Je ne t'attends plus
Certains se demanderont pourquoi je le poste ici car ils n'y verrons pas de romance.
Et je leur répondrais que cela traite des sentiments des personnages et donc que j'y vois de la romance car, au fond, c'est aussi ça la romance...
Il n'y a pas les prénoms des personnages principaux mais vous les découvrirez tous seuls bien vite...
Sur ce, j'espère que ça va vous plaire. Bonne lecture!
Je ne t'attends plus
Au premier étage de la grande bâtisse, les rayons du soleil perçaient à travers les volets de sa chambre depuis une bonne vingtaine de minutes. Son réveil sonna. Il était sept heures. Il donna un coup dessus d'une main lourde et molle pour l'arrêter. Il commença à ouvrir les yeux péniblement. Il avait du mal à émerger de son sommeil. Il avait encore mal dormi. Il n'avait cessé de rêver d'elle. Celle qu'il aimait plus que tout au monde et qui n'avait jamais cessé de hanter ses rêves, même les plus fous.
« Encore une magnifique journée loin de toi. » pensa-t-il. « Ma belle, où es-tu? Et dans les bras de qui? J'espère que tu y es heureuse, car moi, il y a bien longtemps que je ne le suis plus. »
En se disant cela, son visage se para d'un air qui traduisait bien son repli sur lui-même. Il repensait à la dernière conversation qu'ils avaient eu tous les deux. Et plus particulièrement à une phrase qui résonnait dans sa tête.
« Je ne t'attends plus »
Plus il y pensait et plus cela le faisait souffrir. Il ne parvenait pas à chasser cette pensée de son esprit. Depuis tout ce temps, il souffrait en silence, sans rien dire à personne. Il resta ainsi dans son lit de longues minutes à repenser au passé, au collège, à l'usine, au temps où ils étaient heureux, les autres, lui... Et elle. Inexorablement, il y revenait. Il ne parvenait pas à l'oublier. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayé. À une époque, il s'était même mis à enchaîner les conquêtes pour tenter de la chasser définitivement de sa tête comme d'autres enfilent des perles sur un file pour faire un collier. Mais il s'était vite rendu compte que ce ne serait pas comme cela qu'il y parviendrait. Il aurait tant aimé la revoir malgré tout cela. Puis un bruit vint le sortir de ses pensées. La porte de la chambre s'ouvrit, laissant apparaître une personne.
« Monsieur, il est déjà sept heures trente-cinq! Vous allez être en retard à vôtre travail! Dois-je monter vôtre petit déjeuner dans vôtre chambre? »
C'était la servante qui s'inquiétait pour lui. Depuis quelques temps déjà, elle avait remarqué qu'il se laissait aller de plus en plus. Et ces jours-ci, elle trouvait que cela s'aggravait sérieusement. À tel point qu'elle ne le reconnaissait parfois plus. Elle avait l'impression qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même.
« Non merci, Rose. Je ne vais pas tarder à descendre. » répondit-il.
- « Vous n'avez pas l'air bien, monsieur. Êtes-vous sûr de ne pas être malade?
- Je vais très bien, je vous assure. Ne vous inquiétez pas pour moi! »
La domestique sortit alors de la chambre sans insister plus. Il s'extirpa lentement de son lit, retira son pyjama et revêtit un peignoire puis se rendit à la salle de bains pour prendre sa douche. Il en ressortit quelques minutes plus tard et, voyant l'heure qu'il était, s'activa pour s'habiller et descendre pour prendre son petit déjeuner. Une fois cela fait, il sortit alors en trombe de l'imposante demeure et monta dans sa belle voiture. Il démarra et partit en direction de la sortie de l'immense parc bordant la propriété. Les jardiniers y étaient déjà à l'œuvre. En passant près d'eux dans la grande allée, ceux-ci se retournèrent et il leur fit un signe de la main pour les saluer, ce à quoi ils répondirent également par un signe de la main. Quand il fut à la sortie du parc, il s'engagea à toute vitesse sur la route et prit la direction de son bureau, à Paris. Une quarantaine de minutes plus tard, il arriva face à un grand immeuble de bureaux. Il se dirigea alors vers l'entrée du parking souterrain et s'enfonça dans les profondeurs de la construction.
De son côté, elle était levée et prête à partir depuis une bonne demi-heure. Elle était assise, en larmes, sur son canapé et tenait un cadre dans lequel on pouvait la voir sur une photo en compagnie d'un autre homme. Il était grand et brun. Il avait les yeux bleus. Cela faisait plusieurs longues minutes qu'elle était comme cela lorsqu'elle dit en regardant la photo:
« Salaud! Comment as-tu osé me faire ça?! Depuis tout ce temps, tu m'as prise pour une conne alors que je t'aimais! »
Puis une sonnerie retentit. C'était son portable. Elle le sortit de son sac à main et regarda le nom de celui qui l'appelait. Elle resta figée quand elle vit que c'était lui. Celui qui la faisait tant souffrir. Comment osait-il l'appeler après ce qu'il avait osé lui faire quelques jours auparavant. Elle resta figée quelques instants, ne sachant plus quoi faire. Puis elle décrocha, un peu par curiosité pour savoir ce qu'il avait à lui dire, mais aussi et surtout parce qu'au fond d'elle, elle voulait entendre encore une fois sa voix douce.
« Allô?! » dit-elle avec une petite voix timide.
- « Allô... Ma chérie... C'est moi... Je... » déclara-t-il, avec un ton gêné.
Quand elle entendit ces paroles, son sang ne fit qu'un tour. Elle laissa alors exploser sa colère.
- « Quoi?! Tu oses encore m'appeler « ma chérie » après ce que tu as osé me faire??
- Excuses-moi... J'ai fait une grosse connerie... Je voulais pas, je te jure!!!
- C'est ça! Continue à me prendre pour une conne, je te dirais rien!!
- Écoute-moi, c'est pas ce que tu crois! C'était un accident! C'est elle qui m'a forcé!
- Menteur! Je t'ai vu! Elle ne t'as pas forcé du tout! T'avais pas du tout l'air contre!!!
- Mais non, je te jure! C'est elle!
- Arrête!! Je sais tout! Elle m'a tout raconté hier!
- ...
- Comment as-tu pu m'humilier comme ça??
- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire souffrir...
- Ferme ton claque-merde au lieu de mentir, espèce d'e****é! Tu t'enfonces tout seul! Je ne veux plus jamais te revoir, gros connard! Retourne dans les bras de ta pouffiasse! »
Elle lui raccrocha au nez sans ménagement et se laissa éclater en sanglots. C'est alors que quelqu'un frappa à la porte. Elle sécha alors ses larmes à toute vitesse et se précipita vers la porte d'entrée de son petit appartement douillet. Elle l'ouvrit pour voir qui se trouvait derrière.
« Salut! Alors, ma belle, prête pour le boulot? »
C'était Marine, une de ses amies et collègue de bureau qui venait la prendre pour aller travailler. Elle remarqua sa mine triste et ses yeux rouges.
« Ben, alors? Ça n'a pas l'air d'aller? Tu penses encore à lui, c'est ça! » dit-elle en s'approchant de son amie qui recommençait à pleurer.
- Il m'a appelé!
- C'est pas vrai! Mais quel connard ce mec! Et il t'a fait le coup des excuses, que c'était pas de sa faute et tout le bla bla?
- Oui...
- Ha, les mecs!!! Tous les mêmes!!! Dans quel état il t'a mis, cet enfoiré!
- Mais je ne lui ai pas laissé le temps de finir, je lui ai raccroché à la gueule!
- T'as bien fait! De toute façon, il ne te mérite pas! Alors oublie-le!
- Je peux pas! On est ensemble depuis si longtemps! C'est mon premier amour!
- Ha bon?! Je croyais que c'était quelqu'un d'autre ton premier amour!
- Oui mais non, lui, c'est différent. D'ailleurs, depuis que j'ai coupé les ponts avec lui, j'ai plus aucune nouvelle...
- C'est marrant, mais quand t'en parles, j'ai l'impression que tu ressens encore quelque chose pour lui!
- Marine!!!
- Ça te dirais de le revoir?
- Heu... Ben... Je sais pas trop... Et puis il doit m'en vouloir... En plus, je suis sûre qu'il est avec une autre fille en ce moment. Peut-être même qu'il a des enfants!
- Qu'est-ce que tu en sais? Ça vaut peut-être le coup d'essayer!!!
- Non, j'ai pas envie...
- Mais si, je suis sûre qu'au fond de toi tu crèves d'envie de le revoir! Alors ce soir, on le fait! Bon, allez, ma puce! Faut qu'on y aille sinon on va être à la bourre au bureau! »
Les deux jeunes femmes s'en allèrent en vitesse après avoir pris le temps de fermer la porte de l'appartement à clé. Elles descendirent les trois étages et montèrent dans la petite voiture de Marine, garée non loin de là. Une fois le moteur allumé, elles s'en allèrent vers leur lieu de travail.
Pendant ce temps, il était descendu de sa voiture et avait pris l'ascenseur jusqu'au dernier étage de l'imposante tour pour rejoindre son bureau. Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, la secrétaire se précipita vers lui.
« Bonjour, monsieur le directeur. Vôtre rendez-vous est arrivé, et je dois vous dire qu'il a l'air très mécontent à cause de vôtre retard!
- Ho, merde! Je l'avais complètement oublié, celui-là! Bon, c'est pas grave... Dites-lui que je suis coincé dans les bouchons mais que je ne vais pas tarder... Ça lui fera les pieds!
- Bien, monsieur! »
Il n'avait plus la tête à son travail en ce moment. Il se sentait de plus en plus mal au fond de lui. Il avait l'impression que tout lui échappait et qu'il ne maîtrisait plus rien. Il pensait qu'il avait gâché sa jeunesse à l'attendre pour rien, elle qu'il aimait plus que tout au monde. Tout cela lui faisait peur. Il s'en voulait de n'avoir rien tenté quand il l'aurait fallu. Il resta devant la porte du bureau encore quelques minutes avant d'entrer. Pendant toute la durée du rendez-vous, il avait la tête ailleurs. Celui-ci lui parut interminable. Il était presque midi quand cette entrevue se termina, au grand soulagement du maître des lieux.
Il raccompagna son visiteur jusqu'aux portes de l'ascenseur et, quand celui-ci fut parti, il se dirigea vers le bureau de sa secrétaire.
« Amandine, y a-t-il des rendez-vous prévus cet après-midi? » demanda-t-il.
- « Aucun, monsieur! Le seul qui était prévu vient de se désister à l'instant.
- Très bien. » dit-il, soulagé de ne pas avoir à endurer une fois de plus une de ces épreuves interminables qui jalonnaient son quotidien. « Si quelqu'un me demande, vous savez où me trouver...
- Oui, Monsieur! »
Il se dirigea alors vers les escaliers et monta. Il arriva à la porte du toit de l'immeuble dont lui seul possédait la clé. Il l'ouvrit et avança sur le toit en terrasse de l'immeuble. Il s'approcha de la corniche et s'y assit, les jambes pendantes dans le vide. Depuis cet endroit, il avait une vue splendide sur tout Paris. Il y allait quelques fois. Mais depuis un petit moment, il y allait de plus en plus fréquemment. Pour y réfléchir prétextait-il, car, disait-il, quand on a une partie du corps qui repose dans le vide, c'est comme aux toilettes, ça aide les neurones à réfléchir. Mais là, c'était différent. Malgré cela, il ne contemplait pas le panorama magnifique qui s'offrait à lui. Il était ailleurs, perdu dans ses pensées, le regard dans le vide. Il repensait à elle.
Il se souvint alors de leur première rencontre. C'était au collège. Au club d'arts martiaux, plus précisément. Au début, quand elle avait fait son apparition dans le gymnase, il l'avait trouvée mignonne mais sans plus. Puis au fil du combat, il la trouvait de plus en plus attirante. Jusqu'au moment où elle avait réussi à le mettre à terre et qu'il s'en aille, vexé d'avoir été vaincu par une fille. Quand il y repensait, il trouvait sa réaction ridicule. Pour autant, il était tombé sous son charme. Le lendemain, ils s'étaient donné rendez-vous au gymnase pour faire une revanche. Cette fois c'était lui qui l'avais mise à terre et elle qui était tombée sous son charme. Il se rappela alors la conversation qu'ils avaient eu ensuite pour se présenter. Et notamment quand il avait écorché son prénom et qu'elle l'avait tellement mal pris qu'elle l'avait mis à terre. Cela le fit sourire mais le cœur n'y était pas. Ensuite, c'était là que toute leur aventure avait débuté et qu'ils s'étaient liés d'amitié tous les cinq.
Mais que restait-il de leur amitié? Eux qui étaient si soudés à l'époque et dont qui il n'avait pratiquement plus aucune nouvelle aujourd'hui. Quelle trace avait-il laissé en eux?
« Et dire que c'était la période la plus heureuse de ma vie! » pensa-t-il.« Quel gâchis! »
Il avait réussi dans sa vie professionnelle, loin d'elle, loin d'eux. Mais il n'avait pas réussi sa vie personnelle. Le soir, quand il rentrait chez lui, il était seul, désespérément seul. Et elle, sans le savoir, elle hantait la moindre de ses pensées, le moindre de ses regrets. Petit à petit, il sombrait dans la dépression, loin de ses amis, ceux qui, en d'autres temps, auraient été toujours là pour lui. Avec le temps, il avait perdu le contact avec eux. Il ne savait pas ce qu'ils étaient devenus. À propos d'elle par contre, il était partagé sur ce qu'il voulait. Elle l'avait fait tant souffrir le jour où elle était partie de Kadic, après avoir eu son baccalauréat. Elle leur avait dit à tous qu'elle garderait le contact, et c'est avec lui qu'elle avait rompu les ponts en premier. Après leur dernière conversation, il en était devenu malade. Il avait failli louper son bac à cause de ça. Il l'avait pris comme une trahison venant de sa part.
Et pendant toutes ces années, cette douleur le rongeait de l'intérieur. Les amis qui lui restaient lui répétaient sans cesse que cela lui passerait avec le temps et qu'il finirait même par l'oublier. Mais comment pouvait-il l'oublier? Elle avait été son premier émoi sentimental, son premier amour en quelque sorte, même s'il n'y avait jamais rien eu entre eux. Cette blessure au cœur, cette plaie à l'âme ne voulait pas se refermer et cicatriser une bonne fois pour toutes. Plus il essayait de l'oublier et plus elle revenait le hanter. Il n'y parvenait pas. Chaque fois qu'il essayait, il n'y parvenait qu'un temps avant que tout ne redevienne comme avant.
À suivre
Alors? Comment vous trouvez?

Non! Pas les cailloux!!!!
VIENDEZ VOIR MES AUTRES FIC!!! Protocole Carthage (version 2), Je ne t'attends plus (terminée) et Sacré Jimbo! (one shot).
Non, je ne m'appelle pas Ann!!! Appelez-moi Vince. (Hé oui! Je suis un mec!!!)