01 Jan 2008, 17:50 par Sinien
Et voilà pour la nouvelle année, la suite arrive ... enfin.
J'espère qu'elle vous plaira.
Je suis sur le dos. Il se penche sur moi. Il me dit quelque chose, mais je n’entend plus, je suis perdue. Tout est flou autour de moi. Il lève sa main, sa dague luit. Cette fois c’est la bonne.
Mais une ombre se glisse entre nous deux, interceptant le coup. Je m’évanouie, ayant perdue trop de sang.
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Des bruits … des cris … des coups … oui des lames qui s’entrechoquent. Deux ombres dansent devant moi dans un ballet majestueux. J’ai mal … partout. Des voix me parlent mais je ne comprends pas ce qu’elles me disent. J’ai trop mal … beaucoup trop. Et puis de nouveau le trou noir. Non, je ne dois pas sombrer. On a besoin de moi. Je dois me battre. Mais je n’ai plus de force.
Je sens qu’on me soulève délicatement. Une douce chaleur m’enveloppe. Apaisante, réconfortante. Une odeur de vanille … un souvenir que je croyais oublié.
Je suis dans une clairière baignée par un soleil chaud. Je cours vers une silhouette et me jette dans ses bras. Je n’arrive pas à bien voir son visage mais cela m’est égal. Je me sens si bien contre ce corps. Comme protégée.
« Regarde Asta. Sais tu ce que c’est ? » Je pose mon regard sur une fleur rouge magnifique. « Non mais ça sent bon. » La personne que je devine être une femme me met la fleur dans mes cheveux et je devine un sourire sur ses lèvres. « C’est une orchis vanille Asta. C’est la fleur d’Akilian. Elle dégage un léger parfum de vanille. Tu aimes ? » « Oh oui !!!! » Et je rigole, innocente enfant que je suis encore.
- Elle va s’en sortir, dit une voix proche de moi.
- Tu es sûr ? Elle est gravement blessée.
- Ne t’inquiète pas Aelita.
J’essaye d’ouvrir les yeux pour leur montrer que je suis réveillée mais en vain. Mon corps semble crier de toute part sa douleur lorsque j’essaye de bouger. Des mains se posent sur moi. On me prodigue des soins. Je sens que l’on me déshabille pour nettoyer mes plaies. Cela dure un certain temps pendant lequel je sombre à plusieurs reprises dans les ténèbres. Une odeur de menthol flotte dans l’air, signe de désinfectant. Et puis je me retrouve seule, ne sentant plus de présence à mes cotés.
Doucement, les derniers souvenirs d’Arcadia me reviennent. Kalahan, les âmes perdues, l’Invisible, la mort de Sholan et cette ombre qui m’a sauvée. J’ai honte … si honte. Par ma faute Sholan est mort. Je ne pourrais jamais me pardonner. A cause de moi les gens meurent les uns après les autres. Je ne sais qu’apporter mort et désolation autour de moi. Soi-disant une guerrière, je suis plutôt un fardeau pour les autres. Pourquoi moi je vis alors que tant d’autres sont morts à cause de moi ? Je ne mérite pas d’être encore là. Partir pour ne pas creuser plus de tombes autour de moi. Sauver le peu qu’il reste quitte à y perdre ma vie. De toute façon plus rien ne me retient sur cette terre à part ma vengeance de Le tuer. Lui, qui m’a tout pris. Mon amour, ma famille, ma planète, mon monde, mes amis et même ma mère … enfin je n’en ai pas la certitude mais en voyant sa puissance et ce qui règne en Arcadia, je n’ai plus l’espoir de le revoir entière. Alors il ne me reste plus qu’à me lever et partir pour essayer de tuer Ce monstre même si je sais que je vais mourir. Mais avec un peu de chance je l’emmènerais avec moi et alors je pourrais me dire que mon existence aura servie à quelque chose même si au final ce sera d’apporter la mort à chaque instant.
Je finis par arriver à ouvrir les yeux. Je suis dans une petite pièce aux tons bleus. Une fenêtre laisse passer un très mince filet de lumière blanche que je devine être la lune. Lentement, je me relève. Mon corps me fait souffrir et je grimace en sentant le tiraillement de mes plaies. Ma tête me tourne un peu et je reste quelques minutes assise sur mon lit à essayer de calmer les cognements contre mes tempes. Un bruit assourdissant, presque éreintant qui me donne envie de me recoucher. Mais je n’ai pas le droit. Alors je prends sur moi et me mets debout. Mes affaires sont posées sur une chaise bancale juste à coté. J’enfile mes vêtements et vérifie que j’ai bien mes armes. Rien ne manque. Je jette un dernier coup d’œil à cette pièce qui malgré moi m’apaise et en sors furtivement. J’atterri dans un couloir creusé à même la pierre noire, éclairé par endroit de quelques torches. J’avance à tâtons, utilisant mes dons pour voir dans le noir. Je sens qu’il n’y a pas de danger autour de moi, que les personnes qui sont non loin de moi sont des amis, des êtres bons. Mais je ne veux pas me faire repérer alors involontairement je me prépare comme lorsque je suis en danger. A l’affût du moindre bruit, de chaque geste. Sur le qui-vive, écoutant tout ce qui m’entoure. En passant devant une porte je devine qu’ils sont derrière. De la lumière passe dessous le bout de bois qui sert de porte et des voix se font entendre. Je reconnais celle de Jérémie, Odd et Aélita. Il y a une autre personne avec eux. Une femme. Elle parle beaucoup. Sa voix est mélodieuse. J’aime bien. Mais je ne dois pas me laisser aller et me concentrer sur ma sortie en discrétion. Je recule, toujours à moitié accroupie. J’arrive enfin à la porte qui semble être celle de la sortie. Je la pousse doucement pour éviter de faire du bruit. De hors c’est la nuit. Je lève tout de suite la tête pour voir un bout de ciel étoilé.
Magnifique.
Je cherche la lune pour pouvoir la contempler mais je ne la trouve pas. Des pas derrière moi me pousse à me hâter et à stopper ma contemplation. Je sors rapidement et la fraîcheur de la nuit me fouette violemment le visage … comme des milliers de lames qui me transpercent. Mes bras encerclent automatiquement mon torse pour me procurer un peu de chaleur.
- Tu es enfin là, me fait sursauter une voix non loin de moi.
Tout de suite je suis en alerte. Mes muscles se tendent, prête à me défendre. Je ne vois qu’une silhouette la personne s’étant mise dans l’ombre.
- Calme toi Asta. Je ne te veux aucun mal.
C’est une femme. Mais je ne suis pas en confiance. De toute façon je ne le suis jamais vraiment. Sa voix est calme, presque chantante. Un doux rire mélodieux s’échappe de sa gorge. En l’entendant je me détends un peu. De toute façon je sais très bien que je ne suis pas en état de combattre avec mes blessures.
- C’est une belle nuit n’est-ce pas ? Les étoiles brillent beaucoup ce soir. Il manque juste la lune. Mais elle ne se trouve pas de ce coté. Il faut monter en haut pour la voir.
- Qui êtes vous ? Je demande un peu agressivement.
Je l’entends soupirer. Comme si ma question l’avait peinée.
- Je te le dirais plus tard. Mais je ne suis pas une personne qui te veut du mal.
- Qu’est-ce qui me le prouve ?
- Si j’avais vraiment voulu te faire du mal je l’aurais fait depuis longtemps surtout dans ton état, ça aurait été facile.
Elle n’a pas tort.
- Vous savez comment je m’appelle mais moi je ne sais pas le votre.
- Je suis désolée mais je ne peux pas te le dire maintenant. De toute façon tu le sauras bien assez tôt.
- Bon ravie d’avoir fait votre connaissance mais je dois partir.
- Pour aller où ? Tu ne sais même pas où tu te trouves et où aller.
- Peu importe. Je ne peux rester ici plus longtemps.
Je commence à partir quand l’inconnue reprend la parole.
- Ce n’est pas de ta faute si Sholan est mort. Il savait qu’il allait mourir en t’accompagnant mais il le voulait. Comme les autres. Ils savent très bien qu’en te suivant ils risquent leur vie. Mais c’est ce qui leur semble juste.
- Taisez vous !! J’hurle. Vous ne savez pas ce que s’est de voir les gens mourir autour de vous à chaque instant.
- Tu te trompes. Je le sais que trop bien. J’ai vu mes parents mourir alors que je n’avais que treize ans. Et ce n’était que le début. Des amis, d’autres membres de ma famille, l’homme que j’aimais … tout comme toi. Mon passé ressemble bien trop au tien. Je sais ce que c’est. Et moi aussi j’ai voulu m’éloigner des gens que je chérissais pour les épargner. Mais cela n’a servi à rien. Et grâce à Aelita et Jérémie j’ai arrêté de fuir.
J’ai envie de pleurer. Des larmes que je retiens depuis trop longtemps. Mais je ne dois pas les laisser aller car elles signifient ma faiblesse. Je les ravale difficilement, reniflant au passage.
- Tu peux pleurer, je ne te jugerais pas.
- C’est une faiblesse.
- Non. Au contraire. C’est une force. Après avoir pleurer tu te sens mieux, prête à repartir pour ce que tu crois être bon. Alors cesse de les retenir et pleure.
Et je n’arrive plus d’un coup à me contrôler. Les perles salées tombent d’abord doucement puis deviennent un flot. Je me retourne vers cette femme qui lit en moi, peut-être parce qu’elle a vécu la même chose et me jette dans ses bras. Ses bras m’enserrent dans une douce étreinte réconfortante. Mes larmes coulent sans retenue. Je me blottis d’avantage contre son corps qui me rappelle quelque chose mais je ne sais quoi. Une douce odeur de vanille m’enveloppe à nouveau. J’aime tant cette odeur. C’est comme un bout d’Akilian qui vient à moi. Un bout de mon passé. Illusion que tout n’est pas détruit. Une âme d’enfant qui s’éveille et revit car elle a grandit bien trop vite.
Ses mains caressent mon dos et m’apaisent lentement. Mes pleurs finissent par se tarir. Juste mes sanglots persistent, vestige de mon laissé allé.
- Ah tu es là !!! Asta aussi ? S’exclame Aelita.
Je me retire vivement des bras de l’inconnue et me retourne vers Aelita qui me sourit.
- Tu vas mieux Asta ?
- Oui.
- Tant mieux.
- Aelita, je … je suis désolée …
- Chut, dit elle en s’approchant de moi et en posant un doigt sur mes lèvres pour me faire taire. Ce n’est pas ta faute. Je crois qu’il serait mort un jour ou l’autre de toute façon. Il était rebelle et pas très discret. Il l’aurait tué à un moment ou à un autre. Et au moins je sais pourquoi il n’est plus là aujourd’hui. Pour que tu vives.
- Ça aurait dû être moi.
- Non. Toi tu dois encore vivre. Tu es notre espoir.
- Arrête !! Je m’énerve. Je ne suis pas votre espoir. Je ne suis rien du tout. Je suis juste Asta. Vous ne devez pas avoir confiance en moi. Vous allez mourir si vous rester avec moi.
- Écoute moi !! Je sais que je mourais parce que je refuse de me soumettre à Ses ordres. Je le sais. Mais je préfère encore que se soit auprès de toi, en me battant, que sur une place d’exécution sans avoir fait quelque chose pour que ça change avant !
- Et je pense pareil, intervient Odd qui nous a rejoint.
- Mais … mais …
Pourquoi ? Qu’ils aillent mourir ailleurs. Je ne veux pas avoir leur perte sur le dos. J’en ai assez comme ça. Je ne veux plus les entendre. Je me bouche les oreilles et cherche une échappatoire. La falaise sur ma gauche, dans laquelle une pseudo maison a été construite est parfaite. Je me jette sur la paroi et commence mon ascension.
- Asta !!! Me crie Aelita.
- Non laisse là, réplique celle que je reconnais comme étant l’inconnue.
Je grimpe agilement même si j’ai encore un peu mal. Par chance le processus de cicatrisation est bien avancé. Dans une heure plus rien ne paraîtra. Mes doigts s’accrochent aux aspérités de la roche et mes pieds prennent appui pour me permettre de mieux m’élancer. J’arrive rapidement en haut. C’est un plateau recouvert d’herbe verdoyante. Les paysages sont si étranges ici. Arcadia reste un mystère.
Elle avait raison. De là je peux voir la lune à demi pleine. Je m’allonge sur le dos et une légère brise me caresse doucement, faisant virevolter quelques mèches. C’est calme et silencieux. Mon regard erre sur la blancheur céleste, la détaillant, cherchant la moindre imperfection. Mais rien. Juste parfaite.
Je reste là, repensant à tout ce qui vient de se passer. Et qui est donc cette femme ? Je revois alors la silhouette qui, il me semble, nous a sauvé. Est-ce elle ? Je ne sais pas. Et je ne le saurais probablement jamais car je ne la reverrais jamais puisque je vais partir loin d’eux. Mais avant ça je veux encore profiter de cette ambiance paisible. Mes yeux se ferment d’eux même et je laisse juste mes autres sens s’épanouir. Le vent frôle ma peau, la faisant frissonner par endroit. Une douce odeur d’herbe me parvient et je m’en enivre. J’entends un sifflement qui se transforme en mélodie envoûtante. Je l’écoute, faisant abstraction du reste.
Et puis je sens une présence. Mais je la reconnais immédiatement. La femme d’en bas. Alors je ne bouge pas.
- C’est beau n’est-ce pas ?
- Oui, je murmure.
- C’est un loup taché. Il appelle son compagnon. Un chant d’amour. Une promesse de toujours.
- Est-ce que c’était vous qui nous avez sauvé de l’Invisible ?
- Oui.
- Comment avez-vous fait ? Je n’ai même pas réussi à l’atteindre. Enseignez moi.
- Tu sais déjà tout ce que tu dois savoir. Et s’il te plait arrête d me vouvoyer. Tutoie moi.
Je rouvre les yeux et me relève, lui tournant toujours le dos.
- Je ne vous connais pas. C’est normal que j’utilise le vous.
- Si tu te retournais tu verrais que tu as tort.
Que veut elle dire ? Je la connaîtrais ? Mais je ne vois absolument pas qui elle peut être. Je fais un demi tour et rencontre alors son visage. Mes pupilles plongent dans deux océans que je reconnais … en effet.
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Et voilà. Alors vous en pensez quoi ?
Croire que ce que nous avons vécu n'était qu'un cauchemar de princes.
Prier pour que nos traîtrises soient oubliées.
Lutter contre ces souvenirs de démons.
Pleurer dans mes mains et saigner en pensant toujours à toi.
Mon homme, je suis ton ange.
Mon démon, je suis ton homme.