La folie d'Ulrich
Ps: Ne vous inquiétez pas, lors de ma "puisance" dans la fic, je changerais des choses,n'abusez pas.
PPs: Cette fic peut aussi être classée en tant que romantique
« Encore une magnifique journée loin de toi. » pensa-t-il. « Ma belle, où es-tu? Et dans les bras de qui? J'espère que tu y es heureuse, car moi, il y a bien longtemps que je ne le suis plus.
En se disant cela, son visage se para d'un air qui traduisait bien son repli sur lui-même. Il repensait à la dernière conversation qu'ils avaient eu tous les deux. Et plus particulièrement à une phrase qui résonnait dans sa tête.« Je ne t'attends plus »
Plus il y pensait et plus cela le faisait souffrir.Il sent qu'il va en devenir fou. Il ne parvenait pas à chasser cette pensée de son esprit. Depuis tout ce temps, il souffrait en silence, sans rien dire à personne. Il resta ainsi dans son lit de longues minutes à repenser au passé, au collège, à l'usine, au temps où ils étaient heureux, les autres, lui... Et elle. Inexorablement, il y revenait. Il ne parvenait pas à l'oublier. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayé. À une époque, il s'était même mis à enchaîner les conquêtes pour tenter de la chasser définitivement. Mais il s'était rendu compte que ce ne serait pas comme ca qu'il y parviendrait. . Puis un bruit vint le sortir de ses pensées. La porte de la chambre s'ouvrit, laissant apparaître une personne.
« Monsieur, il est déjà 7h35! Vous allez être en retard à vôtre travail! Dois-je monter vôtre petit déjeuner dans votre chambre? » C'était la servante qui s'inquiétait pour lui. Depuis quelques temps déjà, elle avait remarqué qu'il se laissait aller de plus en plus. Et ces jours-ci, elle trouvait que cela s'aggravait gravement. À tel point qu'elle ne le reconnaissait parfois plus. Elle avait l'impression qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même.
« Non merci, Rose. Je ne vais pas tarder à descendre. » répondit-il.
- « Vous n'avez pas l'air bien, monsieur. Êtes-vous sûr de ne pas être malade?
- Je vais très bien, je vous assure. Ne vous inquiétez pas pour moi!
En fait, pensa-t-il, je suis malade du coeur, et je sens que, pour moi, cette maladie est incurable»
De son côté, elle était levée et prête à partir depuis une bonne heure. Elle était assise, en larmes, sur son canapé et tenait un cadre dans lequel on pouvait la voir sur une photo en compagnie d'un autre homme. Il était grand,brunet aux yeux bleus. Cela faisait plusieurs longues minutes qu'elle était comme cela lorsqu'elle dit en regardant la photo:
« Salaud! Comment as-tu osé me faire ça?! Depuis tout ce temps, tu m'as trompée alors que je t'aimais! »
Puis une sonnerie retentit. C'était son portable. Elle le sortit de son sac à main et regarda le nom de celui qui l'appelait. Elle resta figée quand elle vit que c'était lui. Celui qui la faisait tant souffrir. Comment osait-il l'appeler après ce qu'il avait osé lui faire quelques jours auparavant. Elle resta figée quelques instants, ne sachant plus quoi faire. Puis elle décrocha, un peu par curiosité pour savoir ce qu'il avait à lui dire.
« Allô?! » dit-elle avec une petite voix timide.
- « Allô... Ma chérie... C'est moi... Je... » déclara-t-il, avec un ton gêné.
Quand elle entendit ces paroles, son sang ne fit qu'un tour. Elle laissa alors exploser sa colère.
- « Quoi?! Tu oses encore m'appeler « ma chérie » après ce que tu m'as fait??
- Excuses-moi... J'ai fait une connerie... Je voulais pas, je te jure!!!
- C'est ça! Continue à me prendre pour une conne, je te dirais rien!!
- Écoute-moi, c'est pas ce que tu crois! C'était un accident!Elle m'a forcé!
- Menteur! Je t'ai vu! Elle ne t'as pas forcé du tout! T'avais pas du tout l'air contre!!
- Mais non, je te jure! C'est elle!
- Arrête!! Je sais tout! Elle m'a tout raconté hier!
- ...
- Comment as-tu pu m'humilier comme ça??
- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire souffrir...
- Ferme ta bouche au lieu de mentir, espèce de salaud! Tu t'enfonces tout seul! Je ne veux jamais te revoir, gros connard! Retourne dans les bras de ta pouffiasse! »
Elle lui raccrocha au nez sans ménagement et fondit en larmes. C'est alors que quelqu'un frappa à la porte. Elle sécha alors ses larmes à toute vitesse et se précipita vers la porte d'entrée de son petit appartement . Elle l'ouvrit pour voir qui se trouvait derrière.
« Salut ma belle, prête pour le boulot? »
C'était Marine, une de ses amies et collègue de bureau qui venait la prendre pour aller travailler. Elle remarqua sa mine triste et ses yeux rouges.
« Ben, alors? Ça n'a pas l'air d'aller? Tu penses encore à lui, c'est ça! » dit-elle en s'approchant de son amie qui recommençait à pleurer.
- Il m'a appelé!
- C'est pas vrai! Mais quel connard ce mec! Et il t'a fait le coup des excuses, que c'était pas de sa faute et tout le bla bla?
- Oui...
- Ha, les mecs!!! Tous les mêmes!!! Dans quel état il t'a mis, cet enfoiré!
- Mais je ne lui ai pas laissé le temps de finir, je lui ai raccroché au nez!
- T'as bien fait! De toute façon, il ne te mérite pas! Alors oublie-le!
- Je peux pas! On est ensemble depuis si longtemps! C'est mon premier amour!
- Ha bon?! Je croyais que c'était quelqu'un d'autre ton premier amour!
- Oui mais non, lui, c'est différent. D'ailleurs, depuis que j'ai coupé les ponts avec lui, j'ai aucune nouvelle...
- C'est marrant, mais quand t'en parles, j'ai l'impression que tu ressens encore quelque chose pour lui!
- Marine!!!
- Ça te dirais de le revoir?
- Heu... Ben... Je sais pas trop... Et puis il doit m'en vouloir... En plus, je suis sûre qu'il est avec une autre fille en ce moment. Peut-être même qu'il a des enfants!
- Qu'est-ce que tu en sais? Ça vaut le coup d'essayer!!!
- Non, j'ai pas envie...
- Mais si, je suis sûre qu'au fond de toi tu crèves d'envie de le revoir! Alors ce soir, on le fait! Bon, allez, ma puce! Faut qu'on y aille sinon on va être à la bourre au bureau! »
Les deux jeunes femmes s'en allèrent en vitesse après avoir pris le temps de fermer la porte de l'appartement à clé. Elles descendirent les trois étages et montèrent dans la voiture de Marine, garée non loin de là. Une fois le moteur allumé, elles s'en allèrent vers leur lieu de travail.
Pendant ce temps, il était descendu de sa voiture et avait pris l'ascenseur jusqu'au dernier étage de l'imposante tour pour rejoindre son bureau. Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, la secrétaire se précipita vers lui.
« Bonjour, monsieur le directeur. Vôtre rendez-vous est arrivé, et je dois vous dire qu'il a l'air très mécontent à cause de votre retard!
- Ho, merde! Je l'avais oublié, celui-là! Bon, c'est pas grave... Dites-lui que je suis coincé dans les bouchons mais que je ne vais pas tarder...
- Bien, monsieur! »
Il n'avait plus la tête à son travail en ce moment. Il se sentait de plus en plus mal au fond de lui.Il a tout essayé pour ne plus y penser. Il avait l'impression que tout lui échappait et qu'il ne maîtrisait plus rien, qu'il avait gâché sa jeunesse à l'attendre pour rien, elle qu'il aimait plus que tout au monde. Tout cela lui faisait peur. Il s'en voulait de n'avoir rien tenté quand il l'aurait fallu. Il resta devant la porte du bureau encore quelques minutes avant d'entrer. Pendant toute la durée du rendez-vous, il avait la tête ailleurs. Celui-ci lui parut interminable. Il était presque midi quand cette entrevue se termina, au grand soulagement du maître des lieux.
Il raccompagna son visiteur jusqu'aux portes de l'ascenseur et, quand celui-ci fut parti, il se dirigea vers le bureau de sa secrétaire.
« Amandine, y a-t-il des rendez-vous prévus cet après-midi? » demanda-t-il.
- « Aucun, monsieur! Le seul qui était prévu vient de se désister .
- Très bien. » dit-il, soulagé de ne pas avoir à endurer une fois de plus une de ces épreuves interminables qui jalonnaient son quotidien. « Si quelqu'un me demande, vous savez où me trouver...
- Oui, Monsieur! »
Il se dirigea alors vers les escaliers et monta. Il arriva à la porte du toit de l'immeuble dont lui seul possédait la clé. Il l'ouvrit et avança sur le toit en terrasse . Il s'approcha de la corniche et s'y assit, les jambes pendantes dans le vide. Depuis cet endroit, il avait une vue splendide sur tout Paris. Il y allait quelques fois. Mais depuis un petit moment, il y allait de plus en plus fréquemment. Pour y réfléchir prétextait-il, car, disait-il, quand on a une partie du corps qui repose dans le vide, ça aide les neurones à réfléchir. Mais là, c'était différent. Malgré cela, il ne contemplait pas le panorama magnifique qui s'offrait à lui. Il était ailleurs, perdu dans ses pensées, le regard dans le vide. Il repensait à elle et à ses amis.
Mais que restait-il de leur amitié? Eux qui étaient si soudés à l'époque et dont qui il n'avait pratiquement plus aucune nouvelle aujourd'hui. Quelle trace avait-il laissé en eux?
« Et dire que c'était la période la plus heureuse de ma vie! » pensa-t-il.« Quel gâchis! »
Il avait réussi dans sa vie professionnelle, loin d'elle, loin d'eux. Mais il n'avait pas réussi sa vie personnelle. Le soir, quand il rentre chez lui, il est seul, désespérément seul. Et elle, sans le savoir, elle hantait la moindre de ses pensées, le moindre de ses regrets. Petit à petit, il sombrait dans la dépression, dans la folie, loin de ses amis, ceux qui, en d'autres temps, auraient été là pour lui. Avec le temps, il avait perdu le contact avec eux. Il ne savait pas ce qu'ils étaient devenus. À propos d'elle par contre, il était partagé sur ce qu'il voulait. Elle l'avait fait tant souffrir le jour où elle était partie de Kadic, après avoir eu son bac. Elle leur avait dit à tous qu'elle garderait le contact, et c'est avec lui qu'elle avait rompu les ponts en premier. Après leur dernière conversation, il en était devenu fou. Il avait failli louper son bac à cause de ça. Il l'avait pris comme une trahison venant de sa part.
Et pendant toutes ces années, cette douleur le rongeait de l'intérieur. Les amis qui lui restaient lui répétaient sans cesse que cela passerait avec le temps et qu'il finirait même par l'oublier. Mais comment pouvait-il l'oublier? Elle avait été son premier émoi sentimental, son premier amour en quelque sorte, même s'il n'y avait rien eu entre eux. Cette blessure au cœur, cette plaie à l'âme ne voulait pas se refermer et cicatriser une bonne fois pour toutes. Plus il essayait de l'oublier et plus elle revenait le hanter. Il n'y parvenait pas. Chaque fois qu'il essayait, il n'y parvenait qu'un temps avant que tout ne redevienne comme avant.
« Haaaa!!!!!! »
Il se retourna brusquement pour voir d'où provenait ce cri. C'était Amandine, sa secrétaire, qui venait le chercher. Elle avait eu peur. C'était la première fois qu'elle montait le chercher et qu'elle le voyait ainsi dans cette posture.
« Qu'y a-t-il, Amandine? » demanda-t-il.
- « Monsieur Stern, vous n'allez tout de même pas...
- Mais non, Amandine, rassurez-vous! Pourquoi êtes-vous venue me chercher?
- Heu... Et bien... Monsieur vôtre père vous demande immédiatement... » répondit la jeune secrétaire, toute perturbée.
Ulrich se releva et s'éloigna du rebord du toit de l'immeuble. Il rejoignit sa secrétaire et descendit avec à l'étage juste en dessous. Il ne put s'empêcher de penser:
« Moi qui pensait que l'après midi aurait été plutôt calme, c'est raté! Je vais encore devoir subir une énième réprimande de ce vieux con! Quelle barbe... »
Il arriva dans son bureau pour y retrouver son père qui l'y attendait. Il referma la porte derrière lui, laissant Amandine à son bureau.
« Il a l'air vraiment bizarre, en ce moment! Il me fait peur... » déclara-t-elle.
- « C'est vrai qu'il a pas l'air dans son assiette en ce moment, le patron... » répondit une de ses collègues venue la chercher pour la pause déjeuner.
- « Ouais mais là, il me fait vraiment très peur! J'ai l'impression que c'est pire depuis quelques jours.
- Comment ça?
- Ben, quand je suis allée le chercher sur là-haut, tout à l'heure, il était assis sur le rebord du toit avec les jambes dans le vide!
- Hein?! Sans blague! Tu me fais marcher, là!
- Non, je te jure! » répondit Amandine en s'éloignant de son bureau vers l'ascenseur, entraînant avec elle son amie.
Ulrich essuyait une fois de plus les critiques désobligeantes de son père qui, comme à son habitude, était mécontent de lui. Cependant, il ne bronchait pas face à toutes ces remontrances. Il en était même blasé. Il n'y prenait pas garde et laissait son père débiter ses reproches. Il le regardait fixement dans les yeux.
« Quel plaisir prends-tu à me rabaisser ainsi? Tu ne pourrais pas être fier de moi, pour une fois? Juste une fois? Ça serait trop dur pour toi? » pensait-il.
À quelques rues de là, les deux jeunes femmes descendaient les escaliers pour se rendre dans leur petit resto préféré pour déjeuner. Elles discutaient entre elles de tout et de rien. Quand elles furent arrivées à leur destination et installées à leur table habituelle, Marine changea de sujet de discussion et déclara avec un petit air malicieux:
« Au fait, Yumi, tu m'as toujours pas dit ce que tu comptais faire...
- À propos de quoi??? » demanda Yumi, l'air étonnée.
- « Ben à propos de lui!
- Quoi?! Ce connard d'Antoine?!
- Mais non, pas celui-là! Tu sais, l'autre!
- L'autre?? Qui ça, l'autre?
- Zut! Comment il s'appelle, déjà?? Cédric? Patrick?
Yumi resta sans voix. Elle avait compris ce que Marine voulait dire. Cette dernière le vit bien et pour suivit:
« Bon, bref! Je me rappelle plus de son prénom mais c'est pas grave...
- Ulrich... C'est Ulrich qu'il s'appelle. » l'interrompit Yumi, le regard rempli de nostalgie et de regrets en repensant à lui.
Elle se remémora alors leur dernière conversation. C'était en mars de l'année après qu'elle soit entrée à la fac, laissant ses amis à Kadic. Ce jour-là, elle avait donné rendez-vous à Ulrich à midi et demi devant l'entrée de l'établissement. Elle se souvenait de ces quelques mots terribles qu'elle avait prononcé et de la réaction d'Ulrich:
« Ben voilà... Je sais pas comment te le dire mais... J'en ai assez de nôtre relation qui ne mène à rien! Alors j'ai décidé de ne plus t'attendre et qu'on devait...
- Moi aussi! C'est pour ça que je voulais te demander si tu voulais bien... Qu'on aille... Un peu plus loin dans nôtre relation... Enfin, tu vois ce que je veux dire...
- Non, Ulrich tu n'as pas compris! Je ne t'attends plus.
- Comment ça?! Je comprends pas...
- Ça veut dire qu'il n'y aura jamais rien entre nous, voilà! J'en ai assez d'attendre que tu me demande de sortir avec toi! Alors il vaut mieux qu'on en reste là et qu'on soit juste bons amis. C'est tout. »
Alors qu'elle avait dit cela, elle avait remarqué qu'Ulrich était resté pétrifié d'effroi, montrant ainsi qu'il ne s'attendait pas à une telle déclaration de sa part. Elle avait commencé à s'impatienter de leur relation quand elle était arrivée à la fac. Elle s'y était fait plein de copains et copines qui étaient tous en couple et qui ne cessaient de lui demander comment cela se faisait qu'une aussi jolie fille qu'elle ne sorte avec personne. Ses copines lui demandaient tout le temps si elle avait quelqu'un en vue et elle leur répondait toujours oui. Mais au fil du temps, ce quelqu'un avait changé. Ce n'était plus lui mais un autre. Hélas, cette relation n'avait duré que quelques jours et elle en était ressortie très déçue. Son impatience avec Ulrich l'avait punie mais, sur le coup, elle ne l'avait pas compris comme cela. Il avait fallu attendre la fin de sa première relation sérieuse pour qu'elle comprenne cela. Elle regrettait amèrement son erreur.
Elle aurait dû être un peu plus patiente avec Ulrich. Ils auraient pu être heureux ensemble. Peut-être le seraient-ils encore à l'heure actuelle, qui sait? Elle sentit alors un sentiment de colère monter en elle, contre elle. Du regret aussi. Comment avait-elle pu lui faire ça alors qu'elle l'avait tant aimé de part le passé. Elle s'en voulait. Le remord la rongeait petit à petit depuis longtemps, même si elle n'osait pas se l'avouer. Elle savait que tout cela était de sa faute. C'était quand même elle qui avait mis un terme à leur histoire. Quelques larmes firent leur apparition dans les yeux de la belle japonaise mais ne coulèrent pas le long de ses joues. Elle s'efforçait de ne pas pleurer. Elle ne voulait plus pleurer à cause de lui. Elle l'avait tant fait du temps où elle et lui étaient encore à Kadic.
« Yumi?? Yumi?? »
Elle fut tirée de ses pensées par Marine qui agitait sa main devant ses yeux.
« Ça va?? Tu penses encore à Antoine, c'est ça? Je sais que c'est dur mais tu ne devrais pas, tu sais! Ce pauvre type ne te mérite pas.
- Non, c'est pas ça! répondit Yumi, en fondant en larmes.
- « Alors, c'est quoi? » questionna Marine en se rapprochant d'elle pour la prendre dans ses bras afin de la réconforter.
- C'est Ulrich...
- Hein?! Comment ça??
- Je suis trop conne!!
- Mais non, dis pas ça!!
- J'ai tout gâché!
- Ben... Pourquoi?? »
Après quelques sollicitations insistantes de Marine, Yumi se décida à tout lui raconter. Dévoiler cette partie de son passé à celle qui était devenue sa meilleure amie au fil du temps l'apaisa. Elles prirent leur repas tout en continuant à discuter de cela. À la fin du repas, Marine déclara:
« Tu sais quoi? Ça crève les yeux que t'es encore amoureuse de lui, malgré ce que tu dis! Alors reprends contact avec lui sinon tu vas le regretter tout le reste de ta vie!
- Oui mais si...
- Fais-le, je te dis!!! »
Puis les deux jeunes femmes se levèrent, payèrent l'addition et s'en retournèrent au cabinet où elles travaillaient. Elles étaient toutes les deux avocates dans un cabinet dont le sérieux et la réputation n'étaient plus à faire.
Dans son bureau, Ulrich avait fini son entretien avec son père. Comme à son habitude, il avait essuyé impassiblement le feu des critiques et des injures de son père à propos de sa manière de gérer le groupe familial. Ce à quoi il avait mit un terme d'une façon dont ni lui ni son père n'aurait cru tant c'était inattendu de sa part. En effet, il lui avait déclaré sans ménagement:
« Tu sais quoi, Papa? JE T'EMMERDE!! ET SI T'ES PAS CONTENT, C'EST LE MÊME TARIF!! Si tu es si mécontent que ça de ma manière de gérer les affaires, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même! C'est toi qui a tenu absolument à ce que je prenne la tête du groupe! Tu veux peut-être reprendre ta place?? Si c'est ça, faut pas te gêner!! De toute façon, t'es jamais satisfait de ce que je fais! Il n'y a que toi qui es parfait! Tout ce que font les autres, c'est de la merde à tes yeux!!! Maintenant, tu fous le camp de mon bureau!!! »
Son père tourna les talons sec sans dire un mot, en claquant la porte, mais son visage parlait pour lui. De son côté, Ulrich resta quelques minutes à réfléchir à tous ces événements, à sa vie, à la tournure qu'elle avait pris, loin d'elle qu'il avait tant aimé. Il ressentit alors l'impression que sa vie ne se résumait qu'à un grand gâchis. Pourtant il savait bien que, plusieurs fois, il avait sauvé le monde sans que personne, et surtout pas son père, ne vienne féliciter l'un d'entre eux. Depuis tout ce temps, une question lui taraudait l'esprit. Pourquoi fallait-il que sa vie ne se résume qu'à un échec sentimental monumental et les pluies de critiques de son père? N'était-il bon qu'à ça? Était-ce son destin? Les seules fois où il était heureux, c'était quand elle l'embrassait sur la joue pour le remercier où quand il lui faisait des cadeaux. Mais leur relation ne s'était limitée qu'à ça. Et il le regrettait. Pourquoi n'avait-il donc pas trouvé la force de lui dévoiler ses sentiments? Quand il repensait, il trouvait ça si simple. Il se trouvait sacrément bête de ne pas l'avoir fait plus tôt. Cela lui aurait évité tellement de chagrin et de peine. Il sortit de ses pensées et regarda l'heure. 13h18. Il se plaça alors devant son ordinateur et se connecta à sa boîte mail. Il commença à rédiger un courrier. Il se dit alors intérieurement:
« Ça ne peut plus continuer comme ça. Il faut que je le fasse. Et tant pis pour les conséquences. »
Quand il eut fini, il se déconnecta et sortit de son bureau. Il croisa Amandine qui revenait de sa pause déjeuner.
« Monsieur Stern? Vous êtes encore là?? Vous n'êtes pas allé déjeuner?
- Non, je n'ai pas faim ce midi. » lui répondit-il, le regard vide.
Puis il se dirigea vers l'escalier. Il se rendit sur le toit pour s'asseoir sur la corniche, comme il l'avait fait précédemment.
Il était assis là depuis une bonne vingtaine de minutes, immobile, impassible face aux agitations futiles de la vie quotidienne qui continuait tranquillement son cour quelques dizaines de mètres plus bas sous ses pieds. Il avait un sentiment de gâchis face à sa vie. Il avait raté les plus belles années de sa vie à cause d'elle. Ou plutôt à cause du souvenir qu'il avait d'elle. Pourtant il avait cherché tant de fois à l'oublier et avait multiplié les rencontres amoureuses. Mais à chaque fois, elle était toujours là, dans son esprit, en toile de fond, comme un fantôme hantant son esprit. Il ne pouvait s'en défaire, même lorsqu'il était dans les bras d'une autre. Et à cause de cela, il en avait brisé, des cœurs.A cause d'une seule phrase qui va le rendre fou et qui le déchire de l'intérieur: "Je ne t'attends plus"
Au bout de trois années comme cela, il dut se rendre à l'évidence. Il n'y était pas parvenu. Elle était toujours bien là, présente plus que jamais dans son esprit. Il avait alors fini par se dire que s'il n'y parvenait pas, c'était peut-être parce qu'il l'avait trop aimée, elle. Il se demandait même s'il n'était fait pour l'amour tellement il l'avait éprouvé si fort et si jeune, et vu qu'il ne parvenait pas à se défaire de celle qui avait occupé ses rêves si longtemps. Son visage lui revint alors en mémoire, accompagné d'un souvenir douloureux. C'était à Kadic, le jour où elle lui avait déclaré:
« Entre nous, c'est copains et c'est tout »
Bon nombre d'interrogations se bousculaient dans sa tête. Pourquoi lui avait-elle dit cela? Se pouvait-il qu'il se soit trompé sur elle et ce qu'elle ressentait pour lui? Pensait-elle à un autre que lui à ce moment-là? Et de qui pouvait-il bien s'agir? Il repensait au contexte de l'époque et ne trouvait aucune réponse satisfaisante. Puis un visage apparût dans son esprit. Comme une révélation.
« Ho, non! Pas lui! » se dit-il alors.
Se pouvait-il alors que ce soit celui qu'il avait détesté au premier regard qui soit la cause de son chagrin? Cela lui apparut comme une révélation. Et si c'était lui qui était la cause de sa décision de mettre un terme à leur relation? Après tout, il avait quitté Kadic en même temps qu'elle et, n'étant pas derrière eux tout le temps pour les surveiller, qui sait ce qu'il aurait pu lui faire ou lui dire pour qu'elle tombe dans ses bras? Ou bien pire encore, qu'auraient-ils bien pu faire ensemble? Il n'osait trop y croire et pourtant cela lui paraissait tellement évident.
Son regard se fixa vers l'horizon et pourtant il ne contemplait pas la vue qui s'offrait à lui malgré cette belle journée ensoleillée. Comme il aurait aimé la passer avec elle, lui caresser le visage, l'embrasser, se perdre dans ses yeux magnifiques, se blottir contre elle et l'aimer pour l'éternité. Une émotion vint lui troubler cette pensée. C'était un mélange de haine et de regrets. De haine parce que, quelque part, il avait l'impression qu'elle lui avait menti à propos des sentiments qu'elle ressentait pour lui car elle n'avait sûrement pas décidé de tout arrêter avec lui du jour au lendemain. De regrets aussi car s'il s'était déclaré plus tôt, cela lui aurait sûrement évité d'endurer cela. Il s'en voulait tellement de ne pas avoir pu, de ne pas avoir su faire ce qu'il fallait au bon moment. Il lui en voulait aussi de ne pas l'avoir attendu. Mais, au fond de lui-même une question subsistait. Si elle ne s'était pas décidée à en rester là avec lui, combien de temps l'aurait-elle encore attendue?
Yumi et Marine arrivèrent dans leur cabinet. Elles se séparèrent pour se rendre chacune dans son bureau afin de préparer leurs rendez-vous de l'après-midi. Pour la belle japonaise, le cœur n'était pas à l'ouvrage. Elle repensait à ce que lui avait dit son amie. Plus elle y repensait et plus elle s'embrouillait l'esprit . Se pouvait-il qu'elle l'aime encore malgré toutes ces années? Après son chagrin d'amour récent, c'était la seule personne qui lui revenait au cœur. Mais comment cela était-il possible alors qu'elle pensait l'avoir oublié? Elle repensa alors à l'époque où tout était encore si simple. Ils étaient si heureux ensemble même s'ils ne s'étaient rien dit. Rien que d'apercevoir son visage d'ange et ses beaux yeux ou même d'entendre sa voix suffisait à la rendre la plus heureuse du monde. Mais, hélas pour elle, un autre fit son apparition et tout devint soudain bien plus compliqué dans sa tête. Il avait le même âge qu'elle et il avait lui aussi vraiment tout pour plaire.
« Pourquoi a-t-il fallu que tu vienne tout compliquer, William? Pourquoi? J'étais si heureuse avant que tu ne fasses irruption dans ma vie... »
Des larmes perlèrent dans ses jolis yeux. Elle ne put les retenir très longtemps. Elle se prit la tête dans les mains en reposant ses bras sur son imposant bureau en bois . Elle se laissa submerger par un sentiment de culpabilité et de gâchis. Pourquoi avait-elle été aussi impatiente avec lui? Et pourquoi n'avait-elle pas fait le premier pas, voyant qu'il n'arrivait pas à dépasser sa timidité? Après tout, à cette époque, les mœurs étaient libérées et, de ce fait, ce n'était pas forcément au garçon de faire le premier pas. Alors pourquoi n'avait-elle pas osé? Le poids de sa culture japonaise qui lui imposait de ne pas dévoiler ses sentiments en public? Car à chaque fois qu'ils se voyaient, ils étaient toujours en compagnie de quelqu'un d'autre. La peur de la réaction des autres, peut-être? À part les vannes pourries et les taquineries de Odd, il n'y avait pas vraiment de quoi s'inquiéter à ce sujet. La crainte de décevoir ses parents, alors? Lorsqu'elle leur avait annoncé qu'elle sortait avec Antoine (son ex), ils avaient plutôt bien accueilli la nouvelle. Alors pourquoi? En fait, elle n'en savait trop rien.
« Ma vie sentimentale est n'est qu'un échec complet. » pensa-t-elle. « Pourquoi ai-je tout gâché avec Ulrich? On aurait été si heureux ensemble, même si ça n'aurait duré qu'un temps. Et pourquoi ai-je passé tant de temps dans les bras de ce connard d'Antoine sans me rendre compte qu'il avait allait voir une autre depuis presque le début de nôtre relation? J'ai vraiment tout raté à m'être précipitée dans ses bras. Quelle conne j'ai été! »
Elle releva alors alors la tête au ciel et se dit alors, comme adressant une prière au ciel:
« Ulrich, si tu pouvais m'entendre! J'ai tellement besoin de toi! Comment ai-je pu me cacher l'amour que j'éprouvais envers toi depuis tout ce temps? Si tu savais comme je souffre. Après tout, c'est bien fait pour moi! Je t'ai tant fait souffrir la dernière fois qu'on s'est vus. Si tu savais comme je m'en veux terriblement! Tout ça, c'est de ma faute. T'aurais-je aimé si fort au point de rendre nôtre amour impossible? »
De grosses larmes coulaient de ses yeux le long de ses douces joues et venaient s'écraser sur le bureau contribuant chaque fois un peu plus à la petite flaque qui s'était formée au fil du temps. Soudain la porte de son bureau s'ouvrit brusquement, laissant apparaître Marine les bras chargés de dossiers .
« Tiens, ma cocotte! Karine s'est encore plantée dans les dossiers! Elle... »
Elle s'arrêta en plein milieu de sa phrase car elle venait de remarquer l'état dans lequel se trouvait la japonaise. Elle s'empressa alors de se décharger des dossiers qu'elle transportait et se précipita sur celle qui était devenue au fil des années sa meilleure amie. Elle s'accroupit à côté d'elle, posa une main sur son épaule et lui dit:
« Ben qu'est-ce qu'il y a, ma puce? Ça n'a pas l'air d'aller! Allez, vas-y, raconte-moi tout!
- Je suis trop conne! J'ai tout gâché! » lui répondit Yumi, larmoyante.
- « Quoi?! Rassures-moi, tu parles pas de ce connard d'Antoine, là??
- Mais non! Je te parles d'Ulrich...
- Ha, ouf! Tu m'as fait peur!! Mais pourquoi tu dis ça? Tu sais, les sentiments, ça ne se contrôle pas! C'est pas ta faute si tu t'es laissée séduire par un autre! Et puis tu ne pouvais pas savoir qu'Antoine était un e****é pareil!
- Peut-être, mais si j'avais appris à le connaître et si j'avais écouté les rumeurs qui courraient sur lui avant de me jeter dans ses bras, j'en serais pas là aujourd'hui! »
Yumi, qui s'était calmée quelque peu pendant qu'elle se confiait à Marine, se remit à pleurer de plus belle. Elle se sentait très mal. Marine, l'ayant remarqué, lui dit:
« Rentre chez toi, ma puce, t'es pas en état de travailler. Je vais m'arranger avec le patron et annuler tes rendez-vous de l'après-midi.
- Merci, Marine. T'es vraiment une super copine! » répondit la japonaise en s'essuyant les yeux et les joues.
Elle prit ses affaires et partit du cabinet et rentra chez elle. Une fois chez elle, elle s'installa devant la machine qui trônait sur un bureau, à proximité de la télévision. Elle l'alluma, et celui-ci se mit aussitôt à produire son habituel ronronnement sourd. La première chose qu'elle fit fut de consulter ses mails. Elle en recevait une bonne dizaine par jour, de ses amis, de sa famille, et parfois de ses collègues de bureau et de ses clients. Elle remarqua aussitôt que Marine lui avait envoyé un mail pendant qu'elle rentrait chez elle. Elle l'ouvrit et le lut. C'étaient des mots gentils de sa part pour la réconforter, mais aussi pour lui dire qu'elle passerait après le travail pour voir comment elle allait. Puis lorsqu'elle l'eut mit à la corbeille, elle en remarqua un comme s'il lui était apparu dans un flash. Le nom de l'expéditeur l'avait interpelé dès que la liste des messages reçus était réapparue sur l'écran. Ulrich Stern.
« Tiens?! Pourquoi il m'écrit? Que peut-il encore bien vouloir me dire après ce que je lui ai fait? » s'interrogea-t-elle, surprise.
Elle hésita à ouvrir ce message. Devait-elle le lire? Devait-elle le mettre dans la corbeille sans y jeter un coup d'œil? Elle se dit alors que s'il avait pris la peine de lui écrire, c'était sûrement parce qu'il s'était produit quelque chose de grave. Elle se décida à l'ouvrir. Le message lui apparut alors et elle le lut rapidement.
« Mais pourquoi il m'écrit tout ça?? » se demanda-t-elle tout haut quand elle eut fini.
Elle ne comprenait pas bien pourquoi Ulrich lui faisait toutes ces confidences. Surtout si longtemps après qu'ils se soient échangés leurs derniers mots. Mais une chose l'intriguait. C'était la fin du message. Qu'avait-il bien pu vouloir lui dire par là? Elle ressassait sans cesse ces quelques lignes dans sa tête afin d'essayer d'en comprendre la signification:
« Je t'aime encore. Je n'ai jamais réussi à t'oublier.
À l'heure où tu lis ces lignes, j'en aurai sûrement fini avec toutes ces souffrances qui durent depuis si longtemps.
Ulrich. »
Après quelques instants de réflexion, la signification du message lui apparut clairement.
« Ulrich! Non! Pas ça! » dit-elle alors en se prenant la tête entre les mains.
Ceci fait encore partie de ma fic puisée
Mes fics: Action: la folie d'Ulrich, le japon infesté et romance: une faute impardonnable... ou pas?