17 Aoû 2007, 20:32 par Mya2
Suite du chapitre 11
Une atmosphère pas du tout familière, se dégageait à travers les yeux mi-clos de la jeune fille qui dormait à poings fermés. Derrière les murs bleus de la chambre où elle se trouvait, se tenait une dame : la même que celle qui la prévenait au moment de l’accident. Cette dernière portait des vêtements recherchés, en même temps, sophistiqués. Elle avait les yeux aussi verts et aussi malicieux qu’un petit pois avec des mitraillettes. Tenant un verre d’eau et des cachets à la main, elle venait de se diriger vers un bureau tout à fait situé au fond du large couloir aux murs bleu-marine. A l’intérieur de la pièce, se trouvait assis derrière un luxueux bureau où était rangé pas mal d’affaires. Ce monsieur était le même que celui à qui, la jeune fille s’était heurtée. Il portait maintenant un costume bleu assortie à une cravate haut de gamme. Quelques cheveux gris venaient confirmer son fort âge.
-Tenez, monsieur, vos cachets, dit la voix de la dame. Elle s’appelait en fait, Chanel. Ça faisait des années qu’elle travaillait pour la famille de ce monsieur : elle était la gouvernante de la maison. En effet, Mr Lavelle, était un grand homme d’affaires reconnu à travers le monde du showbiz. Il avait une femme et quatre enfants : deux filles et deux garçons. L’aîné, était le moins proche de lui. Ce dernier, beaucoup trop différent, s’était éloigné de lui petit à petit, sans qu’il ne puisse rien y faire. D’ailleurs, c’est à ce dernier en question, qu’appartenait cette ravissante et grande demeure logée dans cette belle cité. Il avait préféré trouvé la solitude dans cet endroit reclus, au lieu de rester dans la maison familiale. En effet, après le départ de l’aîné Lavelle de la maison familiale, Chanel à qui Mr et Mme Lavelle avaient demandé de suivre leur fils dans sa nouvelle demeure, avait été obligée, non sans plaisir, de faire son devoir d’être à ses côtés, selon elle. Cette idée déplaisait fort bien à l’aîné au jeune homme, qui se sentait surveillé. Mais avec le temps, il avait bien fini par accepter Chanel, qui avait toujours été la gouvernante remarquable qui avait bercé presque toute son enfance : sa nourrice en quelque sorte. Et avec ce même temps porteur de changements, la maison trouva une atmosphère assez agréable, avec l’arrivée de trois bonnes et d’un jardinier. Ces dernières, s’occupaient de l’entretient ; quant à la cuisine, Chanel voulait elle-même s’en chargeait. La venue de ce nouveau personnel ne plaisait pas au jeune homme, mais que pouvait-il refuser à Chanel qu’il considérait aussi comme une seconde mère ? Devant l’entrée le la grande demeure, était marquée l’inscription ‘’ L’Azur triste’’ : nom bien choisi, car à travers sa peinture bleutée agréable, son personnel domestique à la hauteur, se dégageait les reflets d’une maison mélancolique pour la simple raison que son propriétaire faisait l’objet de crainte, de par son avarice de paroles. En effet, le jeune homme se levait toujours avant tout le monde et se couchait toujours après tout le monde aussi. Quand il quittait la maison pour aller à l’entreprise familiale, il n’y revenait que vers une heure où tout le monde dormait. Et quand il se trouvait à la maison, les week-ends, c’est à peine s’il adressait la parole au personnel. Il se contentait toujours d’un simple signe de tête comme bonjour ou de quelques petits mots pour avoir quelque chose. Si ce n’est cela, il passait ce libre temps entre coups de fil et travail acharné dans le bureau où se trouvait son père, à cet instant. C’était un forcené du travail et on pouvait dire que sa détermination l’emmenait bien à de nombreux succès. En un mot, on pouvait dire que son travail, était toute sa vie. C’était la seule chose qui avait de l’importance dans ses yeux : tellement d’importance qu’à chaque fois qu’une femme commençait à faire parti de sa vie, il l’y chassait involontairement. Deux mots qualifiaient ‘’l’azur triste’’ : mélancolie et routine.
Mr Lavelle en effet, sortait de la maison de son fils, le jour de l’accident et par un coup du destin, il n’a pas pu éviter cette tragédie. Et avec tout ce qui se passait, il a du rester dans la maison, enfin d’être sûr que tout ira pour le mieux : enfin, pour la jeune Lucky qui venait de passer deux nuits, dans la maison.
-Merci, Chanel, remercia le bonhomme après avoir pris ses cachets. Dites, comment se porte cette jeune demoiselle ?
-Tout va bien, dit la gouvernante. Elle dort comme un petit agneau !
En effet, Lucky avait passé trois longs jours dans la souffrance. Pendant trois jours, elle a lutté contre la mort et s’en est finalement sortie vainqueur. Pendant qu’elle se trouvait plongée dans l’inconscience totale, les médecins essayaient tout pour la sauver. Car bien que l’opération ait réussi en une seule nuit, d’autres crises venaient perturber ce travail : ce qui fit que pendant deux autres jours de plus, elle se trouvait dans les soins les plus profonds. Puis finalement, tout fini par se calmer, pour aboutir à la réussite totale. D’ailleurs, tous les médecins qui avaient assisté à cela, disaient n’avoir jamais vu quelqu’un d’aussi chanceux : et oui, elle portait bien son nom .Lucky a quand même été retenue pendant trois autres jours à l’hôpital, avant d’être prise en charge par le vieux Lavelle puisqu’ayant perdu presque toutes ses affaires, la police ne pouvait pas contacter sa famille.
Lorsque la jeune fille fut emmenée dans une chambre, dans cette maison forte accueillante, elle y dormit deux nuits, dans l’inconscience, sans doute due à la fatigue.
- Toujours rien à propos d’elle ? ne demanda de nouveau, monsieur Lavelle. Il paraissait inquiet car selon lui, la famille de la jeune fille devait être mise au courant.
-Toujours rien, répondit Chanel. L’explosion a tout emporté : sa voiture et tout le contenu. Les habits qu’elle portait, sont bons pour la poubelle mais en les regardant et en regardant aussi le collier qu’elle portait au cou, on peut en conclure qu’elle vient d’une famille riche. J’ai quand même réussi à sauver son journal intime. Bien sûr, j’ai juste regardé la première page pour essayer de trouver un prénom ou un nom de famille, mais rien. Comment peut-on écrire dans un journal sans pour autant y mettre son prénom et nom ?
-Par manque de confiance en la chose, sans doute, répondit le bonhomme. Tant mieux, on attendra son réveil, car je n’ai nullement envie de fouinier dans le journal intime de quelqu’un.
-Je sais, continua la gouvernante. Ce n’est pas une bonne chose. Je vais vous laisser, continua cette dernière. Elle venait de sortir du bureau, laissant Mr Lavelle, dans ses pensées. Chanel venait de descendre en bas. Tout en ruminant quelques sourdes pensées, elle venait de se diriger du côté de la cuisine, pour donner quelques recommandations aux trois bonnes. Par la suite, elle venait de se rendre dans le jardin, d’un pas nonchalant. Ce dernier était d’une grandeur et d’une beauté inouïe. Le jardinier, Rocky, était un gars de vingt ans, à l’air jovial. Il s’occupait tellement bien du jardin, que le jeune Lavelle, dut se rendre à l’évidence, qu’un personnel domestique, pouvait bien servir à quelque chose. Mr Lavelle, continua la gouvernante.
La personne à qui elle venait de s’adresser, n’était autre que l’aîné des enfants Lavelle : le propriétaire de la maison. Ce dernier était au téléphone et semblait très dedans. Après quelques minutes, il venait de se retourner vers Chanel. Il était très grand et très élégant. Il portait un smoking noir avec une cravate dorée de carrure très rare. Les belles chaussures très bien cirées qu’il portait, venait confirmer qu’il n’était pas n’importe quelle personne. Il venait d’enlever les lunettes noires qu’il portait : ce qui montra les yeux ténébreux et captivants qu’il avait. D’une main calme, il venait d’enfourcher dans sa poche, le cellulaire qu’il tenait.
-Salut, Chanel, dit-il d’une voix calme.
-Salut, monsieur, vous avez fait un excellent voyage ? demanda la gouvernante.
-Oui, très bien, répondit le garçon. Au fait, comment va cette fille ?
En effet, ça faisait deux semaines que le jeune homme était parti à Londres. Son père, pour ne pas le déranger, lui avait parlé de la situation, quelques jours plus tard. Et le voilà, maintenant, à la maison.
-Elle dort jusqu’à présent, répondit Chanel. Elle regardait le jeune homme tout en voulant ajouter quelque chose, mais ce dernier la devança.
-Bien, je vais la voir. Après tout, on ne peut pas laisser comme ça, une inconnue dans la maison. Elle doit bien avoir une famille qui s’inquiète pour elle, quand même.
-Mais, balbutia la gouvernante. Elle savait très bien où ce dernier voulait en venir.
-Ça va, répondit le jeune homme. Accompagne-moi !
En quelques secondes, tous deux étaient devant la porte de la chambre de Lucky. Au moment où Chanel poussa la porte, le cellulaire du jeune homme sonna. Chanel ne put s’empêcher de pousser un soupir.
‘’ Salut, princesse, dit le garçon d’une voix aimable qui ne lui était pas familière.
-Encore cette princesse turque ! Soupira Chanel.
-Je reviens, dit le jeune homme à Chanel tout en posant une main devant le récepteur. Par la suite, il venait de descendre en bas, pour mieux discuter avec son interlocutrice. Chanel quant à elle, entrait dans la chambre de Lucky, en prenant soin de ne pas faire de bruit. Son regard se promenait vers la télévision ; puis, lui vint une idée. Elle venait de se saisir d’une cassette-vidéo assez poussiéreuse, dans l’armoire où l’on rangeait les CD et autres accessoires télévisées. D’une main souple, elle introduisait la vidéo dans le lecteur, tandis qu’avec l’autre main, elle cherchait une quelconque poussière à détecter sur la télévision. On pouvait dire que c’était avec ces mêmes mains travailleuses, qu’elle avait accueilli tous les enfants de la famille Lavelle. Et si un jour, on se demandait pourquoi elle n’avait jamais voulu se marier, on pourrait en conclure que c’est l’amour et l’attachement qu’elle ressentait pour cette famille, qui l’avait poussée à prendre cette décision.
Chanel venait de se mettre devant la télé, mais tout d’un coup, elle entendit des bruits derrière elle : c’était Lucky, on aurait dit que le bruit que faisait la télévision, venait de la réveiller.
-Elle s’est réveillée, dit la gouvernante en baissant le volume.
- Cette chanson, dit la jeune fille, tout en se frottant les yeux. Je la connais. En effet, c’était la chanson ‘’cambio dolor’’ d’un vieux feuilleton que Chanel aimait beaucoup. D’ailleurs, Lucky l’aimait beaucoup aussi et elle s’étonnait même d’avoir entendu la chanson du feuilleton qui date d’il y’a longtemps. Excepté cela, la jeune fille se sentait perdue en découvrant l’endroit où elle était. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait ici, et se le demandait. Il lui semblait déjà avoir vu cette dame qui était devant elle. Et si ce dernier ne lui avait pas arboré un magnifique sourire, elle se serait crue kidnappée.
Tandis qu’elle regardait étrangement son entourage, le vieux Lavelle entra.
-Elle vient de se réveiller, monsieur, dit Chanel d’une voix contente. Elle venait de tourner de nouveau, son regard, sur Lucky.
-Où sui-je ? demanda cette dernière.
-Vous avez fait un accident et vous avez du passer six jours, à l’hôpital. Vous êtes un vrai miracle ! Continua Chanel. Et comme personne ne savait où contacter votre famille, on a du vous emmener ici.
-Oui, je me sens un peu responsable, continua Mr Lavelle en avançant vers Lucky. Et la seule chose que je pouvais faire, c’était de vous héberger dans la maison de mon fils, vu que l’accident s’était produit juste derrière.
-Vous avez passé deux nuits ici, continua Chanel. Et c’est très bien que vous vous soyez réveillée ! Vous êtes sûre que vous vous souvenez de tout ? demanda la gouvernante en voyant le regard perdu de la jeune fille.
-Oui, je crois, répondit Lucky. A ce même moment, on entendit des voix du côté du couloir : c’était encore le jeune homme Lavelle. On pouvait dire qu’il était impossible que son cellulaire puisse rester de marbre. Son père venait d’ouvrir grandement la porte, en se tenant devant l’entrée pour l’attendre tandis qu’il finissait de discuter avec son interlocuteur.
- Bonjour, papa, dit-il en voyant le regard interrogateur de ce dernier. T’en fais pas, les affaires marchent à merveille.
-Je ne te parlais pas de cela, répondit son père. As-tu passé un bon voyage ?
-Oui, tout s’est bien passé, dit-il d’une voix calme. Tu es toujours là ? demanda t-il d’un ton sarcastique.
-Décidemment, ton intimité comme tu dis, te joue des tours, répondit ce dernier. Comme tu le vois, je ne suis pas encore rentré chez moi, mais je vais le faire, dans quelques jours. Il savait très bien comment s’en tenir avec son fils et comment jouer son jeu. Car, figure-toi qu’habiter avec mon fils, commençait vraiment à me manquer !
- C’est le fils du patron, répondit la gouvernante en voyant Lucky essayant de regarder à travers l’épaule de Mr Lavelle, pour apercevoir la personne avec qui, ce dernier, parlait. Mais comme tu peux le constater, il est le patron de l’Azur triste.
-L’azur triste ? demanda Lucky avec des yeux ronds.
-Ah, c’est vrai, tu ne connais pas, dit Chanel. Cette maison s’appelle comme ça, je ne sais pas pourquoi il a choisi de l’appeler ainsi. Mais dans un certain sens, on va dire que l’adjectif’’triste’’ colle beaucoup, continua Chanel.
-Voici mon fils ! dit Mr Lavelle en rentrant dans la chambre, avec ce dernier. Il s’adressait bien sûr, à Lucky.
-Enchanté ! dit le jeune homme en avançant vers Lucky.
-Bonjour ! dit Lucky en lui tendant la main. Mais brusquement, au contact avec cette main, la jeune fille tressaillit tandis que le fils de Mr Lavelle, enlevait les lunettes qu’il portait. Lui aussi, avait senti quelque chose de très bizarre mais ne trouvant pas la réponse, préféra ignorer ce trouble. Du côté de la jeune fille, quelque chose venait de la perturber. Qu’est-ce qui la perturbait tant chez cet homme ? Pourquoi avait- elle l’impression de le connaître. Pourquoi le regard de ce dernier venait –il troubler le sien ? Ce regard, cette main qu’elle venait de serrer, lui semblaient si familiers. Qu’importe, de toute façon, elle n’était pas venue de loin pour tomber sous le charme d’un jeune homme qu’elle vient de rencontrer mais plutôt, pour se venger d’un autre homme qui l’avait trahie dans le passé. Pendant tout son long voyage à l’étranger, elle a appris à parler comme il faut, à se comporter comme tout le monde, à ne jamais faire confiance et maintenant qu’elle était revenue, plus rien n’allait l’arrêter. Dès demain, elle partirait dans son ancien quartier et là, elle s’occupera de Max. Elle savait que ce dernier était toujours dans le pays, vu qu’il s’y attachait de trop.
-J’ai quatre enfants, commença Mr Lavelle. Celui-ci est l’aîné, il s’appelle Max.
‘’Non, non…c’est impossible ! pensa Lucky en elle-même. Elle ne pouvait le croire et pourtant, ça semblait si évident ! Tout le trouble qu’elle avait ressenti à l’instant en touchant la main de cet homme, ne pouvait qu’être normal et pas quelque chose de circonstancielle. Qui aurait pu croire que l’homme qu’elle cherchait, était si proche ? En plus, il était devenu plus beau et plus grand qu’avant, mais son regard était devenu plus froid que le jour où elle l’a regardée lui dire, toutes les atrocités du monde et aussi, il était las, comme ayant perdu toute sa vivacité. A quoi joue- t- il ? Pourquoi ne l’avait-il pas reconnue ? Faisait- il semblant ou tout juste, n’avait- il pas fini par la chasser de ses souvenirs ? S’il l’avait vraiment un peu aimée, il se serait sans doute souvenu d’elle. Mais n’avait – il pas des excuses valables aussi car quand on regarde de plus près, même Mr Lavelle et Chanel ne s’étaient souvenus d’elle, Lucky. Qu’importe, avait par la suite pensé la jeune fille qui se demandait d’ailleurs, pourquoi blâmer le jeune homme et tous les autres, de l’avoir oubliée. De toute façon, elle savait dorénavant, que le destin, jouait en sa faveur car en effet, c’est pour lui permettre de savourer sa vengeance, sans être reconnue, qu’il l’avait emmenée dans cette maison. Oui, elle allait sa vengeance mais d’un autre côté, elle voulait vraiment savoir pourquoi il ne l’avait pas reconnue. Pour Chanel, elle pouvait comprendre, vu que cette dernière ne l’avait vu que quelques rares fois où elle venait voir Max. Quant à Mr Lavelle, ce dernier ne la voyait que lorsqu’il venait voir son fils au collège ; outre cela, il passait son temps entre bureau et voyages. Elle ne comprenait pas ce qui avait vraiment pu changer en elle. Etait- ce les lentilles qu’elle portait qui faisait qu’ils avaient oublié ses yeux ? Ils pouvaient quand même savoir que c’était juste des lentilles. Etait- ce son visage, son corps alors ? Sans doute, car c’est vrai qu’en regardant de plus près, elle était plus belle qu’avant. Et niveau cheveux, elle ne les portait plus crépus, mais très lisses. La jeune fille se demandait même si tous ses autres amis la reconnaitraient car en effet, ça faisait des années qu’elle avait perdu le contact avec eux. Mais, elle avait appris par sa tante, qu’Emma et Loly, s’étaient chacune mariées de leur côté. En parlant du mot ‘’marier’’, elle se demandait encore vraiment ce qui advenait de ses amis du monde parallèle. Est-ce que Yumi était de nouveau avec Ulrich, ou est-ce que ce dernier est toujours avec Azuza ? Ou bien, est-ce qu’Odd, Victoria, Jérémie, Sissi, Emilie, Matt, avaient chacun trouvé le bonheur ? Pleines de questions lui trottaient la tête mais qu’importe, tout allait se savoir maintenant qu’elle était de retour.
-Vous vous sentez bien ? demanda Chanel en voyant le regard pétrifié de Lucky.
-Ça va très bien, répondit la jeune fille esquissant un sourire forcé.
-Alors, passons aux choses sérieuses, commença Max. Vu les circonstances un peu malheureuses dans lesquelles vous vous êtes retrouvée dans cette maison, je me dois bien de vous poser quelques questions, si cela ne vous gêne pas.
-Non, cela ne peut me gêner, répondit calmement la fille. Elle savait se contrôler car elle n’était plus cette fille vulgaire d’avant.
- Savez-vous comment vous vous appelez ? Continua le garçon.
C’est vrai ça, Lucky n’y avait pas du tout pensé. Comment allait- elle faire ? Elle n’allait quand même pas révéler sa véritable identité. Tandis que Max attendait patient, tout comme Chanel et Mr Lavelle, un peu inquiets, la jeune fille tourna le regard vers la télévision. Ensuite, lui vint le prénom qu’elle désespérait tant d’attendre à donner.
-Je m’appelle Milie ! répondit –elle au jeune homme.
-Comme le personnage principal de ce feuilleton ? demanda Chanel ravie. Enchantée, Milie !
-Moi de même ! répondit Lucky. Chanel s’apprêtait à dire quelque chose, lorsque Max l’arrêta.
-Arrête de regarder des feuilletons car les histoires qui s’y passent, ne sont jamais comme dans la vraie vie. Ça vaudrait mieux pour toi, c’est un conseil.
-Ce jeune homme dit n’importe quoi, ne l’écoutez-pas ! Rigola Chanel en voyant le regard inquisiteur de Lucky.
-Vous avez une famille, Milie ? demanda ensuite Mr Lavelle.
-Non, répondit- elle rapidement comme ayant préparé tout d’un coup, ce qu’elle allait dire. Je suis fille unique, mes parents sont morts dans un accident alors que je n’avais que deux ans. Ensuite, j’ai été élevée par ma grand- mère maternelle. C’est elle qui s’est chargée de moi et surtout de mes études. J’ai par la suite travaillé comme réceptionniste, dans de grands hôtels à Vancouver, mentit- elle. Mais en même temps, je donnais des cours de danse en mon temps libre, dans le quartier où j’habitais. Je gagnais pleins d’argent avec tout cela. Malheureusement, ma grand-mère est morte entretemps, sans compter que j’avais fini par perdre mon travail vu que j’étais trop triste pour servir à quelque chose. Et pire encore, je ne pouvais plus payer la salle de danse que j’avais loué. Tout ce qu’il me restait à faire, c’était de prendre le maigre argent que j’avais en possession, pour sortir du pays. J’aurai pu me faire de nouveau louer cette salle mais je n’en avais plus envie. J’en avais eu besoin, de changer de pays, et je me suis dit, pourquoi ne pas aller en France vu que j’avais appris cette langue et que j’y étais deux fois de suite, allée en vacances ? C’est ça, toute l’histoire de ma vie. Et je me suis achetée de beaux habits, une voiture de luxe pour venir ici. J’ai tout perdu, je crois, dit- elle en pensant à l’accident.
-Non, il y’a ça ! dit Chanel en sortant de sa poche, un collier en diamants qu’elle lui tendit.
Comment expliquer la possession d’un tel joyau avec la triste histoire qu’elle venait de raconter ? Il fallait qu’elle trouve une histoire plausible.
-Quelle chance ! dit Lucky. C’est un cadeau de mon ex. Je n’ai pas pu m’en séparer parce qu’il est trop beau, ce diamant. Mais de lui, je me suis débarrassée, continua t- elle tandis que Mr Lavelle et Chanel riaient à l’entente de cette dernière réponse.
-Je suis désolé, votre vie a du être dure, continua Mr Lavelle.
-C’est pas grave ! répondit Lucky qui n’était pas contente de devoir mentir. Mais, que pouvait- elle faire d’autre pour rester dans cette maison ?
-A part, votre grand-mère et votre ex, n’avez-vous pas eu des amis dans votre vie ? demanda Max de nouveau.
-Non, répondit Lucky. C’est bizarre de ne pas avoir d’amis, mais moi, je n’en ai pas eu. Je ne faisais pas du tout confiance aux gens. Et j’habitais dans un quartier tellement bordé de gens pleins aux as, que j’avais du me battre pour ne pas être toisée. Le seul ami que j’avais, c’était mo travail. Je ne sortais jamais, je ne m’occupais que de ma grand-mère. Et mon ex, je l’ai juste croisé un matin, dans une cafétéria, c’est là que je l’ai connu. On a eu de bons moments ensemble mais le moment venu, il a préféré épouser une fille que sa famille lui avait imposé. Ça ne m’a pas fait mal de le perdre parce que je me disais juste, que ce n’était qu’une question de temps, qu’il me quitte. Lucky avait remarqué le regard plein de compassion qu’avait posée Max, sur elle. Même si ce regard voulait dire autre chose, la jeune fille, elle, n’aurait pu l’interpréter autrement.
- Qu’envisagez- vous de faire, maintenant ? demanda Mr Lavelle. Avez- vous où aller ?
-J’ai perdu tout ce que j’avais sur moi, dit Lucky pleine dans son rôle. Je n’ai plus rien, et je ne connais personne dans ce pays. Les deux fois que j’étais venue en vacances ici, j’étais avec mon ex et c’est lui qui a du payer l’hôtel. Je me sens vraiment perdue …
Tous trois l’écoutaient avec la même attention et la même compassion. Mr Lavelle espérait vraiment trouver quelque chose, pour l’aider.
-J’ai peut- être une idée, dit- il après un instant de silence. Pourquoi n’habiterez-vous pas ici, vu que vous n’avez plus où aller et que vous ne pourrez plus rentrer chez vous ? A ces paroles, Chanel parut vraiment étonnée et joyeuse. Lucky ne pouvait y croire. Quant à Max, il regardait son père d’un air grave.
-C’est chez moi, ici ! dit-il. Je pourrai au moins dire quelque chose. Pourquoi ne l’hébergerais-tu pas à la maison familiale ? riposta t-il de plus.
-Il y’a plus de place ici que là-bas, répondit Mr Lavelle sans accorder d’importance aux paroles de son fils.
-Oui, c’est ça ! grogna Max furieux que son père puisse se comporter comme s’il était chez lui.
Chanel avait tout d’un coup, perdu sa gaieté. Elle savait très bien que Max n’aimait pas qu’on s’introduise dans sa vie, dans son intimité. Elle était même sûre qu’il allait trouver une idée pour faire partir, la pauvre jeune fille.
-Je crois que je vous dois assez, dit Lucky d’un ton faussement enjoué. Dès demain, je vais partir de cette maison. Merci quand même !
Mr Lavelle ne savait quoi dire tout comme la gouvernante. Max était un peu touché par les paroles de la jeune fille. Après tout, pourquoi ne pas l’aider vu que cette dernière n’avait où aller ?
-Vous pouvez rester dans cette maison ! dit- il.
Son père n’y croyait pas. Chanel était tellement heureuse, qu’elle ne put s’empêcher de pousser un cri. Quant à Lucky, elle se disait qu’elle l’avait échappé bel.
-Vous êtes sérieux ? bafouilla t- elle.
-Oui, répondit le garçon. Mais il y’a une condition.
Sur ces mots, Chanel se dit que tout n’était pas encore remporté.
-Qu’elle est donc cette condition ? demanda Mr Lavelle.
-Je vais essayer de remplir cette condition, répondit Lucky.
-Vous travaillerez comme servante, ici, dit le garçon. Même ayant travaillé comme réceptionniste, vous avez du avoir une idée de comment faisait le personnel.
-Quoi ? demanda Chanel surpris par les dires du garçon qu’elle avait élevé.
-Il n’est pas question qu’elle travaille comme servante, ici, dit Mr Lavelle à son fils.
-Et bien, tant pis, dit Max. Parce que ça, c’est ma condition ! Tout ce qu’il voulait, c’était se débarrasser de l’intruse qu’était cette fille. Il se disait qu’après cette condition un peu inattendue, cette dernière serait sans doute recueillie par son père.
-J’accepte de devenir servante ! répondit Lucky en regardant droit le garçon dans les yeux, pour lui montrer qu’elle avait bien envie de rester.
Ce dernier paraissait vraiment surpris.
-Quoi, vous acceptez ? demanda t- il comme pour s’en assurer.
-Je suis assez intelligente pour faire le travail de domestique, dit- elle.
-Comme vous voulez ! répondit le garçon, très déçu même.
-Vous êtes sûre que vous pouvez, Milie ? demandèrent Chanel et Mr Lavelle.
-Mais bien sûr que oui ! répondit Lucky. Je ne vais quand même pas rester ici sans rien faire. En plus, j’adore faire le ménage !
-Je crois que ceci est à vous, dit Chanel. Elle venait de lui remettre le journal intime qu’elle avait rangé dans le battant gauche du lit. Ne vous en faites pas, personne ne l’a lu ! lui confirma la gouvernante en voyant le regard un peu effrayé qu’elle venait de montrer.
-Merci ! répondit Lucky.
Mr Lavelle regardait son fils, d'un ton de reproche, tandis que ce dernier lui répondait d'un air qui voulait dire: ''si t'es pas content, papa, tant pis ! ''
Après quelques minutes, Mr Lavelle et Chanel sortirent de la chambre, laissant Max en dernier.
-Quand comptez-vous commencer votre service ? demanda t-il d’un ton presqu’ironique.
-Demain ! répondit tout juste Lucky.
- Etes-vous folle ? demanda Max. Vous devez vous reposer encore quelques jours !
-Je me suis assez reposée ! répondit tranquillement la jeune fille.
-Comme vous voulez, je vous laisse, dans ce cas, dit- il. Votre déjeuner vous sera apporté.
-Est- ce que je peux vous tutoyer comme Mr Lavelle et Chanel me l’ont permis, à l’instant ? demanda Lucky.
-Pour cela, dit Max. Il va falloir attendre le jour où vous ne serez plus l'une de mes servantes. Juste à cet instant, vous le pourrez ! Je vous laisse !
-Mais dans quel pétrin tu t-es mise ? demanda Lucky à elle-même après que le jeune homme est sorti. Et voilà, tu te retouves exactement comme dans ce feuilleton: la servante amoureuse du fils du patron. Mais au moins, tout est différent vu que tout ce que tu ressens pour cet homme, ce n'est que du dégoût !
Fin du chapitre 11
C grâce à vous deux,Ivo et Millie que j'ai toujours des inspirations pour continuer mes fics*je vous adore*
