Voici la suite !

Tout à coup, il fut alarmé par une légère odeur de fumé qui semblait venir d'en bas. Puis les mots " Maman ", " cuisine " et " dangereux" lui vinrent automatiquement à l'esprit, et il se précipita à l'étage en-dessous. En même temps, Yumi revenait des toilettes pour regagner la chambre. N'y trouvant pas Ulrich, elle se dépêcha de sortir les quelques affaires dont elle aurait besoin après le repas et se hâta à son tour au rez-de-chaussée. Elle se laissait guider par l'odeur de fumé qui devenait de plus en plus prononcée. Cette piste olfactive la mena jusqu'à la cuisine spacieuse et high-tech de la maison. Et quelle surprise pour elle que de voir son petit ami avec un tablier noir de cuisinier en train de gronder sa mère quant à sa " négligence folle et dangereuse de la cuisson des plats ". Jeanne lui expliqua, comme pour ne pas se faire punir tel un enfant de quatre ans, qu'elle avait eu un léger pincement au ventre qui lui avait fait " un peu mal ", et qui l'avait obligée à quitter les plats des yeux pendant environ trente secondes. Le jeune homme compréhensif et inquiet lui recommanda d'aller se reposer, lui assurant qu'il allait prendre le relais et enfin terminer ce repas avant que " tout le monde ne meure de fin ". Celle-ci accepta de bonne grâce, et le remercia en le gratifiant d'un baiser sur le front avant de ce rendre dans le salon. Peu de temps après, Yumi se glissa discrètement dans la cuisine, puis chevaucha un tabouret juste en face du plan de travail où son petit ami se mettait à la tâche.
- A quel moment t'es arrivée, toi ? Fit le jeune homme avec un petit sourire.
- Il y a seulement deux minutes. Alors comme ça... Tu sais cuisiner ?
- Bien sûr ! J'était bien obligé de me débrouiller quand mes parents n'étaient pas à la maison à cause de leur travail... Papa en particulier.
- Mais... Tu étais avec ta mère alors...
- Qui sait tout juste faire cuire un œuf ! Ici, c'est Papa qui cuisine, alors il m'a appris, et du coup c'est moi qui étais aux fourneaux et Maman me surveillait au cas où. J'adore cuisiner !
- Ah bon ? Et bien je crois que j'ai vraiment dégoter la perle rare, alors ! Tu nous fera un " dîner en amoureux " un jour ? L'implora-t-elle presque, les yeux brillants.
- Faut pas me le demander deux fois ! Et ce sera avec plaisir !
Puis le chef cuisto improvisé se mit à la tâche sous le regard stupéfait et admiratif de sa belle, impressionnée par ses gestes habiles, précis et fluides. Il semblait totalement dans son élément, et lui expliquait de temps en temps pourquoi il exécutait tel ou tel manipulation, ou ajoutait tel ou tel condiment. Cet échange plaisait beaucoup à Yumi, car elle se rendait compte que c'était le premier qu'elle avait avec Ulrich en " terrain neutre ", sans le collège, sans leurs amis, sans Lyoko, sans Xana... Elle voyait un jeune homme épanoui et passionné par ce qu'il était en train de faire, et elle aimait le voir dans cet état d'esprit.
A côté dans le salon, Sebastian avait rejoint sa femme sur le canapé depuis quelques minutes déjà. Il avait senti lui aussi l'odeur de brûlé qui émanait de la cuisine. Sa femme le rassura et lui répéta les raisons de son inattention. Seulement, à l'entente de ceci son mari semblait très inquiet.
- Chérie. Je t'ai déjà dit que dans ton état tu ferais mieux de te reposer !
- Je sais mon amour, je sais ! S'exclamait-elle tout en se laissant tomber dans ses bras. Mais je ne suis pas mourante non plus ! Je voulais faire plaisir aux petits en faisant le repas...
- Ça je l'avais bien compris ! L'interrompt-il, mais je t'en supplie ne force pas trop, sois raisonnable !
Jeanne, enfouie dans les bras forts et rassurants de son époux, se sentait en sécurité, à l'abri de tout. C'était la même sensation qu'il y a des années de cela, quand ils s'étaient enlacés pour la première fois.
- Promets-le moi. Ordonna le grand homme brun en plongeant son regard sombre et perçant dans celui de sa femme.
Ce regard, il ne le lui adressait que lorsqu'il se montrait extrêmement sérieux. Elle saisit alors toute l'ampleur de l'inquiétude de Sebastian, et compris qu'il ne plaisantait pas du tout. Il avait le même regard le jour où il lui avait avoué être fou amoureux d'elle.
- ...Merci de toujours prendre soin de moi. Je te promets de faire attention.
Soulagé, il lui pris tendrement le visage et baisa doucement ses lèvres. Sa main caressait son ventre avec une extrême délicatesse. Elle n'eut pas le temps de prolonger cet instant d'intimité, car Yumi et Ulrich arrivaient malheureusement pour eux avec le couvert à placer. Quand la table fut mise, le dîner commença immédiatement. Au cours du repas se succédèrent une délicieuse entrée, un succulent plat de résistance et un gourmand dessert. Tout en appréciant ce merveilleux festin, ils parlaient de l'événement qui restait tout de même la priorité absolue de ce weekend : le mariage de Célia.
- Alors ? Ça va durer combien de temps cette fois-ci ? Un an ? Un mois ? Ironisa le chef de famille.
- Seb ! T'as pas un peu fini avec ça ! Rétorqua sa femme exaspérée par l'attitude de son mari. On dirait vraiment que tu prends plaisir à dire ces choses-là !
- Je pourrais en dire autant de ta sœur quand elle sort à chaque fois qu'on se voit " alors toujours ensemble ? " comme si elle attendait désespérément que tu lui réponde " non, nous sommes en pleine procédure de divorce ! ".
- Tu es complètement parano !
Ulrich intervint après avoir décelé un certain malaise chez sa petite amie :
- C'est bon vous deux, pas besoin de pourrir l'ambiance, vous aurez tout le loisir de le faire demain ! En plus, je suis sûre que Yumi n'est pas très intéressée par tout ça.
- Euh... Ne vous en faites pas pour moi, j'ai l'habitude de ce genre de dispute avec mes parents. Fit-elle non sans une légère teinte rosée aux joues.
- Désolée Yumi, c'et vrai que ce genre de conversation n'est pas très appropriée devant une invitée. S'excusa Sebastian.
- Je vous ai dit que c'était bon. Le rassura-t-elle en esquissant un léger sourire. Ulrich, tu peux me passer le pain s'il te plaît ?
- Oui, bien sûr.
Au contact de leurs mains, ils rougirent légèrement, ce qui n'échappa pas au couple.
- Vous avez l'air de très bien vous entendre tous les deux. Vous êtes très mignons ! Lança joyeusement Jeanne.
- Euh... Merci... beaucoup... Répondit la jeune japonaise en rougissant très fortement.
- Oui, on s'entend très... bien... Ça fait quand deux ans qu'on se connaît. Bafouilla difficilement le jeune homme avec le même teint écarlate que sa compagne.
- Deux ans ?! Et vous ne sortez ensemble que depuis deux mois ! Vous en avez mis du temps ! Lâcha le père en riant.
A ce moment-là, deux choses essentielles apparurent à l'esprit d'Ulrich et de Yumi : Lyoko et " On est copains et puis c'est tout ! ". Deux choses qui pourraient être des réponses à la question posée à demi-mots " pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? ". Bien sûr, saupoudrez cela de leur timidité maladive et maladroite, de la jalousie insupportable d'Ulrich, des doutes de Yumi.... Et là, on pouvait carrément rédiger une thèse sur le sujet !
- On a pris notre temps. Finit par souffler le beau brun.
- Oui, c'est ça. Renchérit sa petite amie en effectuant machinalement un mouvement de tête comme pour soutenir son approbation.
- Et bien bravo. C'est rare de nos jours des jeunes qui savent se tempérer ! (Puis il tourna la tête exclusivement vers son fils.) Tu sais Ulrich, je t'ai toujours dit ces dernières années de te concentrer sur tes études car c'est extrêmement important pour ton avenir etc... Mais Yumi a l'air de vraiment t'aimer beaucoup beaucoup ! (Puis il tourna la tête exclusivement vers Yumi) N'est-ce pas Yumi ?
- Euh oui bien sûr... Beaucoup... Beaucoup... Beaucoup. Ne cessait-elle de répéter morte de honte.
- Tu vois ? Et toi aussi, hein ? Demanda-t-il en toisant son fiston du regard.
- Euh oui bien sûr... Beaucoup... Beaucoup... Beaucoup... Beaucoup... Répondit-il extrêmement gêné.
- Alors écoute-moi bien ! Lui ordonna-t-il d'un ton ferme et presque en criant.
- Oui ! Fit le beau brun apeuré par son ton et son attitude à la fois autoritaire et étrange.
- Il ne faut jamais faire souffrir une femme mon fils ! Jamais ! Jamais ! Jamais ! Et je n'ai pas élevé un goujat, alors tu as intérêt de te tenir à carreau, c'est clair ?
- Comme de l'eau de roche ! Mais je n'avais pas besoin de toi pour ça, et c'est très gênant de dire ça devant Yumi !
- Oh non pas du tout ! Comme ça si jamais tu fais une bêtise je saurais où me plaindre ! Répondit la japonaise à deux doigts du fou rire.
- Et moi je confirme ce que dit ton père, Ulrich. Renchérit la mère à peu près dans le même état que Yumi.
- Et ben c'est ma fête ce soir !
Et la conversation bien que gênante et délicate pour notre couple se prolongea dans les rires et la bonne humeur. Une fois le repas complètement terminé, le débarrassage de la table se fit rapidement et le couple Stern alla s'allonger tranquillement sur le canapé pour regarder la télévision et discuter un peu du mariage de demain, tandis que les jeunes montèrent à l'étage pour prendre leur douche, " chacun dans sa salle de bain respective bien entendu ! " Quand ils eurent fini ce fut au tour des parents d'Ulrich de se désaltérer dans la salle d'eau intégrée dans leur chambre, où Ulrich avait pris une bonne douche brûlante. Après avoir enfilé leur pyjama ils discutèrent de l'endroit où chacun allait dormir.
- Je vais te laisser ma chambre, et moi je dormirai sur le canapé du salon. Ne t'inquiète pas il est très confortable. Lui dit son bienveillant petit ami.
- Tu sais... ça ne me dérange pas si tu dors dans la chambre avec moi... Fit sa petite amie les joues empourprées.
- Tu veux rire ? Avec tout ce que mes parents m'ont dit à table ! Rétorqua-t-il en rigolant et en rougissant énormément en même temps.
- J'aimerais qu'on parle un peu, et ce sera en tout bien tout honneur bien sûr. Chuchota-t-elle en déposant un petit baiser sur ses lèvres.
- Oui bien sûr. Murmura-t-il en répondant à son baiser. Bon... d'accord, je vais chercher un matelas pour dormir parterre.
- Ok.
Elle alla confortablement s'installer dans le lit en l'attendant, et quand elle fut allongée, elle repensa à ce qui s'était passé avant qu'elle n'aille rejoindre Ulrich dans la cuisine, et elle ne put retenir un joli sourire malgré sa gêne. Elle pensa aussi au brusque mouvement de recul qu'Ulrich avait eu pendant leur élan, et se demanda s'il l'avait eu uniquement par question de pudeur. Il arriva quelques secondes plus tard avec un matelas qui avait l'air moelleux et souple, et la literie dont il s'apprêtait à le parer. Après avoir fait son petit lit douillé situé juste à côté de celui de Yumi, il s'y allongea et regarda dans les yeux sa petite amie qui le regardait de haut.
- Alors contente ?
- Très !
Elle se pencha doucement sur son visage pour l'embrasser sur la joue comme pour lui dire "merci ", puis elle l'embrassa sur la bouche comme pour lui dire " je t'aime ".
- Tu es magnifique. Lança-t-il admiratif et sincère.
- Merci !
- Mais si tu es autant magnifique rien qu'en pyjama, alors demain... Ça sera génial !
- T'as pas fini espèce de coquin ! Répondit-elle en lui donna une légère claque. Parlons un peu, plutôt.
- Très bien. De quoi ?
- De toi !
- D'accord... Je suis Ulrich Stern... et je suis fou de toi ! fit-il en riant.
- Non sérieusement ! Rétorqua-t-elle en riant aussi à sa blague.
- Mais c'était sérieux.
- Non, moi je pensais plutôt à cette maison par exemple : tu as toujours habité ici ?
- Non, avant ma naissance, mes parents louaient un petit appart' en plein centre de Paris. C'est là-bas que j'ai passé les deux premières années de ma vie. Ensuite, on a emménageait ici à cause du manque de place et parce que ma mère ne supportait plus l'ambiance du centre ville.
- Et... Vous étiez quel genre de famille ?
- On était très heureux ! Honnêtement je n'ai pas à me plaindre de mon enfance, mes parents étaient géniaux : ils étaient toujours présents pour moi, ils s'occupaient très bien de moi... malgré leur boulot. On était une très belle famille.
Il avait débitait ses mots avec le regard pétillant de l'enfant qu'il décrivait à sa compagne, et avec une tendresse qui caractérisait bien cette époque. Mais une rupture se fit automatiquement dans l'esprit de la belle japonaise.
- Mais... Ce que tu me décris là c'est... pas du tout représentatif de la relation que vous entretenez aujourd'hui. Du moins de celle d'il y a deux mois... Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Et bien... Je sais pas... J'ai grandi, mes parents ont vieilli : problème de compatibilité peut-être ? J'ai surtout été proche de ma mère quand j'étais petit. Lui répondit-il avec une immense hésitation, et en choisissant très soigneusement chacun de ses mots.
- Pourquoi ta mère ?
- Je sais plus... Le travail de papa peut-être ?...
On toqua à la porte.
- Ulrich ? Je peux entrer ? Fit la voix de son père.
- Oui, vas-y.
- Excusez-moi de vous déranger, mais demain matin nous allons nous lever très tôt, et ce serait vraiment bête que vous aillez des têtes de zombies, même si ce n'est "que" le mariage de ta tante. Alors ne tardez pas trop à vous coucher s'il vous plaît.
- Oui d'accord.
- Bien, bonne nuit. Bonne nuit à toi aussi Yumi !
- Bonne nuit Sebastian !
- Bonne nuit papa.
Puis il ferma la porte en partant.
- Ton père et sa belle-sœur ne s'entendent vraiment pas bien ! Constata Yumi.
- Et bien... Comment dire... Personne dans la famille de ma mère n'a jamais vraiment réussi à accepter papa.
- Ah bon ? Il est pourtant le genre de type à plaire aux belles familles.
- Je n'ai jamais su d'où venaient toutes ses tensions autour de mon père... Et en fait... Je ne connais pas grand chose de lui. Il n'aime pas parler de lui, ni de son passé. Je n'ai jamais entendu parler de mes grands-parents paternels une seule fois dans ma vie, c'est pour te dire !
- Et bien ! Moi qui croyais que tu étais impénétrable. Finalement ton père est plus doué au jeu de cache-cache que toi ! Fit-elle en souriant.
- Je ne joue pas à cache-cache ! J'essaie juste de conserver une grosse part d'intimité.
- Un jardin secret ?
- Non ! Un jardin ça n'a rien de secret, c'est fait pour être vu au contraire !
- Si tu le dis... (elle s'interrompit avec un bâillement) je commence à fatiguer !
- Et ben ça tombe bien : il faut qu'on dorme. Puis il se mit à genou à côté de son lit, la tête au niveau de la sienne. Bonne nuit ma Yumi... Je t'aime. Laissa-t-il planer dans un tendre murmure.
- Bonne nuit, mon Ulrich que j'aime aussi très fort. Répondit-elle souriant et somnolente en même temps.
Puis ils partagèrent un dernier tendre et doux baiser plein d'amour et d'affection, et gagnèrent le monde des rêves en pensant à l'autre.
Pendant ce temps, Sebastian avait regagné sa propre chambre où sa femme l'attendait patiemment dans leur lit. Tout en s'allongeant, il l'embrassa tendrement dans le cou tout en caressant ses cuisses d'une main baladeuse qu'elle maîtrisa tout de suite.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-elle avec un petit sourire aux lèvres.
- Je fais, c'est tout. Se contenta-t-il de répondre tout en essayant de s'emparer des lèvres de Jeanne qui détourna la tête une fois de plus.
- Pas avec les enfants à côté, chéri. Tenta-t-elle de le raisonner en se libérant totalement de son étreinte.
- Mais ils dorment !
- Où dort Yumi, d'ailleurs ?
- Ils dorment tous les deux dans la chambre d'Ulrich.
- Pardon ? Lâcha-t-elle avec un léger tressautement.
- Ben... Oh ! Je vois où tu veux en venir. Mais ne t'inquiète pas : ils dorment dans des lits séparés, et puis... Je doute fort qu'ils n'aient ce genre d'idées en tête.
- J'en doute aussi, mais tout de même !
- Ecoute, de toute façon je leur ai déjà souhaité bonne nuit et ils se sont probablement endormis. Donc, ne t'inquiète pas, ils ne feront aucune bêtise ! Et... Tu crois que nous on pourrait faire quelques bêtises là tout de suite ? Demanda-t-il l’œil coquin et la main prête à débarrasser son épouse de la fine nuisette qu'elle portait.
- Non, désolée, je suis fatiguée ce soir. Lança-t-elle du tac au tac en se retournant complètement. Bonne nuit Seb !
- Bonne nuit. Grommela-t-il en se retournant à son tour.
Consciente et amusée de sa frustration, sa femme fit face à son dos et l'enlaça doucement par derrière.
- Je t'aime... Même si tu es grognon ! Dit-elle d'une voix aimante.
- Je t'aime aussi, ma femme. Répondit-il attendri.
Ils échangèrent un baiser digne d'un amour qui n'avait jamais perdu de son intensité en dix-sept ans de mariage, puis laissèrent le sommeil les emporter, tendrement enlacés.
A Kadic, tout le monde dormait à point fermé. La bande avait pu profiter d'une journée sans encombre : pas de XANA à l'horizon. Du moins... Pas tout de suite...
Voilà ! J'espère que vous avez pris plaisir à lire ceci.