Comme promis, voici la suite. Avec quelques éléments de réponse et un peu d'amour à la fin. J'en dis pas plus

Mais j'espère que ça va vous plaire.
Bonne lecture!
Épisode 10 : ContactsC'était la voix d'un homme. L'image était brouillée par à-coups et laissait parfois apparaître quelques interférences sur l'écran.
« Ohé! Quelqu'un peut me répondre? » continua-t-il.
Les quatre adolescents se regardèrent. Tous furent stupéfaits par ce qui venait de se produire. Ils en restaient bouche bée. Il était parvenu à outrepasser le firewall que Jérémie et Aélita avaient créé et installé eux-même, et il ignorait complètement l'Hyperscan. Comment cela était-il possible? Avaient-ils créé des programmes totalement inefficaces au point qu'il soit devenu aisé de pirater le supercalculateur sans courir aucun risque? Y avait-il une faille dans leur dispositif de sécurité? Jérémie voulut en avoir le cœur net. Il se précipita vers son PC en disant :
« Hein?! C'est pas possible! Comment vous avez fait?? C'est du délire!! »
Il commença à tapoter frénétiquement sur les touches de son clavier. Il cherchait à savoir d'où venait la connexion et pourquoi elle avait pu être établie avec tant de facilité, tout du moins en apparence. Les autres restèrent sans voix. C'était la première fois qu'ils voyaient son visage en vrai. Et que lui leur parlait comme un être humain normal. Son avatar était très réaliste. Aélita commença à ne pas se sentir bien. Des larmes commencèrent à poindre à ses yeux. Elle sentait son cœur battre fort. Très fort. Si fort, au point qu'elle eut l'impression qu'il allait lui sortir de la poitrine.
« Ho... C'est... Ho... » déclara-t-elle avant de s'effondrer sur le sol.
Elle était tombée comme une crêpe qui vous retombe dessus quelques heures après avoir réussi à la coller au plafond en voulant la faire sauter dans la poêle*. Odd et Ulrich se précipitèrent vers Aélita, la soulevèrent doucement et la posèrent sur le lit de Jérémie en faisant attention à ne pas la blesser. Au même instant, l'image sur l'écran devint de plus en plus instable. Des interférences de plus en plus nombreuses brouillaient le signal. Brusquement, la connexion fut interrompue et la fenêtre dans laquelle l'image s'affichait se ferma.
Pendant ce temps-là, dans les cachots du poste de sécurité. Le jeune homme, tout juste incarcéré de la veille, s'ennuyait fermement dans sa cellule. Il se posait toujours autant de questions sur la personne dans la cellule d'en face. Elle n'avait quasiment pas bougé depuis qu'il était arrivé. Il tenta alors d'engager timidement la conversation :
« Je m'appelle Marc. Et vous? »
Pas de réponse. Cette personne mystérieuse était-elle sourde? Ou avait-il parlé si faiblement qu'elle n'avait rien entendu? La porte de la geôle s'ouvrit brusquement dans un grincement métallique à en déchausser plus d'une dent blanche de la gencive d'un dentiste, laissant apparaître un des gardiens avec des plateaux repas pour le déjeuner. Les couverts étaient en plastique afin de parer tout incident dramatique. Le gardien, remarquant le silence du lieu malgré ses occupants, leur dit alors :
« Ben alors! C'est bien calme, ici! Il te plaît pas ton nouveau copain, Pinkie? »
Une fois encore pas de réponse. Le geôlier posa alors les plateaux sur le sol et en glissa un dans chacune des cellules par une petite ouverture prévue à cet effet dans les grilles, avant de se redresser et d'ajouter :
« Elle est pas causante, hein? T'en fait pas, le nouveau, on s'y habitue très vite! Elle n'a pas prononcé un mot depuis le jour où elle est arrivée ici. Et pourtant, elle n'est pas muette. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit! »
Puis il s'éloigna vers la porte pour sortir et la referma, produisant le même son strident et désagréable que lorsqu'il l'avait ouverte. Marc s'approcha de son plateau repas pour manger. Il était affamé. Il n'avait rien avalé depuis la veille. Son repas n'était pas tout ce qu'il y avait de plus appétissant mais, comme il disait souvent avant qu'il ne soit enfermé dans ce lieu improbable, c'était comestible et c'était déjà ça, vu l'endroit.
Au bout d'une dizaine de minutes, quand il eut fini de manger, il se releva et alla s'asseoir sur son lit. Ou plutôt ce qui lui servait de lit, car il était franchement très inconfortable. Il était situé contre le mur du fond de sa cellule. Le matelas était dur comme de la pierre. De plus, il était étroit et pas assez long pour lui car, quand il était allongé, ses pieds dépassaient du lit. Sur le mur de droite se trouvait une cuvette de toilettes surmontée d'une chasse d'eau cachée fixée en hauteur. Ces toilettes se trouvaient derrière un petit mur d'environ quatre-vingt centimètres de haut pour s'extraire des regards indiscrets. En face, sur le troisième mur se trouvait un lavabo surplombé par un vieux miroir qui avait subit quelques ravages du temps. Il y avait également une table contre le même mur et un tabouret en dessous. Le sol de la geôle était en béton.
Il soupira puis s'allongea sur son lit. Il regardait la voûte du plafond. Dans la cellule en face, « Pinkie » avait bougé. Elle s'était avancée à quatre pattes pour saisir son plateau repas et le rapprocher de l'endroit où elle était assise. À ce moment, Marc tourna la tête vers elle. C'était la première fois qu'il voyait son visage. Elle était belle. Elle avait les cheveux longs, très longs. Il avait toujours du mal à en distinguer la couleur. Son visage était beau. On aurait dit celui d'un ange. Son teint était clair, tel celui de quelqu'un qui n'a pas vu la lumière du jour depuis bon nombre d'années. Elle avait les yeux verts. C'était bien la seule couleur qu'il arrivait à voir d'elle dans cette pénombre.
Certes, elle avait un visage d'ange mais elle était triste, profondément triste. Comme saisie jusqu'au plus profond de son être par une tristesse et une mélancolie qui la rongeaient petit à petit de l'intérieur et face auxquelles elle ne pouvait plus lutter. Son regard était vide, désespérément vide. Comme si elle n'avait plus le goût de vivre, comme si elle avait perdu ce qu'elle avait de plus cher au monde.
Marc attendit qu'elle ait finit de manger pour lui adresser à nouveau la parole. Ce fut fait au bout d'environ un quart d'heure. Elle repoussa alors son plateau hors de sa cellule violemment avec le pied. Puis elle posa son regard vers lui. Marc crut alors percevoir tout le désespoir qu'elle ressentait. Il se redressa et s'assit au bord de son lit. :
« Depuis combien de temps êtes-vous là? » lui demanda-t-il alors.
Elle baissa alors la tête et se mit à pleurer à chaudes larmes. Des souvenirs venaient de lui revenir en mémoire. Des souvenirs d'un temps qu'elle croyait à jamais révolu. Du temps où elle était heureuse. Marc fut surpris, il ne s'attendait pas à une réaction aussi vive.
« Ho! Excusez-moi, madame! Je ne voulais pas... Je vous demande pardon... Je suis navré... » fit-il.
Après quelques instants, elle arrêta de pleurer. Elle releva alors la tête vers Marc et lui dit :
« Ne vous excusez pas, ce n'est pas de votre faute. Ça fait depuis le 29 janvier 1993 que je suis ici. »
Marc resta sans voix. Elle était enfermée depuis si longtemps. Elle poursuivit :
« Vous savez, au début, je pensais que j'allais vite sortir d'ici. Et puis, plus le temps passait, plus je perdais espoir. Au point que j'ai fini par arrêter de compter les jours. Je ne connais même pas la date d'aujourd'hui! Vous qui êtes arrivé il y a peu, dites moi quel jour nous sommes, s'il vous plaît. »
Marc hésita un peu. Il ne savait pas comment elle allait réagir à l'annonce de celle-ci. Cela faisait si longtemps qu'elle était ici.
« Si je vous le dis tout de suite, ça va vous faire un choc. » lui dit-il. « Alors je vous demanderais d'abord en quelle année vous pensez qu'on soit.
- Sûrement aux environ de l'an 2000 ou peut-être en 2001 ou 2002. Enfin, je pense, vu tout le temps que je suis restée coupée du monde. » répondit-elle.
Marc réfléchit quelques instants sur la manière de lui dire qu'en fait elle avait passé beaucoup plus de temps dans sa cellule qu'elle ne le pensait. Puis il se décida et lui dit timidement :
« En fait, beaucoup plus de temps s'est écoulé depuis que vous êtes arrivé ici.
- Combien? Dites-le moi! Je vous en supplie...
- En fait nous sommes en 2008... le mardi 25 mars, pour être exact.
- 25 mars... 2008... » répéta-t-elle lentement comme pour se convaincre de ce qu'elle venait d'entendre.
Elle avait le regard dans le vague, en direction du sol. Elle n'en revenait pas. Ça faisait plus de quinze ans qu'elle était là. Quinze année de sa vie volées. Elle commença à baisser sa tête pour la reposer sur ses genoux. Marc vit qu'elle était choquée et qu'elle était en train de s'enfermer une fois de plus dans son mutisme.
« Pourquoi êtes-vous ici? » lui demanda-t-il alors.
Elle releva alors la tête et regarda Marc. Après quelques secondes de silence, des larmes firent leur apparition dans ses yeux et se mirent à couler le long de ses joues. Elle répondit alors avec une voix comme remplie de regrets :
« Je suis là parce que je suis coupable d'avoir aimé un homme de tout mon cœur. Un homme extraordinaire et courageux. Un homme qui a travaillé pour eux. Un homme qui, quand il a découvert le but de ceux pour qui il travaillait, a voulu s'y opposer. Il n'était pas le seul. Ils étaient sept. Ensemble, ils ont tout fait pour essayer de s'y opposer. Mais les gens pour qui ils travaillaient les en ont empêché. Pour y parvenir, ils les ont enlevés un par un, eux et leur famille. Et depuis tout ce temps, ils m'ont séparé de mon mari et de ma petite fille. »
Elle éclata alors en sanglots. Marc lui dit alors :
« Non, ne pleurez pas! Gardez espoir! Je suis sûr qu'ils vont bien en ce moment et qu'ils vous cherchent en ce moment.
- Je n'ose plus y croire. » lui répondit-elle. « Ça fait si longtemps. Si vous saviez à quel point ils me manquent, tous les trois!
- Comment ça, tous les trois? Je croyais que vous n'aviez qu'une petite fille!
- C'était exact jusqu'à quelques temps avant qu'on ne m'enlève. Je n'ai pas eu le temps d'annoncer à mon mari et ma petite fille que j'étais à nouveau enceinte. J'ai accouché ici. Puis on m'a enlevé mon bébé presque aussitôt après sa naissance. C'était un beau petit garçon. Et je ne l'ai plus jamais revu... »
Elle éclata à nouveau en sanglots. Marc, lui, était pétrifié par ce qu'elle venait de lui raconter. Comment avait-il pu travailler aussi longtemps pour des gens qui agissent de façon si inhumaine? Il en était dégoûté. À tel point qu'il s'en dégoûtait lui-même. Un sentiment de malaise et d'horreur s'emparait progressivement de lui. Il n'osait plus la regarder. Il se sentait coupable. Terriblement coupable. Même si ce n'était pas lui le responsable de tout ce qu'elle avait subit. Après quelques longues minutes, elle arrêta de pleurer. Marc regardait ailleurs. Elle leva la tête et lui demanda :
« Mais vous? Pourquoi êtes-vous ici? Qu'avez-vous fait pour ça? »
Au même instant, à Kadic, Aélita allait se réveiller. Elle avait été emmenée à l'infirmerie. Les trois garçons étaient autour d'elle. Ils étaient venus prendre de ses nouvelles. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit Jérémie penché au dessus d'elle et qui la regardait amoureusement. Les deux autres étaient restés en retrait.
« Coucou, ma princesse! Comment tu te sens? » dit-il.
« Ça va mieux, merci. Mais, et... » répondit-elle, avec les joues rouges et un grand sourire.
« Whoua!! MA princesse! » dit alors Odd, sur un ton moqueur. « Là, ça commence à être sérieux entre vous deux!! Qu'est-ce que vous attendez pour vous embrasser?? Allez-y! Ne vous gênez pas...
- Odd!! Tais-toi!! » dirent-ils en même temps
Puis Jérémie continua :
« T'inquiètes pas, on va le retrouver et tout faire pour garder le contact! Je passerais des nuits entières pour ça s'il le faut! Je te le promets!
- Ho, merci Jérémie! » lui répondit-elle.
Il lui avait pris la main pendant qu'il lui avait fait cette promesse, et elle se leva et lui bondit au cou pour le serrer contre elle lorsqu'elle le remercia. Jérémie était tout gêné de cette promiscuité si soudaine avec sa bien-aimée. Ses lunettes en étaient toutes de travers. Il les remit correctement puis posa ses mains dans le dos d'Aélita et rougit. Elle aussi avait rougi. Il ne savait pas quoi lui dire. Elle non plus.
« Haaa! Ç'que c'est beau, l'amour! » dit Odd.
« Ouais, t'as raison! » rajouta Ulrich. « Bon, je crois qu'on va les laisser seuls tous les deux! Viens Odd!
- Ben pourquoi? Pour une fois qu'il se passe quelque chose de vraiment intéressant ici!! » répondit Odd.
« Viens, je te dis!! La cantine va fermer et on n'aura rien mangé!!
- Ho, zut! T'as raison!! J'allais oublier!!
- Comment ça?? T'allais oublier de manger? Comment tu peux oublier de manger, toi?? T'es sûr que t'es pas malade?? » lui lança Ulrich.
Ils sortirent tous les deux de l'infirmerie, laissant seuls les deux amoureux enlacés l'un dans les bras de l'autre. Ils restèrent ainsi à se regarder dans les yeux quelques instants, avant que Jérémie ne finisse par vaincre sa timidité et ne tente un baiser. Il commença à rapprocher ses lèvres de celles d'Aélita. Mais au dernier instant, il dévia de sa trajectoire et lui fit un bisou sur la joue, toutefois juste à côté de sa bouche. La timidité avait repris le dessus pendant qu'il allait l'embrasser. Il décolla ses lèvres de la joue de son amie. Celle-ci fut un peu étonnée de la tournure que cet événement avait pris et s'empressa de lui dire :
« Regarde, Jérémie. C'est comme ça qu'on fait! »
Elle prit alors le visage de Jérémie entre ses mains. Elle le regarda dans les yeux. Puis elle colla tendrement ses lèvres sur celles de Jérémie. Ils s'embrassaient enfin pour la première fois. Ce fut un baiser tendre et simple à la fois, mais ô combien rempli d'un amour sincère et fougueux en même temps. Ils étaient tous les deux aux anges.
Au bout de quelques instants, trop courts à leur goût, ils décollèrent leurs lèvres. Ils se regardèrent dans les yeux et se firent un sourire mutuel. Ils se sentaient si bien l'un avec l'autre. Leurs estomacs se mirent à gargouiller de concert, leur rappelant ainsi qu'ils devaient aller à la cantine le plus rapidement possible car celle-ci allait bientôt fermer.
Ils sortirent alors de l'infirmerie main dans la main et se rendirent au réfectoire pour déjeuner. Ils y retrouvèrent leurs deux amis attablés avec William, venu prendre quelques nouvelles à propos des événements récents. Il avait lu ce qui était arrivé à Sissi dans le Kadic News, dont les deux journalistes étaient à proximité et avaient remarqué qu'Aélita et Jérémie se tenaient par la main. Elles tenaient leur « scoop » du lendemain. Tout le monde prit son repas dans une ambiance à la fois inquiète et heureuse. Inquiète pour la tournure que certains événements prenaient, notamment à propos de la chute de Sissi dans les escaliers, et heureuse pour Jérémie et Aélita.
Après être sortis de la cantine, ils se rendirent tous sur leur banc habituel dans la cour. Ils discutaient de ce qu'ils allaient faire pour arranger les choses. Ils prirent la décision de se rendre le soir-même à l'usine pour essayer de comprendre ce qui s'était produit le matin dans la chambre de Jérémie. La sonnerie retentit alors et le petit monde se rendit alors en cours.
En fin de journée, tous se rendirent tous à l'usine, y compris William. Une fois tous arrivés dans la salle des commandes, Jérémie s'installa sur son fauteuil et commença à fouiller dans plein de dossiers et de données les traces de l'événement qui s'était déroulé plus tôt dans la journée. Il était épaulé par sa chère et tendre Aélita. Cela faisait seulement quelques minutes qu'ils cherchaient, et ils avaient déjà trouvé ce qu'ils voulaient.
Soudain...
(* : Ne riez pas, ceci est une histoire vécue par des milliers de gens tous les ans à la Chandeleur!!)
Fin de l'épisode 10J'espère que cet épisode vous apportera son lot de réponses sans questions ainsi que de questions sans réponses

(Je sais, je suis sadique!)
Mais aussi, quelques réponses aux questions que vous vous posiez déjà.
Et, évidemment, j'attends vos critiques avec impatience, qu'elles soient acerbes ou dithyrambiques.
