03 Juin 2009, 13:12 par Invité
Dans la chambre d’ami du manoir virtuel, Typy s’était endormie. Rappelons que le manoir virtuel, en dépit de son gigantisme, ne possède que deux chambres : celle du Comte Pixel et celle destinée à ses visiteurs. Il est assez inconfortable de dormir à dix ou quinze dans une chambre unique aussi vaste soit-elle (les lyoko-guerriers en firent l’inconfortable expérience lors de leur dernière visite) mais quand on y dort seul, en général on y fait de beaux rêves. Or, la jeune fille rêvait de ses amis restés sur terre, de tous les personnages étranges qu’elle avait croisés en venant au manoir …et de Xana. Elle le voyait, du fond de ses cauchemars, jeté à fond de calle comme un vulgaire malfaiteur. Deux malfrats vêtus comme des pirates l’avaient attrapés par les poignets et l’enchaînait à des anneaux d’acier fixés dans le mur. Un personnage imposant s’approcha et attrapa l’I.A à la gorge. Xana hoqueta, suffoqué, la brute crachait des ordres incompréhensibles à la figure de l’I.A qui baissait ostensiblement la tête. Typy vit un fouet s’élever dans les airs et claquer, provoquant un hurlement terrifiant…..une silhouette osseuse et longiligne revêtue d’un somptueux manteau brodé d’or avança une main cadavérique en direction du pauvre Xana qui tremblait de tous ses membres, les lèvres blêmes, en proie à une terreur incontrôlable et incontrôlée…la silhouette encapuchonnée leva une main et des éclairs jaillirent de l’extrémité de ses doigts…L’I.A se convulsa sous la décharge, l’écume aux lèvres tandis que la brute réitérait son interrogatoire…..Typy entendit le rire grave de l’être squelettique et les pleurs d’un nouveau né, aussitôt couvert par les hurlement de Xana que l’on torturait encore et encore…..
La jeune fille se réveilla en sursaut, le visage couvert de sueurs, en criant le nom de Xana. Mais que son cri se soit perdu dans l’immensité de la pièce ou qu’il n’y ait eu personne à proximité pour l’entendre, ni Xana ni qui que ce soit d’autre ne vint. Typy se leva, complètement réveillée à présent. Elle ne se souvenait guère de la soirée de la veille, si ce n’est d’un dîner somptueux et lourd ainsi que d’une musique entraînante qui l’avait fait danser dans les bras de Xana sur les parquets brillant comme des miroirs de la salle de bal du manoir virtuel. Elle avait dû s’endormir….une question la tarabustait cependant: Où étaient passés les autres lyoko-guerriers ? Pour y répondre, elle n’avait pas le choix, il lui fallait quitter son délicieux cocon pour les retrouver, ce qu’elle s’empressa de faire, bien que la perspective de déambuler dans les couloirs en pleine nuit ne la rassure pas. Typy s’était endormie toute habillée, elle n’eût donc que ses chaussures à mettre avant de partir en expédition. Ses escarpins étaient enfouis sous le lit et la jeune fille dû ramper sous la plate forme qui lui avait servi de couche pour les récupérer. C’est alors que la porte s’ouvrit tout doucement, avec un grincement qui ressemblait à un miaulement de chat. Un individu entra dans la chambre sur la pointe des pieds, il portait une longue robe noire brodée de signes du Zodiaque et d’autres constellations de l’univers. Sur le moment, Typy ne put déterminer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, bien que la taille des pieds de son étrange visiteur nocturne la pousse à envisager la première hypothèse. Ce ne fut que lorsque que l’individu parla qu’elle en eût la certitude. Il s’exprimait d’une voix geignarde et voilée, comme beaucoup de vieillards à l’article de la mort qui s’apitoient constamment sur leur sort :-Où est la fille ? Elle était là tout à l’heure…Oh si jamais mon plan devait échouer mon maître ne me le pardonnera jamais, nous n’aurons pas d’autre chance, pas d’autre chance….Où est la fille ? Carlisle ! A la grande surprise de Typy, le docteur Carlisle répondit d’une voix vide, dépourvue d’émotions :-J’ignore où elle se trouve, Maître Faust….la fille dénommée Typy s’était endormie… j’avais glissé un somnifère dans son dernier cocktail…elle s’est probablement levée lorsque les effets de la drogue se sont dissipés. Jamais encore de sa vie, Typy n’avait entendu qui que ce soit s’exprimer d’une voix aussi dénué de sentiments, et surtout pas le docteur Carlisle. Lui qui s’exprimait avec une telle douceur, une telle bienveillance en temps normal, il était impossible que….et pourtant il s’agissait bien de sa voix. La jeune fille se demanda s’il n’était pas contrôlé d’une manière quelconque, car à en juger par sa démarche d’automate sa et sa voix saccadée, le docteur Cullen n’était pas dans son état normal. La voix geignarde du docteur Faust résonna à nouveau dans la pièce :¬-Retrouvez-là Carlisle, retrouvez la fille immédiatement, vous avez du flair, vous êtes un vampire, un prédateur, dites moi où elle se trouve….trouvez-la moi ! Glacée jusqu’aux os, Typy se recroquevilla sur elle-même et retint sa respiration. Elle entendait le reniflement de chasseur du docteur Cullen. Il pouvait très bien arracher le lit du sol et révéler sa cachette, mais il se contentait de tourner autour du lit, de remuer les draps, et pour finir, il ouvrit la porte donnant sur le couloir en déclarant :-Elle n’est pas ici…Maître…je vais la chercher dans le manoir…je la trouverais….soyez en sûrs. Puis il disparut. Typy entendit ses pas décroître dans le corridor suivit du trottinement feutré du docteur Faust qui se déplaçait dans un doux froufroutement de velours. Prudemment, la lyoko-guerrière se glissa de dessous le lit et risqua un œil à l’extérieur. La chambre était vide et absolument silencieuse. Soulagée, la jeune fille s’assit sur le lit ravagé quelques instant plutôt par le docteur Cullen et mis ses chaussures avec une énigme de plus à rajouter à la liste :- le docteur Cullen l’avait-il protégé ? Encore une question sans réponse, mais le plus important était de ne pas moisir ici. Typy se glissa hors de la chambre d’ami et retira ses escarpins, beaucoup trop bruyants pour s’évader pensa-t-elle avec bon sens, et monta les étages…au petit bonheur.
Jérémie Elric reprit connaissance au milieu d’une flaque d’eau, enfin une flaque, une mare plutôt. Le bruit insistant d’une cascade tambourinant sur la surface de l’étendue d’eau aggravait son mal de crâne, mais il était vivant. Il avait bien cru mourir dans cet éboulement, à la dernière seconde, il eût la présence d’esprit de se téléporter, un peu n’importe où d’ailleurs, vu qu’il ne savait pas du tout où il se trouvait. Une cascade, une piscine naturelle creusée dans la roche par le processus d’érosion et la pénombre. Jérémie Elric avait l’impression de se retrouver dans la matrice maternelle, la chaleur, l’humidité, l’obscurité….était-ce une Renaissance ? Est-ce qu’en fin de compte, il n’était pas mort dans ce souterrain infâme? Il se souvenait de Julyan avec qui il parcourait ses souterrains infects à la recherche de Fleur et de Darinas….est-ce qu’il était mort, écrasé sous les blocs de pierres? Avait-il laissé sa vie lui aussi, dans cet effondrement ? Des réponses, il fallait des réponses. Il fallait qu’il sache….sache….savoir c’est pouvoir murmura une voix dans la grotte. Une voix chaude, envoûtante, le chant des sirènes d’Ulysse….les sirènes de la connaissance. Si tu sais….Alors tu pourras les sauver….reprit la voix tentatrice. Jérémie Elric se dressa sur son séant, perdit l’équilibre (il faisait la planche jusque-là) bu la tasse et hoqueta suffoqué par l’eau qui envahissait tout les trous de son crâne. Et-ce que tu sais ce que tu veux ? Demanda à nouveau la voix désincarnée. Qui….qui êtes-vous ? cria J.E à la solitude de la Grotte. Je suis la sirène d’Ulysse, Jérémie Elric, la sirène du Savoir, la détentrice de toutes les connaissances qui te sont nécessaires pour sortir d’ici, répondit la voix, séduisante. Est-ce que vous pouvez m’aider ? Demanda à nouveau je jeune homme à la peau bleutée. Bien sûr que je le peux….répondit la voix féminine à son tour.
Adrian regarda sans aucune aménité la petite Sirène qui sanglotait toujours. Il avança vers elle, la saisit par le poignet gauche et se mit à la traîner sur le sol sans tenir compte de ses supplications et de ses hurlements. Vif comme l’éclair, Julyan bondit à côté du savant et lui flanqua un coup de poing dans la figure, avant de soulever Hyphyalta qui ne cessait de hurler et de courir vers l’entrée de la grotte. C’est alors qu’une voix terrible, ténébreuse, terrifiante semblant sortir des profondeurs de la terre et ordonna : « Lâche-la ! ». Docile, le jeune homme desserra sa prise, et l’enfant-sirène se reçut durement sur le sol. Elle redressa la tête, et sa surprise fut telle qu’elle en oublia de pleurer. Julyan, les yeux vides, figé sur place regardait Adrian dans les yeux. Ce dernier lui ordonna de se prosterner devant lui, ce qu’il fit aussitôt. Il mit un genou à terre et s’inclina avec la plus grande déférence devant l’alchimiste dont les lèvres s’étirèrent en un sourire sans joie. Esclave ! Reprit Adrian. Il existe trois sources jaillissant sous ce manoir. La source du Désir, la source de la Connaissance, et la source de la Peur. Cette nuit, deux de tes amis ont succombés ont assouvis leur soif de désir et le troisième est en train d’assouvir sa soif de connaissance….quand à toi, tu te trouve ici devant la source de la peur. Est-ce que tu vois les larmes qui coulent sur les joues de la petite Sirène ? Ce sont des larmes de terreurs et de souffrance qui coulent ainsi, et maintenant c’est à ton tout de me livrer ta peur, entre dans le bassin ! Julyan s’exécuta et entra dans la source, tel un automate, les yeux vides et dénué de toute expression. Hyphyalta rampa tant bien que mal jusqu’au bassin et l’appela….en vain. La chute d’eau se tarit, ne laissant plus couler qu’un mince filet d’eau transparente, puis, bleue, puis verte. Non ce n’était pas de l’eau, c’était un mince ruban visqueux qui glissait dans le lac, interminable, suivit d’un autre. Il fallut quelques minutes pour que la bête sorte tout entière….c’était un calmar aux dimensions colossales, ayant près de huit mètres de longueur. Il était d’un vert fluorescent et ses minces tentacules se tordaient comme la chevelure de l’hydre de Lerne. Il regardait Julyan des ses énormes yeux fixes à teintes glauques que le guerrier, fort de ses nombreuses lectures, évita de fixer de crainte d’être pétrifié ou de mourir en fixant le regard du monstre. Il se concentra sur les ventouses de la bête disposées sur la face interne des tentacules phosphorescents. En voyant la créature émerger de l’eau du lac la petite sirène cacha son visage dans ses mains et se remit à sangloter. Julyan comprit aussitôt qu’elle ne lui serait d’aucune aide. Les tentacules claquèrent au dessus de sa tête, manquant de peu de lui découper le crâne et le lyoko-guerrier se jeta sur le sol pour éviter le monstre qui revenait à la charge, furieux d’avoir manqué son coup. Julyan leva son épée et découpa trois des tentacules du monstre, sa terreur se mua instantanément en une bouffée d’adrénaline qui envahissait son être. Il était, un surhomme, un héros, un…les trois tentacules coupés du calmar géant repoussèrent aussitôt en deux exemplaires, douchant aussitôt son enthousiasme. Plus il couperait des tentacules, plus il en aurait à couper ; il lui fallait trouver autre chose. La bête lança à nouveau les tentacules dans sa direction. Pour le jeune homme, qui n’avait pas encore tout à fait déplané, tout parut se dérouler au ralenti ; il vit trois tentacules s’enrouler autour de son arme et la lui arracher, tandis que trois autres lanières visqueuses cherchaient à s’enrouler autour de ses jambes. D’instinct Yan sauta, laissant le fouet organique passer sous lui. Il les évita une fois, deux fois, trois fois. La troisième fois, le monstre lassé s’en prit à la petite sirène : il cingla le dos de l’enfant de ses lanières visqueuses qui n’en hurla que plus fort. Julyan, chevaleresque s’empressa de secourir la damoiselle en détresse, sans armes. Le résultat fut désastreux. Le monstre enroula ses tentacules autours de ses deux victimes et pour la première fois de sa vie, Julyan eut vraiment peur, car il savait qu’il allait mourir. Il ferma les yeux, laissant sa terreur envahir son esprit et son âme, et fixa Adrian Leverkhün de ses yeux vitreux. Le mage souriait en croisant les yeux hagards du jeune homme. Il leva la main et Julyan se sentit glisser dans les ténèbres. Quand il reprit connaissance, il était furieux, furieux contre lui-même. Il s’était conduit comme un lâche et surtout comme un imbécile. Il aurait voulu enfoncer la lame de son épée jusqu’à la garde dans le cœur du poulpe, mais il avait échoué. Et cet échec était d’autant plus cuisant qu’il savait avoir accordé à Adrian ce qu’il attendait de lui : La Peur. L’essence même de la terreur nécessaire à son plan machiavélique dont il n’était pas nécessaire de connaitre les tenants et les aboutissants pour en discerner la noirceur.
Fleur et Darinas perplexes, regardaient le large cube doré gravés de symboles incompréhensibles flotter dans les airs à hauteur d’homme, en attente de quelque chose…Mais de quoi ? Les deux jeunes gens, en dépit de toute leur culture et de toutes leurs connaissances, se sentaient désemparés devant ce cube géant qui ne leur rappelait rien de connu. Lasse, Fleur finit par s’assoir sur le sol et posa sa tête entre ses genoux. Darinas continuait à examiner les symboles gravés un peu partout dans la pièce à la lueur du poignard lorsque Jeremie Elric fit irruption dans la pièce en arborant un sourire suffisant.
Jérémie Elric : «-Ah ! Vous voilà enfin tout les deux ! Depuis le temps que je vous cherche. Vous avez trouvés le Nexus il me semble ? »
Darinas : «-Le Nexus ? C’est quoi ça ? Un groupe de Rock ? »
Jérémie Elric : «-Non, il s’agirait plutôt de la fontaine sacré où vous avez…disons….copulés, tout les deux. » Fleur détourna la tête comme si elle allait vomir, mais ne répondit rien. Darinas ne releva pas et Jérémie Elric poursuivit. Vous n’aviez pas vraiment le choix, précisons-le. Cette source renferme une quantité important de 2C-B, une drogue parfois désigné sous le nom de Nexus. Il s’agit d’une drogue hallucinogène psychédélique synthétisée par Alexander Shulgin en 1974. Son nom chimique est 4-bromo-2,5-diméthoxyphénéthylamine et… »
Darinas : «-Epargne-moi les précisions scientifiques tu veux ? »
Jérémie Elric : «-Certes, certes….enfin, toujours est-il qu’il s’agit d’un aphrodisiaque très puissant qu’un chercheur Danois a notamment distillé et commercialisé sous le nom d’Elixir Danois. Personnellement, je doute qu’un flacon de ce truc vous eusse fait grand effet….il vous fallait au moins piquer une tête dans du liquide pur pour vous décoincer…. »
Darinas : «-C’était pas la peine de faire tout ce chemin pour te payer notre tête tu sais. »
Jérémie Elric : «-Pas la peine de te fâcher, mon vieux. Avant tout chose, nous devons nous occuper de décrypter le cube. Où se trouve la table d’émeraude ? »
Darinas : «-Elle est là, mais il est inutile que tu perdes ton temps avec, elle est écrite en latin. »
Jérémie Elric : «-Ca tombe bien, je suis doué en latin ! »
Darinas : «-Chimiste, latiniste existe-t-il une matière où tu ne sois pas un crack ? »
Jérémie Elric : «-Laisse-moi réfléchir….non. Je suis incollable dans tous les domaines. Voyons un peu cette table d’émeraude. Je traduis : Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable. Ce qui est »en bas, est comme ce qui est haut : et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose ; Et comme toutes les choses ont été et sont venue d’un, par le méditation d’un : ainsi toutes choses ont été nées de cette chose unique, par adaptation. Le soleil en est le père, la lune en est la mère, le vent l’a porté dans son ventre ; la terre est sa nourrice. Le père de tout le telesme de tout le monde est ici. Sa force ou puissance est entière, si elle est convertie en terre. Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais doucement avec une grande industrie. Il monte de la terre au ciel, et derechef el descend en terre et il reçoit la force des choses supérieures et inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde ; et pour cela toute obscurité s’enfuira de toi. C’est la force de toute force : car elle vaincra toute chose subtile et pénétrera toute chose solide. Ainsi le monde a été crée. De ceci seront et sortiront d’admirables adaptations, desquelles le moyen en est ici. C’est pourquoi j’ai été appelé Herès Tismégiste, ayant les trois parties de la philosophie de tout le monde. Ce que je dit de l’opération du Soleil est accompli et parachevé. »