Ensuite, l’omniscient Lyoko-guerrier découvrit avec émerveillement une copie dans un coin du Mutus liber, le Livre Muet, ouvrage recelant toute la philosophie hermétique sous sa forme première, c’est à dire écrite en hieroglyphe et réfléchit sur l’affirmation discutable, d’après lui, du texte qui tenait la rosée pour un élixir. Entre les théories Elémentaires et les digressions du jeune homme sur la valeur des nombres premier il y avait de quoi attraper une sérieuse migraine, migraine que Darinas commençait à sentir poindre tandis que Fleur, blottie dans un coin de la grotte dodelinait de la tête, à demi inconsciente.
Personne ne s’était rendu compte de son état, ce qui n’avait rien d’étonnant puisque elle-même ne l’acceptait pas. La pensée de tomber enceinte lui était pour le moins insupportable. Tout allait trop vite, beaucoup trop vite. Elle attendait en vain le moment de pouvoir reprendre le contrôle de son existence, l’instant où ce cauchemar de fou prendrait fin, le matin du jour où sa vie reprendrait son cours ennuyeux, fatiguant et prévisible. Sa seule préoccupation était de pouvoir quitter cet endroit sordide avant que ses formes ne deviennent trop évidentes ce qui, elle en était certaine, n’allait pas tarder à arriver. Elle avait envie de disparaître dans un trou, de se cacher et d’oublier. Darinas et J.E continuait de déblatérer sur des sujets qui lui paraissaient absolument futiles et dépourvues d’intérêt. Même le cube d’or géant lui paraissait ridicule à tourner sur-lui-même suspendu dans les airs comme un ballon de fête foraine gonflé à l’hélium. La tête renversée en arrière, dans la pose théâtrale d’une caricature d’orateur antique, Jérémie Elric continuait à se disperser dans des Delago Carthago est vide de sens et de vilipender abondement les détracteurs des adeptes de la transmutation des métaux, un Darinas sagement assis à ses pieds buvant ses paroles comme de l’eau de source. C’est au beau milieu de cette passionnante conférence que Julyan débarqua comme une fleur, trainant la petite sirène qui clopinait tant bien que mal derrière lui, sur les gambettes toutes neuves que lui avait accordé l’arrogant Adrian Leverkhün. Ce dernier fermait la marche, un sourire cynique accroché aux lèvres. Quand elle vit arriver la compagnie, Elisabeth eût un frisson qui ne présageait rien de bon. L’air suffisant d’Adrian, le visage crispé de Yann et pour finir, la gamine terrorisée qui serrait un morceau de suaire sur la poitrine dans un effort désespéré pour cacher ses membres inférieurs jetèrent un froid au milieu de la conférence savamment saupoudrées de citations grecques et latines du docteur J.E.
Jérémie Elric : «-Car les alchimistes ne sont pas uniquement à la recherche d’un moyen de s’enrichir rapidement,-Auri sacra fames !-leur quête est trop noble pour que l’on s’arrête à cette vision ignominieusement raccourcie de leur science. Avaro omnia desunt, inopi pauca, sapienti nihil, comme disaient les Anciens dans leur infinie sagesse. Je me contenterai de citer Mircea Eliade qui développa l’idée au début du siècle-le début du XXe siècle bien entendu-l’idée que l’alchimie, loin d’être l’ançêtre balbution de la chimie, représente un système de connaissance très complexe, dont l’origine de perd dans la nuit des temps, et commun à toutes les cultures. Je présume qu’il savait de quoi il parlait, étant lui-même historien des religions-il est bon de se fier à des spécialistes dans ce genre de domaine, car c’est là une matière où l’erreur ne pardonne pas : Errare Humanum est, perseverare diabolicum disait avec raison Sénèque le jeune. C’est pourquoi lorsqu’il dévloppe l’idée, selon l’analogie du macrocosme et du microcosme, que les transformations physique de la matière seraient les représentations des moadalités des rites ancestraux, dans leur trame universelle…. »
Julyan : «-Jérémie Elric ! Tu es vivant ! »
J.E : «-Euh, oui….jusqu’à preuve du contraire je suis vivant. »
Julyan : «-Oh ça alors ! Je suis tellement soulagé, tu ne peux pas savoir combien j’étais… »
Adrian Leverkhün : «-Fort bien fort bien, mais laissons les effusions de côté voulez-vous, nous manquons de temps pour ce genre de sensibleries inutiles. »
Darinas : «-Et vous êtes ? »
Adrian Leverkhün : «-Adrian Leverkhün, musicien, compositeur, philosophe, savant, alchimiste et Théologien à mes heures perdues. »
Jérémie Elric : «-Vous n’êtes pas un peu surqualifié pour nettoyer les égouts ? »
Adrian Leverkhün : «-Voilà un humour qui ne m’est pas inconnu, vous avez fait connaissances avec les sirènes d’Ulysse je me trompe ? »
Jérémie Elric : «-La sirène de la connaissance, en effet. Elle a daigné partager ses connaissances avec moi. Et je présume que vous faîte également partie des Initiés, je ne me trompe pas n’est ce pas ? »
Adrian Leverkhün : «-Vous avez raison, je suis comme vous, un Initié ; et à ce titre, je suis habilité à ouvrir le Portail….comme vous. »
Jérémie Elric : «-Je vois… »
Darinas : «-Et bien moi je nage ! Est-ce quelqu’un pourrait prendre la peine de m’expliquer ce qui se passe ? »
Julyan : «-Le professeur Leverkhün ici présent veut que J.E ouvre le Portail interdimensionnel que voici, éructa péniblement le jeune homme en pointant le cube doré du doigt, ain de permettre à Chronos de venir envahir le monde virtuel. »
Darinas : «-Plaît-il ? »
Julyan : «-Tu m’as très bien compris. »
Fleurd’Equinoxe : «-Et pourquoi il ne s’en charge pas lui-même puisque c’est un Initié ? »
Julyan: «-Parce que c’est dangereux, et que notre cher Leverkhün ne tient pas à risquer sa précieuse peau dans l’aventure. »
Fleurd’Equinoxe : «-Quel courage ! » fit remarquer la jeune femme avec une ironie palpable.
Jérémie Elric : «-Chronos a été banni par les Kals de ce monde, donnez-moi une seule raison valable ne serait-ce que d’envisager le retour de cette créature malfaisante parmi nous. »
Adrian Leverkhün : «-Sois vous vous exécutez, sois je descends tout vos petits copains les uns après les autres, aux choix. »