09 Nov 2008, 00:42 par Fleurdequinoxe
Allez, trêves de plaisanteries, c'est parti!
Chapitre III: Jeu de dupes
C'est lorsqu'il parle en son nom que l'homme est le moins lui même. Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité.
Oscar Wilde
Dans sa minuscule cellule de trois mètre sur deux, William tournait comme un lion en cage. Il se demandait ce qui le rendait le plus furieux; le fait qu'il soit en prison à la place du sniper qui avait faillit tuer Yumi, le fait que Yumi ait été enlevée par le sniper en question ou encore la perspective de passer les deux prochaines années dans un quelconque pénitencier miteux de la péninsule malaisienne pour détention d'armes illégales. Il se demandait également si Odd, Patrick et Hervé avaient réussis à mettre la main sur l'oncle de Yumi. Il avait essayé de joindre son père, sans succès et vu qu'on était un dimanche, les employés de l'ambassade française n'avaient pas décroché non plus (ah! les bureaucrates! ), en bref, du point de vue de William, ce voyage était un fiasco complet. Il finit par s'assoir sur son étroite couchette et pris sa tête dans ses mains. Il sentait depuis le début que quelque chose irait de travers, il avait essayé de dissuader Yumi de se rendre à Singapour, mazis elle était têtue comme une bourrique. Ce qui lui faisait le plus mal, c'était lorsque la jeune femme avait insinué qu'il ne souhaitait pas réellement tout mettre en oeuvre pour que Aelita, Jeremie et surtout Ulrich, reviennent. Même si il aurait préféré se faire découper en tranche plutôt que de l'avouer, la suspicion de la jolie japonaise l'avait profondément blessé. Premièrement parce que ce que ce n'était pas entièrement faux, deuxièmement parce que l'espoir fou que Yumi conservait vis à vis du retour de son rival prouvait combien elle l'aimait et troisièmement parce que il était certain qu'elle ne l'avait pas regrétté autant lorsque Lui avait été fait prisonnier par Xana sur Lyoko, et pourtant il y était seul et contrôlé par une I.A pourvue d'un sens de l'humour assez tordu. Et à ce moment précis, William se sentit terriblement seul et éperdument amoureux.
La porte donnant sur le couloir s'ouvrit soudainement laissant la lumière tamisée de la fin de l'après-midi s'engouffrer dans sa petite cellule sombre. Un policier entra dans l'étroit local, suivit d'une élégante silhouette, dissimulée par la semi pénombre: "Dunbar! De la visite! beugla le flic malaisien en anglais, puis il sortit en louchant à moitié sur la visiteuse qui se tenait toute droite dans l'obscurité. Intrigué William s'avança le plus qu'il le pouvait de la visiteuse, en scrutant les ténèbres pour deviner son visage. Au bout de quelques minutes d'un silence oppressant, la silhouette s'avança dans la lumière, révèlant ainsi une silhouette exquise vêtue d'un ensemble de ville hors de prix (même si il n'était pas un expert, William savait reconnaître une pièce de qualité quand il en voyait une), et le délicat visage soigneusement fardé d'Elisabeth Delmas. Comme sous l'effet d'un coup de poing, le jeune homme recula et revint s'asseoir sur son grabat. Il s'était attendu à tout mais pas à cela. Que diantre fichait Sissi hors de son appartement de Manhattan? Serait elle venue dans le seul but de s'assurer que les tueurs qu'elle avait envoyé avaient accompli leur tâche? Les questions sans réponses se bousculaient dans la tête du pauvre William qui ne savait plus très bien où il en était. Toutefois, soucieux de ne pas perdre le peu de dignité qui lui restait (pour autant qu'il lui en resta dans ce trou infâme), il releva la tête et regarda Sissi droit dans les yeux...Et il le regretta immédiatement, il n'avait pas réalisé à quel point elle était belle; et elle ne l'ignorait pas d'ailleurs, ce qui rendait la situation encore plus délicate. Elle se rapprocha encore davantage, suffisamment près pour qu'il puisse sentir les effluves enivrantes de son parfum. Dans une tentative désespérée pour échapper au redoutable pouvoir de seduction de Sissi, William recula jusqu'au fond de sa cellule, le plus loin possible d'elle. La manoeuvre n'échappa pas à Elisabeth, qui laissa fleurir son sourire le plus enjoleur sur ses lèvres pleines: avant même d'avoir prononcé la moindre parole ou présenté le moindre argument, elle avait déjà gagné. Du fond de sa cellule, William détourna les yeux afin d'éviter d'avoir à croiser son regard. Elle sut alors qu'il lui faudrait parler la première:
-Et bien William, tu ne me reconnais pas, lui demanda-t'elle sans cesser de sourire, aurais-je....changé à ce point?
-Non, tu n'as pas du tout changé, repondit le jeune homme sur le même ton badin. En fait, tu es toujours aussi...vénéneuse.
-Vénéneuse, vraiment? Je crois que la proposition que je vais te soumettre te feras changer d'avis, reprit Elisabeth en souriant de plus belle.
-Je demande à voir, retorqua William.
-Bien, continua Sissi, je t'offre de retourner en France sans plus te soucier de ta mésaventure à l'aéroport. Tu retourne voir tes parents et tu ne te mêleras jamais plus de mes affaires. Ainsi tu éviteras une longue et douloureuse procédure en justice dans ce pays plus corrompu que tu ne l'imagine, sans compter les dix prochaines années que tu passeras en prison... pour terrorisme. Ne suis-je pas généreuse. La menace à peine voilée n'échappa pas à William. Accepter eût sans doute été la meilleure chose à faire, mais il ne pouvait pas.
-Qu'est ce que ça cache? Je veux dire, tu envoie des tueurs à gages nous faire la peau, tu fais enlever Yumi et maintenant tu nous offre ton infinie mansuétude, mais à quoi joue-tu? William était blême de rage, le souvenir de Yumi couverte de sang lui revint en mémoire. Elisabeth accusa le coup, son sourire avait disparu.
-Je n'ai pas fait enlever Yumi, dit-elle d'un ton glacé, je n'en saurais que faire. Mais je sais qui l'a enlevée, ajouta t'elle.
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Fleurdequinoxe le 05 Déc 2008, 19:03, édité 1 fois.
Arma virumque cano, Je chante les armes et les héros, (Virgile, Eneide)