Et vive le Xanax!
Comment Xana se retrouva exilé sur une ex-île devenue presqu’île…
Xana se réveilla dans un état épouvantable : il avait mal partout ! Pas étonnant quand on se retrouve catapulté hors de Lyoko avec un programme multi-agent, il se sentait complètement lessivé. Et seul avec ça, ces sale petits morveux ne lui avait même pas laissé le moindre petit krabe ni le plus petit frolion. Rien, très perturbé, l’I.A déchue se contempla dans le reflet calme de la mer numérique. Il ressemblait à William Dunbar, son ex-bras droit. Curieux, enfin pas tant que ça. Se retrouver avec la tête de Yumi Ishamaya, ça, ça aurait été curieux, et même bizarre, pour ne pas dire affreux.
Ebouriffant ses cheveux noirs déjà en bataille, Xana ramassa sa pelle a tarte et se repéra dans son nouveau décor. Les Lyokoguerriers avaient été sympa finalement, au moins ils ne l’avaient pas catapulté en pleine mer numérique, c’était déjà ça. A moins que cela n’ait pas été volontaire…Enfin, Xana se trouvait très précisément à…Trou-perdu-plage, palmier et sable fin compris. Soit un bout de caillou circulaire de deux mètre sur deux recouvert de poudre de coquillage et où poussaient trois palmiers numériques dépourvus de bananes ou de noix de coco.
Que faire quand on se retrouve au milieu de nulle part ? A part planter son zanbato dans le sable et piquer un roupillon sous les cocotiers ? Rien. Pas de complots, pas de guerre, pas de conquêtes en perspective, ni de conspiration à envisager, pas même de complot à tramer. Le néant.
A y bien réfléchir les lyokoguerriers savaient se montrer bien cruels quand ils le voulaient. Quel cauchemar ! Soudain, ses projets de baignades dans la mer numérique devenaient beaucoup plus alléchants. Mais l’I.A naufragée ne se sentait pas encore l’âme d’un suicidaire. Il n’avait pas encore dit son dernier mot ! Les Lyokoguerriers ne perdaient rien pour attendre, il aurait sa revanche ! Empoignant son arme il trancha les trois palmiers chétif et les attacha les uns aux autres avec leurs feuilles. Puis il s’assit sur son radeau improvisé et commença à pagayer à l’ aide de son zanbato. En trois coups de pagaie il se retrouva hors de vue de ce qui était presque une île (mais en bien trop petit pour être réellement une île) et se dirigea vers…le grand rien du tout de la mer numérique, direction Nulle Part !
Trois heures plus tard, à moins qu’il ne s’agisse de trois siècles (à ce stade cela ne faisait plus grande différence aux yeux de l’I.A) Xana pagayait encore et toujours sur une mer perpétuellement bleue…C’est alors qu’il croisa une embarcation pour le moins extraordinaire : un tonneau coiffé d’un énorme chapeau de paille chinois.
Chapitre 2
Le curieux mal de Crâne de miss Dolly Prane
Sidéré, Xana manqua de peu de laisser couler sa pagaie improvisée au fond de la mer numérique (ce qui est la dernière chose à faire, surtout quand on n’en a pas de rechange). Il en resta bouche bée, les lèvres figées dans une grimace à mi-chemin entre le sourire incrédule et l’ébahissement.
Et il n’était pas au bout de ses surprises, car dès que son mini-radeau fut suffisamment proche du tonneau coiffé, Xana entendit une curieuse chansonnette s’en élever :
« Vogue, vogue, vogue, sur l’eau, mon joli bateau
Chante, chante, chante sans trêve,
La vie n’est qu’un rêve »
Puis soudain, le chapeau se souleva et Xana comprit pourquoi dorénavant les tonneaux portaient des chapeaux de pailles en chantant des comptines ; une demoiselle entre deux âges, aux cheveux noirs à peines grisonnant tirés en un gros chignon sur la nuque émergea de sous le chapeau géant. Les vêtements qu’elle portait semblaient tout droits venus d’extrême –orient, mais son teint de lis et son accent du Yorkshire à découper au couteau trahissait la villageoise anglaise tapie sous la paille de riz.
-Hello ! Le héla joyeusement la voyageuse. Elle n’avait pas l’air d’une naufragée, son visage était frais et lisse comme au sortir du sommeil (d’ailleurs elle avait dormi un bon moment à l’ombre de son tonneau) et ses joues fanées étaient gentiment d’une lueur colorée plus douce que les roses. La passagère du tonneau agita la main en direction de Xana qui se rapprocha davantage de l’étrange embarcation.
-Heu…bonjour, fit Xana d’un air un peu déconcerté devant la joviale désinvolture de la vieille demoiselle.
-Ah ! Bonjour jeune homme, dites moi, auriez vous vu mon chat ? Demanda-t-elle avec le plus grand sérieux.
-Votre…chat ? Répéta Xana de plus en plus perplexe.
-Oui, mon chat, il s’est égaré, voyez-vous. Un magnifique matou borgne avec un pelage noir strié d’argent. Je l’ai appelé Cyprien, comme mon défunt frère. C’était un très grand peintre voyez-vous et…Oh, mais je manque à tout mes devoir, je suis impardonnable, je vous prie de bien vouloir m’excuser jeune homme, je suis Miss Prane, Dolly Prane…Miss Prane se tus en braquant un regard plein d’espoir sur Xana qui resta muet de stupeur. Il lui fallu bien quelques seconde pour réaliser que son interlocutrice attendait de lui qu’il se présenta.
-Oh ! Heu…et moi je suis Xana, Xana….X ! Bafouilla l’I.A. Il lui semblait presque une tare devant une personne aussi respectable que miss Prane de ne pas avoir de patronyme plus reluisant à exhiber. Mais bon au moins maintenant, il en avait un.
-Je suis vraiment ravie de faire votre connaissance monsieur Ix. Comme je vous disais, j’ai perdu mon pauvre petit Cyprien et je suis terriblement inquiète, voyez-vous monsieur Ix. Oui terriblement inquiète, c’est ce qui m’a poussé à entreprendre cette traversée, pour le retrouver et…
-Je vous prie de me pardonner de vous interrompre miss Prane mais dite-moi la traversée de où à …où ?
-Et bien de Carthage jusqu’au passage en passant par le réseau, bien sûr !
-Carthage, hein ?
-Oui, Carthage, j’en viens, d’ailleurs j’ai perdu mon Baedeker lors du naufrage du yacht du marquis di Gorgonzola et comme je ne retrouvais pas mon pauvre Cyprien j’ai préféré continuer mon voyage dans ce tonneau en espérant le retrouver. Or j’ai été assaillie par un terrible mal de crâne, quelque chose d’affreux, vraiment. C’est terrible, je n’ai jamais d’aspirine quand j’en ai besoin. J’en ai cherché sur un des souks de Carthage pourtant, mais personne n’en vendait si ce n’est une immonde crapule qui est sortit d’une échoppe crasseuse pour me proposer des drogues de tout sortes. On vend de l’aspirine comme de l’opium dans ce pays…bla blablabla….
Le mal de crâne en question, c’était Xana qui commençait à l’avoir, et chose étrange, une fois que Miss Prane lui eut refilé son mal de crane, elle se sentit très bien. Et la vieille demoiselle continua de parler et de parler encore et toujours. Elle parla tant et si bien que lorsque Xana et son assommante interlocutrice atteignirent le Passage, la tête de l’ex-terreur de Lyoko menaçait d’exploser.
Chapitre 3
Mon nom est Zack, Pro-Zack et dans ma partie je suis le meilleur.
Les trois troncs d’arbre de Xana et le tonneau de Miss Prane accostèrent dans le port du Passage à la tombée de la nuit. Les enseignes au néon des tavernes et des boutiques scintillaient dans l’obscurité naissante et soudain Xana se sentit mieux : il restait encore quelque chose dans le réseau mis à part Miss Prane et son chat. L’I.A en exil huma longuement le doux parfum de la civilisation. De son côté Miss Prane continuait de jacasser sur tout, et rien à la fois, tout en essayant d’ajuster son immense chapeau exotique qui pesait bien lourd sur la frêle silhouette privée du bienheureux soutient du rebord du tonneau. Soupirant, Xana se retourna vers elle et lui proposa son aide. Sa presqu’île déserte lui avait au moins apprit une chose : Miss Prane et ses soliloques c’était toujours mieux que la solitude.
Quelques minutes plus tard, le curieux duo, abandonnant leurs embarcations de fortune, cheminaient vers les lumières du stupéfiant aggloméré de…Choses qui constituaient le Passage. Il y avait de tout : des tavernes, des échoppes, des boutiques, quelques hôtels, un cinéma, deux stades, trois arènes et pas une bibliothèque. Xana se sentit tout de suite chez lui au milieu de ce bric-à-brac accueillant. Il croisa plusieurs personnages d’animes et de manga tel que le capitaine Flam et Albator, quelques Jedi de l’ancienne République encapuchonnés, une poignée d’extraterrestres haut en couleurs, et deux-trois robots. Un podracer grilla un feu rouge et un Decepticon cherchait de nouvelles jantes chez un ferrailleur du nom de Wattoo, qui ressemblait à une grosse mouche bleue.