Chapitre 6 : "LA PLANETE DANS SES MAUVAIS JOURS"
Jérémie venait de se lever, baillant et s'étirant. Il avait passé la nuit la tête sur le clavier, après avoir passé sa soirée à la recherche d'un sens à trois chiffres pourtant si simples. Ulrich était finalement rentré chez lui, trainé de force par sa mère. Il n'avait parlé à personne depuis l'accident, même à ses amis, et Aelita et Odd s'inquiétait beaucoup pour lui, contrairement au jeune garçon blond, qui était bien trop préoccupé par la lettre. Odd n'avait toujours pas retrouvé son humour légendaire, et Aelita était de plus en plus sombre.
Einstein tourna le bouton permettant d'enclencher sa petite radio portative posée sur le bureau. C'était le milieu des nouvelles, et le présentateur parlait d'une nouvelle race de chien qui venait de voir le jour. Décidement, ils ne savaient plus trop quoi dire, dans les journaux...
Le présentateur s'interrompit, et, après quelques murmures rapides avec des interlocuteurs inaudibles, reprit d'un voix grave : « Quelques nouvelles de dernières minutes. Nouvelles mondiales : En Europe, les chutes de neige semble s'intensifier avec férocité, alors que l'épidémie de choléra qui a démarré en Bolivie semble se propager dans toute l'Amérique du Sud sans que personne ne puisse l'arrêter. En Amérique du Nord, la crise économique est rude, et les Etats-Unis cherchent une solution qui ne semble pas prête de se montrer. Enfin, en Asie, les guerres civiles et les actes terroristes augmentent à grande vitesse, plongeant les villes dans un chaos total. Pour l'instant, les campagnes paraissent encore en sécurité. Décidemment, l'année n'a pas l'air très positive ! Espérons des améliorations. C'était Radio France, au revoir, et demain ! »
Sans avoir prêté grande attention aux propos du présentateur, le jeune adolescent à lunettes pénétra dans les douches. L'eau chaude lui fit un bien fou. Au moment où il se séchait les cheveux, son portable diffusa son habituelle sonnerie de Mozart. Lorsque le jeune garçon sortit l'objet de la poche de son pantacourt, il vit le nom d'Aelita s'afficher en grand. Le natel vibrait en cadence, accompagnée par le solo de piano.
Jérémie : -Allô?
Aelita : -Bonjour Jérémie! Viens vite dans ma chambre!
Jérémie : -Qu'est-ce qu'il y a?
Mais sa jeune amie avait déjà raccroché. Intrigué, le jeune adolescent s'habilla en vitesse et rejoint l'étage des chambres des filles. Quelques unes se levaient déjà, les yeux lourds, certaines portant encore le maquillage de la veille étalé sur leur visage. Jérémie n'avait jamais compris pourquoi les filles passaient leur temps à se maquiller... Enfin, il parvint devant la chambre 304, la chambre d'Aelita. Celle-ci était assise sur sa chaise de bureau, visionnant un article des nouvelles du jour.
Aelita : -Ah! Jérémie! Regarde ça!
Le jeune intello lut le titre de l'article d'un bref coup d'oeil : « la planète dans ses mauvais jours ». Il fronça les sourcils.
Jérémie : -Mais attend! C'est passé à la radio il y a une demi-heure, et ça ne semblait pas bien grave! Après tout, des chutes de neige en hiver, ça n'a rien d'étonnant, des épidémies, ça arrive, et les guerres civiles sont monnaie courante en Irak !
Aelita : -Je sais, moi aussi j'ai écouté la radio. Mais lit l'article, ça peut t'intéresser !
Jérémie parcourut les phrases d'un air indifférent : « En Europe, les choses semblent dégénérer. La capitale française et toute la partie Nord croule sous la neige qui n'arrête pas. Même les plus gros chasse-neige sont incapables de ce débarrasser d'une telle quantité de neige. Le Sud du continent se noie sous les déluges de pluie. Beaucoup de routes sont coupées et la circulation est de plus en plus difficile. Seul le centre de l'Europe parait être épargné... Pour l'instant.
En Amérique du Sud, l'épidémie de choléra vient de passer les frontières de Bolivie malgré les précautions du gouvernement bolivien. Le Brésil, le Paraguay, le Pérou et l'Argentine présentent de nombreux cas suspecté de choléra. Rien n'a l'air d'arrêter l'avancée de cette maladie mortelle, que ce soit les vaccins ou les interdictions de franchir les frontières. En Amérique du Nord, par contre, c'est une crise économique auquel le gouvernement canadien et le Président fait face. Aucune solution abordable ne veut se présenter pour le moment.
C'est la guerre et le terrorisme qui rongent l'Asie en ce moment. La guerre d'Irak est plus féroce que jamais, et, dans le reste du continent, les actes terroristes ne cessent de se multiplier. Un chaos inquiétant règne dans les plus grandes villes, alors que les paysans des campagnes craignent la venue des guerres dans leurs paisibles vallée. Affaires à suivre. »
Jérémie : C'est vrai que ça devient inquiétant, mais tu y vois un rapport avec les chiffres, toi ?
Aelita : Non, mais je vois un rapport évident avec XANA.
Jérémie : Mais c'est ridicule ! XANA est mort, et je ne vois pas ce qu'il y a de si dramatique avec des tempêtes, des épidémies et la guerre !
Aelita : Très bien, fait semblant que tout va bien ! Mais moi, je te prouverai que quelque chose cloche !
Jérémie resta un instant muet. Jamais Aelita n'avait été aussi agressive, surtout avec lui. Le coeur lourd et l'esprit remplit de question, il sortit de la pièce d'un air triste.
**
-Sheïtan!
Le beau blanc observa sa cavalière avec des yeux remplis de tendresse tandis qu'elle le serrait dans ses bras. Elle recula vivement, et inspecta le corps de sa monture : Il avait des éraflures et des coupures qui lui parcourait les flancs, et un bandage à la jambe arrière droite, bien qu'elle ne semblait pas cassée. La jeune fille s'accroupie et examina la bande de plus près et passa sa main dessus. Sheïtan ne réagit pas plus que ça.
Margot : -Qu'est-ce que tu fais en ville? Et comment t'es tu enfui? Oh, et puis, ça n'a pas d'importance! Je suis contente que tu sois là!
Elle bondit et atterit avec une douceur infinie sur le dos du bel animal. Celui-ci ne broncha pas, et se contenta de partir au pas. Elle avait du rester plus de temps qu'elle ne pensait près des poubelles, car le soleil filtrait déjà derrière les immeubles. Le beau cheval retrouva rapidement son chemin, et ils débouchèrent sur le carrefour du centre-ville. Des passants les observaient d'un air curieux, se demandant ce qu'un cheval fichait au milieu de la ville, surtout avec une fille à cru sur son dos.
Margot : -Ramène nous à la maison, mon beau!
Elle lui effleura les côtes, et l'étalon changea d'allure pour prendre le petit galop, nullement gêné par le bandage qui couvrait une partie de sa jambe arrière. Ses sabots claquaient sur le béton, attirant l'attention d'habitants qui les observaient par la fenêtre de leur appartement. Enfin, au coin de la rue, on pouvait appercevoir l'entrée du parc. Sheïtan accéléra l'allure et, dès qu'il posa un sabot sur l'herbe, prit le triple galop.
Après une folle cavalcade à travers tout le parc, les deux amis arrivèrent enfin à destination. Margot sauta du dos de son cheval et se dirigea vers la grande bâtisse qui se dressait devant elle. C'était une vieille maison qui croulait sous le poids des plantes qui l'assiégeait. Elle était assez grande, avec un toit pointu et une bonne vingtaine de fenêtres pratiquement toutes brisées. Elle était également entourée d'une vieille barrière en bois qui pourrissait à vue d'oeil. Margot la franchit avec aisance, dans un bond léger et souple. Sheïtan prit lui aussi son élan et sauta l'obstacle sans difficulté. C'était leur nouvelle maison depuis belle lurette. Au-dessus de la porte d'entrée s'effaçait un nom : l'Hermitage.