ?fit Odd, moqueur ? P’tete qu’elle a pas aimé vieux, faut te faire une raison !
-La ferme Odd ! C’est pas drôle…je me demande ce qui lui prends…mais, au fait, Aelita, tu m’as toujours pas dit ce qu’elle avait ce matin…
-Oh…ben…elle pleurait…
-Elle pleurait ? Mais…elle t’a dit quelque chose ?
-Non…elle n’a rien voulu me dire…je ne sais pas comment vous expliquez…mais quand elle m’a regardé…ça m’a fait froid dans le dos…elle semblait si…malheureuse…, expliqua Aelita, en fondant en larmes.
Jérémie la prit dans ses bras tout en jetant des regards inquiets aux deux autres. Ulrich était pensif et Odd n’avait plus trop envie de blaguer d’un seul coup…
A la fin de la journée, aucune trace de Yumi. Ils n’arrivaient pas à la voir, ni à l’intercepter. Elle les fuyait…mais pourquoi ? Ulrich commençait à prendre peur et son visage palissait d’heures en heures.
-Mais qu’est-ce qui a bien pu lui arriver ? Elle allait très bien hier soir, je ne comprends pas…(il s’assit sur un banc) j’aimerais tellement qu’elle soit là, près de moi…que tout aille bien…
Jamais ses amis ne l’avaient vus aussi désemparé.
-Elle ne t’a pas parlé de quelque chose, un truc qui pourrait nous indiquer ses problèmes ? essaya Jérémie.
-Non…tout allait…(il se tut) attends…hier, elle m’a avoué qu’après son bac…elle…elle…
-Elle quoi ? l’encouragea Aelita qui s’assit sur le banc aussi.
-Elle veut repartir au Japon…
Les autrs restèrent bouche bée un moment. Mais à un moment Aelita qui cherchait désespérément une réponse, tourna la tête et cria en se levant.
-Yumiiii !
Les autres suivirent son mouvement et virent en effet la jeune femme, à la sortie du bâtiment administratif. Pendant que le groupe la rejoignait en courant, Odd proposa.
-Peut-être qu’elle a eu un ennui avec le proviseur, ou un truc avec Sissi…
-Ca m’étonnerait, je ne vois pas pourquoi…
-Sissi ne vous a pas entendu au moins ?
-Ben…non, je pense pas…
Ils avaient rejoints la Japonaise. Aelita se jeta dans ses bras en pleurant.
-Yumi…dis nous ce qui se passe…s’il te plait…j’ai si peur pour toi…
Avant même que la concernée ait pu répondre, Ulrich s’avança et supplia d’une voix anxieuse.
-Yumi, s’il te plait…
Alors que la jeune femme allait répondre, elle fronça les sourcils et son regard désespéré se transforma en un regard acéré vers le jeune homme. Elle écarta doucement Aelita, s’avança et gifla Ulrich. Les autres sursautèrent de ce geste. Ulrich recula, chancelant tellement la gifle l’a avait sonné. Une marque rouge ne tarda pas à dessiner sur sa joue, et il jeta un regard plus qu’étonné à sa petite amie. Celle-ci n’attendit pas son commentaire et partit en courant sous les regards stupéfaits de ses amis et surtout d’Ulrich qui sentait son monde s’écrouler…
Quelques jours plus tard, toujours aucune nouvelle. Ulrich avait tenté bien des fois d’aller chez les Ishiyama, mais que ce soit le père ou la mère de Yumi, personne ne le laissait rentrer. Même Hiroki, d’habitude si joyeux à sa vue, lui avait fermé la porte au nez. La bande ne comprenait pas tout simplement…puis un jour, le 5eme précisément, Yumi apparut. C’était sans équivoque pour passer son bac qu’elle était obligée de se rendre au lycée. Mais ils n’eurent aucune occasion de la voir. Les jours défilèrent ainsi, et les épreuves se terminèrent sans qu’ils purent lui parler, ni même l’apercevoir dans un couloir ou dans la cour…Le bonheur qu’Ulrich éprouvait se transformait en un cauchemar sinistre…
Ils se rendirent ce jour-là dans le bureau du proviseur, tous les 4. Mr Delmas les accueillit avec son habituelle courtoisie.
-Que me vaut le plaisir de cette visite ?
-Monsieur…cela fait presque une semaine que nous n’avons pas vu Yumi…Yumi Ishiyama…même pour passer les épreuves de bac, impossible de la croiser, de la voir…est-ce que vous savez quelque chose ?,s e lança Jérémie.
-Nous sommes très inquiets monsieur…, ajouta le beau brun, une mine triste collée au visage.
-Si j’ai une explication, en effet, j’en ai une. Mais ça m’étonne que vous ne soyez pas au courant. Yumi est partie au Japon précisément dans la nuit. Elle commencera là-haut sa formation de puéricultrice avec sa famille.
Les 4 futurs adultes restèrent cloués. Aelita éclata en sanglot dans les bras de Jérémie. Le proviseur était très surpris mais il avoua à ses élèves que quand Yumi était venu le voir, son attitude lui avait semblé bizarre. Ils sortirent en remerciant vivement Mr Delmas.
Maintenant qu’allaient-ils faire ? Le seul moyen de la joindre était le portable, mais combien de fois avaient-ils essayés…Ulrich se retira seul, dans sa chambre sous les regards compatissants de ces amis. Ils entendirent peu de temps plus tard des bruits de frappe, le samouraï défoulait certainement sa haine et son désespoir d’avoir perdu celle qu’il aimait…
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1 ans plus tard, Paris.
-Odd…allez, grouille toi un peu !, houspilla Ulrich, sur les nerfs.
-Ca va, ça va…, soupira-t-il.
Odd se leva péniblement et tout en s’habillant, jeta un regard furtif vers Ulrich. Celui-ci semblait encore de mauvaise humeur…cela faisait maintenant un an que Yumi était partie, comme ça, sans rien dire, et Ulrich avait eu beaucoup de mal à digérer cette séparation forcée. Il se montrait désormais agressif envers tout le monde et s’énervait facilement. C’était comme si on lui avait enlevé l’envie, l’espoir de vivre…
Il ne disait plus rien, mangeait moins, son corps déjà si fin s’était amaigri…Mais il avait renforcé son entraînement de penchack-silat non seulement pour se préparer à la formation qu’il allait subir pour pouvoir obtenir sa licence, mais aussi pour défouler la colère qui régnait à présent en lui, sans le lâcher.
Le beau brun en tête, Odd à la traîne, ils descendirent les escaliers et rejoignirent Aelita et Jérémie qui déjeunaient à présent en un mignon tête à tête. L’arrivée d’Ulrich jeta un froid à la table, laissant chacun dans ses pensées…
Pourtant, il y avait une semaine, ils avaient fêtés l’anniversaire d’Ulrich. Essayant au mieux de lui changer les idées, ils lui avaient offerts un stage de penchak-silat durant un week-end. Ca avait beaucoup plu au jeune homme, mais le jour de son anniversaire, le vendredi, il n’avait pas arrêté de surveiller le courrier, son téléphone ou autres moyens de communication…
Aujourd’hui, ils étaient en préparation au bac, ce qui accentuait sa mauvaise humeur. Il se murait pourtant dans ses révisions, lui permettant de relever son niveau.
Ils remontèrent chercher leur sac et Aelita, Odd et Ulrich redescendirent presque en même temps. Seul Jérémie manquait. Ils attendirent quelques minutes puis l’heure de la sonnerie approchant, ils partirent voir ce que faisait le petit génie. Celui-ci observait son ordinateur avec une immobilité parfaite.
-Jérémie ? Que se passe-t-il ?demanda Aelita en s’avançant pour voir l’écran.
Elle se figea automatiquement en étouffant un cri. Jérémie se retourna, tremblant.
-Ce n’est pas possible…non…
-Qu’est-ce qu’il se passe ? s’enquit Odd.
-Xana…il a lancé une attaque !!
Ulrich, qui avait croisé les bras en attendant une réponse, les décroisa et fixa les deux scientifiques avec une mine déconfite.
-Mais…mais c’est pas possible ça ! On l’a désactivé il y a un peu plus d’un an !, bredouilla-t-il.
-Pourtant, le super-scan est formel, il a lancé une attaque…, affirma Jérémie, remis de ses émotions.
-Quand ? Quand a-t-il lancé l’attaque ?, s’informa Aelita, plongée dans ses pensées.
-Euh…attends…Le 6 juin 2009…hein ?! 2009 ?
-Mais c’était l’année dernière ça ! On est en 2010 ! s’écria Odd, complètement désorienté.
-Tu ne t’es pas trompé Jérémie, demanda Ulrich, prévoyant.
-Mais non ! Tout est là ! L’heure de l’attaque, tout…hé…il y en même une deuxième…qui s’est passé avant celle-là…elle n’a duré que quelques minutes, c’était le soir du…du jour où on a éteint le supercalculateur…la deuxième attaque, elle, a commencé le 16 juin…Quelqu’un sait ce qui s’est passé le 16 juin ?
-…c’était le jour où Yumi est partie au Japon…, lâcha Ulrich, serrant les poings.
Silence pesant dans la pièce. La sonnerie retentit.
-Jérémie, vite regarde où a été lancée la deuxième attaque !, pressa Aelita.
-Euh…au Japon…
Le visage d’Aelita blêmit tout comme ceux des autres. Ulrich se prit la tête entre les mains.
-Bon, on va en cours, et à midi on file à l’usine pour déterminer ce qu’il en est…
-Mais et l’attaque ?, demanda Odd.
-Ca fait un an qu’elle est en place, je pense qu’on peut attendre un peu…
-Oui, c’est vrai…
Les cours furent interminables pour Ulrich qui se demandait ce que Xana avait trafiqué…puis, au grand soulagement de tous les élèves, la sonnerie retentit.
Ils se dirigèrent en courant vers cette usine qu’ils n’avaient plus jamais pénétrés depuis un an…
Le monte-charge les emmena au labo. L’écran tournait à plein régime. Jérémie s’installa et observa attentivement les manœuvres qui s’y faisaient. Puis il commença à taper sur le clavier, sous l’œil impatient des autres.
-Je vais essayer de voir si l’attaque a des conséquences visuelles au Japon…voir si Yumi va bien…
-Attends, tu peux voir Yumi ?, demanda Ulrich l’interrompant.
-Bien sûr. Je me relis à un satellite et le tour est joué. Comme si tu la voyais à la télé, répondit Jérémie.
Une fenêtre s’ouvrit. Une vue aérienne…Kyôto affirma Jérémie. Il zooma au fur et à mesure, le satellite ayant repéré Yumi. La vision se faisait plus claire à présent et l’on survolait une banlieue plaisante, tranquille et verte. Tout en zoomant, Jérémie cherchait le but de l’attaque. Elle visait une personne. Nell Stern.
-Nell...Stern?, lut Jérémie.
Tous les regards se tournèrent vers Ulrich.
-Ben, quoi je le connais pas !
-Tu n’as pas de la famille au Japon ?hasarda Odd.
-Mais non !
Maintenant, on ne voyait qu’une seule maison, et une jeune femme en sortit. C’était Yumi…
-Ouah ! Elle a changé…, s’exclama Odd.
-Ses cheveux sont plus longs, et j’ai l’impression qu’elle a pris quelques kilos, non ?, observa Aelita.
Yumi déposa un sac dans une voiture puis refit le chemin inverse.
-A votre avis, c’est qui cette Nell ? Elle concerne Yumi ou pas ?demanda Ulrich.
-C’est à toi qu’on devrait demander ça ! répliqua Odd.
-Ma famille n’est pas la seule à s’appeler Stern dans le monde !
-Oui, mais je ne vois pas l’intérêt que Xana aurait si cette Nell n’était pas dans nos familles…Donc, elle te concerne forcément, expliqua Jérémie.
-Regardez !, s’écria Aelita.
Yumi ressortait à présent, portant…un bébé dans ses bras. Jérémie fit un zoom. Des cheveux bruns, des yeux bridés, une petite frimousse adorable…
-Franchement je vois pas qui c’est…sa petite sœur ?proposa Odd.
Les deux autres garçons firent la moue. La scène devenait comique quand Aelita s’exclama.
-Mais enfin, vous voyez pas que c’est sa fille ?!
-Quoi ?firent en même temps les garçons.
-Sa fille ?, répéta Ulrich en fronçant les sourcils.
-Ne fais pas ses yeux là, il est de toute évidence que c’est la tienne aussi !, gronda Aelita. Puis poursuivant : Yumi a pris un peu de poids, elle était enceinte, mais elle est de nature fine, c’est pour ça que ça ne se voit pas tant que ça, elle porte dans ses bras une petite fille de toute évidence à l’origine Japonaise, ce n’est sûrement pas sa petite sœur, puisque ses parents sont restés à Paris, et enfin, cette petite s’appelle Nell Stern, et c’est certainement la fille d’Ulrich par son nom et parce que Yumi ne fréquenterait aucun autre garçon…et vous avez vu comment elle est petite ? Trois mois pas plus…c’est logique :neuf mois de grossesse, plus trois mois, ça fait un an, non ?termina-t-elle.
Les garçons étaient ébahis. Aelita haussa les épaules comme si c’était évident.
-Bah, ça y est…t’es papa ! rigola Odd en faisant une tape amicale à Ulrich.
Ce dernier s’évanouit, tombant lourdement à terre.
Voilà^^Des comms!
