*Retour d'entre les morts* Comment ça ça fait plus d'un mois? Hu, le temps a été long pendant les partiels... Mais période de Noël (surtout vacances, en fait) oblige, je viens poster la suite!
Jules : Oh, tout n'est pas encore dit concernant Sissi... Mais heureuse que tu ai apprécié! ^__^
Toon : Justement, le vécu des LG était identique entre les deux mondes jusqu'à l'arrivée de XANA, donc que cela ressemble à la genèse est voulu ^^ Je prends toutefois note de ton avis, et j'espère que tu aimeras mieux ce qui arrive!
Et maintenant, place à la suite ! Bonne lecture à vous o/
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Monde 1 Solar Building
Chapitre 4
The violet cat
Douloureusement accroupie, Yumi se raccrochait aux barreaux la séparant du prétendu collège Kadik. Elle était d'absences depuis qu'elle et Aelita guettaient les mouvements de leurs alters, pourtant de plus en plus rares. N'empêche que. La simple proximité avec cette Yumi suffisait à la jeune japonaise pour se sentir mal. Ses bras s'engourdissaient, ses jambes tremblaient, sa mâchoire se crispait... Était-ce une conséquence de sa présence dans un monde qui ne la reconnaissait pas? En tout cas, jamais elle n'avait eu autant la sensation d'être au bord du gouffre, prête à plonger... Si elle avait été seule, dans cette rue sombre et silencieuse, sans doute aurait-elle paniqué. Mais les inquiets et constants regards d'Aelita la motivait à reprendre contenance. La princesse n'était visiblement pas rassurée, inutile d'en rajouter encore. Elle inspira, expira. Puis rouvrit les yeux doucement.
"Toujours rien de nouveau?" S'enquit-elle, sans oser vérifier d'elle-même de crainte de raviver le malaise.
"Non, les Spectres sont toujours seuls devant l'entrée. Personne n'est sorti ou entré..."
Aelita était tendue. Elle semblait se retenir d'en dire plus, ce qui mit Yumi mal à l'aise. Avait-elle l'air si mal en point? La jeune japonaise tenta de croiser le regard de son amie, cherchant dans son esprit une parole apaisante. Mais avant qu'elle n'en ait eu le temps, la princesse dit d'une voix douce et anxieuse :
"Est-ce que tu es sûre que ça ira? On devrait peut-être appeler les garçons..."
"Non" Trancha la geisha sans hésitation. "Ca va aller. Il faut attendre d'avoir du nouveau avant de les contacter".
"On en a déjà assez, tu ne crois pas? Je veux dire, regarde devant toi! S'il arrive quelque chose, ce n'est pas à nous deux qu'on pourra se défendre... Et si en plus tu ne te sens pas bien..."
La fin de la phrase se perdit dans les oreilles de Yumi. Une soudaine contraction l'avait secouée de part en part, paralysant son attention. Elle se sentit lointainement basculer en arrière. Elle attendit, mais son dos n'heurta rien. Était-ce une illusion?
"Yumi, détend-toi, tu vas te rompre les doigts!"
L'appel la ramena à la réalité. Juste devant elle, elle vit ses mains agripper les barreaux avec une telle force qu'elles en étaient blanches. En tentant de les bouger, elle crut que ses articulations s'étaient changées en pierre. Que lui arrivait-il? Elle ne parvenait plus à penser correctement, malgré les tentatives de son amie de la secouer. Tout juste arriva-t-elle à se séparer de la frontière de fer. Elle régula tant bien que mal son souffle. Elle voyait des papillons noirs...
Soudain...
Crac Crac Crac.
Les deux adolescentes levèrent leurs yeux d'un coup.
Deux Krabes. Droit devant. Les yeux fixés sur elles.
Elles n'avaient pas été assez discrètes.
Rapidement, elles brandirent leurs armes de fortune. Mais deux marteaux et une perceuse... Le combat s'annonçait plus périlleux que d'habitude.
L'un s'avança tandis que l'autre fit demi-tour, dans l'intention d'appeler des secours, du moins le crurent les filles par réflexe.
"Non!" Le sang d'Aelita ne fit qu'un tour. Elle brandit sa perceuse, dans la panique. Heureusement, son coup atteignit sa cible. Le second Krabe paniqua et poussa un cri strident, paralysant les deux jeunes filles. Yumi, qui n'avait pas eu le temps de se relever, chuta pour de bon. Son amie resserra sa prise sur sa perceuse. Il fallait qu'elle résistât, qu'elle relevât ses bras et tirât...
Mais à leur droite arrivait un groupe de Mantas . Une dizaine environ, fonçant vers les Lyoko-Guerrières... Elles tentèrent de se ressaisir et attaquèrent. Aelita eut le dernier Krabe et Yumi une Manta. Une autre la manqua de peu; elle se jeta à travers le trottoir et retomba accroupie. Petit à petit, ses articulations et ses instincts de guerrière se réveillaient. D'un geste plus assuré, elle stabilisa un marteau dans sa main et le lança vers une ennemie. Touchée. Elle lança le second. Encore touché. Et un autre en récupérant ses armes. Derrière elle, son amie en avait abattu deux. Pourtant, elle n'avait pas l'impression de prendre l'avantage... De partout, des Mantas arrivaient, grossissant les effectifs à éliminer. Encore une. Et plus elles se battaient, plus elles prenaient le risque d'être repérées... Yumi s'activa davantage. Encore une. Il ne pouvait pas en arriver à l'infini, quand même! Si elles tenaient bon, elles pouvaient gagner... Encore une...
Encore une...
VLAN!
Le coup avait frappé Yumi sur le côté. Elle n'avait rien senti venir. Elle vola à nouveau, mais n'eut pas le temps de se rattraper. Ses armes glissèrent loin d'elle. Juste à sa gauche, Aelita était acculée. Elle secouait frénétiquement les bras, mais ne pourrait plus le faire très longtemps à ce rythme... La jeune japonaise balaya la zone du regard, à la recherche d'autres armes. Mais tout était trop lisse autour d'elles... Pas même une poignée de pierres à lancer. Leur seule chance était de s'échapper à la moindre ouverture. Mais avec autant de venues... Elle n'arrivait même plus à apercevoir le collège entre les rangs ennemis...
PAN !
________________________________________
"Donc, si je comprends bien, vous les avez laissées partir seules, sans savoir où elles allaient arriver..."
Elizabeth était clairement énervée. Depuis qu'ils avaient quitté leur planque - en récupérant au passage leurs vêtements, soit disant qu'ils avaient finis d'être vérifiés - dans une camionnette noire pour récupérer Yumi et Aelita, Jeremie avait vu la combattante passer par plusieurs stades, de l'impatience à l'exaspération à mesure qu'il lui expliquât leur plan. A présent, elle croisait les bras d'une allure hautaine, la rapprochant de celle que l'adolescent connaissait. Ce qui le troubla davantage quand il dut reconnaître qu'elle n'avait pas tort. Une fois formulée tout haut, il était clair que son idée n'avait pas été brillante... Malgré tout, il se sentait un peu piqué dans son orgueil. Elle pouvait bien le critiquer, elle était dans son monde, c'était facile! Il voulut répliquer, mais Ulrich le devança :
"Hey, j'aimerais t'y voir, toi!"
"Petite leçon gratuite de stratégie : en milieu hostile, on ne sépare JAMAIS le groupe" Elizabeth accentua sa phrase en enfonçant un chargeur dans la poignée d'une arme. La troisième en moins de deux minutes, ce qui ne rassura pas le génie. "Et puis, ne me dites pas que vous comptiez vous défendre avec les outils de bricolage que vous aviez sur vous?"
"Désolés de ne pas nous balader avec un char blindé..." Ironisa Odd, la voix un peu trop aigue pour paraître amusée.
La camionnette négocia soudain un virage trop serré. La conductrice, une jeune femme d'à peine plus de vingt-cinq ans inconnue des Lyoko-Guerriers, freina sans plus de douceur. Nicolas passa du siège passager à l'arrière en annonçant :
"Cibles en vue, avec des ennemis ! Plusieurs hordes, elles ont dû s'faire repérer..."
"Génial" Marmonna Elizabeth en distribuant pistolets et sabres à trois jeunes gens concentrés. Une fois que tous furent équipés, elle accrocha ses propres armes à sa ceinture et se tourna vers le trio. "Tâchez de sauver vos amies, et ne vous avisez pas de vous enfuir, je n'en ai pas fini avec vous. Au besoin, vous avez ici de quoi vous défendre".
Sur ce Elizabeth, Nicolas et leurs hommes se jetèrent hors du véhicule. Les Lyoko-Guerriers saisirent rapidement les seuls sabres restants et les rejoignirent. Ce que Jeremie vit le paralysa.
La rue sombre était entièrement occupée par des Mantas, confondues dans les ténèbres. Leurs ombres au sol créaient un jeu de lumière vif et inquiétant, presque étourdissant. Entre ou sous elles, les combattants se mouvaient avec une rapidité surhumaine, touchant sans répits les monstres volants. Jeremie repéra Elizabeth: elle courait comme un fantôme rose pâle, tirant sans hésitation et sans raté. Les ombres disparaissaient, comme dévirtualisées, autour d'elle. Il n'en crut pas ses yeux lorsqu'elle prit appui sur le dos d'une Manta pour mieux avoir ses camarades, dans un salto exécuté à la perfection. Elle ressemblait tellement aux Lyoko-Guerriers... Où avait-elle appris à se battre? En la suivant du regard, il remarqua le bâtiment en face de lui, surplombant le champ de bataille improvisé. Témoin glauque que ne connaissait que trop bien le génie : son collège. Il se sentit soudain trop étrange, trop vidé pour s'en étonner. Il garda les yeux fixés sur les fenêtres; ses tempes cognaient et son cœur s'accélérait. Était-ce trop d'émotions?
"Jeremie, ne traîne pas!" S'écria soudain Odd, arrachant son chef à sa contemplation. Il s'écarta de justesse alors que son camarade bondit pour atteindre une Manta. Ce dernier avait vite adapté ses réflexes de soldat félin à la réalité. "Va chercher les filles, on te couvre!"
Jeremie se remua mentalement. Il balaya la scène du regard. Il repéra rapidement ses amies. Yumi agitait ses marteaux contre ses ennemies avec une adresse certaine, défendant une Aelita blessé au bras. Autour d'elles, les Mantas arrivaient en masse, les encerclant dangereusement vite. Le sang des garçons ne fit qu'un tour. Ils se précipitèrent vers elles. Odd bondit entre ses adversaires; ses assauts étaient courts et frénétiques, touchant un par un mais sans manquement. Ulrich, habitué à manier une lame, en abattit plusieurs par d'amples mouvements. Jeremie courut sans trop réfléchir, esquivant maladroitement. Il parvint vite à hauteur de Yumi et Aelita.
"Jeremie? Qu'est ce que..." Balbutia cette dernière quand elle le vit.
"Ne restez pas là, on vous expliquera tout à l'abri!" S'écria le chef en baissant la tête, évitant de peu le vol plané d'une Manta touchée. L'attention des filles fut attirée : à leur gauche se trouvait les combattants. Quand elles repérèrent Elizabeth, il y eut un temps de flottement. Mais avant qu'elles n'aient pu dire quoi que ce soit, Jeremie les prit par les bras :
"Allez dans la camionnette, il ne faut pas traîner..."
Un bruit sourd coupa la fin de sa phrase. La terre trembla. Le sol se fissura. Les rares Mantas survivantes prirent la fuite. Une ombre engloutit le quartier.
Devant le groupe, un monstre immense piétinait la chair de la ville. Aussi imposant qu'un Kolosse, il avait l'apparence d'un tigre fou. Ses yeux-hublots plissés brillaient anormalement d'une expression de mort. Sa queue détruisait sans pitié les immeubles alentours, à l'exception du collège qu'il cherchait à éviter. Sa peau trop lisse pour ne pas être virtuelle arborait un mauve rouillé, ses pattes étaient davantage des mains s'enfonçant dans le sol comme pour creuser des tombes verticales. Il n'émettait aucun son, sa gueule était obstruée par une cible déjà connue des Lyoko-Guerriers : XANA.
A leur surprise, les combattants n'avaient pas l'air étonnés. Au contraire, ils profitaient de la lenteur du monstre pour recharger leurs armes, les yeux rivés sur lui dans une grimace de défiance. Le plus surprenant pour Jeremie était l'expression d'Elizabeth. C'est comme si elle retrouvait un ennemi trop longtemps attendu. Ses pupilles hurlaient d'une connivence mauvaise : "Ce sera toi ou moi". C'est comme si elle avait oublié que le monde tournait : elle ne bougeait plus, elle se préparait. Le génie remarqua les coups d'œil que Nicolas lançait vers sa chef, pas rassuré.
"Qu'est ce que c'est?" Questionna Ulrich.
"Un des Favoris des Gardiens. Ce sont des monstres chargés d'les protéger contre des dangers trop importants. Une sorte de dernier recours. S'il est là, ça veut dire qu'ils n'plaisantent plus..." Répondit Nicolas sans le regarder.
"Qui ça, "ils"?"
"Ceux avec qui j'vous ai confondus tout à l'heure. Je n'sais pas qui vous êtes, mais vous les faites paniquer... Même contre nous, ils ne l'auraient pas sorti si vite".
Jeremie retourna son attention vers le "Favori". Ce chat violet... Il lui évoquait quelque chose... Mais il ne voulait pas y penser. Ce n'était pas ce qu'il croyait.
Mais les révélations d'Elizabeth, dans la planque, étaient déjà parlantes... L'ennemi que lui et ses camarades auraient à affronter avait un rapport très serré avec leurs Alters, et pas dans le meilleur des sens. L'apparence de ce monstre ne faisait que confirmer ce qu'il avait compris.
Son cœur s'accéléra encore alors qu'il se sentait nauséeux. Il lui sembla que tout l'air fourni par la nature ne lui suffisait plus. Ses muscles se tendirent au point qu'il pouvait les entendre craquer. C'est comme si une ombre venait le serrer de l'intérieur, de l'extérieur. L'angoisse...?
Il fut à nouveau brutalement tiré de ses pensées par Odd. Il l'avait projeté au sol en même temps que lui. Un instant de plus, et la main du Favori l'enterrait. Autour de lui, il repéra vaguement une Yumi pâle, tenue fermement par un des adolescents combattants et Ulrich. Aelita était juste devant lui, encore en position d'amorce. La main siffla vers eux une seconde fois en guise de retour, massacrant la chaussée. Le groupe se jeta en arrière sans oser quitter le monstre des yeux. Jeremie suivait le mouvement sans résister. Un coup de feu retentit derrière lui. Le combattant, sans doute. Tout allait trop vite. Il entendait tout juste Aelita lui crier lointainement des choses comme "se réveiller", "bouger", "dangereux", mais comment en être sûr? Il était de plus en plus happé loin de tout ça...
Puis cette voix vint envahir son cerveau. Il faillit ne pas le remarquer, mais cette voix... Ses inflexions... Elles faisaient vibrer sa gorge...
"Ceci est ton chaos".________________________________________
Ulrich serrait son sabre, ses doigts vibrant d'impatience. Tout ce qui l'entourait n'était qu'un appel à l'action. Ce monstre était comme un sbire de XANA, à sa vue il ressentait la même tentation de se battre. Comment cet alter de Nicolas pouvait lui dire de rester en arrière? Depuis le début, lui et Elizabeth le sous-estimaient. C'était clair. Il ne pouvait pas les écouter. Il devait défendre ses amis. Mais était-ce une bonne décision? Celui qui en savait le plus sur cette mission, c'était Jeremie. Il attendait donc un signe, n'importe quoi, qui lui indiquerait qu'il pouvait y aller. Il ne savait pas pourquoi. Il le savait de moins en moins. Sûrement que Yumi n'approuverait pas son envie de foncer tête baissée...
Elle était accrochée à son bras, comme si sa vie en dépendait. La crise qui la secouait semblait sérieuse. Ses yeux étaient crispés dans une moue de douleur. Son visage était pâle comme la mort et ses muscles si tendus qu'il parut au samouraï qu'ils allaient craquer d'un instant à l'autre. Ulrich ne pouvait pas l'abandonner comme ça... Pourquoi pas, après tout Aelita et Odd sont là... Oui, mais Jeremie... Il devait lui demander son avis, au moins... L'adolescent se tourna donc vers le génie.
"Jeremie, il faut qu'on..."
L'interpelé ne broncha pas. Il était au sol, appuyé contre Odd. Il était dans un état semblable à celui du Yumi, à la différence près que ses lèvres bougeaient avec désordre. Comme s'il voulait dire quelque chose. Ulrich tendit l'oreille, attirant l'attention de son camarade. Mais le mantra de leur chef était incompréhensible.
Le groupe dut s'écarter violemment à nouveau pour éviter la queue du monstre. Sous le choc, Yumi et Jeremie tombèrent au sol. Le jeune combattant atterrit un peu plus loin, un morceau de trottoir l'ayant frappé au ventre. Ulrich sentit quelques cailloux pleuvoir sur son crâne. Elizabeth réapparut d'entre les jambes de son ennemi, tirant frénétiquement sur son ventre, essayant visiblement de l'avoir à l'usure.
"Mettez vous à couvert, bon sang!" Hurla-t-elle, excédée.
Ce fut trop pour Ulrich. Lui, se mettre à couvert? Il savait se battre, bon sang! Jamais il n'avait reculé. Il ne le ferait pas pour une simili Sissi! Il devait défendre ses camarades!
Avant qu'il n'ait le temps de le réaliser, il courait vers le monstre, le sabre levé.
Il ignora les cris de la combattante et fonça. Il abattit son arme sur une des mains avant. La lame rencontra sa cible dans un vibrato étrange. Le monstre poussa un cri et riposta. Ulrich roula sur le côté. Elizabeth dérapa devant lui, sans cesser de tirer, cette fois vers la gorge du chat.
"Fiche le camp, tu vas te faire tuer!"
"Non" Répondit simplement le jeune homme. Il se releva et courut attaquer la deuxième main. Même résultat. Il insista tant qu'elle était à portée. Il voulait le faire tomber. Derrière lui, des coups de feu rythmaient ses assauts. Il fallait insister. La cible se dressa au moment où le monstre allait perdre l'équilibre. Ulrich prit cela pour un encouragement et alla vers les mains arrière. Il s'y acharna une fois, deux fois, trois fois; dès qu'elle se releva, il enchaîna avec la quatrième, ignorant son souffle court. Il frappa encore trois ou quatre fois. Le monstre s'ébranla. Ulrich courut pour éviter une riposte et glissa sur plusieurs mètres. Il n'eut pas le temps de se relever qu'Elizabeth atterrit à ses côtés, manquant de peu d'être écrasée par le monstre mais endommageant la gorge du monstre d'un dernier tir. Il s'effondra, la gueule grande ouverte. La jeune femme jeta son pistolet derrière elle et brandit un long poignard. Elle fixa le symbole dans la bouche du félin. Ulrich comprit. Dès qu'elle se dressa, il l'imita. Ils coururent vers le signe rouge étincelant. D'un même geste, leurs lames s'y enfoncèrent.
Le monstre eut un sursaut. La terre trembla comme jamais. Les deux adolescents furent propulsés en arrière. Tous deux parvinrent à freiner, accroupis, avant d'être rattrapés par Nicolas. Une onde de choc fendit l'air. Le cri qui perça la nuit était aussi aigu que milles machines en colère. Les rares immeubles épargnés lors de la lutte explosèrent, les éclats de verre coupant les jeunes gens. Les combattants entraînèrent les Lyoko-Guerriers à l'abri. Il fallait fuir.
Le véhicule démarra en trombe à peine les portières fermées. Il fit plusieurs tonneaux et dérapages en tentant d'éviter les fissures du combat. Le monstre, tout proche, martelait encore la terre. Ulrich se raccrocha à ce qu'il put, sans se soucier de ce que c'était. Etourdi par la violence de l'instant, il ne put que sentir ses amis en faire autant. Ses yeux n'accrochèrent aucun point fixe, ses oreilles percevaient trop de bruit pour comprendre quoi que ce soit. Soudain, un choc propulsa la camionnette en avant. Les vitres avant et les portes, défoncées, laissèrent filtrer une éblouissante lumière rouge. Le véhicule s'effondra sur le flanc et crissa au sol pendant ce qui parut une éternité pour le samouraï. Puis plus rien. Le silence. L'hésitation à bouger. Le sifflement autour de lui. Le corps endolori. La chaleur d'un corps près de lui.
Au bout de quelques instants, son cou l'autorisa à relever la tête. La carrosserie était froissée, brisée. Odd avait été éjecté du véhicule, mais pouvait se redresser sans trop de mal. Aelita tentait de s'assoir, encore choquée. Les combattants, chancelants, aidaient Yumi à se relever. Elizabeth s'appuyait sur un bout de l'épave de la camionnette, tandis que Nicolas extirpait la conductrice du cabinet avant. Puis il y avait Jeremie, étendu mais les yeux ouverts. Tous allaient bien.
Pourtant, une seule pensée transcenda l'adolescent quand il repéra le génie affaibli au milieu de ce désastre. Ils auraient pu mourir. Ce n'était pas passé loin. Cette mission n'allait pas être comme les autres. Ils n'étaient pas virtuels. Ils ne seraient pas protégés par une jauge de PV. Jeremie les avaient envoyé dans un piège. C'était trop dangereux, mais c'était aussi trop tard pour s'en inquiéter. Comment avait-il pu faire cette erreur de jugement? On lui prêtait une intelligence certaine, et voila comment il l'exprimait?
Ulrich se sentit trahi.
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Et voila! Je précise que la scène d'action que vous avez lu est la première que j'ai jamais écrite, j'espère qu'elle n'est pas trop mauvaise ^^'' Du reste, nous avançons dans l'intrigue, les tensions montent... Huhu, j'espère que vous avez aimé! :3
Sur ceux, bonnes fêtes à vous, on se retrouve l'an prochain! ~
*Retour d'entre les morts* Comment ça ça fait plus d'un mois? Hu, le temps a été long pendant les partiels... Mais période de Noël (surtout vacances, en fait) oblige, je viens poster la suite!
Jules : Oh, tout n'est pas encore dit concernant Sissi... Mais heureuse que tu ai apprécié! ^__^
Toon : Justement, le vécu des LG était identique entre les deux mondes jusqu'à l'arrivée de XANA, donc que cela ressemble à la genèse est voulu ^^ Je prends toutefois note de ton avis, et j'espère que tu aimeras mieux ce qui arrive!
Et maintenant, place à la suite ! Bonne lecture à vous o/
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Monde 1 Solar Building
Chapitre 4
The violet cat[/size][/center][/b]
Douloureusement accroupie, Yumi se raccrochait aux barreaux la séparant du prétendu collège Kadik. Elle était d'absences depuis qu'elle et Aelita guettaient les mouvements de leurs alters, pourtant de plus en plus rares. N'empêche que. La simple proximité avec cette Yumi suffisait à la jeune japonaise pour se sentir mal. Ses bras s'engourdissaient, ses jambes tremblaient, sa mâchoire se crispait... Était-ce une conséquence de sa présence dans un monde qui ne la reconnaissait pas? En tout cas, jamais elle n'avait eu autant la sensation d'être au bord du gouffre, prête à plonger... Si elle avait été seule, dans cette rue sombre et silencieuse, sans doute aurait-elle paniqué. Mais les inquiets et constants regards d'Aelita la motivait à reprendre contenance. La princesse n'était visiblement pas rassurée, inutile d'en rajouter encore. Elle inspira, expira. Puis rouvrit les yeux doucement.
"Toujours rien de nouveau?" S'enquit-elle, sans oser vérifier d'elle-même de crainte de raviver le malaise.
"Non, les Spectres sont toujours seuls devant l'entrée. Personne n'est sorti ou entré..."
Aelita était tendue. Elle semblait se retenir d'en dire plus, ce qui mit Yumi mal à l'aise. Avait-elle l'air si mal en point? La jeune japonaise tenta de croiser le regard de son amie, cherchant dans son esprit une parole apaisante. Mais avant qu'elle n'en ait eu le temps, la princesse dit d'une voix douce et anxieuse :
"Est-ce que tu es sûre que ça ira? On devrait peut-être appeler les garçons..."
"Non" Trancha la geisha sans hésitation. "Ca va aller. Il faut attendre d'avoir du nouveau avant de les contacter".
"On en a déjà assez, tu ne crois pas? Je veux dire, regarde devant toi! S'il arrive quelque chose, ce n'est pas à nous deux qu'on pourra se défendre... Et si en plus tu ne te sens pas bien..."
La fin de la phrase se perdit dans les oreilles de Yumi. Une soudaine contraction l'avait secouée de part en part, paralysant son attention. Elle se sentit lointainement basculer en arrière. Elle attendit, mais son dos n'heurta rien. Était-ce une illusion?
"Yumi, détend-toi, tu vas te rompre les doigts!"
L'appel la ramena à la réalité. Juste devant elle, elle vit ses mains agripper les barreaux avec une telle force qu'elles en étaient blanches. En tentant de les bouger, elle crut que ses articulations s'étaient changées en pierre. Que lui arrivait-il? Elle ne parvenait plus à penser correctement, malgré les tentatives de son amie de la secouer. Tout juste arriva-t-elle à se séparer de la frontière de fer. Elle régula tant bien que mal son souffle. Elle voyait des papillons noirs...
Soudain...
Crac Crac Crac.
Les deux adolescentes levèrent leurs yeux d'un coup.
Deux Krabes. Droit devant. Les yeux fixés sur elles.
Elles n'avaient pas été assez discrètes.
Rapidement, elles brandirent leurs armes de fortune. Mais deux marteaux et une perceuse... Le combat s'annonçait plus périlleux que d'habitude.
L'un s'avança tandis que l'autre fit demi-tour, dans l'intention d'appeler des secours, du moins le crurent les filles par réflexe.
"Non!" Le sang d'Aelita ne fit qu'un tour. Elle brandit sa perceuse, dans la panique. Heureusement, son coup atteignit sa cible. Le second Krabe paniqua et poussa un cri strident, paralysant les deux jeunes filles. Yumi, qui n'avait pas eu le temps de se relever, chuta pour de bon. Son amie resserra sa prise sur sa perceuse. Il fallait qu'elle résistât, qu'elle relevât ses bras et tirât...
Mais à leur droite arrivait un groupe de Mantas . Une dizaine environ, fonçant vers les Lyoko-Guerrières... Elles tentèrent de se ressaisir et attaquèrent. Aelita eut le dernier Krabe et Yumi une Manta. Une autre la manqua de peu; elle se jeta à travers le trottoir et retomba accroupie. Petit à petit, ses articulations et ses instincts de guerrière se réveillaient. D'un geste plus assuré, elle stabilisa un marteau dans sa main et le lança vers une ennemie. Touchée. Elle lança le second. Encore touché. Et un autre en récupérant ses armes. Derrière elle, son amie en avait abattu deux. Pourtant, elle n'avait pas l'impression de prendre l'avantage... De partout, des Mantas arrivaient, grossissant les effectifs à éliminer. Encore une. Et plus elles se battaient, plus elles prenaient le risque d'être repérées... Yumi s'activa davantage. Encore une. Il ne pouvait pas en arriver à l'infini, quand même! Si elles tenaient bon, elles pouvaient gagner... Encore une...
Encore une...
VLAN!
Le coup avait frappé Yumi sur le côté. Elle n'avait rien senti venir. Elle vola à nouveau, mais n'eut pas le temps de se rattraper. Ses armes glissèrent loin d'elle. Juste à sa gauche, Aelita était acculée. Elle secouait frénétiquement les bras, mais ne pourrait plus le faire très longtemps à ce rythme... La jeune japonaise balaya la zone du regard, à la recherche d'autres armes. Mais tout était trop lisse autour d'elles... Pas même une poignée de pierres à lancer. Leur seule chance était de s'échapper à la moindre ouverture. Mais avec autant de venues... Elle n'arrivait même plus à apercevoir le collège entre les rangs ennemis...
PAN !
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"Donc, si je comprends bien, vous les avez laissées partir seules, sans savoir où elles allaient arriver..."
Elizabeth était clairement énervée. Depuis qu'ils avaient quitté leur planque - en récupérant au passage leurs vêtements, soit disant qu'ils avaient finis d'être vérifiés - dans une camionnette noire pour récupérer Yumi et Aelita, Jeremie avait vu la combattante passer par plusieurs stades, de l'impatience à l'exaspération à mesure qu'il lui expliquât leur plan. A présent, elle croisait les bras d'une allure hautaine, la rapprochant de celle que l'adolescent connaissait. Ce qui le troubla davantage quand il dut reconnaître qu'elle n'avait pas tort. Une fois formulée tout haut, il était clair que son idée n'avait pas été brillante... Malgré tout, il se sentait un peu piqué dans son orgueil. Elle pouvait bien le critiquer, elle était dans son monde, c'était facile! Il voulut répliquer, mais Ulrich le devança :
"Hey, j'aimerais t'y voir, toi!"
"Petite leçon gratuite de stratégie : en milieu hostile, on ne sépare JAMAIS le groupe" Elizabeth accentua sa phrase en enfonçant un chargeur dans la poignée d'une arme. La troisième en moins de deux minutes, ce qui ne rassura pas le génie. "Et puis, ne me dites pas que vous comptiez vous défendre avec les outils de bricolage que vous aviez sur vous?"
"Désolés de ne pas nous balader avec un char blindé..." Ironisa Odd, la voix un peu trop aigue pour paraître amusée.
La camionnette négocia soudain un virage trop serré. La conductrice, une jeune femme d'à peine plus de vingt-cinq ans inconnue des Lyoko-Guerriers, freina sans plus de douceur. Nicolas passa du siège passager à l'arrière en annonçant :
"Cibles en vue, avec des ennemis ! Plusieurs hordes, elles ont dû s'faire repérer..."
"Génial" Marmonna Elizabeth en distribuant pistolets et sabres à trois jeunes gens concentrés. Une fois que tous furent équipés, elle accrocha ses propres armes à sa ceinture et se tourna vers le trio. "Tâchez de sauver vos amies, et ne vous avisez pas de vous enfuir, je n'en ai pas fini avec vous. Au besoin, vous avez ici de quoi vous défendre".
Sur ce Elizabeth, Nicolas et leurs hommes se jetèrent hors du véhicule. Les Lyoko-Guerriers saisirent rapidement les seuls sabres restants et les rejoignirent. Ce que Jeremie vit le paralysa.
La rue sombre était entièrement occupée par des Mantas, confondues dans les ténèbres. Leurs ombres au sol créaient un jeu de lumière vif et inquiétant, presque étourdissant. Entre ou sous elles, les combattants se mouvaient avec une rapidité surhumaine, touchant sans répits les monstres volants. Jeremie repéra Elizabeth: elle courait comme un fantôme rose pâle, tirant sans hésitation et sans raté. Les ombres disparaissaient, comme dévirtualisées, autour d'elle. Il n'en crut pas ses yeux lorsqu'elle prit appui sur le dos d'une Manta pour mieux avoir ses camarades, dans un salto exécuté à la perfection. Elle ressemblait tellement aux Lyoko-Guerriers... Où avait-elle appris à se battre? En la suivant du regard, il remarqua le bâtiment en face de lui, surplombant le champ de bataille improvisé. Témoin glauque que ne connaissait que trop bien le génie : son collège. Il se sentit soudain trop étrange, trop vidé pour s'en étonner. Il garda les yeux fixés sur les fenêtres; ses tempes cognaient et son cœur s'accélérait. Était-ce trop d'émotions?
"Jeremie, ne traîne pas!" S'écria soudain Odd, arrachant son chef à sa contemplation. Il s'écarta de justesse alors que son camarade bondit pour atteindre une Manta. Ce dernier avait vite adapté ses réflexes de soldat félin à la réalité. "Va chercher les filles, on te couvre!"
Jeremie se remua mentalement. Il balaya la scène du regard. Il repéra rapidement ses amies. Yumi agitait ses marteaux contre ses ennemies avec une adresse certaine, défendant une Aelita blessé au bras. Autour d'elles, les Mantas arrivaient en masse, les encerclant dangereusement vite. Le sang des garçons ne fit qu'un tour. Ils se précipitèrent vers elles. Odd bondit entre ses adversaires; ses assauts étaient courts et frénétiques, touchant un par un mais sans manquement. Ulrich, habitué à manier une lame, en abattit plusieurs par d'amples mouvements. Jeremie courut sans trop réfléchir, esquivant maladroitement. Il parvint vite à hauteur de Yumi et Aelita.
"Jeremie? Qu'est ce que..." Balbutia cette dernière quand elle le vit.
"Ne restez pas là, on vous expliquera tout à l'abri!" S'écria le chef en baissant la tête, évitant de peu le vol plané d'une Manta touchée. L'attention des filles fut attirée : à leur gauche se trouvait les combattants. Quand elles repérèrent Elizabeth, il y eut un temps de flottement. Mais avant qu'elles n'aient pu dire quoi que ce soit, Jeremie les prit par les bras :
"Allez dans la camionnette, il ne faut pas traîner..."
Un bruit sourd coupa la fin de sa phrase. La terre trembla. Le sol se fissura. Les rares Mantas survivantes prirent la fuite. Une ombre engloutit le quartier.
Devant le groupe, un monstre immense piétinait la chair de la ville. Aussi imposant qu'un Kolosse, il avait l'apparence d'un tigre fou. Ses yeux-hublots plissés brillaient anormalement d'une expression de mort. Sa queue détruisait sans pitié les immeubles alentours, à l'exception du collège qu'il cherchait à éviter. Sa peau trop lisse pour ne pas être virtuelle arborait un mauve rouillé, ses pattes étaient davantage des mains s'enfonçant dans le sol comme pour creuser des tombes verticales. Il n'émettait aucun son, sa gueule était obstruée par une cible déjà connue des Lyoko-Guerriers : XANA.
A leur surprise, les combattants n'avaient pas l'air étonnés. Au contraire, ils profitaient de la lenteur du monstre pour recharger leurs armes, les yeux rivés sur lui dans une grimace de défiance. Le plus surprenant pour Jeremie était l'expression d'Elizabeth. C'est comme si elle retrouvait un ennemi trop longtemps attendu. Ses pupilles hurlaient d'une connivence mauvaise : "Ce sera toi ou moi". C'est comme si elle avait oublié que le monde tournait : elle ne bougeait plus, elle se préparait. Le génie remarqua les coups d'œil que Nicolas lançait vers sa chef, pas rassuré.
"Qu'est ce que c'est?" Questionna Ulrich.
"Un des Favoris des Gardiens. Ce sont des monstres chargés d'les protéger contre des dangers trop importants. Une sorte de dernier recours. S'il est là, ça veut dire qu'ils n'plaisantent plus..." Répondit Nicolas sans le regarder.
"Qui ça, "ils"?"
"Ceux avec qui j'vous ai confondus tout à l'heure. Je n'sais pas qui vous êtes, mais vous les faites paniquer... Même contre nous, ils ne l'auraient pas sorti si vite".
Jeremie retourna son attention vers le "Favori". Ce chat violet... Il lui évoquait quelque chose... Mais il ne voulait pas y penser. Ce n'était pas ce qu'il croyait.
Mais les révélations d'Elizabeth, dans la planque, étaient déjà parlantes... L'ennemi que lui et ses camarades auraient à affronter avait un rapport très serré avec leurs Alters, et pas dans le meilleur des sens. L'apparence de ce monstre ne faisait que confirmer ce qu'il avait compris.
Son cœur s'accéléra encore alors qu'il se sentait nauséeux. Il lui sembla que tout l'air fourni par la nature ne lui suffisait plus. Ses muscles se tendirent au point qu'il pouvait les entendre craquer. C'est comme si une ombre venait le serrer de l'intérieur, de l'extérieur. L'angoisse...?
Il fut à nouveau brutalement tiré de ses pensées par Odd. Il l'avait projeté au sol en même temps que lui. Un instant de plus, et la main du Favori l'enterrait. Autour de lui, il repéra vaguement une Yumi pâle, tenue fermement par un des adolescents combattants et Ulrich. Aelita était juste devant lui, encore en position d'amorce. La main siffla vers eux une seconde fois en guise de retour, massacrant la chaussée. Le groupe se jeta en arrière sans oser quitter le monstre des yeux. Jeremie suivait le mouvement sans résister. Un coup de feu retentit derrière lui. Le combattant, sans doute. Tout allait trop vite. Il entendait tout juste Aelita lui crier lointainement des choses comme "se réveiller", "bouger", "dangereux", mais comment en être sûr? Il était de plus en plus happé loin de tout ça...
Puis cette voix vint envahir son cerveau. Il faillit ne pas le remarquer, mais cette voix... Ses inflexions... Elles faisaient vibrer sa gorge...
[b][i]"Ceci est ton chaos".[/i][/b]
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Ulrich serrait son sabre, ses doigts vibrant d'impatience. Tout ce qui l'entourait n'était qu'un appel à l'action. Ce monstre était comme un sbire de XANA, à sa vue il ressentait la même tentation de se battre. Comment cet alter de Nicolas pouvait lui dire de rester en arrière? Depuis le début, lui et Elizabeth le sous-estimaient. C'était clair. Il ne pouvait pas les écouter. Il devait défendre ses amis. Mais était-ce une bonne décision? Celui qui en savait le plus sur cette mission, c'était Jeremie. Il attendait donc un signe, n'importe quoi, qui lui indiquerait qu'il pouvait y aller. Il ne savait pas pourquoi. Il le savait de moins en moins. Sûrement que Yumi n'approuverait pas son envie de foncer tête baissée...
Elle était accrochée à son bras, comme si sa vie en dépendait. La crise qui la secouait semblait sérieuse. Ses yeux étaient crispés dans une moue de douleur. Son visage était pâle comme la mort et ses muscles si tendus qu'il parut au samouraï qu'ils allaient craquer d'un instant à l'autre. Ulrich ne pouvait pas l'abandonner comme ça... Pourquoi pas, après tout Aelita et Odd sont là... Oui, mais Jeremie... Il devait lui demander son avis, au moins... L'adolescent se tourna donc vers le génie.
"Jeremie, il faut qu'on..."
L'interpelé ne broncha pas. Il était au sol, appuyé contre Odd. Il était dans un état semblable à celui du Yumi, à la différence près que ses lèvres bougeaient avec désordre. Comme s'il voulait dire quelque chose. Ulrich tendit l'oreille, attirant l'attention de son camarade. Mais le mantra de leur chef était incompréhensible.
Le groupe dut s'écarter violemment à nouveau pour éviter la queue du monstre. Sous le choc, Yumi et Jeremie tombèrent au sol. Le jeune combattant atterrit un peu plus loin, un morceau de trottoir l'ayant frappé au ventre. Ulrich sentit quelques cailloux pleuvoir sur son crâne. Elizabeth réapparut d'entre les jambes de son ennemi, tirant frénétiquement sur son ventre, essayant visiblement de l'avoir à l'usure.
"Mettez vous à couvert, bon sang!" Hurla-t-elle, excédée.
Ce fut trop pour Ulrich. Lui, se mettre à couvert? Il savait se battre, bon sang! Jamais il n'avait reculé. Il ne le ferait pas pour une simili Sissi! Il devait défendre ses camarades!
Avant qu'il n'ait le temps de le réaliser, il courait vers le monstre, le sabre levé.
Il ignora les cris de la combattante et fonça. Il abattit son arme sur une des mains avant. La lame rencontra sa cible dans un vibrato étrange. Le monstre poussa un cri et riposta. Ulrich roula sur le côté. Elizabeth dérapa devant lui, sans cesser de tirer, cette fois vers la gorge du chat.
"Fiche le camp, tu vas te faire tuer!"
"Non" Répondit simplement le jeune homme. Il se releva et courut attaquer la deuxième main. Même résultat. Il insista tant qu'elle était à portée. Il voulait le faire tomber. Derrière lui, des coups de feu rythmaient ses assauts. Il fallait insister. La cible se dressa au moment où le monstre allait perdre l'équilibre. Ulrich prit cela pour un encouragement et alla vers les mains arrière. Il s'y acharna une fois, deux fois, trois fois; dès qu'elle se releva, il enchaîna avec la quatrième, ignorant son souffle court. Il frappa encore trois ou quatre fois. Le monstre s'ébranla. Ulrich courut pour éviter une riposte et glissa sur plusieurs mètres. Il n'eut pas le temps de se relever qu'Elizabeth atterrit à ses côtés, manquant de peu d'être écrasée par le monstre mais endommageant la gorge du monstre d'un dernier tir. Il s'effondra, la gueule grande ouverte. La jeune femme jeta son pistolet derrière elle et brandit un long poignard. Elle fixa le symbole dans la bouche du félin. Ulrich comprit. Dès qu'elle se dressa, il l'imita. Ils coururent vers le signe rouge étincelant. D'un même geste, leurs lames s'y enfoncèrent.
Le monstre eut un sursaut. La terre trembla comme jamais. Les deux adolescents furent propulsés en arrière. Tous deux parvinrent à freiner, accroupis, avant d'être rattrapés par Nicolas. Une onde de choc fendit l'air. Le cri qui perça la nuit était aussi aigu que milles machines en colère. Les rares immeubles épargnés lors de la lutte explosèrent, les éclats de verre coupant les jeunes gens. Les combattants entraînèrent les Lyoko-Guerriers à l'abri. Il fallait fuir.
Le véhicule démarra en trombe à peine les portières fermées. Il fit plusieurs tonneaux et dérapages en tentant d'éviter les fissures du combat. Le monstre, tout proche, martelait encore la terre. Ulrich se raccrocha à ce qu'il put, sans se soucier de ce que c'était. Etourdi par la violence de l'instant, il ne put que sentir ses amis en faire autant. Ses yeux n'accrochèrent aucun point fixe, ses oreilles percevaient trop de bruit pour comprendre quoi que ce soit. Soudain, un choc propulsa la camionnette en avant. Les vitres avant et les portes, défoncées, laissèrent filtrer une éblouissante lumière rouge. Le véhicule s'effondra sur le flanc et crissa au sol pendant ce qui parut une éternité pour le samouraï. Puis plus rien. Le silence. L'hésitation à bouger. Le sifflement autour de lui. Le corps endolori. La chaleur d'un corps près de lui.
Au bout de quelques instants, son cou l'autorisa à relever la tête. La carrosserie était froissée, brisée. Odd avait été éjecté du véhicule, mais pouvait se redresser sans trop de mal. Aelita tentait de s'assoir, encore choquée. Les combattants, chancelants, aidaient Yumi à se relever. Elizabeth s'appuyait sur un bout de l'épave de la camionnette, tandis que Nicolas extirpait la conductrice du cabinet avant. Puis il y avait Jeremie, étendu mais les yeux ouverts. Tous allaient bien.
Pourtant, une seule pensée transcenda l'adolescent quand il repéra le génie affaibli au milieu de ce désastre. Ils auraient pu mourir. Ce n'était pas passé loin. Cette mission n'allait pas être comme les autres. Ils n'étaient pas virtuels. Ils ne seraient pas protégés par une jauge de PV. Jeremie les avaient envoyé dans un piège. C'était trop dangereux, mais c'était aussi trop tard pour s'en inquiéter. Comment avait-il pu faire cette erreur de jugement? On lui prêtait une intelligence certaine, et voila comment il l'exprimait?
Ulrich se sentit trahi.
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Et voila! Je précise que la scène d'action que vous avez lu est la première que j'ai jamais écrite, j'espère qu'elle n'est pas trop mauvaise ^^'' Du reste, nous avançons dans l'intrigue, les tensions montent... Huhu, j'espère que vous avez aimé! :3
Sur ceux, bonnes fêtes à vous, on se retrouve l'an prochain! ~