Où sont les futurs d’antan ?
Posté: 07 Aoû 2005, 20:18
Où sont les futurs d’antan ?
Note : le titre est une des traductions de l’expression « Days of the future past », qui évoque pour les X-Men un futur possible apocalyptique.
Paris, futur possible de notre réalité
Sissi marchait nerveusement dans la rue sombre. Dans le chaos de la guerre contre XANA, Paris était devenu une ville morte, en ruine, à l’exception de forteresses construites par l’armée pour combattre les monstres. Pas vraiment de risques de croiser quelqu’un qui se demande ce qu’elle cherchait. Et elle n’avait rien à craindre des créatures de XANA. Mais ce dont elle avait peur, c’était…
« Mademoiselle ? »
…ceci. La PP. Un groupe de militaires en tenue noire de combat s’était approché d’elle.
« Nous sommes des soldats de la Protection Populaire. Vous ne devriez pas vous déplacer seule la nuit, les monstres de XANA rôdent. Où allez-vous ? demanda gentiment leur sergent.
-Chez mon fiancé. » répondit Sissi selon un mensonge préparé : Ulrich était très loin d’être son fiancé ! Au moins ce mensonge avait-il l’avantage de les dissuader de la draguer, même si elle n’était pas si belle que ça.
« Nous n’avons pas rencontré de créatures ce soir, mais peut-être vaudrait-il mieux qu’on vous accompagne. »
Imbéciles de soldats serviables et galants. Étant dans l’autre camp, Sissi n’était pas vraiment ravie d’une telle escorte !
Mais à ce moment-là, un kankrelat apparut au bout de la rue et tira. Un soldat fut à terre sous le coup de la douleur. Il s’agissait d’un rayon de souffrance, comme ça en cas de mauvais tir le monstre de XANA n’aurait pas blessé l’alliée de son maître. Les autres soldats réagirent rapidement et épaulèrent leurs fusils pour abattre le kankrelat. Mais celui-ci n’était qu’une diversion. Un Frolion piqua sur le petit groupe et lâcha son gaz toxique. Tous furent pris de toux terribles. Sissi simulait, bien sûr : XANA lui faisait boire de l’antidote chaque jour.
Ce dernier surgit alors de l’ombre. Silhouette noire, presque impossible à voir dans la nuit, armé d’un poignard dans chaque main. Il acheva les soldats agonisants.
« Bonjour Sissi, dit-il en souriant.
-Bonjour Nathan, répondit-elle. Merci de ton intervention.
-C’est mon job. »
Certains l’appellent Xavier, ou Nathan, ou les deux. Mais avant tout, il est XANA.
Il ne mange pas. Il ne respire pas. Il ne sait pas rire, et il ne pleure pas. Un corps ressemblant à celui des humains, mais exclusivement dédié au meurtre. C’est une machine à tuer. Force, vitesse et agilité surhumaines. Connaît toutes les techniques des ninjas. Peut à volonté transformer sa salive en cyanure, comme il le fait en ce moment pour transformer les poignards des soldats en armes empoisonnées. Invisible même aux lunettes infrarouges…
Et comme s’il n’était pas déjà un formidable adversaire depuis qu’il a un corps, il peut faire apparaître sur Terre les monstres qui le servaient sur Lyoko. À condition d’absorber suffisamment d’électricité, bien sûr.
Vous comprendrez pourquoi il a déclenché une guerre à lui seul.
« Je sais où se cachent Ulrich et Yumi (pourquoi fallait-il qu’elle porte ce foutu prénom ?), dit Sissi.
-Conduit-moi. »
Bien sûr, en chemin ils rencontrèrent quelques patrouilles de la PP. Mais XANA appela quelques monstres. Peu discrets, les monstres faisaient diversion tandis que XANA poignardait les soldats.
Toc-Toc-Toc. Toc-Toc. Toc-Toc-Toc. Le code. Ulrich ouvrit la porte.
« Bonjour Sissi. Oh, tu es là aussi Xavier.
-Bonjour Ulrich. Bonjour Yumi. » dit Sissi en voyant l’adorable fillette qui arrivait. Elle ressemblait beaucoup à sa mère, mais elle avait les yeux de son père, et le prénom du premier amour de celui-ci.
« Pas eu de problèmes ?
-J’en aurais eu si XANA était pas intervenu pour écraser ces foutus soldats. Ils sont sur les dents.
-Normal avec nos préparatifs.
-Tu es sûr qu’on est assez forts pour attaquer demain ?
-Pas de problème. On doit aller avec Océane au QG de la Résistance.
-Je vais t’y conduire. » répondit Sissi, repensant encore une fais à cette fille.
Océane… L’ancienne agente du régime, la beauté qui avait ravi le cœur d’Ulrich après la mort de la Yumi avec laquelle ils avaient été en classe… Et pourtant Sissi n’était jamais parvenue à la détester.
Sissi la trouva dans la salle de bain.
« Pourquoi tu te coupes les cheveux ? Ils étaient très beaux, longs.
-Je ne veux pas qu’ils me gênent sous le casque, répondit Océane.
-Dis-moi, tu sais ce que j’ai demandé à Ulrich ?
-Tu aurais effectué cette mission sans cela, je le sais.
-Oui.
-Je ne peux pas t’en vouloir Sissi. Avec ce que tu vas faire pour nous tous… tu mérites bien une petite récompense.
-Tu n’es pas jalouse ?
-Sissi, tu sais de quoi m’a tiré Ulrich ? Je n’étais qu’une agente au service de ce dictateur. Et il m’a libèrée.
-Tu as failli mourir pour Ulrich.
-Tu sais Sissi, depuis plusieurs années dans la prison dorée où j’étais en tant qu’actrice du régime, je n’avais plus vu d’homme. Que des pantins. Il fut le seul vrai homme que j’avais vu depuis des années, et il s’est battu pour ma vie, moi qui envisageais si souvent le suicide… Alors c’est bien peu lui rendre de lui appartenir corps et âme. Il m’aurait trompé avec toi, je lui aurais pardonné, je lui dois tant… Alors un baiser… et puis, il y a autre chose : je sais que tu l’aimes. Que tu l’as toujours sincèrement aimé depuis l’adolescence. Mais dans cette trame temporelle il est à moi : si tu réussis ta mission, il sera sûrement à Yumi. Moi je n’aurais pas eu le courage de faire ce que tu vas faire. »
C’était toute la cruauté de cette opération pour Ulrich et Océane. Savoir qu’ils seraient séparés, et qu’ils ne se manqueraient même pas… Mais qu’était leur amour face à un milliard de tués par Pitoyable ?
Ulrich s’était résigné.
« Dans ce monde, j’ai vu ma meilleure amie mourir. Et un jour, la PP nous trouvera et ce sera au tour d’Océane. Alors je préfère encore ne jamais l’avoir connue. »
« Bon, est-ce que tout le monde veut bien écouter ce que mes invités ont à dire ? s’énerva Salim. Je sais que vous devez m’en vouloir d’avoir caché leur participation à notre organisation, mais on ne pouvait prendre aucun risque. Ulrich ?
-Merci Salim. Je vous ai déjà expliqué comment mes amis et moi avons été amenés à combattre l’intelligence artificielle nommée XANA. En fin de compte, Jérémie a réussi à matérialiser l’humaine artificielle Aëlita. Mais XANA en a profité pour se matérialiser lui-même. Nous avons dû fuir l’usine. XANA a alors lancé une production massive de modules de matérialisation de ses monstres. Ne pouvant rien faire contre une telle armée, nous nous sommes tournés vers les autorités, civiles puis militaires. Personne ne nous a réellement pris au sérieux, et chaque officier nous aiguillait vers un autre. Jusqu’à ce que nous adressions au général Franklin Pitoyable. »
Personne n’avait trouvé au dictateur de surnom plus ridicule que son véritable patronyme.
« Le général a rapidement compris quelle opportunité XANA représentait pour lui et sa mouvance politique. Aussi a-t-il décidé de rassembler d’importantes forces militaires et de nous placer sous surveillance. Mesures qui nous ont paru normales dans un premier temps. Ce n’est que bien plus tard que nous avons compris que le général cherchait à gonfler la menace XANA et à nous garder prisonniers. Pitoyable a donc fait fabriquer des robots imitant les créatures de XANA. Ces monstres, totalement sous son contrôle, ont liquidé le gouvernement et tous les autres généraux. Dès lors, Pitoyable était seul au pouvoir. Mieux, il disposait du supercalculateur d’où était sorti XANA. Depuis, il utilise Aëlita comme otage pour forcer Jérémie à faire ce qu’il désire avec l’ordinateur. Une technologie fantastique, qui a facilement permis au régime néo-fasciste de Pitoyable de soumettre le monde entier.
-La version officielle des choses est que tous les monstres qui tuent, partout dans le monde, sont les créations de l’entité maléfique nommée XANA, et que les gentils soldats de la Protection Populaire sont là pour combattre ce démon, expliqua Salim. Un cercle d’initiés autour de Pitoyable sait que XANA est une invention de la propagande et que les monstres sont en réalité fabriqués dans des usines secrètes du régime. Mais ce que Pitoyable cache, sauf à nous ses ennemis, c’est que XANA existe réellement.
-Sans blaguer, expliqua XANA, il y a un moyen simple de distinguer mes créatures des copies de Pitoyable : les copies sont conçues pour être facilement écrasées par les soldats, tandis que mes vrais monstres les massacrent. Mais revenons au passé.
Ayant pris forme humaine, j’ai commencé à apprendre ce qu’était ce monde. J’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’une aberration à détruire, mais d’un trésor à préserver. J’ai appris ce qu’étaient le bien et le mal. Et j’ai compris que quelque chose ne tournait pas rond dans ce monde et que c’était lié au général. J’ai donc décidé de contacter les seuls humains qui savaient qui j’étais. Et j’ai commencé à m’attaquer aux soldats de ce Protecteur du Peuple, comme il se fait appeler.
-Moi et mes amis étions prisonniers dans une forteresse de Pitoyable, dit Ulrich. Mais il a vite trouvé que nous étions encombrants, alors qu’Aëlita suffisait amplement comme otage pour commander à Jérémie. Il nous a donc laissé une chance de nous évader, à moi, Odd et Yumi. Bien sûr, au cours de notre tentative, ils nous ont rattrapés et tirés dessus. Odd a été blessé. Yumi… » Il sera les dents. « s’est placée pour recevoir les balles qui m’étaient destinées. Elle est morte sur le coup. En revanche, Odd aurait pu être sauvé si leurs médecins avaient voulu. Ne restait plus que moi. Mais alors XANA commença à se manifester. Son retour fut caché à Jérémie, et Pitoyable chercha un moyen de me forcer à participer à un piège contre XANA.
-C’est ici que j’interviens, dit Océane. J’imagine que vous me reconnaissez, je suis l’actrice de cet immonde film de propagande. »
Océane avait en effet toute jeune été recrutée de force pour jouer dans un film à la gloire du régime. Les journalistes avaient vanté la beauté et la grâce de la jeune fille à juste titre : non seulement Océane était belle comme un ange mais c’était strictement la seule chose positive à dire de ce film : les journaux dévoués au régime n’osaient pas critiquer le réalisateur, qui avait été choisi par le Protecteur du Peuple, mais étaient incapable d’en écrire du bien : ç’aurait été un mensonge débile, et aurait pu leur porter préjudice si le dictateur avait fusillé le réalisateur une semaine plus tard pour son travail catastrophique. Mieux valait donc parler des yeux de l’héroïne.
« Pitoyable m’a ordonné de devenir agent du régime : il m’a ordonné de séduire par tous les moyens un prisonnier politique. Cela a encore mieux marché que prévu : j’en suis effectivement tombée amoureuse, et lui aussi. Cela convenait parfaitement à Pitoyable. Il a ordonné à Ulrich de l’aider à capturer XANA, faute de quoi je serais torturée et tuée. Ulrich a bien évidemment obéi.
-Mais c’était compter sans mes facultés surhumaines, continua XANA. J’ai même trouvé normal de devoir tuer une petite armée pour libérer Ulrich, puis Océane à sa demande. Je n’ai su que bien plus tard que c’était censé être un piège. J’ai ensuite enlevé, tué et défiguré un soldat ressemblant à Ulrich et une ressemblant à Océane. Alors que j’avais emmené Ulrich et Océane en sécurité, la PP a trouvé des corps qui semblaient être les leurs. Ils n’ont pas eu le temps de vérifier, je les avais piégés.
-Bien, dit Salim, je crois que vous avez maintenant compris pourquoi nous avons deux personnes qui selon la propagande sont des victimes de XANA parmi nous. Et deux blancs de plus. »
Tout le monde éclata de rire, même si l’origine de la blague était assez sinistre. Le fort racisme du régime avait poussé de nombreux noirs et beurs en France à entrer en dissidence. D’autres avaient rejoint l’opposition par idéalisme démocratique, comme le père de Sissi. Quand il avait été tué par la PP, elle avait rejoint la résistance à son tour. Elle avait été enchantée de retrouver Ulrich à leurs côtés, même si elle avait vite compris que ce ne serait pas elle qui remplacerait Yumi dans son cœur. Yumi… C’était aussi le prénom de la fille qu’Ulrich avait eu d’Océane, et dont elle était la marraine.
« L’heure était bien venue pour vous expliquer cela parce que Pitoyable prépare le bombardement chimique de toutes les provinces chinoises hébergeant des dissidents. Vous savez que les Chinois sont très courageux face à l’oppression, très méprisés par l’idéologie raciste du régime… et très nombreux. Des centaines de millions de morts en perspective. Nous préparons donc une opération de grande envergure qui vise rien de moins que de mettre fin à ce règne de terreur. Vous comprendrez pourquoi j’ai dû convoquer de tels alliés. »
« Alors Sissi, tu es prête pour ta part de l’opération ? » demanda Ulrich une fois rentrés à leur maison, où lui et Océane avaient invité Sissi et XANA pour la nuit.
« Oui bien sûr. Mais Yumi ? Qu’allez-vous faire d’elle ? demanda Sissi.
-Je la confierai à ma sœur, dit Océane. Même si on échoue… elle vivra.
-Mais on n’a pas le droit d’échouer, dit Ulrich. Trop de vies dépendent de nous. Même si cela veut dire que si on réussit… alors notre fille ne grandira jamais. Eh, Sissi ? Tu as l’air songeuse.
-Oh, rien. Je me disais juste… Moi dans aucune trame temporelle je ne porterai tes enfants.
-Désolé, mais j’ai peur que ce soit vrai. Pourtant tu es si différente aujourd’hui de celle dont je repoussais les assauts indésirables…
-Merci. Euh… J’ai juste une faveur à te demander Ulrich.
-Vas-y. »
Sissi se pencha à son oreille.
« Vous êtes sûrs que les défenses sont diminuées ? demanda un jeune résistant.
-On a lancé sur le palais présidentiel des balises attirant les faux monstres de XANA. D’ailleurs XANA a envoyé les vrais en renfort. Comme on ne peut pas les distinguer, les soldats se retrouvent avec un monstre vraiment costaud au milieu d’un groupe de camelote.
-Ca suffira ?
-Un jour j’ai vu deux mégatanks face à une rue remplie de chars d’assaut, raconta Sissi. Ils tiraient sur le premier, qui a fini par détaller. Les tirs l’ont suivi dans la rue où il a tourné. Ils n’avaient pas vu le deuxième, qui a ouvert le feu. Les chars se sont envolés et écrasés sur les soldats. Les krabes, c’est moins spectaculaire, ils percent les blindages.
-Et puis si les faux frolions larguent du gaz lacrymo, celui des miens est mortel. Mais les soldats ont trop l’habitude de combattre les faux, alors ils croient que le gaz n’est jamais mortel.
-Et si Pitoyable se doute que c’est une diversion ? demanda Océane.
-Allons Océane… Vous connaissez le légendaire courage du général. Même s’il devine que c’est une attaque de diversion, il gardera toutes ses troupes auprès de lui. Après tout, pense-t-il, même si nous détruisons le supercalculateur, il dominera le monde sans.
-OK, dit XANA. Ulrich, Océane, Mehdi, vous êtes prêts ?
-Pas de problème.
-Duplication virtuelle… fusion… matérialisation ! »
XANA avait découvert qu’il pouvait concentrer assez d’énergie pour donner à trois volontaires les pouvoirs que les enfants avaient jadis sur Lyokô. Ulrich les siens, Océane ceux de Yumi, Mehdi ceux de Odd. Sissi avait été refusée pour ce rôle : tout dépendant d’elle, on ne pouvait pas l’exposer ainsi.
Les superguerriers du monde réel attaquèrent les soldats d’élite, qui eux n’étaient qu’humains. La vitesse surhumaine des amis eût vite fait de tuer tous les soldats qui se trouvaient sur leur chemin. Car dans ce monde, celui qu’Ulrich sabrait saignait, et ne disparaissait pas proprement comme sur Lyokô. Les têtes qui se trouvaient sur le chemin de l’éventail d’Océane (quelle ironie de lui faire remplacer ainsi la fille qu’Ulrich avait tant aimé) et des flèches de Mehdi explosaient, tout simplement. Ce soir l’image que la propagande donnerait des combattants ne comptait plus.
Quand ils arrivèrent aux chambres (après avoir « dégagé » le supercalculateur), les superpouvoirs avaient été désactivés. Mais il leur restait d’autres ressources : XANA était entré discrètement dans la pièce tandis que Salim jouait de la mitraillette pour détourner l’attention des soldats. Une fois entré dans la pièce, XANA avait lancé ses poignards empoisonnés. Car si les humains ne voyaient pas dans le noir, XANA, lui, regardait surtout les courants électriques. C’est comme ça qu’il voyait les humains dans le noir, mais seulement les vivants.
« OK, il n’y a plus que deux êtres vivants ici ! »
Ulrich entra et alluma la lumière.
« Pourquoi te caches-tu au milieu de soldats quand un vieil ami veut te parler… »
Il retira son casque.
« …Jérémie. »
Jérémie mit un temps à se remettre du choc.
« Ulrich ? On m’avait dit que tu étais mort.
-Rassure-toi : Odd et Yumi, eux, sont bien morts. Ils n’avaient besoin que de toi. Oh, et Aëlita aussi.
-Ulrich, d’exclama Aëlita. C’est si bon de te revoir, dit-elle en accourant pour l’embrasser.
-Ne m’approche pas ! »
Il dévisagea durement Aëlita, comme les autres combattants de la liberté. Elle n’était pas si laide, mais Ulrich ne retrouvait pas sur son visage la joie de l’amie dont il se souvenait. Bien sûr, même parfaitement maquillée et sapée des fringues les plus indécemment chères, elle était loin d’être aussi belle qu’Océane.
« Tiens, dit Océane, moi on m’avait dit que je n’aurais droit à ces fringues de luxe que si je devenais courtisane de ce foutu tyran.
-Je ne vous permets pas ! explosa Jérémie.
-Oh, je comprends, Pitoyable t’accorde tous les privilèges. Peut-être que si j’avais été courtisane, je t’aurais aussi été offerte en cadeau. Enfin, grâce à Ulrich, je suis libre.
-Ulrich, ça ne te gène pas que ta femme traite la mienne de pute ?
[NDLA : le mot femme est employé par pure commodité, ni Jérémie et Aëlita ni Ulrich et Océane ne sont mariés : aucun des deux couples n’a envie d’être marié par un fonctionnaire du régime, et Ulrich et Océane vivent cachés]
-Pas plus que de dire que tu es un connard et le complice d’un boucher.
-Vues les tenues qu’elle porte dans ce film, elle peut parler la tienne. »
Ulrich brandit son revolver à la figure de Jérémie.
« Mort, je vous servirai à rien.
-Mais avec une balle dans le genou, ça gênerait pas. Jérémie, repris durement Ulrich, nous ne sommes pas ici pour te faire payer ta complicité dans des massacres de millions de personnes, mais pour exiger ton aide pour mettre fin à ce cauchemar.
-Mettre fin ? Mais comment ? demanda Aëlita.
-On va utiliser le supercalculateur pour expédier Sissi dans le passé. Elle interviendra pour empêcher à tout prix ce désastre.
-C’est possible ? s’étonna Jérémie.
-Parfaitement, dit XANA. Si on parvient à saturer l’impédance de l’amplificateur opérationnel linéaire du découpleur de négatrons à isolation de phase, on pourra atteindre la fréquence critique, provoquant des distorsions dans le portrait de phase quantique du consortium de l’espace-temps fractal. Enfin on espère. [Bien entendu c’est du pur charabia, soigneusement choisi pour ne rien vouloir dire !].
-Je te fais le topo, Jérémie : que tu nous aides ou non, on tente le coup. Si on réussit, on vivra dans un monde libre sans jamais avoir connu ce chaos. Si on échoue, une brigade d’élite arrivera ici et nous tuera tous d’ici une heure. Sauf peut-être si Pitoyable te laisse en vie. Tu pourras toujours dire que tu n’as pas participé : que tu nous aies aidé ou pas, tu seras aussi crédible auprès du général. La seule chose que change ta participation, c’est les probas.
-Jérémie… souffla Aëlita. S’ils réussissent… peut-être que ce monde sera remplacé par un monde dans lequel notre enfant vivra libre, et pas incorporé de force dans l’armée.
-Mais peut-être que dans le passé modifié, on t’aura sacrifiée.
-Quand nous étions jeunes, je vous ai demandé une fois de prévenir les autorités, parce que la vie de dizaines de personnes comptait plus que moi. Cette fois c’est de plus d’un milliard qu’il s’agit.
-OK, je vous aide. »
« Ulrich ? Tu as une dernière promesse à tenir avant mon départ.
-C’est vrai Sissi. » répondit Ulrich. Et il embrassa tendrement celle qui avait aussi été la première qu’il ait embrassée. C’était cela sa demande : qu’il lui donne son dernier baiser dans cette trame temporelle.Ulrich avait accepté, si Océane voulait bien. Sissi se souvenait de leur conversation.
C’était si étrange de retrouver ces scanners. D’y faire entrer… Sissi ? Oui, c’était bien elle.
« Le transfert va pouvoir être lancé. Sissi !
-T’inquiète Jérémie, elle dira rien. T’es vraiment verni : moi je me suis battu contre ce dictateur, et en récompense je serai séparé de la mère de ma fille. Toi tu t’es plié devant ce salaud, et en récompense on va se battre pour te permettre d’aimer ta chérie hors d’une prison dorée.
-Attention, dit XANA. Transfert Sissi. Expédition dans le passé… Détemporalisation. »
Ce fut le dernier événement qui eut lieu dans cette trame temporelle. En fait, tout était comme si XANA avait provoqué un retour dans le passé, annulant même les morts et les mémoires. Sauf pour Sissi Delmas…
Sissi se leva. Elle sourit. Elle aimait retrouver ce collège. Elle alla ensuite devant sa glace. Elle avait été jolie quand elle était jeune. Contrairement à Océane, elle ne pouvait pas rester très attirante sans soins et mal habillée. Quelle idiote elle avait été ! Pourquoi avait-elle été cette peste quand elle était jeune et insouciante ? Sans cela, elle aurait pu plaire à Ulrich.
Mais elle avait une mission à remplir. Elle alla faire la bise à son père (quelle fille odieuse elle devait être pour qu’il la soupçonne d’avoir quelque chose à demander !) puis descendit à la cantine. Jusqu’ici, elle avait aimé se retrouver dans son corps de douze ans. Mais la confrontation avec ses ex-ennemis serait une sacrée épreuve…
« Bonjour Ulrich, bonjour Jérémie. Salut Odd. Yumi n’est pas avec vous ?
-Non, répondit Ulrich. Mais si elle était là…
-Pas le temps pour ces conneries. Vous devez lui dire de vous rejoindre à l’usine.
-Hein ?
-Je sais que XANA prépare une attaque. Il doit être arrêté à tout prix.
-Attends, comment tu connais XANA ? s’inquiéta Jérémie.
-J’en sais bien plus que vous. Je vous expliquerai en chemin. »
« Et donc il a fallu appeler l’armée pour arrêter XANA ?
-Oui, mais après c’est l’armée qui est devenue le problème. Un facho a utilisé la crise XANA pour prendre le pouvoir. Et XANA lui-même a appris à distinguer le bien du mal. Il a sauvé l’un d’entre vous, quand le général a tenté de tous vous neutraliser.
-Qui ça ? Qu’est-ce qu’on est devenu, tous ?
-Ecoutez, certains d’entre vous sont morts. Les autres… Je suis désolée, j’ai juré de ne rien dire. Vous pourriez vous reprocher ce que vous avez fait dans ce monde, alors que ce n’est pas de votre faute.
Donc on a mis ce plan au point. Et avec l’aide de XANA, on a décidé d’expédier mon esprit dans mon corps d’aujourd’hui.
-Pourquoi toi ?
-Pour que vous ayez un guerrier supplémentaire sur Lyokô, et quelqu’un que vous connaissez déjà, c’était plus simple.
-Et là, qu’est-ce qu’on doit faire ?
-XANA m’a expliqué qu’il avait mis longtemps à se forger une conscience. Donc il ne nous aidera pas ici. Donc deux solutions : ou bien on désactive XANA, et tant pis pour Aëlita.
-Et l’autre ? demanda immédiatement Jérémie.
-On attaque à tous les lyokoguerriers habituels plus moi, dans le cinquième territoire.
-C’est quoi ça ? demanda Odd.
-Une partie secrète de Lyokô dont XANA m’a donné les codes d’accès. Si on en atteint la tour centrale, on pourra carrément désactiver l’IA de XANA.
-Euh, c’est lui qui t’a donné les codes pour ça ? s’étonna Yumi.
-Il est conscient que le lui-même de cette époque ne mérite pas mieux. Et qu’il ne pourra pas être raisonné.
-Moi je lui fait confiance, dit Odd.
-Idem, dit Ulrich.
-Ca me paraît cohérent, dit Jérémie.
-Prête à prendre le risque, dit Yumi.
-Mais si on va dans ce territoire… alors il n’y aura aucun espoir de retour si nous n’atteignons pas la tour. Si on se fait dévirtualiser, on cesse d’exister. Enfin, sauf si XANA décide le contraire, mais ça risque pas.
-On est prêts à y aller.
-Jérémie… dit Sissi. Tu sais que si c’est perdu, tu devras désactiver XANA ? Et tous nous tuer ?
-Je… oui, au pire, je le ferais. »
Ils arrivèrent en effet dans le cinquième territoire. Mais une tour fut activée, sans conséquences visibles sur Terre. Pas grave, dit Sissi, s’ils désactivaient XANA, l’attaque cesserait.
« Attention, un monstre arrive… Jamais vu si puissant… C’est XANA lui-même !
-Fuyez, je vous couvre ! » annonça Yumi. Et elle apprêta son éventail.
XANA apparut. Un colosse immense, au moins trois mètres. Une armure effrayante, hérissée de pointes. Des griffes démesurées. Il semblait invincible.
Impression confirmée quand Yumi lança son éventail. Il ne réagit pas, et ne fut pas le moins du monde affecté par l’impact. Mais de sa bouche sortit une horrible bulle rouge… un gardien ! Yumi s’enfuit à toutes jambes. Mais la bulle la rattrapa et l’emprisonna.
« Yumi prise par un gardien ! hurla Jérémie.
-OK, on va la libèrer, dit Ulrich.
-NON ! C’est trop tard, dit Sissi. Contre XANA on n’a aucune chance. Elle est perdue Ulrich.
-On la sauvera ou on mourra tous ! dit Odd.
-Ce sera la deuxième option. Mais si Aëlita vous suit, je n’ai plus qu’à venir… » gémit Sissi.
Tous se retrouvèrent face au terrible colosse. Odd se mit à tirer des flèches. Le colosse n’eut pas un mouvement : elles étaient sans importance pour lui. Aëlita voulut alors utiliser son pouvoir pour ouvrir une faille sous les pieds de XANA. Celui-ci ne réagit pas. Mais quand il se retrouva les pieds reposants sur le vide, il ne tomba pas.
« Mais comment il fait ! hurla Ulrich.
-Stupide préjugé humain ! Nous sommes dans un monde virtuel ! la gravité est une convention que je pose ou non ! »
Odd ne chercha pas à comprendre et voulut courir pour s’accrocher à XANA, tenter de le gêner. Mais son premier pas le propulsa et il partit en ligne droite dans les airs de Lyoko.
« Voilà ce qui se passe sans gravité, dit XANA. Et voilà ce qui se passe avec trop. »
Odd s’écrasa brutalement. Aëlita voulut profiter du détournement de l’attention de XANA pour libérer Yumi, mais XANA fit alors un mouvement de la main : le gardien libèra Yumi et emprisonna Aëlita. Ulrich fonça pour attaquer XANA. En même temps, Odd tira encore des flèches, Yumi lança son éventail et Sissi se rua pour attaquer avec ses griffes métalliques. XANA n’eut qu’à libèrer une onde de choc qui les mit à terre. Les projectiles furent bien entendu sans effet.
« Jérémie, est-ce que tu es prêt à désactiver XANA au cas où ? demanda Ulrich.
-Non ! Son attaque consistait à mettre un courant électrique le long de sa coque ! Je peux pas l’approcher, ni sortir d’ici pour aller chercher du matériel isolant.
-Donc on doit s’en sortir seuls ? demanda Odd.
-On peut toujours tenter. » soupira Yumi.
Ulrich se détripla pour tenter une nouvelle attaque dérisoire. Pendant ce temps, un rayon sortit des yeux de XANA et dévirtualisa Odd. Contrairement aux rayons des monstres, lents comme des fléchettes dans le monde réel, celui de XANA frappait instantanément, retirant 100 points de vie au moment même où XANA y pensait. Ulrich et ses doubles chargèrent, espérant que XANA n’aurait pas le temps de dévirtualiser le vrai avant qu’il ne frappe. Mais un rayon sortit de chaque œil et un troisième de la bouche, dévirtualisant les trois d’un coup. Yumi avait soulevé des rochers par télékinésie pour les précipiter sur le titan. XANA n’en aurait pas souffert, mais il envoya un rayon laser courbe, qui contourna les rochers et frappa Yumi. Ne restaient qu’Aëlita, prisonnière du gardien, et Sissi, qui savait n’avoir aucune chance.
« Euh, demanda Odd, on n’était pas censés mourir si on était dévirtualisés ? demanda Odd.
-Ben si, répondit Ulrich. Sauf si XANA voulait qu’on reste en vie. »
Sissi attendait d’être frappée à son tour, persuadée d’y perdre simplement la vie. Mais le colosse leva un bras et lança un rayon différent. Sissi se courba sous la douleur qu’elle ressentait. XANA avait tout simplement lancé un programme pour pénétrer son esprit.
« Aëlita ? Comment tu as pu être matérialisée ?
-Je sais pas Odd. On dirait que c’est XANA lui-même. Au lieu de m’achever, il a activé un programme qui m’a matérialisée.
-Eh, le scanner s’active encore ! » cria Yumi.
Ils s’écartèrent. Sissi sortit du scanner. Du moins ce qui sortit du scanner avait son apparence.
« Tuer… Il faut tuer. »
C’était la voix de XANA.
« Je crois… je crois que XANA a parasité le corps de cette fille ! s’alarma Aëlita.
-Pitoyable… C’est… Pitoyable ! » dit encore la voix de XANA. Sissi se leva alors, et son corps se mit à croître, se transformer et changer de couleur. Les pointes rouges percèrent les vêtements de la jeune fille. Quelques secondes plus tard, au milieu des lambeaux des vêtements, se tenait XANA dans sa colossale armure.
« Oui, c’est Pitoyable l’homme qu’il faut tuer ! hurla-t-il.
-XANA ? demanda Aëlita.
-C’est moi. Enfin… je me suis approprié l’esprit de cette fille. J’y ai appris les sentiments humains… Mais aussi le destin de l’humanité si je n’interviens pas. »
XANA se dirigea vers l’ascenseur. Visiblement le courant mortel avait été désactivé.
« Jérémie ? demanda-t-il en entrant dans le laboratoire.
-XANA ?
-J’ai emprunté le corps de cette Sissi. Je l’ai remodelé… Je lui rendrait intact, et avec sa mémoire d’ado, quand j’aurais fait un petit travail…
-Quoi ? demanda Jérémie.
-Tuer le général qui a pris le pouvoir dans ce futur que Sissi m’a fait voir.
-Mais c’est un crime ! hurla Ulrich. Et puis il a rien fait dans notre monde !
-Mais dans celui de Sissi il a tué plus d’un milliard de personnes ! Il est virtuellement, comme vous dites, le pire criminel de l’histoire. L’un d’entre vous a juré que s’il devait sacrifier son amour et leur enfant pour tuer cet homme, il le ferait. Et il a TUE certains d’entre vous.
-Ce n’est pas pareil, c’est un monde en guerre, opposa Jérémie.
-Quelle que soit la réalité qu’il nomme sa planète, Pitoyable est Pitoyable. » dit XANA. Il se mit ensuite à utiliser l’ordinateur pour pirater des serveurs de l’armée. Rapidement il sut où travaillait le général, et même le visage de son aide de camp…
« Attendez-moi sans toucher à mon unité centrale, et Sissi et Aëlita pourront vivre. Yumi, tu pourrais aller chercher des vêtements de rechange pour Sissi ? Mes pouvoirs de métamorphe me permettent de créer des vêtements intégrés à mon corps, elle ne peut pas en faire autant. »
XANA découvrait maintenant le monde des humains. Il l’avait jusqu’ici considéré comme une anomalie à effacer. Il savait maintenant que les humains étaient des êtres dont les vies étaient précieuses. Mais surtout, il savait que Pitoyable était une anomalie en lui-même. XANA avait fini par réaliser que les humains étaient illogiques, mais Pitoyable avaient la palme : en piratant les banques de données scientifiques, XANA avait lui-même vérifié : les races humaines étaient un mensonge, comme le disaient les généticiens. Pitoyable poussait l’illogisme jusqu’à prétendre qu’il en existait des supérieures à d’autres !
Oh, ces enfants n’étaient pas toujours logiques non plus… Ulrich avait voulu protèger Pitoyable, le meurtrier de Yumi ! Mais XANA voulait que ces enfants survivent. Qu’on se souvienne un peu de lui…
Ce n’était pas très difficile, vu les pouvoirs de métamorphoses dont disposait XANA. Bien sûr, cela faisait partie des pouvoirs qu’il aurait perdu si l’unité centrale était désactivée ou retournée contre lui, comme dans ce futur. Mais il avait confiance : il avait prévenu Jérémie que s’il le trahissait, Sissi et surtout Aëlita mourraient. Et puis n’avait-il pas prouvé sa bonne foi en épargnant les lyokoguerriers ?
XANA n’avait eu aucun mal à découvrir les codes d’entrée. Sous l’apparence d’un lieutenant, il passa les contrôles. Il put même entrer dans le bureau du général alors que les systèmes de surveillances crurent que le général était seul. XANA ne laissait pas d’empreintes digitales, pas d’ADN… Et le bureau du général était blindé et insonorisé. Bref, une fois dans le bureau, XANA put facilement abattre le général, puis maquiller en suicide. Inutile tout de même de faire accuser un lieutenant innocent.
« XANA ?
-C’est fait. Tout est fini maintenant.
-Alors on fait quoi ?
-Yumi, tu as apporté des vêtements de rechange à Sissi ?
-Oui oui, ça ira ?
-Parfait. Jérémie va me virtualiser. Ensuite, on rematérialisera Sissi, avec sa mémoire d’adolescente. Vous quitterez l’usine. Puis je lancerai une dernière attaque… pour détruire tout ce fourbi électronique, et moi avec.
-Vous allez mourir ?
-Je ne comprends pas ce mot. Je pense qu’il n’est pas valable pour moi. Mon existence est illogique, c’est tout. Je dois corriger cette erreur. »
« Yumi ? Elle va bien ? demanda Jérémie.
-Furax mais en forme, dit Yumi en éclatant de rire.
-Non mais vous allez m’expliquer ce que je fais ici ! Et pourquoi vous avez déchiré mes fringues ? Je déteste le noir, non mais quel manque de goût Yumi !
-Eh ben c’est ce qu’on pouvait imaginer. Bienvenue dans le lieu où nous faisons toutes nos cachotteries, Sissi.
-C’est ici que vous complotez ? Et c’est qui cette fille ?
-La maîtresse des lieux. Enfin plus pour longtemps. Combien de temps Einstein ? demanda Odd.
-Une demi-heure. Autant partir d’ici tout de suite.
-Allez viens, dit Odd. On va tout t’expliquer beauté. » dit Odd.
Il ne se moquait même pas d’elle. La veille, ils n’auraient jamais voulu d’elle dans la bande. Mais la vue de celle qu’elle était devenue dans le futur la faisait remonter dans leur estime. Et dispensait Odd de faire semblant de la trouver moche.
Epilogue : la petite danseuse étoile
Les six amis, Jérémie et Aëlita, Ulrich et Yumi, Sissi et Odd, étaient allés ensemble à un ballet de danse classique. Lors du dernier tableau, ils furent tous frappés par la grâce et la beauté de la danseuse au centre, qui avait leur âge. Ils allèrent lui parler à la fin de la représentation, Aëlita mourrant d’envie d’apprendre à danser ainsi elle aussi. Océane, la jeune danseuse, lui raconta très gentiment comment elle avait apprit la danse. Ils se dirent au revoir très poliment, mais il y avait peu de chances qu’ils se revoient. Océane les aurait vite oubliés, et seule Aëlita se souviendrait un peu de la danseuse. Aucun n’aurait put imaginer que dans une autre vie, elle et Ulrich s’étaient aimés. Après tout, cette autre vie n’aurait eu lieu que si Pitoyable avait vécu, n’est-ce pas ? Et avec des si, on mettrait Paris en bouteille… Ou Pékin en cendres, comme cet homme avait rêvé de le faire. Dans cette réalité, Ulrich n’imaginait pas qu’il aurait pu aimer une autre que Yumi. Jérémie était sûr d’être heureux auprès d’Aëlita, et elle aussi. Et ils étaient persuadés qu’ils seraient toujours amis, et que rien n’aurait pu faire qu’il en soit autrement.
FIN
Note: je repars sous peu en vacances: si vous n'avez rien compris, je serai pas là pourvous expliquer.
Note : le titre est une des traductions de l’expression « Days of the future past », qui évoque pour les X-Men un futur possible apocalyptique.
Paris, futur possible de notre réalité
Sissi marchait nerveusement dans la rue sombre. Dans le chaos de la guerre contre XANA, Paris était devenu une ville morte, en ruine, à l’exception de forteresses construites par l’armée pour combattre les monstres. Pas vraiment de risques de croiser quelqu’un qui se demande ce qu’elle cherchait. Et elle n’avait rien à craindre des créatures de XANA. Mais ce dont elle avait peur, c’était…
« Mademoiselle ? »
…ceci. La PP. Un groupe de militaires en tenue noire de combat s’était approché d’elle.
« Nous sommes des soldats de la Protection Populaire. Vous ne devriez pas vous déplacer seule la nuit, les monstres de XANA rôdent. Où allez-vous ? demanda gentiment leur sergent.
-Chez mon fiancé. » répondit Sissi selon un mensonge préparé : Ulrich était très loin d’être son fiancé ! Au moins ce mensonge avait-il l’avantage de les dissuader de la draguer, même si elle n’était pas si belle que ça.
« Nous n’avons pas rencontré de créatures ce soir, mais peut-être vaudrait-il mieux qu’on vous accompagne. »
Imbéciles de soldats serviables et galants. Étant dans l’autre camp, Sissi n’était pas vraiment ravie d’une telle escorte !
Mais à ce moment-là, un kankrelat apparut au bout de la rue et tira. Un soldat fut à terre sous le coup de la douleur. Il s’agissait d’un rayon de souffrance, comme ça en cas de mauvais tir le monstre de XANA n’aurait pas blessé l’alliée de son maître. Les autres soldats réagirent rapidement et épaulèrent leurs fusils pour abattre le kankrelat. Mais celui-ci n’était qu’une diversion. Un Frolion piqua sur le petit groupe et lâcha son gaz toxique. Tous furent pris de toux terribles. Sissi simulait, bien sûr : XANA lui faisait boire de l’antidote chaque jour.
Ce dernier surgit alors de l’ombre. Silhouette noire, presque impossible à voir dans la nuit, armé d’un poignard dans chaque main. Il acheva les soldats agonisants.
« Bonjour Sissi, dit-il en souriant.
-Bonjour Nathan, répondit-elle. Merci de ton intervention.
-C’est mon job. »
Certains l’appellent Xavier, ou Nathan, ou les deux. Mais avant tout, il est XANA.
Il ne mange pas. Il ne respire pas. Il ne sait pas rire, et il ne pleure pas. Un corps ressemblant à celui des humains, mais exclusivement dédié au meurtre. C’est une machine à tuer. Force, vitesse et agilité surhumaines. Connaît toutes les techniques des ninjas. Peut à volonté transformer sa salive en cyanure, comme il le fait en ce moment pour transformer les poignards des soldats en armes empoisonnées. Invisible même aux lunettes infrarouges…
Et comme s’il n’était pas déjà un formidable adversaire depuis qu’il a un corps, il peut faire apparaître sur Terre les monstres qui le servaient sur Lyoko. À condition d’absorber suffisamment d’électricité, bien sûr.
Vous comprendrez pourquoi il a déclenché une guerre à lui seul.
« Je sais où se cachent Ulrich et Yumi (pourquoi fallait-il qu’elle porte ce foutu prénom ?), dit Sissi.
-Conduit-moi. »
Bien sûr, en chemin ils rencontrèrent quelques patrouilles de la PP. Mais XANA appela quelques monstres. Peu discrets, les monstres faisaient diversion tandis que XANA poignardait les soldats.
Toc-Toc-Toc. Toc-Toc. Toc-Toc-Toc. Le code. Ulrich ouvrit la porte.
« Bonjour Sissi. Oh, tu es là aussi Xavier.
-Bonjour Ulrich. Bonjour Yumi. » dit Sissi en voyant l’adorable fillette qui arrivait. Elle ressemblait beaucoup à sa mère, mais elle avait les yeux de son père, et le prénom du premier amour de celui-ci.
« Pas eu de problèmes ?
-J’en aurais eu si XANA était pas intervenu pour écraser ces foutus soldats. Ils sont sur les dents.
-Normal avec nos préparatifs.
-Tu es sûr qu’on est assez forts pour attaquer demain ?
-Pas de problème. On doit aller avec Océane au QG de la Résistance.
-Je vais t’y conduire. » répondit Sissi, repensant encore une fais à cette fille.
Océane… L’ancienne agente du régime, la beauté qui avait ravi le cœur d’Ulrich après la mort de la Yumi avec laquelle ils avaient été en classe… Et pourtant Sissi n’était jamais parvenue à la détester.
Sissi la trouva dans la salle de bain.
« Pourquoi tu te coupes les cheveux ? Ils étaient très beaux, longs.
-Je ne veux pas qu’ils me gênent sous le casque, répondit Océane.
-Dis-moi, tu sais ce que j’ai demandé à Ulrich ?
-Tu aurais effectué cette mission sans cela, je le sais.
-Oui.
-Je ne peux pas t’en vouloir Sissi. Avec ce que tu vas faire pour nous tous… tu mérites bien une petite récompense.
-Tu n’es pas jalouse ?
-Sissi, tu sais de quoi m’a tiré Ulrich ? Je n’étais qu’une agente au service de ce dictateur. Et il m’a libèrée.
-Tu as failli mourir pour Ulrich.
-Tu sais Sissi, depuis plusieurs années dans la prison dorée où j’étais en tant qu’actrice du régime, je n’avais plus vu d’homme. Que des pantins. Il fut le seul vrai homme que j’avais vu depuis des années, et il s’est battu pour ma vie, moi qui envisageais si souvent le suicide… Alors c’est bien peu lui rendre de lui appartenir corps et âme. Il m’aurait trompé avec toi, je lui aurais pardonné, je lui dois tant… Alors un baiser… et puis, il y a autre chose : je sais que tu l’aimes. Que tu l’as toujours sincèrement aimé depuis l’adolescence. Mais dans cette trame temporelle il est à moi : si tu réussis ta mission, il sera sûrement à Yumi. Moi je n’aurais pas eu le courage de faire ce que tu vas faire. »
C’était toute la cruauté de cette opération pour Ulrich et Océane. Savoir qu’ils seraient séparés, et qu’ils ne se manqueraient même pas… Mais qu’était leur amour face à un milliard de tués par Pitoyable ?
Ulrich s’était résigné.
« Dans ce monde, j’ai vu ma meilleure amie mourir. Et un jour, la PP nous trouvera et ce sera au tour d’Océane. Alors je préfère encore ne jamais l’avoir connue. »
« Bon, est-ce que tout le monde veut bien écouter ce que mes invités ont à dire ? s’énerva Salim. Je sais que vous devez m’en vouloir d’avoir caché leur participation à notre organisation, mais on ne pouvait prendre aucun risque. Ulrich ?
-Merci Salim. Je vous ai déjà expliqué comment mes amis et moi avons été amenés à combattre l’intelligence artificielle nommée XANA. En fin de compte, Jérémie a réussi à matérialiser l’humaine artificielle Aëlita. Mais XANA en a profité pour se matérialiser lui-même. Nous avons dû fuir l’usine. XANA a alors lancé une production massive de modules de matérialisation de ses monstres. Ne pouvant rien faire contre une telle armée, nous nous sommes tournés vers les autorités, civiles puis militaires. Personne ne nous a réellement pris au sérieux, et chaque officier nous aiguillait vers un autre. Jusqu’à ce que nous adressions au général Franklin Pitoyable. »
Personne n’avait trouvé au dictateur de surnom plus ridicule que son véritable patronyme.
« Le général a rapidement compris quelle opportunité XANA représentait pour lui et sa mouvance politique. Aussi a-t-il décidé de rassembler d’importantes forces militaires et de nous placer sous surveillance. Mesures qui nous ont paru normales dans un premier temps. Ce n’est que bien plus tard que nous avons compris que le général cherchait à gonfler la menace XANA et à nous garder prisonniers. Pitoyable a donc fait fabriquer des robots imitant les créatures de XANA. Ces monstres, totalement sous son contrôle, ont liquidé le gouvernement et tous les autres généraux. Dès lors, Pitoyable était seul au pouvoir. Mieux, il disposait du supercalculateur d’où était sorti XANA. Depuis, il utilise Aëlita comme otage pour forcer Jérémie à faire ce qu’il désire avec l’ordinateur. Une technologie fantastique, qui a facilement permis au régime néo-fasciste de Pitoyable de soumettre le monde entier.
-La version officielle des choses est que tous les monstres qui tuent, partout dans le monde, sont les créations de l’entité maléfique nommée XANA, et que les gentils soldats de la Protection Populaire sont là pour combattre ce démon, expliqua Salim. Un cercle d’initiés autour de Pitoyable sait que XANA est une invention de la propagande et que les monstres sont en réalité fabriqués dans des usines secrètes du régime. Mais ce que Pitoyable cache, sauf à nous ses ennemis, c’est que XANA existe réellement.
-Sans blaguer, expliqua XANA, il y a un moyen simple de distinguer mes créatures des copies de Pitoyable : les copies sont conçues pour être facilement écrasées par les soldats, tandis que mes vrais monstres les massacrent. Mais revenons au passé.
Ayant pris forme humaine, j’ai commencé à apprendre ce qu’était ce monde. J’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’une aberration à détruire, mais d’un trésor à préserver. J’ai appris ce qu’étaient le bien et le mal. Et j’ai compris que quelque chose ne tournait pas rond dans ce monde et que c’était lié au général. J’ai donc décidé de contacter les seuls humains qui savaient qui j’étais. Et j’ai commencé à m’attaquer aux soldats de ce Protecteur du Peuple, comme il se fait appeler.
-Moi et mes amis étions prisonniers dans une forteresse de Pitoyable, dit Ulrich. Mais il a vite trouvé que nous étions encombrants, alors qu’Aëlita suffisait amplement comme otage pour commander à Jérémie. Il nous a donc laissé une chance de nous évader, à moi, Odd et Yumi. Bien sûr, au cours de notre tentative, ils nous ont rattrapés et tirés dessus. Odd a été blessé. Yumi… » Il sera les dents. « s’est placée pour recevoir les balles qui m’étaient destinées. Elle est morte sur le coup. En revanche, Odd aurait pu être sauvé si leurs médecins avaient voulu. Ne restait plus que moi. Mais alors XANA commença à se manifester. Son retour fut caché à Jérémie, et Pitoyable chercha un moyen de me forcer à participer à un piège contre XANA.
-C’est ici que j’interviens, dit Océane. J’imagine que vous me reconnaissez, je suis l’actrice de cet immonde film de propagande. »
Océane avait en effet toute jeune été recrutée de force pour jouer dans un film à la gloire du régime. Les journalistes avaient vanté la beauté et la grâce de la jeune fille à juste titre : non seulement Océane était belle comme un ange mais c’était strictement la seule chose positive à dire de ce film : les journaux dévoués au régime n’osaient pas critiquer le réalisateur, qui avait été choisi par le Protecteur du Peuple, mais étaient incapable d’en écrire du bien : ç’aurait été un mensonge débile, et aurait pu leur porter préjudice si le dictateur avait fusillé le réalisateur une semaine plus tard pour son travail catastrophique. Mieux valait donc parler des yeux de l’héroïne.
« Pitoyable m’a ordonné de devenir agent du régime : il m’a ordonné de séduire par tous les moyens un prisonnier politique. Cela a encore mieux marché que prévu : j’en suis effectivement tombée amoureuse, et lui aussi. Cela convenait parfaitement à Pitoyable. Il a ordonné à Ulrich de l’aider à capturer XANA, faute de quoi je serais torturée et tuée. Ulrich a bien évidemment obéi.
-Mais c’était compter sans mes facultés surhumaines, continua XANA. J’ai même trouvé normal de devoir tuer une petite armée pour libérer Ulrich, puis Océane à sa demande. Je n’ai su que bien plus tard que c’était censé être un piège. J’ai ensuite enlevé, tué et défiguré un soldat ressemblant à Ulrich et une ressemblant à Océane. Alors que j’avais emmené Ulrich et Océane en sécurité, la PP a trouvé des corps qui semblaient être les leurs. Ils n’ont pas eu le temps de vérifier, je les avais piégés.
-Bien, dit Salim, je crois que vous avez maintenant compris pourquoi nous avons deux personnes qui selon la propagande sont des victimes de XANA parmi nous. Et deux blancs de plus. »
Tout le monde éclata de rire, même si l’origine de la blague était assez sinistre. Le fort racisme du régime avait poussé de nombreux noirs et beurs en France à entrer en dissidence. D’autres avaient rejoint l’opposition par idéalisme démocratique, comme le père de Sissi. Quand il avait été tué par la PP, elle avait rejoint la résistance à son tour. Elle avait été enchantée de retrouver Ulrich à leurs côtés, même si elle avait vite compris que ce ne serait pas elle qui remplacerait Yumi dans son cœur. Yumi… C’était aussi le prénom de la fille qu’Ulrich avait eu d’Océane, et dont elle était la marraine.
« L’heure était bien venue pour vous expliquer cela parce que Pitoyable prépare le bombardement chimique de toutes les provinces chinoises hébergeant des dissidents. Vous savez que les Chinois sont très courageux face à l’oppression, très méprisés par l’idéologie raciste du régime… et très nombreux. Des centaines de millions de morts en perspective. Nous préparons donc une opération de grande envergure qui vise rien de moins que de mettre fin à ce règne de terreur. Vous comprendrez pourquoi j’ai dû convoquer de tels alliés. »
« Alors Sissi, tu es prête pour ta part de l’opération ? » demanda Ulrich une fois rentrés à leur maison, où lui et Océane avaient invité Sissi et XANA pour la nuit.
« Oui bien sûr. Mais Yumi ? Qu’allez-vous faire d’elle ? demanda Sissi.
-Je la confierai à ma sœur, dit Océane. Même si on échoue… elle vivra.
-Mais on n’a pas le droit d’échouer, dit Ulrich. Trop de vies dépendent de nous. Même si cela veut dire que si on réussit… alors notre fille ne grandira jamais. Eh, Sissi ? Tu as l’air songeuse.
-Oh, rien. Je me disais juste… Moi dans aucune trame temporelle je ne porterai tes enfants.
-Désolé, mais j’ai peur que ce soit vrai. Pourtant tu es si différente aujourd’hui de celle dont je repoussais les assauts indésirables…
-Merci. Euh… J’ai juste une faveur à te demander Ulrich.
-Vas-y. »
Sissi se pencha à son oreille.
« Vous êtes sûrs que les défenses sont diminuées ? demanda un jeune résistant.
-On a lancé sur le palais présidentiel des balises attirant les faux monstres de XANA. D’ailleurs XANA a envoyé les vrais en renfort. Comme on ne peut pas les distinguer, les soldats se retrouvent avec un monstre vraiment costaud au milieu d’un groupe de camelote.
-Ca suffira ?
-Un jour j’ai vu deux mégatanks face à une rue remplie de chars d’assaut, raconta Sissi. Ils tiraient sur le premier, qui a fini par détaller. Les tirs l’ont suivi dans la rue où il a tourné. Ils n’avaient pas vu le deuxième, qui a ouvert le feu. Les chars se sont envolés et écrasés sur les soldats. Les krabes, c’est moins spectaculaire, ils percent les blindages.
-Et puis si les faux frolions larguent du gaz lacrymo, celui des miens est mortel. Mais les soldats ont trop l’habitude de combattre les faux, alors ils croient que le gaz n’est jamais mortel.
-Et si Pitoyable se doute que c’est une diversion ? demanda Océane.
-Allons Océane… Vous connaissez le légendaire courage du général. Même s’il devine que c’est une attaque de diversion, il gardera toutes ses troupes auprès de lui. Après tout, pense-t-il, même si nous détruisons le supercalculateur, il dominera le monde sans.
-OK, dit XANA. Ulrich, Océane, Mehdi, vous êtes prêts ?
-Pas de problème.
-Duplication virtuelle… fusion… matérialisation ! »
XANA avait découvert qu’il pouvait concentrer assez d’énergie pour donner à trois volontaires les pouvoirs que les enfants avaient jadis sur Lyokô. Ulrich les siens, Océane ceux de Yumi, Mehdi ceux de Odd. Sissi avait été refusée pour ce rôle : tout dépendant d’elle, on ne pouvait pas l’exposer ainsi.
Les superguerriers du monde réel attaquèrent les soldats d’élite, qui eux n’étaient qu’humains. La vitesse surhumaine des amis eût vite fait de tuer tous les soldats qui se trouvaient sur leur chemin. Car dans ce monde, celui qu’Ulrich sabrait saignait, et ne disparaissait pas proprement comme sur Lyokô. Les têtes qui se trouvaient sur le chemin de l’éventail d’Océane (quelle ironie de lui faire remplacer ainsi la fille qu’Ulrich avait tant aimé) et des flèches de Mehdi explosaient, tout simplement. Ce soir l’image que la propagande donnerait des combattants ne comptait plus.
Quand ils arrivèrent aux chambres (après avoir « dégagé » le supercalculateur), les superpouvoirs avaient été désactivés. Mais il leur restait d’autres ressources : XANA était entré discrètement dans la pièce tandis que Salim jouait de la mitraillette pour détourner l’attention des soldats. Une fois entré dans la pièce, XANA avait lancé ses poignards empoisonnés. Car si les humains ne voyaient pas dans le noir, XANA, lui, regardait surtout les courants électriques. C’est comme ça qu’il voyait les humains dans le noir, mais seulement les vivants.
« OK, il n’y a plus que deux êtres vivants ici ! »
Ulrich entra et alluma la lumière.
« Pourquoi te caches-tu au milieu de soldats quand un vieil ami veut te parler… »
Il retira son casque.
« …Jérémie. »
Jérémie mit un temps à se remettre du choc.
« Ulrich ? On m’avait dit que tu étais mort.
-Rassure-toi : Odd et Yumi, eux, sont bien morts. Ils n’avaient besoin que de toi. Oh, et Aëlita aussi.
-Ulrich, d’exclama Aëlita. C’est si bon de te revoir, dit-elle en accourant pour l’embrasser.
-Ne m’approche pas ! »
Il dévisagea durement Aëlita, comme les autres combattants de la liberté. Elle n’était pas si laide, mais Ulrich ne retrouvait pas sur son visage la joie de l’amie dont il se souvenait. Bien sûr, même parfaitement maquillée et sapée des fringues les plus indécemment chères, elle était loin d’être aussi belle qu’Océane.
« Tiens, dit Océane, moi on m’avait dit que je n’aurais droit à ces fringues de luxe que si je devenais courtisane de ce foutu tyran.
-Je ne vous permets pas ! explosa Jérémie.
-Oh, je comprends, Pitoyable t’accorde tous les privilèges. Peut-être que si j’avais été courtisane, je t’aurais aussi été offerte en cadeau. Enfin, grâce à Ulrich, je suis libre.
-Ulrich, ça ne te gène pas que ta femme traite la mienne de pute ?
[NDLA : le mot femme est employé par pure commodité, ni Jérémie et Aëlita ni Ulrich et Océane ne sont mariés : aucun des deux couples n’a envie d’être marié par un fonctionnaire du régime, et Ulrich et Océane vivent cachés]
-Pas plus que de dire que tu es un connard et le complice d’un boucher.
-Vues les tenues qu’elle porte dans ce film, elle peut parler la tienne. »
Ulrich brandit son revolver à la figure de Jérémie.
« Mort, je vous servirai à rien.
-Mais avec une balle dans le genou, ça gênerait pas. Jérémie, repris durement Ulrich, nous ne sommes pas ici pour te faire payer ta complicité dans des massacres de millions de personnes, mais pour exiger ton aide pour mettre fin à ce cauchemar.
-Mettre fin ? Mais comment ? demanda Aëlita.
-On va utiliser le supercalculateur pour expédier Sissi dans le passé. Elle interviendra pour empêcher à tout prix ce désastre.
-C’est possible ? s’étonna Jérémie.
-Parfaitement, dit XANA. Si on parvient à saturer l’impédance de l’amplificateur opérationnel linéaire du découpleur de négatrons à isolation de phase, on pourra atteindre la fréquence critique, provoquant des distorsions dans le portrait de phase quantique du consortium de l’espace-temps fractal. Enfin on espère. [Bien entendu c’est du pur charabia, soigneusement choisi pour ne rien vouloir dire !].
-Je te fais le topo, Jérémie : que tu nous aides ou non, on tente le coup. Si on réussit, on vivra dans un monde libre sans jamais avoir connu ce chaos. Si on échoue, une brigade d’élite arrivera ici et nous tuera tous d’ici une heure. Sauf peut-être si Pitoyable te laisse en vie. Tu pourras toujours dire que tu n’as pas participé : que tu nous aies aidé ou pas, tu seras aussi crédible auprès du général. La seule chose que change ta participation, c’est les probas.
-Jérémie… souffla Aëlita. S’ils réussissent… peut-être que ce monde sera remplacé par un monde dans lequel notre enfant vivra libre, et pas incorporé de force dans l’armée.
-Mais peut-être que dans le passé modifié, on t’aura sacrifiée.
-Quand nous étions jeunes, je vous ai demandé une fois de prévenir les autorités, parce que la vie de dizaines de personnes comptait plus que moi. Cette fois c’est de plus d’un milliard qu’il s’agit.
-OK, je vous aide. »
« Ulrich ? Tu as une dernière promesse à tenir avant mon départ.
-C’est vrai Sissi. » répondit Ulrich. Et il embrassa tendrement celle qui avait aussi été la première qu’il ait embrassée. C’était cela sa demande : qu’il lui donne son dernier baiser dans cette trame temporelle.Ulrich avait accepté, si Océane voulait bien. Sissi se souvenait de leur conversation.
C’était si étrange de retrouver ces scanners. D’y faire entrer… Sissi ? Oui, c’était bien elle.
« Le transfert va pouvoir être lancé. Sissi !
-T’inquiète Jérémie, elle dira rien. T’es vraiment verni : moi je me suis battu contre ce dictateur, et en récompense je serai séparé de la mère de ma fille. Toi tu t’es plié devant ce salaud, et en récompense on va se battre pour te permettre d’aimer ta chérie hors d’une prison dorée.
-Attention, dit XANA. Transfert Sissi. Expédition dans le passé… Détemporalisation. »
Ce fut le dernier événement qui eut lieu dans cette trame temporelle. En fait, tout était comme si XANA avait provoqué un retour dans le passé, annulant même les morts et les mémoires. Sauf pour Sissi Delmas…
Sissi se leva. Elle sourit. Elle aimait retrouver ce collège. Elle alla ensuite devant sa glace. Elle avait été jolie quand elle était jeune. Contrairement à Océane, elle ne pouvait pas rester très attirante sans soins et mal habillée. Quelle idiote elle avait été ! Pourquoi avait-elle été cette peste quand elle était jeune et insouciante ? Sans cela, elle aurait pu plaire à Ulrich.
Mais elle avait une mission à remplir. Elle alla faire la bise à son père (quelle fille odieuse elle devait être pour qu’il la soupçonne d’avoir quelque chose à demander !) puis descendit à la cantine. Jusqu’ici, elle avait aimé se retrouver dans son corps de douze ans. Mais la confrontation avec ses ex-ennemis serait une sacrée épreuve…
« Bonjour Ulrich, bonjour Jérémie. Salut Odd. Yumi n’est pas avec vous ?
-Non, répondit Ulrich. Mais si elle était là…
-Pas le temps pour ces conneries. Vous devez lui dire de vous rejoindre à l’usine.
-Hein ?
-Je sais que XANA prépare une attaque. Il doit être arrêté à tout prix.
-Attends, comment tu connais XANA ? s’inquiéta Jérémie.
-J’en sais bien plus que vous. Je vous expliquerai en chemin. »
« Et donc il a fallu appeler l’armée pour arrêter XANA ?
-Oui, mais après c’est l’armée qui est devenue le problème. Un facho a utilisé la crise XANA pour prendre le pouvoir. Et XANA lui-même a appris à distinguer le bien du mal. Il a sauvé l’un d’entre vous, quand le général a tenté de tous vous neutraliser.
-Qui ça ? Qu’est-ce qu’on est devenu, tous ?
-Ecoutez, certains d’entre vous sont morts. Les autres… Je suis désolée, j’ai juré de ne rien dire. Vous pourriez vous reprocher ce que vous avez fait dans ce monde, alors que ce n’est pas de votre faute.
Donc on a mis ce plan au point. Et avec l’aide de XANA, on a décidé d’expédier mon esprit dans mon corps d’aujourd’hui.
-Pourquoi toi ?
-Pour que vous ayez un guerrier supplémentaire sur Lyokô, et quelqu’un que vous connaissez déjà, c’était plus simple.
-Et là, qu’est-ce qu’on doit faire ?
-XANA m’a expliqué qu’il avait mis longtemps à se forger une conscience. Donc il ne nous aidera pas ici. Donc deux solutions : ou bien on désactive XANA, et tant pis pour Aëlita.
-Et l’autre ? demanda immédiatement Jérémie.
-On attaque à tous les lyokoguerriers habituels plus moi, dans le cinquième territoire.
-C’est quoi ça ? demanda Odd.
-Une partie secrète de Lyokô dont XANA m’a donné les codes d’accès. Si on en atteint la tour centrale, on pourra carrément désactiver l’IA de XANA.
-Euh, c’est lui qui t’a donné les codes pour ça ? s’étonna Yumi.
-Il est conscient que le lui-même de cette époque ne mérite pas mieux. Et qu’il ne pourra pas être raisonné.
-Moi je lui fait confiance, dit Odd.
-Idem, dit Ulrich.
-Ca me paraît cohérent, dit Jérémie.
-Prête à prendre le risque, dit Yumi.
-Mais si on va dans ce territoire… alors il n’y aura aucun espoir de retour si nous n’atteignons pas la tour. Si on se fait dévirtualiser, on cesse d’exister. Enfin, sauf si XANA décide le contraire, mais ça risque pas.
-On est prêts à y aller.
-Jérémie… dit Sissi. Tu sais que si c’est perdu, tu devras désactiver XANA ? Et tous nous tuer ?
-Je… oui, au pire, je le ferais. »
Ils arrivèrent en effet dans le cinquième territoire. Mais une tour fut activée, sans conséquences visibles sur Terre. Pas grave, dit Sissi, s’ils désactivaient XANA, l’attaque cesserait.
« Attention, un monstre arrive… Jamais vu si puissant… C’est XANA lui-même !
-Fuyez, je vous couvre ! » annonça Yumi. Et elle apprêta son éventail.
XANA apparut. Un colosse immense, au moins trois mètres. Une armure effrayante, hérissée de pointes. Des griffes démesurées. Il semblait invincible.
Impression confirmée quand Yumi lança son éventail. Il ne réagit pas, et ne fut pas le moins du monde affecté par l’impact. Mais de sa bouche sortit une horrible bulle rouge… un gardien ! Yumi s’enfuit à toutes jambes. Mais la bulle la rattrapa et l’emprisonna.
« Yumi prise par un gardien ! hurla Jérémie.
-OK, on va la libèrer, dit Ulrich.
-NON ! C’est trop tard, dit Sissi. Contre XANA on n’a aucune chance. Elle est perdue Ulrich.
-On la sauvera ou on mourra tous ! dit Odd.
-Ce sera la deuxième option. Mais si Aëlita vous suit, je n’ai plus qu’à venir… » gémit Sissi.
Tous se retrouvèrent face au terrible colosse. Odd se mit à tirer des flèches. Le colosse n’eut pas un mouvement : elles étaient sans importance pour lui. Aëlita voulut alors utiliser son pouvoir pour ouvrir une faille sous les pieds de XANA. Celui-ci ne réagit pas. Mais quand il se retrouva les pieds reposants sur le vide, il ne tomba pas.
« Mais comment il fait ! hurla Ulrich.
-Stupide préjugé humain ! Nous sommes dans un monde virtuel ! la gravité est une convention que je pose ou non ! »
Odd ne chercha pas à comprendre et voulut courir pour s’accrocher à XANA, tenter de le gêner. Mais son premier pas le propulsa et il partit en ligne droite dans les airs de Lyoko.
« Voilà ce qui se passe sans gravité, dit XANA. Et voilà ce qui se passe avec trop. »
Odd s’écrasa brutalement. Aëlita voulut profiter du détournement de l’attention de XANA pour libérer Yumi, mais XANA fit alors un mouvement de la main : le gardien libèra Yumi et emprisonna Aëlita. Ulrich fonça pour attaquer XANA. En même temps, Odd tira encore des flèches, Yumi lança son éventail et Sissi se rua pour attaquer avec ses griffes métalliques. XANA n’eut qu’à libèrer une onde de choc qui les mit à terre. Les projectiles furent bien entendu sans effet.
« Jérémie, est-ce que tu es prêt à désactiver XANA au cas où ? demanda Ulrich.
-Non ! Son attaque consistait à mettre un courant électrique le long de sa coque ! Je peux pas l’approcher, ni sortir d’ici pour aller chercher du matériel isolant.
-Donc on doit s’en sortir seuls ? demanda Odd.
-On peut toujours tenter. » soupira Yumi.
Ulrich se détripla pour tenter une nouvelle attaque dérisoire. Pendant ce temps, un rayon sortit des yeux de XANA et dévirtualisa Odd. Contrairement aux rayons des monstres, lents comme des fléchettes dans le monde réel, celui de XANA frappait instantanément, retirant 100 points de vie au moment même où XANA y pensait. Ulrich et ses doubles chargèrent, espérant que XANA n’aurait pas le temps de dévirtualiser le vrai avant qu’il ne frappe. Mais un rayon sortit de chaque œil et un troisième de la bouche, dévirtualisant les trois d’un coup. Yumi avait soulevé des rochers par télékinésie pour les précipiter sur le titan. XANA n’en aurait pas souffert, mais il envoya un rayon laser courbe, qui contourna les rochers et frappa Yumi. Ne restaient qu’Aëlita, prisonnière du gardien, et Sissi, qui savait n’avoir aucune chance.
« Euh, demanda Odd, on n’était pas censés mourir si on était dévirtualisés ? demanda Odd.
-Ben si, répondit Ulrich. Sauf si XANA voulait qu’on reste en vie. »
Sissi attendait d’être frappée à son tour, persuadée d’y perdre simplement la vie. Mais le colosse leva un bras et lança un rayon différent. Sissi se courba sous la douleur qu’elle ressentait. XANA avait tout simplement lancé un programme pour pénétrer son esprit.
« Aëlita ? Comment tu as pu être matérialisée ?
-Je sais pas Odd. On dirait que c’est XANA lui-même. Au lieu de m’achever, il a activé un programme qui m’a matérialisée.
-Eh, le scanner s’active encore ! » cria Yumi.
Ils s’écartèrent. Sissi sortit du scanner. Du moins ce qui sortit du scanner avait son apparence.
« Tuer… Il faut tuer. »
C’était la voix de XANA.
« Je crois… je crois que XANA a parasité le corps de cette fille ! s’alarma Aëlita.
-Pitoyable… C’est… Pitoyable ! » dit encore la voix de XANA. Sissi se leva alors, et son corps se mit à croître, se transformer et changer de couleur. Les pointes rouges percèrent les vêtements de la jeune fille. Quelques secondes plus tard, au milieu des lambeaux des vêtements, se tenait XANA dans sa colossale armure.
« Oui, c’est Pitoyable l’homme qu’il faut tuer ! hurla-t-il.
-XANA ? demanda Aëlita.
-C’est moi. Enfin… je me suis approprié l’esprit de cette fille. J’y ai appris les sentiments humains… Mais aussi le destin de l’humanité si je n’interviens pas. »
XANA se dirigea vers l’ascenseur. Visiblement le courant mortel avait été désactivé.
« Jérémie ? demanda-t-il en entrant dans le laboratoire.
-XANA ?
-J’ai emprunté le corps de cette Sissi. Je l’ai remodelé… Je lui rendrait intact, et avec sa mémoire d’ado, quand j’aurais fait un petit travail…
-Quoi ? demanda Jérémie.
-Tuer le général qui a pris le pouvoir dans ce futur que Sissi m’a fait voir.
-Mais c’est un crime ! hurla Ulrich. Et puis il a rien fait dans notre monde !
-Mais dans celui de Sissi il a tué plus d’un milliard de personnes ! Il est virtuellement, comme vous dites, le pire criminel de l’histoire. L’un d’entre vous a juré que s’il devait sacrifier son amour et leur enfant pour tuer cet homme, il le ferait. Et il a TUE certains d’entre vous.
-Ce n’est pas pareil, c’est un monde en guerre, opposa Jérémie.
-Quelle que soit la réalité qu’il nomme sa planète, Pitoyable est Pitoyable. » dit XANA. Il se mit ensuite à utiliser l’ordinateur pour pirater des serveurs de l’armée. Rapidement il sut où travaillait le général, et même le visage de son aide de camp…
« Attendez-moi sans toucher à mon unité centrale, et Sissi et Aëlita pourront vivre. Yumi, tu pourrais aller chercher des vêtements de rechange pour Sissi ? Mes pouvoirs de métamorphe me permettent de créer des vêtements intégrés à mon corps, elle ne peut pas en faire autant. »
XANA découvrait maintenant le monde des humains. Il l’avait jusqu’ici considéré comme une anomalie à effacer. Il savait maintenant que les humains étaient des êtres dont les vies étaient précieuses. Mais surtout, il savait que Pitoyable était une anomalie en lui-même. XANA avait fini par réaliser que les humains étaient illogiques, mais Pitoyable avaient la palme : en piratant les banques de données scientifiques, XANA avait lui-même vérifié : les races humaines étaient un mensonge, comme le disaient les généticiens. Pitoyable poussait l’illogisme jusqu’à prétendre qu’il en existait des supérieures à d’autres !
Oh, ces enfants n’étaient pas toujours logiques non plus… Ulrich avait voulu protèger Pitoyable, le meurtrier de Yumi ! Mais XANA voulait que ces enfants survivent. Qu’on se souvienne un peu de lui…
Ce n’était pas très difficile, vu les pouvoirs de métamorphoses dont disposait XANA. Bien sûr, cela faisait partie des pouvoirs qu’il aurait perdu si l’unité centrale était désactivée ou retournée contre lui, comme dans ce futur. Mais il avait confiance : il avait prévenu Jérémie que s’il le trahissait, Sissi et surtout Aëlita mourraient. Et puis n’avait-il pas prouvé sa bonne foi en épargnant les lyokoguerriers ?
XANA n’avait eu aucun mal à découvrir les codes d’entrée. Sous l’apparence d’un lieutenant, il passa les contrôles. Il put même entrer dans le bureau du général alors que les systèmes de surveillances crurent que le général était seul. XANA ne laissait pas d’empreintes digitales, pas d’ADN… Et le bureau du général était blindé et insonorisé. Bref, une fois dans le bureau, XANA put facilement abattre le général, puis maquiller en suicide. Inutile tout de même de faire accuser un lieutenant innocent.
« XANA ?
-C’est fait. Tout est fini maintenant.
-Alors on fait quoi ?
-Yumi, tu as apporté des vêtements de rechange à Sissi ?
-Oui oui, ça ira ?
-Parfait. Jérémie va me virtualiser. Ensuite, on rematérialisera Sissi, avec sa mémoire d’adolescente. Vous quitterez l’usine. Puis je lancerai une dernière attaque… pour détruire tout ce fourbi électronique, et moi avec.
-Vous allez mourir ?
-Je ne comprends pas ce mot. Je pense qu’il n’est pas valable pour moi. Mon existence est illogique, c’est tout. Je dois corriger cette erreur. »
« Yumi ? Elle va bien ? demanda Jérémie.
-Furax mais en forme, dit Yumi en éclatant de rire.
-Non mais vous allez m’expliquer ce que je fais ici ! Et pourquoi vous avez déchiré mes fringues ? Je déteste le noir, non mais quel manque de goût Yumi !
-Eh ben c’est ce qu’on pouvait imaginer. Bienvenue dans le lieu où nous faisons toutes nos cachotteries, Sissi.
-C’est ici que vous complotez ? Et c’est qui cette fille ?
-La maîtresse des lieux. Enfin plus pour longtemps. Combien de temps Einstein ? demanda Odd.
-Une demi-heure. Autant partir d’ici tout de suite.
-Allez viens, dit Odd. On va tout t’expliquer beauté. » dit Odd.
Il ne se moquait même pas d’elle. La veille, ils n’auraient jamais voulu d’elle dans la bande. Mais la vue de celle qu’elle était devenue dans le futur la faisait remonter dans leur estime. Et dispensait Odd de faire semblant de la trouver moche.
Epilogue : la petite danseuse étoile
Les six amis, Jérémie et Aëlita, Ulrich et Yumi, Sissi et Odd, étaient allés ensemble à un ballet de danse classique. Lors du dernier tableau, ils furent tous frappés par la grâce et la beauté de la danseuse au centre, qui avait leur âge. Ils allèrent lui parler à la fin de la représentation, Aëlita mourrant d’envie d’apprendre à danser ainsi elle aussi. Océane, la jeune danseuse, lui raconta très gentiment comment elle avait apprit la danse. Ils se dirent au revoir très poliment, mais il y avait peu de chances qu’ils se revoient. Océane les aurait vite oubliés, et seule Aëlita se souviendrait un peu de la danseuse. Aucun n’aurait put imaginer que dans une autre vie, elle et Ulrich s’étaient aimés. Après tout, cette autre vie n’aurait eu lieu que si Pitoyable avait vécu, n’est-ce pas ? Et avec des si, on mettrait Paris en bouteille… Ou Pékin en cendres, comme cet homme avait rêvé de le faire. Dans cette réalité, Ulrich n’imaginait pas qu’il aurait pu aimer une autre que Yumi. Jérémie était sûr d’être heureux auprès d’Aëlita, et elle aussi. Et ils étaient persuadés qu’ils seraient toujours amis, et que rien n’aurait pu faire qu’il en soit autrement.
FIN
Note: je repars sous peu en vacances: si vous n'avez rien compris, je serai pas là pourvous expliquer.