29 Mai 2009, 17:51 par Invité
Julyan fixa longuement le nouveau venu. Il était grand et mince, ses traits osseux, son teint clair et surtout son patronyme trahissaient ses origines allemandes. Il portait un vieux costume de velours vert râpé qui avait connu des jours meilleurs, mais tout le reste de sa personne était impeccablement soigné, son rasage était impeccable, ses cheveux lisses soigneusement peignés et les ongles de ses mains étaient soigneusement taillés. Plus Julyan fixait Adrian et plus il se sentait mal à l’aise, il peinait à soutenir son regard, un regard ardent brûlant le feu d’Hadès dans deux billes d’un bleu pâle où scintillait une pupille noire. Adrian Leverkhün marchait vers lui d’un pas menaçant et le jeune homme devait lutter avec lui-même pour ne pas prendre la fuite devant ce fou aux yeux de glace. De toute manière, fuir était impossible, car la petite sirène terrifiée lui enserrait les genoux de ses petits bras en sanglotant doucement dans ses jambes. Elle était toute recroquevillée sur elle-même et sa nageoire dégoulinante d’eau trempait le sol de pierre noire.
Adrian Leverkhün : «-Oui mon père, eût bien avant moi le goût de la spéculatoire. Il se plaisait à étudier les amides et autres curiosités de la nature, les lépidoptères exotiques et la faune des mers. Au prix de sa vie il s’adonna à des pratiques plus ou moins occultes mais ce n’est rien à côté de ce que moi, Adrian Leverkhün j’ai accompli de mon vivant. Car l’âge d’or de l’alchimie s’est éteint depuis bien longtemps et un même la flamme du phoenix ne saurait la rallumer. J’aurais voulu naître et vivre dans cette époque bénie où les fourneaux des cuisines et autres athanors servait de creuset puis d’écrin à la pierre philosophale et à l’élixir de longue vie. Mais j’ai vécu à l’époque des grands savants qui se pensaient né avec la science infuse, des scientifiques arrogants qui balayaient d’un revers de main la sagesse universelle des anciens. Pour exercer mon art, j’ai dû accepter un pacte infâme avec le Kaiser, je l’ai emmené ici par mes propres moyens et il n’a jamais pris la peine de récompenser mes mérites à leur juste valeur. Il m’a chassé de son dominion comme un chien, sans même me laisser le temps de préparer mon départ. Il m’a abandonné la chétive et pitoyable créature qui pleurniche dans tes jambes, dit-il en pointant un doigt accusateur sur Hyphialta, et m’a ordonné de quitter les lieux ! J’ai manqué mourir mais je tiens ma revanche à présent et tu vas m’aider à l’accomplir…. »
Sur le parquet ciré de la salle de bal, violemment éclairée par les lustres de verre, Maeva et Dorian dansaient au son du vieux gramophone dont le son était étonnamment clair, c’était un tango, Por una Cabeza disait la pochette cartonnée du disque. Ils avaient fatigués tous les autres danseurs, la comtesse s’était retirée dans son boudoir accompagnée par le docteur Cullen, Xana et Typy avaient eux aussi pris la poudre d’escampette, quand à Edward, il venait d’emmener Maggie faire un tour au bord du Lac. La neige et la glace avait fondu au cours du dîner. Le temps dans sa course folle avait chassé l’hiver afin de faire place au printemps, puis à l’été. La température ne cessait de s’adoucir et Maeva sentait sa tête tourner au moins aussi vite que l’étrange planète virtuelle où elle se trouvait. Du côté du bar, Julien Dupont et Général Xana, finissaient les bouteilles d’alcool en compagnie du vampire malchanceux, ravi d’avoir un peu de compagnie. Vodka, gin tonic, whiskey, bière blonde, bière brune, rhum ambré, rhum blanc, rhum brun, cognac, punch coco et Madère; pas une bouteille n’avait échappé aux joyeux fêtards. C’est alors qu’arriva un Xana quelque peu mélancolique. Il avait quitté la fête en compagnie de Typy sans que les lyoko-guerriers ne se posent trop de questions. Mais à présent que l’alcool leur avait délié la langue…
« -Alors Xana qu’est ce que tu as fait-hic- de ta jolie fi-fiancée ? » demanda un Julien Dupont très éméché.
Xana : «-Ma fiancé s’est trompée de bras elle est tombée dans ceux de Morphée, allez servez moi un verre les gars j’en ai besoin. »
Général Xana : «-Je bois-hic- z’aux Roméo dont les z’ Juliettes restent-hic- évvillée-hic- vévé-hic-‘vec les yeux ouverts.» Aussitôt dit aussitôt fait, adieu vodka !
C’est alors que la comtesse Sim-one fit son apparition tel un lys immaculé, toute raide dans la longue robe de dentelle blanche qu’elle avait passé en quittant la soirée.
La Comtesse Sim-One : «-Si j’avais su que l’Elixir Danois les rendraient aussi bruyant je serais rentrée chez moi. » Fit-t-elle remarquer au docteur Cullen d’un ton acerbe.
C’est alors que le vampire malchanceux leva son verre en direction de la vénéneuse créature : « A la santé de la plus belle créature qui ait-hic-habité ce-hic- main noire, oh par-hic-don, manoir. »
La comtesse Sim-One : «-Vous êtes saoul, messieurs je crois que ma présence ici est déplacée. » Et sans un mot de plus, elle leur tourna le dos et retourna dans son boudoir, Carlisle sur ses talons. Il n’avait pas quitté son smoking et jeta un regard amusé aux quatres soulards.
Le vampire malchanceux : « -Sim-Oneeuh je vous aimeeeeeeuuuuhh !!! » Brailla le vampire malchanceux en guise d’adieu. Puis il se jeta à genoux devant la place que la comtesse venait de quitter et déclama d’une voix théâtrale. «J’aperçois votre robe blanche dans la chaleur d’été, je ne suis qu’une ombre et vous qu’une clarté ! »
Général Xana : «-Un peu de dignité-hic-mon vieux-hic ! Nous somme-hic-des vampic-hic-pires-respec-hic-tables ! Quand-hic- même ! »
Xana : «-J’ai dû louper un épisode là. Dis-moi, depuis quand tu es devenu un vampire Richard? »
Général Xana : «-C’est une hic-cellente question-hic ! J’ n’en sais rien moi-hic- même ! La z’eule chose qui est chure-hic-c’est qu’on est tous dans le même bat-hic-teau. A la santé-hic-du général vamp-hic-ires ! »
Julien Dupont (il chante) : «-C’est un trois mats-hic- fin comme un oiz’-hic-eau !
Hic et ho ! Santi-hic-eau, pardon Santi-hic-y’ano…. »
Xana : «-Ferme-là ! Avant qu’il ne repleuve… »
Julien Dupont : «-Y’en a marre-hic-que tu nous donne-hic-des ordres-hic-sans arrêt ! T’es pas-hic-l’chef ici»
Général Xana (il chante): «-Je m’appelle Zang-hic-Zangra….c’était quoi-hic-après ? »
Le vampire malchanceux : « -A un moment il y a un truc-hic-du genre, (il chante) et j’attends l’ennemi qui monte la colline et me fera héros ‘fin j’crois…. »
Général Xana (il braille) : «-Elle me parle d’amour-hic- et moi de mes chevaux…. »
Le vampire malchanceux : «-Bou-hou-hou-hic-je suis malheureux ! »
Général Xana : «-A qui le d-d-hic-dit-tu ? »
Xana : «-Pourquoi ? Pourquoi Moi ? » Le majordome qui était derrière la chaise du comte Pixel avança dans lumière, Général Xana pointa un doit pas très précis en direction du nouvel arrivant en cherchant ses mots..
Le majordome du Comte Pixel : «-Du calme Xana le monde ne tourne pas qu’autour de toi. »
Xana : «-J’ai déjà vu ta sale gueule de rat crevé quelque part, toi ! Attends que je te remette mon gars, ça va pas barder-hic-tarder. »
Le majordome du Comte Pixel : «-Vu ton taux d’alcoolémie je doute que tu puisses faire fonctionner tes pauvres neurones imbibés d’alcool sans mettre le feu au pois chiche qui grelotte dans ton crâne ».
Xana : «-Répète ça pour voir…. »
Général Xana : «-Ch’a y est, ch’sais qui c’est ! Ch’est le jamordomme-hic-non, le marjodomme-hic-ch’est pas ça non plus. Ch’est le marchand d’homme, le, oh et puis-hic-flûte- le major-chose d’Ervig, c’est lui je l’aurai-hic-reconnu-hic-entre mille ! »
Xana : «-Alors ça pour une surprise ! Vladek !T’as r’t’ourné ta veste mon gars ? Les rats quittent le navire en détresse on dirait. »
Vladek : «-Un peu comme toi avec cette bande d’abrutit. Tu es un opportuniste Xana, mais pourquoi faut il toujours que tu choisisses le camp des perdants ? »
Xana : «-Des perdants ? J’savais bien qu’y s’passait des choses zar’bs dans ce manoir. Alors c’est quoi le plan ? Dis-moi, Ervig t’as envoyé verser de la mort-au-rat dans le café de Pixel ? » Hector Megawatt, ex-majordome du comte Pixel passé au service de la Comtesse Sim-one cru bon de rectifier.
Hector Megawatt : «-Sa Saigneurie ne boit jamais de café, ce breuvage nuit à la qualité de son sommeil ce qui affecte sa concentration, déclara-t-il d’un ton aussi ampoulé que ses manières, une tisane de verveine en revanche…. »
Général Xana : «-Comment ça-hic-pas d’café ? Pas étonnant que ce ty-hic-tic ? Pardon-type-soit pas fichu d’garder l’contôle sur son-hic-territoire, y’vit’comme un légume-hic-d’la verveine-hic-et pourquoi pas-hic- du petit lait ? »
Hector Megawatt : «-Le Comte est, hélas, sujet à une intolérance au lactose depuis sa plus tendre enfance, il n’a jamais bu de lait de sa vie. »
Julien Dupont : «-Pas ‘tonnant-hic-qu’y soit si p’tit-hic-ce pauv’ môme n’a j’mais bu de lait ! (il chante, enfin si on peut appeler ça chanter) Hic ! Ch’est à boire, à boire, à boire-hic-c’est à boire qu’y nous faut-hic-ho-ho-ho ! Hector Megawatt sortit un paire de boules Quies de la poche intérieur droite de son veston et se les enfonça aussitôt dans les oreilles.
Hector Megawatt : «-Bon, je crois que je vais aller faire ce café, avant d’avoir deux ou trois cas de coma éthylique sur les bras. »
Le vampire malchanceux : «-Allons Hector, détends-toi mon vieux-hic-travailler dans c’manoir c’est p’tèt pas l’Nirvana-hic-mais ce n’est pas la mer à boire-hic-non plus ! »
Vladek : «-Ouais, à ta santé ! » grommela le majordome avec une expression qui en disait long sur les sentiments qu’il nourrissait à l’égard de ses employeurs. Et il déboucha une bouteille de Cognac qu’il se fit un devoir de vider consciencieusement.
Hector Megawatt (retirant les boules Quiès de ses oreilles) : «-Tu disais ? » Pour toute réponse, le vampire malchanceux lui colla un verre de scotch sous le nez que le majordome avala d’une traite sans sourciller.
Julien Dupont : «-Et ben-hic-mon gars ! T’as une-hic-sacrée descente ! Où c’est qu’c’est qu’t’as appris-hic-à boire-hic-c-c-comme ça ? »
Vladek: «-C’est une question d’habitude-hic-mon vieux. Sim-one et son moutard sont p’t’êt empoisonnant mais z’ont une d’ces caves ! C’est l’paradis des alcolos. Encore que la qualité baisse du côté du whiskey j’trouve…»
Hector Megawatt : «-Mais non il est délicieux ce whiskey, comme d’habitude. »
Julien Dupont : «-Il a l’air super vot’-hic-job les mecs ! Ou qu’c’est qu’on s’inscrit-hic- pour avoir un boulot dans ce-hic-bazar ? »
Vladek : «-C’est un pote des alcooliques anonymes qui m’la dégoté, un certain Archibald-hic-un capitaine de cargo d’la mer numérique. La p’r’mière fois qu’j’l’ai vu m’a d’mandé pourquoi-hic-j’buvais, et j’lui ai r’pondu-hic-que j’buvais pour oublier et qu’souvent j’oubliais d’arrêter. Et t’sais qu’ma répondu ? Hic ! »
Xana : «-Hic ? »
Vladek : «-Non pas hic-hic- m’as dit : « mon grand-hic-si tu t’fais embaucher au manoir-hic-c’est pas d’boire qu’t’oublira d’arrêter-hic-c’est qu’un jour as pu-hic-être sobre ! »
Julien Dupont : « Et pourquoi-hic-est-ce que tu-hic-buvais ? T’la oublié ça-hic-aussi ?
Vladek : «-Ma première-hic-bouteille de Madère, j’la vidée-hic-quand mon ancien patron s’est fait-hic-zigouiller par les mômes d’Fantasia. Z’y sont pas-hic-allés d’main mortes les bâtards ! »
Xana : «-C’est ton boss-hic-qu’était un bâtard ! »
Julien Dupont : «-Qui ? Ervig ? »
Général Xana : «-Ouais, c’est ça tout juste, Erv-hic-Ervig. C’d’notorété pulbique, non..notiroté,… »
Hector Megawatt : «-Notoriété publique ? »
Général Xana : « C’est ça, qu’Ervig n’était pas-hic-un enfant létigime, légitile…légal quoi. Les Chroniques Stanislasiennes on fait-hic-un papier là-d’sus une fois, le lendemain Vivi les avait tous-hic-envoyé au goulag de Fantasia. »
Julien Dupont (il chante) : «-Vivi est mort ! Vive Vivi ! »
Xana, Général Xana, le vampire malchanceux, Hector Megawatt& Vladek (en chœur) : « -La ferme ! »
Sur la pointe des pieds, Maggaelita couru sur le ponton qui menait jusqu’au bord du Lac. La nuit était chaude, incroyablement chaude après ce brusque hiver en début de soirée. Arrivée au bord, elle fut prise de l’irrésistible envie de plonger ses pieds dans l’eau fraiche. L’adolescente retira ses ballerines, des ballerines roses parsemées de perles multicolores et laissa ses jambes glisser dans l’onde noire. Elle ne réalisa pas tout de suite ce qu’elle était en train de faire, et quand ce fut le cas, la jeune fille se sentait si bien qu’il lui semblait inopportun de se tracasser pour des broutilles pareilles. Elle sentit une brise derrière son cou, et su qu’Edward, qui l’avait abandonnée quelques instant plus tôt, était revenu la voir. Maggaelita tourna la tète et sourit : il était debout à côté d’elle et la regardait d’un air quelque peu intrigué.
Edward : «-Mais qu’est ce que tu as donc fait à tes cheveux, Maggie ? »
Maggaelita : «-Moi ? Absolument rien ! Pourquoi ? » Edward sourit à son tour et glissa ses doigts dans les cheveux de Marine.
Edward : «-Quand je suis venu dans ta chambre, ils étaient roses, pendant le dîner ils ont virés au roux et maintenant ils sont doré, demain ils seront sans doute blond platine ou carrément blanc ! » Saisie, Maggie contemplait ses cheveux avec angoisse et effroi.
Maggaelita : «-J’espère bien que non ! Tu m’imagine avec des cheveux blancs ! Mais qu’est ce qui m’arrive ? »
Edward : «-Le temps à perdu les pédales, les saisons changent toutes les heures, les aiguilles des horloges tournent à toutes vitesse, Toi tes amis vous poussez comme des champignons….Je ne sais pas ce qui se passe, je n’avais jamais vu une chose pareille auparavant. »
Maggaelita : «-Et pourtant…tu n’as pas changé, d’aucune manière. »
Edward : «-Je suis un vampire par conséquent je ne vieillis pas. Cela dit, moi aussi j’ai été affecté par…je crois que ce monde à cessé d’être virtuel Maggie.»
Maggaelita : «-Que veux-tu dire ?»
Edward : «-Dans le monde « réel » je ne me nourris pas, c'est-à-dire pas comme les humains. Manger de la nourriture, des pâtes, des légumes…ça revint à manger de la terre pour moi. »
Maggaelita : «-Je sais…mais ici c’est différent, non ? »
Edward : «-Effectivement, poursuit-il d’un air quelque peu embarrassé, dans le monde virtuel, je peux faire semblant de manger de la nourriture humaine, je peux faire semblant de dormir comme une sorte de simulation ou je serais à nouveau un être humain…. »
Maggaelita : «-Et… ? » L’encouragea gentiment sa compagne.
Edward : «-J’ai eu l’impression de manger de la terre pendant le dîner, je me suis forcé à tout avaler, mais je peux t’assurer que c’était infect pour moi. Je viens de faire part de ce que j’ai ressenti à Carlisle et il m’a confié que la même chose s’était produite dans son cas. «
Maggaelita : «-Oh…. »
Edward : «-Oh ? Mais encore ? »
Maggaelita : «-Tu ne va pas t’en aller à cause de ça, dit ? Elle venait de remarque qu’Edward avait changé de vêtements. Il avait abandonné son smoking au profit d’une tenue plus décontractée….pour s’en aller loin d’elle ? S’enfuir pour la protéger, pour éviter de la mordre et de la vider de son sang avant même de s’en rendre compte? Ce soupçon lui était insupportable, il fallait qu’elle en ait le cœur net.
Edward : «-Je dois avouer que si la Comtesse n’était pas dans les parages, c’est probablement ce que j’aurais fait. »
Maggaelita : «-Et bien merci madame la comtesse, qu’est ce que tu as l’intention de faire dis-moi ? Je sais que tu as une idée derrière la tête. »
Edward : « -Liriez-vous dans mes pensées mademoiselle ? »
Maggaelita : «-Ce n’est pas dans tes pensée que je le lis, c’est dans tes yeux. A quoi tu pense ?»
Edward : «-Il faut absolument que nous partions d’ici. Je te ramènerais sur Lyoko et tu pourras rentrer chez toi, sur Terre. »
Maggaelita : «-Je ne rentrerais pas sans toi ! De toute manière tu ne peux pas rester ici ! Ils sont tous cinglés dans ce manoir ! »
Edward : «-J’ai quitté la Terre parce que j’y étais une menace, un prédateur. Ici je ne fais de mal à personne, je me nourris d’onde et de lumière, et en plus j’ai l’impression d’être humain. Même si ce n’est qu’une illusion, c’est la meilleur chose qui m’était arrivée avant toi. Ta place est sur Terre Mag, pas avec ces loustics complètement barjots et assoiffés de pouvoir !» Marine sursauta comme si on l’avait pincée, la diatribe d’Edward venait de lui rappeler ce qu’elle avait vu dans le miroir juste après qu’il l’eût laissée dans sa chambre en compagnie de Typy et Maeva. Sa réaction n’échappa pas à l’œil de lynx d’Edward. « Qu’est ce qui se passe? « Lui demanda-t-il d’un air presque inquiet. Aussitôt Marine lui rapporta presque mot pour mot la crise de la Comtesse Sim-One qu’elle avait surprit dans le miroir. Le récit plongea Edward dans un long silence chargé de nuages, que la jeune fille n’osa pas rompre de peur de troubler sa méditation, du moins tant qu’elle pu le supporter.
Maggaelita : «-As-tu une idée de qui la Comtesse pouvait bien parler ? Demanda-t-elle à brûle pourpoint. Edward soupira et s’assit tout près d’elle.
Edward : «-As-tu déjà entendu parler d’un certain docteur Faust ? »
Maggaelita : «-Cela me dit vaguement quelque chose, oui, il s’agit d’une vieille légende allemande. Il n’y aurait pas une histoire de pacte avec le diable là-dedans, par hasard ? »
Edward : «-Si, sauf que ce n’est pas exactement une légende, le docteur Faust existe dans le monde virtuel, et il vit ici même, au manoir. Il est dit que le Docteur Faust était un alchimiste très doué du XVIe siècle. Grâce à ce pacte avec Méphistophélès, il acquit des connaissances et des pouvoirs hors du commun ; il conçu la première pierre philosophale, découvrit la fontaine de jouvence, fabriqua l’élixir de longue vie ainsi que la panacée. Plus tard, Méphistophélès lui offrit Hélène de Troie, car les Anciens disaient qu’elle était la plus belle femme du monde et elle lui donna un fils, un sale môme arrogant et prétentieux avec des ailes dans le dos qu’ils ont appelés Euphorion. Celui-là s’est toujours très bien entendu avec Icare, jusqu’aux jours où ayant fait une énième ânerie, les Kals les bannirent dans la cinquième dimension en compagnie d’Hélène et de Faust. Toutefois, ils n’ont pas été suffisament vigilant et Faust parvint à s’échapper de la cinquième dimension. Il voulait retourner sur Terre, mais les Kals surveillaient toutes les portails menant à la ta planète et Faust se retrouva bloqué dans le passage. Il y resta coincé depuis lors jusqu’à aujourd’hui. Il a sans doute vu toutes les I.A comme Xana et tant d’autre croître et se développer, il aurait très bien pu prendre le contrôle du passage et régner sur toutes les créatures virtuelles cela dit, je pense qu’il craignait que les Kals ne le repère et ne le renvoie dans sa prison. »
Maggaelita : «-Je ne sais pas si rester ici c’est mieux ! »
Edward : «-ll faut croire que si. Pendant des années j’ai attendu qu’il réagisse, trouve une solution quelconque pour se sortir de cette impasse…mais il n’a jamais rien fait. Aucun projet d’évasion ou de vengeance. Sim-one le traîte comme son esclave, Pixel comme un larbin et lui il plu es très ie l’échine. J’avoue que son attitude m’échappe quelque fois.»
Maggaelita : « -Et tu crois que c’est de lui dont Sim-one parlait ? C’est étrange, à t’entendre, il n’a pas l’air bien dangereux et quand la comtesse parlait de cet homme….c’est comme si elle craignait de prononcer son nom. »
Edward : «-Tu es très perspicace Maggie. Effectivement, ce n’est pas du docteur Henri Faust qu’il s’agit en l’occurrence c’est de quelqu’un d’autre. Quelqu’un dont la comtesse a peur comme tu as pu le constater. »
Maggaelita : «-Et qui est cette personne ? »
Edward : «-Il s’agit d’un certain Adrian Leverkhün. Un jeune homme qui avait tout pour plaire. Il était très séduisant et extrêmement intelligent. En outre, la nature l’avait dotée d’une ambition sans limite, ce fut cette dernière qui causa sa perte. Adrian était musicien, alchimiste et mathématiciens. Bien sûr il avait d’autres talents mais ces trois là furent sans doute les seuls qu’il ait vraiment développés. Notamment il allia son génie des mathématiques et son génie musical afin de mettre au point une nouvelle « sorte » de musique : le dodécaphonisme. Il modifia le vocable musical en douze tons de manière à pouvoir les utiliser non seulement sous sa forme fondamentale, mais également à les utiliser de façon à ce que chacun des intervalles musicaux soit remplacé par le mouvement contraire. De plus, la figure pouvait commencer par la dernière note et se terminer par la première, puis aussi renverser cette forme dans l’autre sens. Tu as alors quatre mode qui à leur tour se laissent transposer sur tous les douze degrés de l’échelle chromatique, en sorte que tu disposes donc d’un choix de quarante-huit formes différentes pour une composition, sans parler des autres jeux de variations qui peuvent s’offrir. C’est ce que l’on appelle aussi la musique sérielle car une composition peut aussi employer deux série ou davantage, comme matériau initial, à la façon de la double ou triple fugue. L’élément décisif, c’est que chaque note qui s’y trouve sans exception, a sa place fixe dans la série ou ses dérivés, tu me suis ? » Il avait dit tout cela d’une traite, avec la maîtrise d’un conférencier en musicologie, alors que Marine avait décroché dès la deuxième phrase.
Maggaelita : «-Mais bien sûr ! Où veux tu que j’aille ? » Même si Edward ne pouvait pas lire les pensées de Maggaelita, l’ironie dela jeune fille était suffisamment évidente pour ne pas passer à côté. Edward retourna immédiatement à des notions plus terre à terre.
Edward : «-Toujours est-il que le docteur Leverkhün était un génie universel, aussi lorsque Ervig Von Wolfenstein, Kaiser de Stanislasie découvrit la stèle d’Armani, il la lui confia afin qu’il l’étudie et parvienne à en découvrir le fonctionnement. Il s’agissait d’un artefact très ancien permettant d’accéder à des dimensions supérieures…sauf que Leverkhün ne réussit qu’a moitié à la faire fonctionner et il se retrouva coincé dans le passage avec Ervig et toute sa clique. Ervig, bien entendu voulait le punir de son échec et Leverkün fut contraint d’errer dans le passage durant de longues années. Jusqu’au jour où Faust le recueillit et le soigna. Il le présenta à la Comtesse Sim-One qui se sentait déjà très seule, elle venait de perdre son époux, le défunt Comte Octet et son fils n’était encore qu’un petit garçon. Adrian parvint à conquérir le cœur de la Comtesse et très vite ils devinrent amant (tu sais comment elle est). Adrian se mit en tête de renverser le Kaiser, et ce fut lui qui monta la tête de Sim-One contre Ervig. Il voulait absolument se venger de l’humiliation qu’il lui avait fait subir. Jusqu’au jour où Sim-One se rendit compte qu’Adrian n’avait aucune limite, qu’il devenait complètement fou et ne reculait, en règle générale, à rien pour parvenir à ses fins. » Edward déglutit et marqua une pause.
Maggaelita : «-Et donc ? Qu’est ce qu’elle a fait ? »
Edward : «-Elle l’a empoisonné ! »
Maggaelita : «-Non ! »
Edward : «-Honnêtement, Adrian était un grand malade. Je m’étonne même qu’elle ait supporté ses délires aussi longtemps. Carlisle m’a dit une fois qu’Adrian…enfin bref, Sim-One était vraiment accro à lui, elle ne pouvait pas s’en passer, je ne sais pas si il la droguait ou si elle était juste fascinée par sa personnalité ou son caractère, je n’étais pas là à l’époque, c’est le vampire malchanceux qui m’a tout raconté. »
Maggaelita : «-Et tu lui fais confiance ? «
Edward : «-N’oublie pas que je peux fouiller dans le crâne de la plupart des occupants de ce manoir… »
Maggaelita : « Excepté le mien. »
Edward : « Excepté le tien. » Il la prit par les épaules et l’attira contre lui. Enfouissant son visage dans son cou, il respira son odeur à plein poumon comme on respire le parfum d’une rose. Maggaelita réprima un rire nerveux et revint à leur conversation sans pour autant se dégager de son étreinte. Elle voulait simplement connaître le fin mot de cette histoire.
Maggaelita : «-Et puis, qu’est ce qui s’est passé d’autre ? Si elle l’a empoisonné il est mort et voilà tout ! »
Edward : «-C’est là qu’est l’os ! Adrian n’est pas mort. Il est simplement tombé dans le coma et quand il s’est réveillé, il avait perdu la mémoire. Sim-One en a profité pour le mettre dehors. Elle n’avait pas le courage d’essayer de le tuer une seconde fois. Or il y a peu de temps j’ai surpris Adrian en train de roder dans les souterrains ainsi qu’aux abords du manoir, il avait l’air d’avoir retrouvé tout ses esprits. Quand j’ai fait part de ma rencontre à la Comtesse elle a piqué une crise de nerfs, un peu dans le genre de celle que tu as surprise cet après-midi mais beaucoup plus longue. Elle m’a ordonné de le tenir à distance du manoir mais je n’y suis jamais parvenu, Adrian a plus d’un tour dans son sac, il trouve toujours un moyen pour me filer entre les doigts. J’ignore dans quelle circonstances il a retrouvé la mémoire mais Carlisle soupçonne Faust de ne pas être étranger à toute cette affaire, il a toujours été très doué le vieux. En tout cas, la récente crise de nerfs de cette chère Sim-one me confirme ce que je soupçonnais depuis longtemps : en dépit de Dorian, elle ne s’est jamais complètement remise de sa rupture avec Carlisle.»