Je vois que ma fic plaît beaucoup.
Voici une petite suite pour la route. Et... merci pour les comms, ça m'a fait très plaisir.
Par contre, vu que mes exams se rapprochent, les intervalles entre les suites risquent d'être de plus en plus longs.
3. Sauvetage in-extremis
De retour dans le repère de XANA, William ordonna qu'on le laissa seul. Il devait à tout prix se calmer avant de se justifier devant son maître, rendu fou de rage par cette attaque menée sans son consentement et, qui plus est, dans son dos. Avec un peu de chance, l'annonce de la disparition d'un des lyokoguerriers atténuera sa colère, mais William se faisait peu d'illusions à ce sujet. Il avait transgréssé ses ordres. Il avait défié sa toute puissance. Il sera donc lourdement puni, et la mort de son rival ne lui apportera pas le soulagement suffisant pour résister aux foudres de XANA.
Si seulement il avait réussi à emmener Yumi avec lui... Sa présence lui aurait permis de se remettre plus vite de l'entrevue avec le maître. Mais elle avait refusé et s'était dévirtualisée sans lui laisser une chance de l'entraîner de force.
Bientôt, un rampant se présenta. La peur au ventre, William le suivit, sachant pertinamment que l'entretient ne se passera pas sans douleur.
Un peu plus tard, alors que le guerrier noir subissait un cruel interrogatoire, Yumi, en larmes, venait juste d'achever de raconter à ses amis se qui s'était passé sur Lyoko.
Tandis que Odd et Aélita essayaient de la réconforter, Jérémie réflechissait intensément. Plus que jamais, cette attaque le troublait.
Ce n'est pas dans les habitudes de XANA de laisser ses laquais en fomenter une. Encore faut-il qu'ils en aient l'idée, et surtout qu'ils soient dotés d'une intelligence propre. Ce qui n'est pas le cas, grâce au ciel ! De plus, lorsqu'une personne ou un animal est possédé, il n'agit que sur ordre de XANA, et ne peut donc rien faire de son propre chef.
Alors, se pourrait-il que William ne soit plus sous l'emprise de XANA ? C'est peu probable, car sa voix aurait perdue son intonation numérique.
Serait-ce plutôt une nouvelle tactique visant à les éliminer un par un ? Si c'est le cas, il va falloir redoubler de vigilance.
La voix aigüe de Odd le tira brusquement de ses réflexions :
- Dis Einstein, tu crois qu'Ulrich a rejoint XANA lui aussi ?
- C'est une possibilité, répondit-il d'une voix éteinte. Mais sincèrement, j'espère qu'il n'en est rien. Deux guerriers noirs, ce serait trop pour nous.
- Tu penses pouvoir le retrouver dans la Mer Numérique, comme tu l'avais fait pour Yumi l'année dernière ? demanda Aélita.
- Je l'espère...
Deux mois s'écoulèrent sans qu'aucune trace d'Ulrich ne soit relevée.
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir cherché. Jérémie passait la quasi totalité de son temps libre et de ses nuits pour effectuer des recherches sur tout le réseau et sur Lyoko. Sans résultat.
Yumi était de plus en plus désespérée... et Jérémie de plus en plus anxieux. Se pourrait-il qu'Ulrich soit virtualisé à jamais, sans espoir de retour, comme Franz Hopper ? Et les autres, subiront-ils le même sort ? Rien que le fait d'y penser lui fit froid dans le dos. De plus, la découverte dans le réseau d'un nombre considérable de réplikas n'arrangeait rien... et changeait l'ordre des priorités. Désormais, anéantir XANA devenait leur premier objectif.
Lorsque Jérémie l'avait anoncé à ses amis, il avait cru que Yumi allait lui sauter à la gorge. Mais elle s'était contentée de le fixer froidement, blême d'indignation, serrant les poings si fort qu'elle s'était bléssée avec ses ongles. Puis elle était sortit de la chambre en courant, des larmes de colère ruisselant sur ses joues.
À présent, c'est tout juste si elle daignait lui accorder un regard.
Jérémie, lui, faisait tant bien que mal comme si de rien n'était, et, secondé par Aélita, travaillait activement au seul moyen qu'il avait trouvé pour détruire XANA : la création d'un système multi-agent. Au début, la jeune fille et Odd avaient été sceptiques, mais ils avaient fini par céder : il y avait trop de réplikas.
- Mais on ne va pas rester les bras croisé ! avait décrété Jérémie. En attendant qu'il soit parfaitement au point, on va continuer de s'occuper des réplikas "à l'ancienne".
Depuis, ils avaient réussi à en détruire quatre. Mais bizarrement, six autres avaient subi en parallèle le même sort.
Ces disparitions, Jérémie ne parvint jamais à les expliquer ; d'ailleurs, lui-même n'y comprenait rien. Et ça ne pouvait être l'œuvre de son système multi-agent, vu qu'il était loin d'être achevé...
Ce mystère ne cessait de le hanter, à tel point qu'il en oublia ses amis, partis en mission sur un réplika du territoire du désert.
Tandis que Yumi et Odd étaient restés pour protéger le Skidbladnir, Aélita avait été translatée dans un lieu désertique, à proximité d'une usine entourée d'un haut grillage surmonté de barbelés. Par chance, l'endroit était désert ; ce fut donc aisé d'y entrer. Mais le bâtiment étant un véritable labyrinthe, Jérémie dut se charger de la guider... quand il ne décrochait pas. À tel point qu'elle devait l'appeler à chaque embranchement. Et ça commençait à l'agacer.
- Et maintenant, je vais où ? dit-elle en poussant un profond soupir.
Jérémie, toujours plongé dans ses réflexions, jeta un bref regard au plan de l'usine et lui répondit un "à droite" d'une voix traînante. Soupirant à nouveau, Aélita s'engagea dans le couloir à sa droite.
Pendant ce temps, sur le réplika, Yumi et Odd montaient une garde vigilante devant le vaisseau. Les lieux étaient parfaitement calmes... et Odd s'ennuyait à mourir.
- Eh ben... Chuis déçu ! soupira-t-il. Même pas une bébête à l'horizon ! XANA ferait-il grève ?
Il jeta un coup d'œil vers Yumi, espérant que cette note d'humour fissurerait un peu le masque d'impassibilité qu'elle arborait depuis trois mois. Mais elle resta de marbre. Odd soupira, anéanti. Jusqu'à présent, toutes ses tentatives pour faire réapparaître ne serait-ce qu'un petit sourire sur les lèvres de la japonaise s'étaient soldées par des échecs. Pourtant, il refusait de s'avouer vaincu.
"Qu'est-ce que je donnerai pour la voir rire au moins une fois..." pensa-t-il tristement.
Il se tourna vers le Skidbladnir, et posa les yeux sur la navette d'Ulrich ; navette qui ne quittera plus jamais la barre d'arrimage du vaisseau.
- Tu me manques, mon vieux, murmura-t-il. Tu nous manques à tous...
Soudain, une douleur désagréable fusa à un endroit incongru.
- Aïe ! Quel est l'andouille qui m'a piqué l'postérieur ?
- À ton avis ? répliqua sèchement Yumi alors qu'elle dépliait ses éventails.
Au loin s'élevait un nuage de poussière, soulevé par cinq kankrelats qui allaient aussi vite que leur permettaient leurs petites pattes. Au-dessus volait la manta noire, montée par William.
Lorsqu'elle l'apperçut, Yumi sentit une bouffée de haine féroce l'envahir.
- Odd, tu t'occupes des kankrelats. Moi, je me charge de cet assassin.
Il y avait tellement de hargne dans sa voix qu'Odd n'osa pas émettre de contestation. Sans un mot, il fila à quatre pattes droit sur les petits monstres puis, au dernier moment, il vira à angle droit et cavala vers un amas rocheux situé à quelque distance, les kankrelats dans son sillage.
Yumi, les dents serrées à les briser, attendit que William arrive à portée de ses armes. Aveuglée par sa fureur, elle ne remarqua pas que des bloks, secondés par une escadrille de frôlions, venaient de tous les côtés et commençaient à l'encercler. Lorsqu'elle s'en rendit compte, le cercle s'était déjà refermé sur elle.
- Alors ma belle, lui lança William d'une voix mielleuse, tu ne veux toujours pas me rejoindre ?
- Va au diable ! rugit-elle en lui lançant ses évantails.
D'un habile coup de main, le guerrier noir les attrapa en plein vol, et les jeta au loin.
- Dois-je prendre ça pour un "non" ? Dommage que tu refuses de coopérer, ça t'aurais évité un passage dans les bras de la Méduse.
Sur ce, il émit un sifflement bref et strident. Non loin de là, à l'opposé de l'amas rocheux où Odd se démenait avec les kankrelats, le monstre gélatineux sortit de derrière un rocher et s'avança, sans se presser, vers le cercle formé par les bloks et les frôlions.
De son côté, Odd avait des difficultés à débusquer son ultime kankrelat. Il se hissa sur un rocher, espérant le repérer plus facilement, et vit son amie cernée par des bloks et des frôlions. Avant qu'il ne puisse réagir, un laser l'atteignit dans le dos, réduisant à zéro sa jauge de vie.
- Je hais les kankrelats ! maugréa-t-il en réapparaissant dans un scanner.
Sur le réplika, la Méduse venait de franchir la haie formée par les bloks. De haut, William éxultait : enfin il la tenait ! Et lorsque la Méduse enroula ses tentacules autour du corps de Yumi, il poussa un cri de victoire.
Soudain, un rugissement assourdissant fit vibrer le sol du territoire. Puis, une énorme forme grise, semblant être née de l'air même, surgit du vide numérique et plongea vers les monstres. Une brume vaporeuse flottait autour de sa silhouette, lui donnant l'aspect d'un mirage, mais Yumi put discerner assez de détails pour identifier celle... d'un dragon.
Poussant un nouveau rugissement, la créature reptilienne souffla sur les monstres une grande vague de feu. Tous, y compris William, périrent instantanément.
La Méduse, seule survivante, ne savait plus quoi faire. Mais lorsqu'elle vit le dragon se poser devant elle, elle lâcha sa proie sans aucune précaution et tenta de s'enfuir. Un déluge de flammes s'abattit sur elle, l'anéantissant sur-le-champs.
Yumi, les yeux exorbités, fixait l'immense animal chimérique. Ce dernier baissa sa tête triangulaire, rivant sur elle un regard bleu acier perçant. Ne sachant quelle attitude adopter et craignant de se faire attaquer, la jeune fille s'efforça de rester immobile.
Pourtant, le dragon ne semblait éprouver aucune animosité envers elle. À son grand étonnement, il passa sur son front une langue râpeuse, puis, avec une infinie douceur, il la prit dans sa gueule et la remit sur ses jambes.
- M... merci, bredouilla-t-elle.
Machinalement, elle tendit la main vers lui, cherchant à carresser son museau écailleux. Mais le dragon recula puis bondit dans les airs, et vola vers l'extrémité du plateau. Ne se rendant compte qu'à moitié de ce qu'elle faisait, Yumi se mit à courir après lui.
- Non ! cria-t-elle. Reviens ! Reviens !
Sourd à ces supplications, le reptile ailé replia ses grandes ailes et plongea dans la Mer Numérique.