Comment tout est arrivé...
Point de vue: Ulrich...
« Ça devait bien arriver un jour ».
Cette phrase se répétait en boucle dans ma tête depuis un bon moment, sans que je n'arrive pour autant à l'accepter.
De même que celle-là : « Elle s'en va » .
Et oui, elle s'en va ! Et je ne peux rien y faire, malheureusement.
« Mais pourquoi ? Pourquoi maintenant, après tant d'épreuves, tant de problèmes, celui-là nous tombe dessus ? La vie est injuste ! »
Oui, la vie est injuste, mais elle m'a sourit, quand je l'ai rencontrée...
Et maintenant, maintenant qu'on aurait pu arriver à quelque chose tout les deux, à repartir de zéro comme on l'avait toujours souhaité, à tout oublier, enfin presque tout, il y a des choses, des mots qu'elle m'a dit et que je ne veux jamais oublier. Jamais.
Bref, maintenant que la vie recommence à nous sourire, elle s'en va.
Stupide déménagement, impossible pour elle d'y échapper. Et elle s'en va.
Elle, c'est tout pour moi, c'est ma vie, mon rayon de soleil, les battements de mon cœur, l'air que je respire, c'est celle qui me fait vivre, celle qui me fait rougir comme un gamin, celle qui me fait frissonner d'un seul regard, celle qui comprend que j'ai un problème quand les autres ne voient rien. C'est celle qui me console de ma vie, de tous mes problèmes. Et pour ça, elle n'a rien de spécial à faire, juste le fait qu'elle soit là. Elle a juste besoin d'être là, près de moi, c'est suffisant.
Mais elle s'en va, loin, loin de Paris, loin de Kadic, loin de ses amis, loin de moi ...
J'ai un poids sur le cœur, en plus du mur qui s'y dresse par habitude, imposant et qui fait que personne n'arrive à l'atteindre. Sauf elle.
Elle, elle a atteint mon cœur à un niveau que je ne soupçonnais même pas avant de la rencontrer. Au plus profond, à l'intérieur, là où je cache mes sentiments, et là, comme une flèche de Cupidon empoisonnée, elle a frappé dedans, en plein dans le mille, la zone de l'amour.
Je n'avais jamais cru au coup de foudre avant de croiser ses yeux noirs qui m'ont fait perdre la tête depuis. Un coup de foudre, c'est le mot, j'ai pris un coup en plein cœur. Et ça fait du bien au début, c'est agréable, c'est tout doux, c'est la première fois que ça arrive, c'est normal. Le seul truc, c'est qu'agréable, ça n'a pas duré longtemps pour nous deux.
FLASH BACK
On s'est rencontré au cours de pentchat-silat.
C'est un sport de combat peu connu, mais notre prof de sport avait choisit celui-là, allez savoir pourquoi. Il avait crée un club de pentchat', en fin de journée, ouvert à tout le monde. Ça tombait bien par ce que ce jour-là, j'avais besoin de me défouler. J'en avais ras le bol de mon pot de colle attitré: miss Élisabeth Delmas, fi-fille à son papa, le principal de Kadic. Rien que ça. Pff, prétentieuse.
Je n'ai jamais aimé ce genre de filles: habillées toujours à la pointe de la mode, maquillées de trop, et intelligentes comme mes deux pieds réunis. Croyant avoir un charme irrésistible. Le pire, c'était son surnom: Sissi! Comme Sissi l'impératrice. Elle aurait pas pu trouver pire, et je plains sérieusement l'héroïne qui porte le même nom, ne parlons même pas de la princesse, qui, heureusement pour elle, est décédée bien avant de rencontrer notre Sissi.
D'après les filles, je suis plutôt mignon: brun, les cheveux en bataille et les yeux bruns. On ne peut plus banal. Et petit pour couronner le tout. C'est embêtant, mais ça a ses avantages, pour le pentchat', par exemple. Pratique pour certaines prises compliquées. Grâce, ou peut être à cause de ça, je suis musclé. Pas mal même, comparé à mon voisin de chambre, quel maigrichon celui-là. Excusez-moi, svelte, pas maigrichon! Sinon, je suis assez renfermé, j'ai tendance à garder tout mes problèmes pour moi seul. Ça attire les filles ça, les mecs renfermés, ça crée du mystère. Mes habits verts aussi, ça aide, ça fait mystérieux, et puis j'aime bien cette couleur. C'est ça qu'elles aiment chez moi, mon côté mystérieux. Mes cheveux en bataille, ça ajoute du mystère et, selon elle, mes yeux sont magnifiques, pas basiques comme je le pensais, ils sont marron, certes, mais d'un très beau marron chocolat, et ont comme des reflets dorés, elle aime bien. Si ça lui plait, tant mieux, c'est bien la seule à qui je veux plaire. Je donnerai tout pour elle...
Arrivant au gymnase, il n'y avait que notre bon vieux Jim, surveillant et prof d'E.P.S. du collège Je n'avais pas spécialement envie de faire un tête à tête avec lui, mais il m'avait vu entrer, c'était donc trop tard pour se défiler. Je me suis assis, et j'ai attendu patiemment que cette torture se termine. Les discours de Jim, il n'y a pas pire comme punition...
Il était entrain de parler de restaurant chinois, et je ne me rappelle même plus comment on en est arrivé là, quand elle est arrivée. Grande, mince, sa tenue laissant apercevoir son ventre blanc, contrastant avec ses beaux cheveux noirs d'encre coupés au carré. Un beau visage, tout en finesse, de grands yeux noirs aussi, pétillant de malice et ... Bridés !
Le prof faisait moins le fiers, d'un coup. Il a bredouillé des excuses auxquelles elle a répondu de sa belle voix:
« Oh, mais y'a pas de mal, monsieur. Moi, j'suis japonaise»
Japonaise. Cela expliquait ses yeux, sa peau pâle et son charme asiatique.
Mais qu'est ce qu'elle était belle, bon sang!
Elle s'est installée près de moi et j'ai pu l'observer de plus près. Whaou! Belle c'était le moins qu'on puisse dire! Mais qu'est ce qu'une fille pareille venait faire dans un cours de sport. C'est vrai qu'elle avait l'air musclée, mais de là à venir ici...
Quand elle a remarqué que je la regardais, elle m'a reluqué aussi et a soutenu mon regard pendant un long moment.
C'était la première fois qu'une fille me regardait de cette manière.
Je ne sais plus vraiment mais je crois que c'est à ce moment que j'ai compris qu'elle n'était pas comme les autres. Ses yeux noirs m'hypnotisaient complètement, encadrés par deux rangées de longs cils bien recourbés.
Elle a coupé la communication brutalement et j'ai battu des cils dans le vide. Je m'étais perdu dans les étoiles que j'avais découvert et qui brillaient dans ses iris d'ébène. J'émergeais de ma torpeur et remarquais qu'elle se mordait les lèvres, plantant ses incisives dans la chair de sa lèvre inférieure. Ce geste me fit frissonner de la tête aux pieds. Elle semblait absorbée par la conversation du prof mais ce n'était qu'une subtile illusion, je le comprit quand elle me jeta un regard en biais durant une fraction de seconde.
Elle détourna les yeux quand elle vit que je l'observais encore et recommença à écouter ce bon vieux Jim qui venait de lancer une de ces bonnes phrases ridicules dont il avait le secret. Elle éclata de rire et je m'efforçais de faire pareil, avec à la fin, un sourire grand comme ça.
Sourire qui ne dura pas longtemps.
Elle était belle, ok, elle avait un rire magnifique, c'est vrai, et j'étais totalement sous son charme, d'accord, ça, j'admets. Mais le pire, c'était qu'en plus de ça, elle était super douée en sport. Je vous jure, même une pro n'aurai pas fait mieux qu'elle.
Je l'ai tout de suite compris quand nous avons dû nous affronter en combat. Elle para mes premières attaques avec une facilité qui me déconcerta et effectua même un salto arrière. Une pro, je vous dis.
J'étais pourtant doué en sport, surtout en pentchat, mais elle me battit comme un débutant, et, m'envoyant au sol, elle me maintint dans cette position en appuyant sur mes épaules. Son visage si près du mien. Je perdis immédiatement le contrôle de tout et sentis mes joues devenir plus chaudes.
Je mis un temps à comprendre. Je rougissais. Moi! Je rougissais face à une fille! Sans plus aucun contrôle sur moi je me laissais rougir et l'observais. Et là je me rendis compte d'un truc: elle n'exerçait plus aucune pression sur mes épaules et... Elle rougissait aussi!
Elle reprit cependant ses esprits plus vite que moi. Et quand le prof déclara la fin du match, elle se releva et je partis rapidement, quittant ce gymnase qui m'avait fait rencontrer un ange.
S'il y a bien une chose qui m'énerve chez moi, c'est mon mauvais caractère. Un vrai caractère de cochon.
Je partais donc sans la saluer, ce qu'elle n'apprécia évidemment pas. C'est pourquoi je n'espérais pas trop qu'elle réponde à mon message. Ah oui, c'est vrai, je lui avais envoyé un mot, lui demandant de revenir au gymnase pour que je puisse avoir droit à une revanche.
À vrai dire, c'était surtout dans l'espoir de la revoir.
J'avais pensé à elle toute la journée, à son visage, à ses cheveux, à ses yeux, à son rire. Tout y passait. J'étais complètement obséder par cette fille. Amoureux ? Moi ? A l'époque, je m'en pensais incapable.
J'allais donc au gymnase à l'heure prévue, ne faisant pas trop de faux espoirs à l'idée qu'elle y soit.
Je poussais la porte dans le vide. Aucun bruit. J'avançais la tête mais ne la vit pas. Au moment j'allais repartir, la porte se referma et je la découvris cachée derrière, accoudée contre le mur.
« Alors, une défaite ça t'a pas suffit ? »
Je souris discrètement et la regardais droit dans les yeux. Elle souriait aussi. Et elle était encore plus belle que dans mon souvenir. Je m'efforçais de ne rien laisser paraître, ni le soulagement, ni la joie de la voir ici. J'avais ma réputation à tenir. Aucune fille ne me plaisait. J'étais célibataire et je comptais bien le rester! Je lui répondais donc normalement, comme si je parlais à quelqu'un comme les autres.
« Ben non, j'aime pas rester sur un échec ! »
Mon ton était parfait. Ça avait plutôt bien marché ! Elle s'était tournée vers moi, me souriant furtivement, puis s'était dirigée vers le centre du gymnase, exactement là où on s'était battu la veille.
« Ça tombe bien, moi j'adore les défis ! »
Je la suivais et lui répondais en même temps:
« Tu vas être servie ... »
Et on recommença à se battre. Coups de pieds, de poings, esquives à droite, puis à gauche. Et plus on se battait, plus je tombais amoureux d'elle. Ça me rendait fou de l'admettre, mais c'était irrévocablement vrai...
Au bout d'une demi-heure environs, on s'arrêta d'un commun accord pour faire une pause. C'était le moment de lancer la conversation sur elle ! Je voulais tout savoir !
« Tu pratiques depuis longtemps ? »
Autant commencer par quelque chose qui nous passionne tout les deux, non ?
« Assez, ouais... Pourquoi ? Tu trouves ça bizarre pour une fille ?»
Ok, d'accord, ce n’était peut-être pas la meilleure idée que j'ai eu ! Elle était vachement susceptible. Je la jouais donc franc jeu mais il était vrai que ça me dépassais un peu. Une fille… Au pentchat’… Qui me bats…
« Euh... du tout ! »
J'enchainais direct sur ma présentation.
« Au fait, j’me présente, moi c'est Ulrich, et toi c’est... euh... Yuri ? C’est ça ? »
Petite aide pour ceux qui débutent en drague, ne jamais écorcher le prénom d'une fille, surtout si elle est plus forte que vous. J'en fis tout de suite l'expérience. Elle me faucha le pied, et je m'écroulais durement sur le sol.
« C'est Yumi ! »
Aie ! Mais wouah ! Elle souriait, se moquant ouvertement de moi, mais même en sachant pertinemment ça, ma douleur s'effaça d'un coup. Je me redressai sur mes coudes et la dévorais du regard tout en lui offrant un sourire d'excuse, qui fit pourtant son petit effet. Elle redevint sérieuse d'un coup. Hum ? Dommage ... Changement de tactique !
« Autant pour moi ! Je le méritais amplement ! »
Toujours reconnaître ses fautes.
Elle eut un petit sourire en coin et me tendit la main pour m'aider à me relever. Charmante attention. Je l'attrapai et me levai. Sa paume était douce et chaude. Elle me fit frissonner. Je relevai les yeux et lui lançai un sourire étincelant, histoire de vérifier quelque chose. Elle cligna des yeux, comme éblouie. Mon sourire s'agrandissait. Apparemment oui, mon charme marchait sur elle ... Yeees !
« Merci, Yumi ... »
Il me sembla, l'espace d'un instant, qu'elle rougit. Je faillis rajouter qu'elle avait un très joli prénom, mais me ravisais. Ça aurait fait ringard et ça aurait été de trop je pense. Du coup, je ne le lui aie jamais dit.
FIN DU FLASH BACK
Son prénom hante mes nuits maintenant. Surtout depuis une semaine, date à laquelle elle nous a annoncé son départ. Elle part demain et je ne peux pas dormir. C'est impossible! Pas en sachant que dans quelques heures elle repart pour son pays d'origine, à des milliers de kilomètres de la France ... Le Japon ...
Et elle s'en va ... Mais elle ne s'en ira pas comme ça ! Pas tant que je m'appellerai Ulrich Stern !
Elle ne partira pas ! Ou sinon je partirai avec elle.
Balancer vos impressions !
« Is this the end of the moment ? Est-ce la fin d'un moment ?
Or just a beautiful unfolding Ou juste un beau dénouement
Of a love that will never be ? D'un amour qui n'aura jamais lieu ? » ♥
[...]
« I wonder Je me demande
If maybe Si peut-être
Maybe I could be Peut-être je pourrais être
All you ever dreamed, cause you are... Tout ce dont tu as toujours rêvé, car tu es...
Beautiful inside Beau à l'intérieur
So lovely and I Si mignon et je
Cant see why I'd do anything without you, you are... Ne vois pas ce que je pourrais faire sans toi, tu es... » ♥
[...]
« Is this a natural feeling ? Est-ce un sentiment naturel ?
Or is it just me bleeding Ou est-ce que cela me fait juste saigner
All my thoughts and dreams Dans toutes mes pensées et rêves
In hope that you will be with me ? or Dans lequels j'espère que tu seras avec moi ? ou
Is this a moment to remember Est-ce le moment de se rappeler
Or just a cold day in December ? Ou juste une froide journée de Décembre ? » ♥
Safetysuit ~ Anywhere but here ♥